Si les penseurs anciens s’accordaient pour dire que les mots reçoivent leur signification d’une institution (θέσις), leurs vues divergeaient, en revanche, quant à la question de savoir jusqu’à quel point leurs instituteurs étaient libres de choisir tels ou tels sons pour désigner telle ou telle chose. Il ne fait pas de doute que, pour les Stoïciens, ceux qui ont imposés les noms visaient d’ordinaire à créer des expressions linguistiques capables d’évoquer d’une certaine manière les choses signifiées. L’article rejette cependant l’idée (...) que les Stoïciens présupposaient une situation initiale où l’ensemble des termes d’une langue donnée étaient parfaitement adaptés à leur fonction, les aberrations ou anomalies du langage ordinaire étant liées à une dégradation progressive de conditions de départ idéales. Ils pensaient, au contraire, que l’imposition des mots est un processus continu, que les locuteurs ordinaires entretiennent pour des raisons essentiellement utilitaires ; processus qui n’est que partiellement réglé par leur rationalité commune. Ce qui explique pourquoi le Grec qu’ils se trouvaient parler présentait à leurs yeux un défaut de systématicité que les Stoïciens se sont dès lors appliqués à corriger par le biais d’une nomenclature qui se voulait rigoureuse et cohérente. (shrink)

Si les penseurs anciens s’accordaient pour dire que les mots reçoivent leur signification d’une institution, leurs vues divergeaient, en revanche, quant à la question de savoir jusqu’à quel point leurs instituteurs étaient libres de choisir tels ou tels sons pour désigner telle ou telle chose. Il ne fait pas de doute que, pour les Stoïciens, ceux qui ont imposés les noms visaient d’ordinaire à créer des expressions linguistiques capables d’évoquer d’une certaine manière les choses signifiées. L’article rejette cependant l’idée que (...) les Stoïciens présupposaient une situation initiale où l’ensemble des termes d’une langue donnée étaient parfaitement adaptés à leur fonction, les aberrations ou anomalies du langage ordinaire étant liées à une dégradation progressive de conditions de départ idéales. Ils pensaient, au contraire, que l’imposition des mots est un processus continu, que les locuteurs ordinaires entretiennent pour des raisons essentiellement utilitaires ; processus qui n’est que partiellement réglé par leur rationalité commune. Ce qui explique pourquoi le Grec qu’ils se trouvaient parler présentait à leurs yeux un défaut de systématicité que les Stoïciens se sont dès lors appliqués à corriger par le biais d’une nomenclature qui se voulait rigoureuse et cohérente. (shrink)

Peut-on formuler des conditions non empiriques pour qu'un objet ou un fait soit reconnu comme ayant fonction de symbole ? Si oui, il conviendrait de les nommer conditions proto-logiques, car elles concernent des formes, comme la logique, mais sont plus primitives que les déterminations logiques mêmes. L'objet de cet article est de discuter cinq notions qui peuvent être présentées comme candidates à cette fonction d'universels proto- logiques pour les langues naturelles : la pluralité des niveaux d'« articu- lation», l'énoncé complet, (...) la notion d'« ancrage» de l'énoncé à renonciation, le nom propre, la corrélation rhème-thème. De tels universaux ne sont pas présentés comme des classes de symboles, mais des types de fonctions diversement réalisées dans des structures grammaticales. Les mettre en évidence - ou en découvrir d'autres - devrait être l'une des tâches de la philosophie du langage dans sa relation à la science linguistique.Is it possible to state non-empirical requisites for an object, fact or artefact, to obtain symbolical functioning ? If so, their status could be named proto-logical, in so far as they bear upon forms, like logic, but ought to be more primitive than logical determinations. The purpose of this paper is to discuss five notions which may be considered candidates for the functional role of proto-logical universals of natural languages : plurality of the levels of " articulations ", the concept of full-fledged sentence, " anchorage " of enunciated sentences to enunciation, proper names, the correlation rheme-theme. Such universals are not meant to correspond to classes of symbols, but to typical functions, diversely embodied in grammatical structures. To trace them - or others - should be one of the tasks of philosophy of language, in its relationship with linguistic investigations. (shrink)

Intervenant sur l’« état de nature comme modèle et miroir de la guerre civile », Ninon Grangé s’interroge sur l’oxymoron que constitue le couple barbarie/cité au nom d’un recouvrement de la politique par l’humanisation. La guerre civile complexifie les rapports politiques et n’est pas une régression dans la mesure où, contrairement à l’état de nature, il ne s’agit pas d’une hypothèse d’étude de nature fictionnelle : à ce titre elle est un arrêt plus qu’une rupture, une anomalie, un envers, un (...) dérèglement du modèle de l’État qui, selon Hobbes, ne s’édifie pas contre la guerre mais contre la guerre civile (les conflits perpétuels entre les États relevant d’une sorte d’état de nature des républiques). Guerre et guerre civile posent le problème d’une permanence de l’état de nature au cœur même de l’état social. Le mode de sortie de ce paradoxe peut être perçu dans la question de l’amnistie (qui consiste à « ne pas rappeler les malheurs » selon l’étymologie grecque) comme nouveau départ de l’histoire et abolition de la distance entre les ennemis. (shrink)

Creating Future People offers readers a fast-paced primer on how new genetic technologies will enable parents to influence the traits of their children, including their intelligence, moral capacities, physical appearances, and immune systems. It deftly explains the science of gene editing and embryo selection, and raises the central moral questions with colorful language and a brisk style. Jonathan Anomaly takes seriously the diversity of preferences parents have, and the limits policymakers face in regulating what could soon be a global market (...) for reproductive technology. He argues that once embryo selection for complex traits happens it will change the moral landscape by altering the incentives available to parents. All of us will take an interest in the traits everyone else selects, and this will present coordination problems that previous writers on genetic enhancement have failed to consider. Anomaly navigates difficult ethical issues with vivid language and scientifically-informed speculation about how genetic engineering will transform humanity. Key Features: Offers clear explanations of scientific concepts Explores important moral questions without academic jargon Brings discoveries from different fields together to give us a sense of where humanity is headed. (shrink)

Par définition, le nom propre est une identification individualisante d’une entité, animée ou non. En langue vocale, il se spécifie, à l’écrit, entre autres par sa typographie avec notamment la ou les majuscules. Mais qu’en est-il des langues des signes (LS), langues dont la modalité est visuo-gestuelle, qui n’a pas de système écrit, et dont la fonction scripturale est actuellement tenue par la LS-vidéo? Sans prétendre donner une définition généraliste, nous avons souhaité observer quelles sont les stratégies linguistiques mises en (...) place pour signer certains noms propres, ces derniers ayant été traduits à partir du corpus « Brexit » soumis à l’étude. Nous avons pu caractériser des formes récurrentes telles que le recours aux proformes manuelles et la spatialisation des entités, que nous analysons dans cet article. (shrink)

