Abstract
Si les penseurs anciens s’accordaient pour dire que les mots reçoivent leur signification d’une institution (θέσις), leurs vues divergeaient, en revanche, quant à la question de savoir jusqu’à quel point leurs instituteurs étaient libres de choisir tels ou tels sons pour désigner telle ou telle chose. Il ne fait pas de doute que, pour les Stoïciens, ceux qui ont imposés les noms visaient d’ordinaire à créer des expressions linguistiques capables d’évoquer d’une certaine manière les choses signifiées. L’article rejette cependant l’idée que les Stoïciens présupposaient une situation initiale où l’ensemble des termes d’une langue donnée étaient parfaitement adaptés à leur fonction, les aberrations ou anomalies du langage ordinaire étant liées à une dégradation progressive de conditions de départ idéales. Ils pensaient, au contraire, que l’imposition des mots est un processus continu, que les locuteurs ordinaires entretiennent pour des raisons essentiellement utilitaires ; processus qui n’est que partiellement réglé par leur rationalité commune. Ce qui explique pourquoi le Grec qu’ils se trouvaient parler présentait à leurs yeux un défaut de systématicité que les Stoïciens se sont dès lors appliqués à corriger par le biais d’une nomenclature qui se voulait rigoureuse et cohérente.