Cet article présente la multiplication des formes de la langue de bois dans la Roumanie actuelle. Une mise en perspective historique rend compte des similitudes entre l’époque actuelle et la période communiste dans les slogans ou les expressions employées aussi bien par les politiques que par les médias. Les débats actuels sur la langue de bois dans les organisations renforcent l’idée qu’au-delà du jargon ou des objectifs de manipulation, la langue est en modification permanente et naturelle. Mais cette nouvelle langue (...) de bois est presque exclue des études scientifiques roumaines sur le sujet, qui arrêtent leurs recherches à la chute du régime communiste en 1989.This article describes how forms of « doublespeak » have multiplied in present-day Romania. A historical overview reveals the similarities between slogans and expressions used by politicians or the media in the contemporary and communist periods. The current debate on « doublespeak » in organisations reinforces the idea that, looking beyond the jargon and the manipulative aims, this type of language is constantly – and naturally – evolving. But contemporary « doublespeak » is virtually absent in Romanian research on the subject, which has not looked beyond the fall of the communist regime in 1989. (shrink)

Appréhendée à partir de son fonctionnement dans les régimes totalitaires, la « langue de bois » a été traitée comme une langue étrange, et étrangère aux sociétés démocratiques. En rapprochant ses procédés des figures de la rhétorique classiquement dessinées, elle perd quelque peu de sa singularité. Elle est liée, en fait, à des potentialités, des tendances, des dispositions de la « langue naturelle » – une permanente propension à métaphoriser, notamment – qu’elle exploite ou accentue, radicalise et pervertit. Les affinités (...) que présente alors la langue de bois avec des pratiques langagières très courantes, tel le « politiquement correct », font voir en elle non plus un dialecte exotique, un parler vernaculaire, mais un mode de communication effectivement véhiculaire.Based on its functions in totalitarian regimes, the type of language George Orwell called « newspeak » has been treated as an oddity, a language foreign to democratic societies. However, when compared with the classic figures of rhetorical speech, its singularity begins to fade. It is related, in fact, to a potential, a tendency or a predisposition of « natural language » to create metaphor – a propensity that « newspeak » exploits, accentuates, radicalises and subverts. But the affinities that appear between this particular type of language and other very common forms, such as the language of « political correctness », suggest that rather than an exotic dialect, it is actually very much a kind of « lingua franca ». (shrink)

En ce XXe siècle, où la physique s'est identifiée à la science révolutionnaire par excellence, l'œuvre passionnée d'Ilya Prigogine constitue une singulière anomalie. Anormale parce qu'elle prend le parti du monde des phénomènes physiques contre le pouvoir de la théorie, jugé abusif ; mais anormale aussi par sa longue obstination à une époque où la rapidité fait foi. Le combat avait commencé au début des années soixante, sur un mode mineur : Prigogine demandait à ses collègues de reconnaître qu' " (...) il y a certainement une signification physique profonde dans l'équation de Boltzman ". Thèse apparemment bien légitime : l'équation de Boltzmann permet de décrire avec succès le comportement de non-équilibre des gaz dilués. Mais thèse iconoclaste : car, depuis que la croissance de l'entropie a été renvoyée aux seules probabilités, le comportement de non-équilibre n'est plus sensé autoriser la moindre " signification profonde ". Raconter l'histoire de ce combat, comme le fait Isabelle Stengers dans ce livre, revient à interroger les lois fondamentales sous l'angle du lien entre théorie, valeur et obligation. En effet, sans ce lien, ni la position de Prigogine ni celle des physiciens contre qui il va chercher des arguments toujours plus puissants ne sont intelligibles. L'auteur montre que ce lien permet d' " inventer " des problèmes : Il y a Prigogine qui oppose ainsi des lois nouvelles, les " lois du chaos ", au déterminisme absolu des lois fondamentales de la physique. La physique est habitée par la passion de la loi, mais la manière dont cette passion est ici réinventée pourrait ouvrir de nouvelles voies, vitales pour une " écologie des pratiques ". Serait-il possible que le physicien ne se présente plus comme celui par qui s'opère la fascinante découverte des lois de la nature? Serait-il possible de célébrer avec lui l'extraordinaire aventure que constitue l'invention d'un objet capable de dicter la manière dont il doit être décrit? (shrink)

A l’heure où des travaux importants tendent à renouveler sensiblement un certain nombre de disciplines, au nombre desquelles la sémantique lexicale et la lexicologie diachronique, il apparaît intéressant de faire le point au plan conceptuel sur une autre discipline connexe, la dialectologie, puisque celle-ci est au centre de ce numéro de Corpus. La dialectologie a pour objet majeur, à notre sens, l’étude comparative de langues qui se présentent sous forme d’entités disséminées – convenons de les appeler langues dialectales – dans (...) l’espace géographique et/ou temporel. La démarche a pour ambition, ce faisant, de démontrer qu’elles sont, les unes avec les autres, dans un rapport de parenté génétique, ou plus précisément d’établir le degré de celle-ci lorsque la parenté est un fait déjà avéré. La modélisation de ces langues dialectales sous forme de corrélations de traits permet alors d’aboutir à la reconstruction de l’ensemble dialectal considéré : hypothèse d’un protosystème et de faisceaux de règles d’évolution dont l’application combinée rend compte des observables. Mais ce schéma, valide pour des reconstructions phonologiques et morphologiques, doit être réaménagé si l’on veut envisager des reconstructions lexicales. Cet article constitue une discussion sur l’apport novateur de la dialectologie à ce problème. (shrink)

Les langues des signes sont des langues qui n’ont pas un système d’écriture qui leur est propre et qui, par leur nature visuo-gestuelle, ne peuvent pas être écrites phonographiquement. Les conséquences de cette « non‑scriptibilité » sont au centre des travaux menés à partir de 2000 par Elena Antinoro Pizzuto. EAP, décédée en 2011, mettait en évidence les biais que l’utilisation des « gloses », employées comme substituts de la transcription, induisent dans l’analyse linguistique des LS. Ces 10 dernières années, (...) les avancées technologiques et méthodologiques ont rendu plus aisée la saisie automatique des données corporelles, l’annotation multilinéaire de corpus multimodaux et le maintien des liens entre les annotations et les vidéos, ainsi que la diffusion des vidéos sur lesquelles se basent les analyses. Toutefois, ces technologies et bonnes pratiques — bien que fondamentales — ne font pas office de système de transcription : ce sont des solutions qui suppriment une partie des symptômes liés à la non‑scriptibilité des LS, mais ne comblent pas l’absence d’un système de représentation graphique de ces langues. Les questions soulevées par EAP sont donc encore d’actualité. Si différentes tentatives pour transcrire les LS ont vu le jour, leur utilisation pour exploiter de vastes corpus de LS s’est souvent heurtée à leur faible lisibilité et/ou requêtabilité. En comparant les avantages et les inconvénients de ces systèmes, il est possible d’établir une liste des caractéristiques que devrait posséder un système de transcription des LS. Mais développer un système qui réunit toutes ces spécificités est un défi que les linguistes ne peuvent pas relever seuls : c’est dans la pluridisciplinarité, et en particulier dans le travail conjoint avec les spécialistes des aspects graphiques de l’écriture, que semble résider la solution. Cette approche, dite « grapholinguistique », est suivie par l’équipe GestualScript pour développer Typannot, un système de transcription typographique des LS et de la gestualité co-verbale. (shrink)

RésuméCet article vise à préciser la nature et le contenu des conventions qui lient les membres d'une communauté linguistique et par ce biais à caractériser les relations entre le sens intentionnel et le sens conventionnel d'une énonciation. Je formule, à l'aide d'une version modifiée de la définition de la notion de convention proposée par Lewis , une hypothèse concernant les conditions dans lesquelles on peut dire qu'une langue comprenant des expressions déictiques, des phrases ambiguës et des indicateurs de force illocutoire (...) est effectivement utilisée par une population donnée. Il s'avère cependant impossible de formuler une condition nécessaire et suffisante pour qu'une langue soit la langue d'une population sans presupposer que les membres de cette population ont intériorisé une théorie sémantique pour cette langue.SummaryThe aim of this paper is to specify the nature and content of the conventions linking the members of a linguistic community, and thereby characterize the relations between speaker's meaning and utterance‐type meaning. Using a modified version of Lewis' definition of convention, I put forward an hypothesis concerning the conditions under which one could say that a language containing indexical expressions, ambiguous sentences and illocutionary force indicating devices is effectively used by a given population. However it turns out to be impossible to state a necessary and sufficient condition for a language to be the language of a given population without presupposing that the members of this population have internalized a semantic theory for that language.ZusammenfassungIn der vorliegenden Arbeit wird die Natur und der Gehalt der Konventionen untersucht, die die Mitglieder einer Sprachgemeinschaft verbinden, um dadurch die Beziehungen zwischen der intentionalen und der konventionellen Bedeutung eines Ausdrucks zu charakterisieren. Mit Hilfe einer gegenüber D. Lewis' veränderten Definition des Begriffes der Konvention, formuliere ich eine Hypothese, die die Bedingungen betrifft, unter welchen man sagen kann, dass eine mit deiktischen Ausdrücken, ambigen Sätzen und Indikatoren für illokutionäre Kraft ausgestattete Sprache tatsächlich durch eine gegebene Population verwendet wird. Es erweist sich allerdings als unmöglich, eine notwendige und hinreichende Bedingung dafür zu formulieren, dass eine Sprache die Sprache einer Population sei, ohne vorauszusetzen, dass die Mitglieder der Sprachgemeinschaft eine semantische Theorie dieser Sprache verinnerlicht haben. (shrink)

L’expression vient de l’Est. Elle s’est installée à l’Ouest en changeant de sens. En France, dans l’usage actuel, l’expression « langue de bois » désigne tout discours stéréotypé, simple code des échanges publics, et elle est souvent confondue avec « le politiquement correct ». Vu de l’est de l’Europe qui a connu les deux totalitarismes, cet affaiblissement sémantique éveille une forte réticence. L’expression « langue de bois » y a gardé une tout autre gravité et l’utilisation banalisée qui se pratique (...) à l’Ouest dénote plutôt une incompréhension ou une ignorance de ce qu’est véritablement la langue de bois. Pour ceux qui l’ont combattue, il y a une différence de nature et non pas de degré entre la langue vive et la langue de bois, et c’est que nous voudrions illustrer brièvement, en rappelant la force des protestations à son égard, puis en essayant d’éclairer ce qui a été l’enjeu d’une telle protestation, en nous appuyant principalement sur l’exemple de la Pologne.The French expression « langue de bois » – literally « wooden language » but often referred to as « doublespeak » in English – originated in Eastern Europe. In its current usage in France, however, it has come to cover a range of meanings and refers to any kind of stereotyped discourse, serving as a mere code-word for public speaking, and is often confused with « politically correct ». In Eastern Europe, which has seen totalitarianism of two kinds, this semantic weakening is regarded with dismay. In these countries, the expression – derived from the Russian « yezik douba », literally « tongue of oak » – has lost none of its weight of meaning, and its offhand use in the West is perceived as equating with a lack of understanding and even ignorance of what it really means. To those who fought against it, there is a difference not only in degree but actually in nature between a living language and the « wooden language » of officialdom. This is what we would like to illustrate, briefly, first through the strength of the protests against it and secondly by attempting to shed some light on what the protest was really about, mainly through the example of Poland. (shrink)

It is frequently noted that a “crisis in language” accompanied the profound changes in human consciousness everywhere evident near the turn of the century. As the nature of reality itself became problematic—or at least suspect, distrusted for its imposition of limits upon individual imagination—so, necessarily, did the relationship of language to reality. Thus in the later nineteenth century, the adequacy of an essentially standardized form of “classical” writing was increasingly questioned as an effective vehicle for artistic expression: even though often (...) in “elevated” form, such writing bore too close a connection to ordinary discourse. Indeed, it was precisely the mutually shared, conventional aspects of language that came to be most deeply distrusted for their failure to mirror the more subjective, obscure, and improbable manifestations of a transcendent reality or, rather, realities—the plural reflecting an insistence upon the optional and provisional nature of human experience. Language in its normal manifestations—with its conventionalized vocabulary and standardized rules for syntactical combination—proved inadequate for an artistic sensibility demanding, in Friedrich Nietzsche’s words, “a world of abnormally drawn perspectives.”This dissatisfaction with “normal” language received its classic statement through Hugo von Hofmannsthal’s Lord Chandos. Writing in 1902, Hofmannsthal conveys through the figure of the aristocratic Chandos the loss of an encompassing framework within which the various objects of external reality are connected with one another and integrated with the internal reality of human feelings. Chandos’ world has become one of disparate, disconnected fragments, resistant to the abstractions of ordinary language. It is a world characterized by “a sort of feverish thought, but thought in a material that is more immediate, more fluid, and more intense than that of language.” Chandos longs for a new language in which not a single word is known to me, a language in which mute objects speak to me and in which perhaps one day, in the grave, I will give account of myself before an unknown judge.”2 The content and forms of art thus shifted away from exterior reality, which no longer provided a stable, “given” material, toward language itself—to “pure” language in a sense closely related to the symbolists’ “pure” poetry. “No artist tolerates reality,” Nietzsche proclaimed.3 And Gustave Flaubert’s farsighted advice to himself was that he should write “a book about nothing, a book dependent on nothing external, which would be held together by the internal strength of its style.”4 2. Hugo von Hofmannsthal, “Ein Brief,” Gesammelte Werke, ed. Bernd Schoeller with Rudolf Hirsch, 10 vols. , 7:471-72; my translation. All further translations are my own unless otherwise indicated.3. Friedrich Nitzsche, Complete Works, ed. Oscar Levy, 18 vols. , vol. 15, The Will to Power, trans. Anthony M. Ludovici, p. 74.4. Gustave Flaubert, Flaubert to Louise Colet, 16 Jan. 1852, The Letters of Gustave Flaubert 1830-1857, ed. and trans. Francis Steegmuller , p. 154. Other passages in this letter are equally remarkable for their “modernist” tone. Flaubert argues that from the standpoint of l’Art pur, “one might almost establish the axiom that there is no such thing as subject—style in itself being an absolute manner of seeing things” . Further:The finest works are those that contain the least matter; the closer expression comes to thought, the closer language comes to coinciding and merging with it, the finer the result. I believe the future of Art lies in this direction. I see it, as it has developed from its beginnings, growing progressively more ethereal …. Form, in becoming more skillful, becomes attenuated, it leaves behind all liturgy, rule, measure; the epic is discarded in favor of the novel, verse in favor of prose; there is no longer any orthodoxy, and form is as free as the will of its creator. This progressive shedding of the burden of tradition can be observed everywhere: governments have gone through similar evolution, from oriental despotisms to the socialisms of the future. [P. 154] Robert P. Morgan, professor of music at the University of Chicago, is currently writing a history of twentieth-century music and working on a study of form in nineteenth-century music. His previous contributions to Critical Inquiry are “On the Analysis of Recent Music” and “Musical Time/Musical Space”. (shrink)

La traduction scientifique et technique et la terminologie relèvent d'un régime empirique comparable. Examinées au prisme de la doctrine linguistique de vérité logique, elles se différencient à partir de la ligne de démarcation langue naturelle / langage formel. Après avoir analysé les rapports respectifs des théories de la traduction et de la terminologie à la philosophie du langage issue de l'empirisme logique, on cherchera à clarifier les rapports réciproques entre ces théories chez les auteurs les plus représentatifs du modèle logico-ontologique. (...) On s'intéressera enfin à l'évolution du modèle dans un cadre fonctionnaliste et on s'interrogera sur les limites de la rupture épistémologique entrevue depuis les années 1980. L'engouement pour la traduction des terminologies servira d'exemple à charge. L'alternative pourrait venir de la sémantique textuelle.The scientific and technical translation and terminology are of a comparable empirical regime. Examined through the prism of linguistic doctrine of logical truth, they differ from the line natural language / formal language. After analyzing the reports of the respective theories of translation and terminology in the philosophy of language following the logical empiricism, we seek to clarify the interrelationship between these theories in the most representative authors logico-ontological model. Finally we will look at the evolution of the model in a functionalist and we will question the limits of epistemological rupture interview since 1980. The craze for the translation of terminologies used as an example to load. The alternative could have come from textual semantics. (shrink)

La théorie leibnizienne de l'expression, centrée sur la notion de relation, introduit, entre les mots des langues naturelles et la pensée, un rapport qui n'est pas seulement de représentation. Elle introduit également une parenté entre langues naturelles et langages formels. L'objectif de l'article est de mener une confrontation entre l'analyse par Leibniz des relations dans les langues naturelles et dans les langages symboliques afin de mettre en évidence leurs analogies. L'article cherchera à montrer : l'existence d'une double articulation dans les (...) langues naturelles et les langages formels tels que les conçoit Leibniz ; le caractère mathématique de son analyse des prépositions ; l'arrière-plan logique de son analyse des dérivations sémantiques. (shrink)

Ce n'est que tard dans sa vie que Wilhelm von Humboldt a donné au concept de « forme de la langue » son nom et sa définition. Ce qui est réellement nouveau dans cette conception, par rapport à ses analyses plus anciennes, c'est que, à côté de sa fonction régulatrice en linguistique, elle correspond chez Humboldt à une affirmation accrue de l'unité et de l'autonomie de chacune des langues. Une langue n'est pas l'émanation d'une nation donnée ; c'est un être, (...) pas un simple phénomène. Cela ne veut pas dire que les langues auront toutes la même valeur spirituelle, ni que l'individu sera prisonnier de la langue ; mais, dans son chemin vers la reconnaissance de cet être de la langue, Humboldt prend le risque de rouvrir le dualisme qu'il voulait fermer. Tout spécialement quand la « forme interne de la langue » évoque quelque sujet spirituel qui se servirait des outils grammaticaux et lexicaux. Cela ne veut pas dire que les langues auront toutes la même valeur spirituelle, ni que l'individu sera prisonnier de la langue ; mais, dans son chemin vers la reconnaissance de cet être de la langue, Humboldt prend le risque de rouvrir le dualisme qu'il voulait fermer. Tout spécialement quand la « forme interne de la langue » évoque quelque sujet spirituel qui se servirait des outils grammaticaux et lexicaux. Wilhelm von Humboldt gave the concept of « form of language » a name and a definition only late in his life. What is really new in this conception, in comparison to his older ones, is that, besides its regulative fonction for the linguist, it has to be linked to a stronger emphasis put by Humboldt on both unity and autonomy of every language. A language is not only the émanation of a certain nation ; it is a being, not only a phenomenon. This does not mean that all languages will have the same spiritual worth. It does not either mean that the individual will be some prisoner of the language ; but in his path towards the recognition of the being of the language Humboldt runs the risk of breaking open the dualism he wanted to heal up. Especially when the « inner form of the language » calls up some spiritual subject using both grammatical and lexical tools. (shrink)

The present paper reports a set of experimental studies concerning the comprehension of French argumentative operators and connectives.The first part is a presentation of the theoretical framework, the methodological problems and some of the most general results. Experiments were carried out in the perspective of the linguistic theory of argumentation developed by Anscombre and Ducrot. According to this theory, a number of devices in language are mainly defined by their argumentation function, i.e. by the types of discursive sequences and conclusions (...) they involve. Three categories of such devices were examined: (1) operators like “presque” (almost), “à peine” (hardly), “au moins” (at least), etc. which give an argumentative orientation to the statement; (2) co-orientation connectives, like “même” (even), which relate two statements oriented towards the same conclusion; (3) counter-orientation connectives, like the concessive ones (“mais” (but), “quand même” (even so), etc.), which relate two statements oriented towards opposite conclusions. The data shed light on issues such as: What is the nature of the relationship between the informative and argumentative functions of different operators? Is there a hierarchical relation between the argumentative processes of “co-orientation” and “counter-orientation”? What is the role of negation in the processing of argumentative sequences?The second part of the paper focuses specifically on the study of how 8 and 10 year-old children process “counter-oriented” statements. Five concessive connectives were studied: “mais”, “pourtant”, “quand même”, “même si”, “bien que”. The test was composed of two successive completion tasks: in one task the children had to choose the relevant context of complex sentences involving concessive connectives; in the other task they had to choose their relevant conclusion. Main results show a clear evolution in the performance of children between 8 and 10, suggesting that concessive strategies are not completely mastered at the age of 8. Differences among the concessive connectives studied were brought out: the item “quand même” obtained much better results than the other items with 8-year-old subjects; statements with “mais” seemed to be better processed in the conclusion task than in the context task, especially by 10-year-old subjects. These results are compared with other data obtained in some of the numerous studies on the production and comprehension of concessive connectives in various languages, and discussed from the point of view of argumentative theory. (shrink)

Cet article présente les solutions utilisées pour le Corpus électronique des textes polonais des 17e et 18e siècles afin d’adapter son jeu de balises grammaticales à l’évolution du système morphologique qui a eu lieu au cours de la période. Les 17e et 18e siècles ont été marqués en effet par la formation d’une nouvelle catégorie grammaticale, appelée « masculine-personality » (Pl. *męskoosobowość*). Cette époque marque une transition de l’état ancien à l’état moderne et se caractérise par une variation significative des (...) terminaisons des formes plurielles N, A et V des noms masculins animés à cette époque. Par conséquent, le jeu de balises utilisé pour annoter le corpus, qui a été créé à l’origine pour le polonais moderne, a dû être légèrement modifié à cet égard. La deuxième partie de l’article décrit les recherches menées à l’aide de ce système d’annotation, qui ont montré que la différenciation des terminaisons flexionnelles des noms masculins personnels et impersonnels en polonais était déjà avancée au 17e siècle et presque achevée à la fin du 18e siècle. (shrink)

Autochtonous People in general, and Siberia’s Finno-Ugrian people in particular, the Khantes and the Mansis, can only maintain their existence by being grounded in a territory necessary to the development of their language and way of life. But this territory is constantly amputated by the industrial expansion, in search of oil, gas and other natural resources. This is why defending autochtonous rights and interests is an urgent imperative.

Conference Proceedings (ASPLF Conference “Le Beau” in Iaşi, Romania, August 23-27, 2016). -/- Sections: 1. Le beau dans l'histoire de la philosophie; 2. Le beau à travers les cultures; 3. Beauté de la pensée et beauté du langage; 4. Ontologie et métaphysique du beau; 5. Le beau dans la nature et dans la société; 6. Beauté, éthique, politique; 7. Les catégories esthétiques; 8. L'esthétique et la vie quotidienne; 9. Renouvellement et perspectives de l'esthétique. -/- Conference sections: 1. The Beautiful in (...) the History of Philosophy; 2. The Beautiful across Cultures; 3. Beauty in Thought and Beauty in Language; 4. Ontology and Metaphysics of the Beautiful; 5. The Beautiful in Nature and in Society; 6. Beauty, Ethics, Politics; 7. Aesthetic Categories; 8. Aesthetics and Everyday-Life; 9. New Perspectives in Aesthetics. (shrink)

Dans ses textes consacrés à la logique, Gérard Granel a toujours combattu la théorie husserlienne de la signification fondée sur l’idée que les unités idéales de signification constituent l’armature logique universelle du langage. Car au fur et à mesure que l’analyse saussurienne des « valeurs » linguistiques et la linguistique comparée mettaient en évidence la singularité et la relativité des structures logiques à l’intérieur des langues naturelles, l’idée de « matérialité logique » n’a cessé de s’imposer et le caractère « (...) idéal » de la logicité est devenu de plus en plus problématique. Nous tenterons de démontrer que la thèse husserlienne de l’idéalité logique, contrairement aux apparences, n’est nullement affectée par les objections de Granel, et qu’elle est même capable de rendre compte des phénomènes linguistiques qui lui sont de prime abord totalement étrangers, i. e. les expressions idiomatiques et équivoques. (shrink)

La communication plurilingue est aujourd’hui reconnue comme une nécessité, tant par les États que par les producteurs économiques, scientifiques et culturels. Elle alimente la pratique de la traduction conçue comme un outil pour accéder aux savoirs du monde entier. Or l’exercice de la traduction influence l’extension des notions, des représentations et des modes de pensée propres à la langue d’arrivée. Une condition nécessaire et suffisante à la définition du caractère vivant d’une langue réside donc non pas seulement dans l’exposition de (...) cette langue à la traduction mais dans l’accueil, par cette langue, des productions venues d’un ailleurs aussi divers que possible.Today, not only States but anyone involved in economic, scientific and cultural production recognise the necessity of multilingual communication, which has boosted the idea of translation as a tool that gives access to knowledge from everywhere in the world. But translation itself influences the dissemination of concepts, representations and patterns of thought that belong to the target language. The living nature of a language therefore resides not only in its exposure to translation but also in its capacity to integrate production of every kind from the greatest possible diversity of sources. (shrink)

The Buddha considered names of things and people to be arbitrary designations, with their meaning created by agreement. The early suttas show clearly that inter alia, names, perceptions, feelings, thinking, conceptions and mental proliferations were all conditioned dhammas which, when their nature is misunderstood, led to the creation of a sense of ‘I’, as well as craving, clinging and afflictions. Although names were potentially afflictive and ‘had everything under their power’, this did not mean that they were to be ignored (...) or even neglected; words were to be penetrated and thoroughly understood, as an essential instrument for liberation. One of the problems of transmitting the Buddha’s teachings was the large number of disciples who did not speak an Indo-Aryan language as their first language or spoke a dialect different from that of the Teacher. This also led to altered transmission of the Vinaya and Suttas by disciples who could not hear certain phonological distinctions not present in their own language or dialect. Hundreds of these anomalies are preserved in the different editions of the canon, testifying to these transmission ambiguities. The passages dealing with this problem provide a valuable insight into the phonological issues that the early sa?gha had to deal with to try and preserve the integrity of the s?sana. At the same time the etymological practices of Brahmanism were imported into Buddhism very early, probably from the time of the Buddha himself, to demonstrate the intellectual superiority of the Buddha and his teachings. Despite the Buddha’s teachings on the arbitrary nature of language, the commentarial and grammatical traditions developed a sophisticated theoretical framework to analyse, explicate and reinforce some of the key Buddhist doctrinal terms. Also, an elaborate classification system of different types of names was developed, to show that the language of the Buddha was firmly grounded in saccika??ha, the highest truth, and that some terms were spontaneously arisen, even though such a concept — that words by themselves could arise spontaneously and directly embody ultimate truth — was quite foreign to their Founder. (shrink)

Dans son article de 1944, « The Semantic Conception of Truth and the Foundations of Semantics », Alfred Tarski réfère en propres termes à la notion médiévale de « suppositio materialis ». L’interprétation qu’il en suggère, cependant, est historiquement trompeuse et l’inexactitude historique se double, en l’occurrence, de ce que l’on peut tenir pour une malencontreuse erreur philosophique. Dans « “la neige est blanche” est vraie », Tarski voit l’expression « la neige est blanche » comme le nom d’une certaine (...) phrase, alors que les médiévaux y auraient vu plutôt une occurrence de cette phrase elle-même prise dans un usage spécial, la suppositio materialis. L’article montre en quoi les deux approches diffèrent et soutient que la théorie médiévale est philosophiquement préférable, en ce que : 1) elle est descriptivement plus adéquate en ce qui concerne le fonctionnement réel des langues naturelles ; 2) elle est plus appropriée même pour les langages construits qu’elle rend plus fonctionnels et plus intelligibles ; 3) elle repose sur l’identification d’un phénomène important dont la généralité échappe aux sémantiques d’inspiration tarskienne, celui de la dualité de principe entre l’extension d’un terme pris en lui-même et celle qu’il reçoit dans un contexte propositionnel donné.In his 1944 paper “The Semantic Conception of Truth and the Foundations of Semantics”, Alfred Tarski refers in so many words to the medieval idea of “suppositio materialis”. The interpretation he suggests for it, however, is historically misleading, and this historical inaccuracy yields in this case what can be taken to be an unfortunate philosophical mistake. In “ ‘snow is white’ is true ”, Tarski sees the phrase “snow is white” as the name of a certain sentence, while the medieval philosophers would have seen it rather as an occurrence of that very sentence, but taken in a special use, the suppositio materialis . The paper shows how these two approaches differ exactly and argues that the medieval theory is philosophically preferable in that it is descriptively more adequate with respect to natural languages, it is more appropriate even for artificial languages, which it renders both more effective and more intelligible, and it rests upon the identification of an important phenomenon, the generality of which is missed by the Tarskian type semantics, namely the duality of principle between the extension of a term in itself and the extension it receives within a given propositional context. (shrink)

Au milieu du bouillonnement intellectuel des années vingt en U.R.S.S., Mikhaïl Bakhtine, philosophe et critique littéraire, sʹinterroge sur les rapports entre lʹidéologie, le langage et le psychisme. Refusant la dichotomie saussurienne langue / parole, qui vide la pratique linguistique de sa substance, il affirme la nature sociale du signe et pose les fondements dʹune linguistique de lʹénonciation en tant que manifestation sociale et non individuelle. Au signe figé, réduit à nʹêtre quʹun "signal", il oppose le signe mouvant, changeant, arène où (...) se jouent les conflits sociaux. Publié en 1929 à Leningrad sous le nom de Volochinov, élève de Bakhtine, cet ouvrage paraît pour la première fois sous le nom de son véritable auteur. -- Back cover. (shrink)

This book comprises two long chapters. The first chapter, entitled “The China syndrome, logical form, translation,” is a treatise on linguistic relativism with specific reference to Chinese language. It is not directly related to the title of the book, “Aristotle in China,” except by what it calls “the Aristotelian principle” implied in the “guidance and constraint hypothesis” of linguistic relativism. The writing of this chapter is motivated as a critical response to Angus Graham’s Disputers of the Tao, characterized by Robert (...) Wardy as adhering itself to the “ guidance and constraints hypothesis,” which means that the linguistic structure of a particular language is either guiding or giving constraint to a certain way of philosophical thinking. Chapter 1 traces this position back to B. Worf’s Language, Thought and Reality, which, on the basis of the Hopi language, propounds something similar to the guidance and constraint hypothesis. Then it shows the historical connection of this position to Levi-Bruhl’s Mentalité primitive and Von Humbolt’s monograph Lettre à M. Abel-Rémusat sur la nature des formes grammaticales en générale, et sur le genie de la langue chinois en particulier. For Robert Wardy, this hypothesis could be found also in philosophy of language, for example in Quine’s notion of “radical translation” and Davidson’s critique of it. It is also extended to sinology as in the case of French sinologists such as Granet and Gernet, who were under the influence of Humboldt’s legacy. (shrink)

As a sort of intellectual provocation and as a lateral thinking strategy for creativity, this chapter seeks to determine what the study of the dynamics of biodiversity can offer linguists. In recent years, the analogical equation "language = biological species" has become more widespread as a metaphorical source for conceptual renovation, and, at the same time, as a justification for the defense of language diversity. Language diversity would be protected in a way similar to the mobilization that has taken place (...) to protect endangered species. Nevertheless, one must be careful when uncritically transferring conceptualizations and theoretical frameworks from one field to another, since obviously, these two phenomena are quite different in the real world. The dialogue with bioecologists starts by asking about the formation of diversity, i.e., about specialization. Here, one can observe the similarity between the processes of linguistic and genetic fragmentation, in the sense that both phenomena have a (socio)geographical basis for dispersion and consequently, for the loss of their original compact nature and their intercommunication. The self-organizing and creative properties of human beings favor the development of specific varieties for each subset, varieties that continue to evolve constantly, through the unceasing "languaging" of humanity. Regarding the continuity of species or languages, one can also observe the decisive role of intragroup relations. The staying power of linguistic varieties will increase in direct proportion to the intensity of the relationship among the components of the subset. On the other hand, if exotic elements are introduced, especially if these elements are aggressive in nature, the alteration of the ecological niche may turn out to be fatal for the continuity of the previously existing forms. This suggests to us the need to make an in-depth study of what the minimal contextual conditions would be so that a set linguistic group could be assured a sustainable continuity within a framework of linguistic contact. What type of minimum (socio-)ecological niche would a language have to have if we wished to ensure its habitual reproduction? A proposal is made here to explore the ideas of "exclusive functions" and "non-hierarchical functional distribution" for codes in situations where there is high contact and a danger of disuse. As regards change, this phenomenon is seen as an inherent element in the tendency of life to create new developments, which may or not be accompanied by an adaptation to changing environmental conditions. It is pointed out that, similar to what happens in biology, much of linguistic innovation stems from a systemically reorganized mixture of solutions from different codes. An important research question would be, however, to determine why some of these innovations disappear and others survive and extend throughout the community. The big question mark, as Mufwene points out, is, then how to manage to understand how "the evolution of language proceeds by naturally selecting from among the competing alternatives available through the idiolects of individual speakers". Extinction, whether it be of languages or of species, is caused in most cases "by a combination of demographic processes and environmental changes", as Brown points out. Thus, the environment plays a fundamental role in the direction of evolution, since the "the survival of the fittest is, in actuality, the survival of those who fit into the context (Allen and Hoekstra)". This allows us to see the great degree of importance of political-economic contexts in the case of languages. In the same way, migratory movements are also one of the major variables determining the extinction of biodiversity and language diversity. Species and habitat form the basic unit of existence, and this is the major point of departure for understanding the problem of the preservation and recovery of species or languages. Given the increase in the degree of linguistic contact, the continuity of language diversity depends on determining, as exactly as possible, as Prigogine, the physicist, would say, what precise conditions of imbalance may prove to be stable. The great challenge is not so much avoiding contact but managing it. And "restorative ecology" can also be of help to us here. Being able to reach sustainable solutions for language diversity implies a profound knowledge of the dynamics for determining the ways in which language is used in contact situations. The general conclusion is that linguistics is still terminologically and conceptually ill prepared to deal with the dynamic character of human languages. The world and our objects must be conceived of as elements in a state of flux, as changing systems in an unstable equilibrium. With respect to language policy, it would be necessary to make an effort to manage to establish some general principles regarding the linguistic organization of the human species that would make it possible for local linguistic diversity and communication on a planetary scale, which must necessarily take place, to be compatible with each other. To succeed, it will be necessary to continue promoting an autonomous socio-ecological perspective devoted to the comprehension of language phenomena. Such a perspective would be based on a paradigm of complexity, and would, at the same time, place human beings at the center of its theoretical underpinnings. (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Philosophy and Literature 27.1 (2003) 116-133 [Access article in PDF] Writing and the Disembodiment of Language Tony Jackson I AS IS WELL KNOWN, the study of writing in relation to speech played an important part in opening the door to poststructuralist theory, especially in the seminal works of Jacques Derrida. 1 Taking off from his rereading of Saussurean structuralism, Derrida famously made the deconstructive case that reversed and then (...) dissolved the ancient understanding of writing as the secondary, parasitic representation of the authentic signs of spoken language. But the question may well be asked: How will our understanding of writing and speech change if we take off from a nonrelativistic theory of representation? For it is from a thoroughly relativized theory of signs that poststructuralist theory and its derivatives all one way or the other begin. We will look at this in more detail below, but for now suffice it to say that this kind of theory always takes it that representation precedes the real in a fundamental way. No natural relationship exists between any sign and its referent. Given this fundamental disjunction as a foundation, the various theories lead to the practical work of explaining how signification does manage to occur. For example, meaning is a function of logocentrism in Derrida; desire in Lacanian psychoanalytic theory; discourse in theory after Foucault; ideology in the various new historicisms; and so on. In contrast to these understandings of representation, cognitive linguistics—I will use this broad term to include findings from the related but differentiated subfields of cognitive semantics, cognitive grammar, cognitive rhetoric—claims that at least on a very fundamental level semantics always precedes any actual manifestation of language, which is to say meaning precedes representation. This is because a foundational [End Page 116] level of universal concepts arises from biologically determined percepts. According to this view, crucial, general kinds of meaning are a function not of discourse or power but of the evolution of the human organism in the ecosystem of the third planet from the sun. 2In order to see how the cognitive linguistic arguments run, we will take an example from George Lakoff's Women, Fire and Dangerous Things. Lakoff brings in the work of cognitive anthropologist Eleanor Rosch in order to explain the way categorization functions in our perceptual interaction with the world. Rosch's findings, obtained through empirical studies using standard scientific methods, strongly suggest that human experience in its most general sense is "preconceptually structured" by our innate ability to categorize according to base-level prototypes (p. 270). Humans, even children as young as two years old, have a kind of gestalt cognitive process that tends to be oriented toward certain objects and features of the world, such that these objects and features—called cognitive reference points or prototypes—are universally "known," apart from culture and language. An example of this would be the response to primary colors as opposed to secondary colors. Rosch showed that even members of cultures lacking words for the primary colors found it easier to learn names for those colors than for secondary colors (pp. 40-41). We are, it appears, cognitively attuned to the primary colors. Further, we are cognitively constructed so as to sort colors automatically by gradations away from or closer to the primary colors. Culture will of course teach us certain beliefs about colors, but we do not "learn" to respond and operate on this basic level of perception.In the next step of the argument, we find that our "basic-level concepts correspond to [this] preconceptual structure" (p. 270). That is, in considering ourselves as linguistic creatures, we find that thinking or conceptuality also operates according to prototypes. Again, this is held to be true only of specifiable basic-level concepts. Though concepts that arise in cultural life may possibly "impose further structuring on what we experience," nonetheless, "basic experiential structures are present regardless of any such imposition of [learned] concepts" (p. 271). Evolutionarily, language would have to emerge after these innate perceptual structures. Language as a representation would also depend heavily on prototype categorization, not... (shrink)

Aujourd'hui, chacun d'entre nous se retrouve pris dans l'engrenage de la mondialisation; par conséquent, la société civile estime que les valeurs fondamentales de liberté, égalité, solidarité, tolérance, respect de la nature ou partage des responsabilités doivent sous-tendre les relations internationales de ce troisième millénaire. Il faut donc chercher à donner un « sens humain » à la mondialisation en l'impliquant, comme nous le proposons, dans un humanisme de notre temps, qui relève d'une philosophie-idéologie venue d'Afrique du Sud, connue sous le (...) nom d'Ubuntu. Pris dans son sens le plus large, ce concept renvoie aux notions de sentiment d'appartenance à la communauté des hommes, d'unicité de la nature humaine, le tout dans une perspective de coopération et de partage. Nous avons la conviction que les langues, les cultures, le dialogue inter-culturel et l'Ubuntu sont implicitement en résonance, voire en reliance, et que face à la mondialisation ils peuvent constituer un front important d'opposition civile.Today, each of us is caught in the gears of globalization, therefore, civil society believes that the fundamental values ​​of freedom, equality, solidarity, tolerance, respect for nature and shared responsibility are under -Soft international relations of the third millennium. We must therefore look to give a "human sense" to globalization by involving, as we propose, in a humanism of our time, which is a philosophy-ideology came from South Africa, known as Ubuntu. Taken in its broadest sense, this concept refers to notions of belonging to the human community, uniqueness of human nature, all in a context of cooperation and sharing. We believe that the languages, cultures, intercultural dialogue and Ubuntu are implicitly resonance, or reliance on, and the face of globalization can be an important front of civilian opposition. (shrink)

Dans quelle mesure la philosophie du langage ordinaire, faite par des anglophones qui réfléchissent sur la langue et son usage correct, est-elle liée à l'anglais ? Ainsi, quand elle traite de la nature de la connaissance, se peut-il qu'il s'agisse de questions induites par le terme knowledge ? Adrian Moore instruit la cohérence d'une réponse négative à partir d'une réflexion sur le « nous » qui parle. Mais il voit dans l'impossibilité de principe pour la philosophie du langage ordinaire de (...) denier toute force à ce lien une bonne raison pour la philosophie analytique aujourd'hui de ne pas s'y laisser réduire. (shrink)

In the early 1760s, the entry dedicated to the term “social” in Diderot's Encyclopédie claimed that it was “un mot nouvellement introduit dans la langue.” Strictly speaking, this description was inaccurate: “social” had already appeared (though very sporadically) in seventeenth-century French texts. But the essence of the Encyclopédie's argument was correct: “social” had been so marginal in French up until the mid-eighteenth century that its wide deployment in enlightened discourse from the 1740s onward could be treated as a new appearance. (...) The article main argument is that “social's” new appearance in the mid-1740s was of considerable intellectual importance. To support this argument, the article is divided into three parts. The first outlines the general premises of the research into the word “social” and its significance. By placing this research within the ongoing investigation of the semantic field around “société” in enlightened philosophy, the article claims that such an investigation is much more than an etymological exercise. The special epistemological status of “social” in enlightened philosophy makes an understanding of the reasons for its rapid domination of French philosophical discourse a most rewarding project from the perspective of intellectual history. The second part of the article provides empirical evidence for the argument that “social” had been all but completely absent from French intellectual discourse before the mid-eighteenth century. It is of course harder to ascertain the absence of a word before a given point in time than to confirm its presence, but many different indications substantiate the essence of the Encyclopédie's claim. These indications also allow one to follow “social's” discursive rise after about 1745 and to speculate about the identity of the author(s) responsible for it. All evidence lead to two philosophes, the article claims: Diderot and Rousseau. Finally, the third part of the article presents an argument about the reasons for “social's” rapid naturalization in French enlightened thought and discusses what the philosophes tried so intensively to do, achieve, or express with “social.” Possible answers to this question lead to a reevaluation of mid-eighteenth century enlightened thought in general and contemporary philosophes in particular. Most importantly, such answers allow us to reflect on how we write and think about the intellectual achievements of the mid-eighteenth century, and in what way we, too, still inhabit the mental universe the philosophes helped to create. ☆ I would like to thank Keith Michael Baker for his encouragement and helpful criticism of a previous draft of this article. (shrink)

This dissertation is concerned with the viability of the idea of liberal public reason. This idea belongs to the realm of contemporary political philosophy and is a term which seems to have few direct correlates in the history of philosophy, though it has a few namesakes and several analogues. "Public Reason'' may be contrasted obviously with "private reason"- a concept as dubious no doubt as that of the idea of a private language. But this contrast is not what is here (...) meant. Here the concept of public reason may be thought of as an account of the moral practical reasoning appropriate to democratic citizenship in the public sphere. This account of the moral practical reason" particular to the role of government officials and of citizens is made through delimiting those moral concepts suitable for public deliberation and through the imposition of duties to reason from a "public" point of view rather than self interest. Naturally, this idea of public reason is analogous to many previous theories on the nature of right. Some of the more obvious examples are the use of the natural law by jurists of the Roman Republic such as Cicero, the idea of the "common good'' which is to be found in political theorists of the late medieval republics of Italy, or the use of natural rights language by the founders of the American Constitution... (shrink)

From Leibniz to Wierzbicka: The history and philosophy of nsm -- Semantic primes and their grammar -- Explicating emotion concepts across languages and cultures -- Wonderful, terrific, fabulous: English evaluational adjectives -- Semantic molecules and semantic complexity -- Words as carriers of cultural meaning -- English verb semantics: verbs of doing and saying -- English verb alternations and constructions -- Applications of NSM: minimal English, cultural scripts and language -- Teaching retrospect: nsm compared with other approaches to semantic analysis.

This paper provides a concise overview of Constructions at Work (Goldberg 2006). The book aims to investigate the relevant levels of generalization in adult language, how and why generalizations are learned by children, and how to account for cross-linguistic generalizations.

In this paper I trace the manner in which Herder’s philosophy of language grounds his approach to hermeneutical issues regarding history, interpretation, and translation. Herder’s approach to the question of language has been repeatedly lauded for its important influence on the later work done by Schleiermacher, Dilthey, and Gadamer, but in this discussion I am going to put him more directly in conversation with Wilhelm von Humboldt. Although recent critics have derided Humboldt’s theory as both derivative and wrong, I will (...) argue that we should instead recognize that Humboldt’s philosophy of language represents a significant development of Herder’s thesis. This development is accomplished by way of Humboldt’s application of Kant’s mature theory of reason to a program for comparative linguistics. In Humboldt’s hands, this amounts to a new strain of philosophical anthropology. (shrink)

Ontology has been proposed as a solution to the 'Tower of Babel' problem that threatens the semantic interoperability of information systems constructed independently for the same domain. In information systems research and applications, ontologies are often implemented by formalizing the meanings of words from natural languages. However, words in different natural languages sometimes subdivide the same domain of reality in terms of different conceptual categories. If the words and their associated concepts in two natural languages, or even in two terminological (...) traditions within the same language, do not have common referents in the real world, an ontology based on word meanings will inherit the 'Tower of Babel' problem from the languages involved, rather than solve it. In this paper we present evidence from a preliminary comparison of landscape terms in English with those in the Yindjibarndi language of northwestern Australia demonstrating that this problem is not just hypothetical. Some possible solutions are suggested. (shrink)

To assess the utility of appeals to natural law as a way of projecting ethical claims across ideological and cultural boundaries, three examples of such appeals in just war theory are critically analyzed and evaluated: those of contemporary international lawyers Myres McDougal and Florentino Feliciano, theological ethicist Paul Ramsey, and Franciscus de Victoria, a sixteenth-century Spanish theorist whose recasting of Christian just war thought gave rise to secular international law. The conclusion is that natural-law appeals today can no longer depend (...) on their own self-evidence, but must be attempts to uncover commonality as to what is natural. (shrink)

This article is the introduction to the 7th volume of the Iconicity in Language and Literature Series. First a brief historical outline of the concepts of naturalness and iconicity in linguistic theory is given. Both concepts are then separately dealt with in two sections, in which each concept is elaborated and an overview of seminal readings on naturalness and iconicity is presented. A thorough discussion is also provided of some unresolved issues in the iconicity and naturalness debates. The article rounds (...) off with a summary of the papers collected in the volume. (shrink)

L’évolution de la société se traduit dans le langage. Au Moyen Âge, notairesse, tutorresse et défenderesse rendaient visibles, dans les textes, l’épouse et la femme agissant dans la société. À notre époque s’emploient des noms, tels infirmière, institutrice et vendeuse, qui ne sont pas neufs. Simultanément, comme la femme accède à des professions réservées aux hommes, s’installent des appellations féminines nouvelles telles que (la) juge, (la) pénaliste, présidente, consœur, avocate, magistrate, huissière, enquêtrice. Au Québec, en Suisse, en Belgique et en (...) France, des textes officiels recommandent la féminisation. Celle-ci suscite les passions parce qu’elle touche aux traditions, au savoir-vivre, aux préjugés, au souci d’égalité et surtout à l’identité de la personne. Même si des raisons culturelles et sociales freinent l’évolution des mentalités, la progression de la féminisation dans l’usage constitue un fait linguistique remarquable. (shrink)

This paper suggests that Dante’s writings on language provide elements for the construction of a philosophy of language. The main emphasis is on the theoretical treatment of language in De Vulgari Eloquentia, but it also considers La Vita Nouva and Il Convivio, earlier works providing insights into the development of Dante’s views on the nature and use of language. De Vulgari Eloquentia is an extended justification for the use of a vernacular language capable of treating the worthiest topics in a (...) manner appropriate to them. Two main purposes of language are to instruct and delight. Dante shows that others must be addressed in a language they understand, but if it is to lift them, it must have a beauty and power beyond them. (shrink)