Initiation de l'amitié -- En lisant en écrivant -- Le dérèglement originel de l'amour de soi humain -- Au démêlé avec Pascal -- Montaigne législateur? -- "Mointaigne a tort" -- "La justice est sujette à dispute" -- L'injustice du moi -- Pascal et Hobbes -- Le règlement de la dispute -- Une vraisemblance de justice.

Rien ne sépare physique et métaphysique. Cette porosité conceptuelle se manifeste tout particulièrement dans l’utilisation fondamentale du concept de φύσις. En établissant la réalité de la « nature », Aristote attache indéfectiblement le « principe » recherché par la philosophie à ce qu’il meut. En supposant la « nature », la métaphysique opère une double et simultanée énonciation : celle d’un vrai dit à partir de l’évidence du « naturel », et celle de l’horizon physique. Poser la réalité de...

L’ itinerarium mentis entrepris par Dante, vers le bonheur et à travers Béatrice, entretient un rapport vital avec l’expérience philosophique, comme le montre le lien entre la Vita nova et le Convivio. L’essai de Jean-Luc Marion s’attache à cette continuité, en se concentrant sur le fait que « la voie unique de l’amour » ne se limite pas à indiquer la présence d’une intention unique informant de soi différents amours, mais implique la transformation radicale de l’idée de philosophie, transformation (...) fondée sur l’amitié étroite entre l’amour et la sagesse. Cette union donne vie à un nouveau dynamisme, à un habitus amoureux, ou plutôt à une posture amoureuse dans laquelle la pratique s’impose à la théorie et dans laquelle le sujet se découvre attendu par ce qui formait son but. (shrink)

Telle qu’elle se décline dans la théorie de la pitié du livre IV de l’Émile, la philosophie morale de Rousseau réconcilie deux traditions : les morales dites de l’amour-propre et celles du sentiment moral. La présence de l’imagination, dans la morale dite égoïste, mêle le sentiment moral à l’intérêt et donc à l’amour-propre. A contrario, ne pas recourir à l’imagination dans les morales du sentiment moral doit permettre d’éviter cette perversion. L’originalité de la philosophie morale de Rousseau est (...) de concilier le recours à l’imagination, qui seule permet la mise en place de rapports affectifs entre soi-même et autrui, et l’existence d’un sentiment moral véritable non teinté d’égoïsme. (shrink)

Telle qu’elle se décline dans la théorie de la pitié du livre IV de l’Émile, la philosophie morale de Rousseau réconcilie deux traditions : les morales dites de l’amour-propre et celles du sentiment moral. La présence de l’imagination, dans la morale dite égoïste, mêle le sentiment moral à l’intérêt et donc à l’amour-propre. A contrario, ne pas recourir à l’imagination dans les morales du sentiment moral doit permettre d’éviter cette perversion. L’originalité de la philosophie morale de Rousseau est (...) de concilier le recours à l’imagination, qui seule permet la mise en place de rapports affectifs entre soi-même et autrui, et l’existence d’un sentiment moral véritable non teinté d’égoïsme. (shrink)

Telle qu’elle se décline dans la théorie de la pitié du livre IV de l’Émile, la philosophie morale de Rousseau réconcilie deux traditions : les morales dites de l’amour-propre et celles du sentiment moral. La présence de l’imagination, dans la morale dite égoïste, mêle le sentiment moral à l’intérêt et donc à l’amour-propre. A contrario, ne pas recourir à l’imagination dans les morales du sentiment moral doit permettre d’éviter cette perversion. L’originalité de la philosophie morale de Rousseau est (...) de concilier le recours à l’imagination, qui seule permet la mise en place de rapports affectifs entre soi-même et autrui, et l’existence d’un sentiment moral véritable non teinté d’égoïsme. (shrink)

David Hume pense que les affections de l’homme sont naturellement partielles, tandis que Francis Hutcheson considère que l’homme est originellement d’une bienveillance désintéressée. Michael Gill soutient que la théorie morale de Hume l’emporte sur celle de Hutcheson car cette dernière rompt le lien entre l’explication et la justification de la moralité. D’après Gill, Hutcheson a tort d’assumer que notre nature originelle devrait être le fondement de la moralité. La compréhension par Gill de la théorie de Hutcheson ne reflète pas celle-ci (...) complètement puisque l’amour de soi-même et l’intérêt personnel de Hutcheson sont, sous certaines conditions, admissibles, voire souhaitables ou nécessaires pour le bien de la société. Il y a peu de différence entre les théories de Hutcheson et de Hume dans le sens où elles déduisent la moralité impartiale du caractère humain tel qu’il est. La théorie de Hume ne l’emporte pas sur celle de Hutcheson car Hume ne propose pas une meilleure façon de déduire la moralité ni d’expliquer tous les phénomènes moraux. (shrink)

Certains affirment tomber amoureux en ligne. Mais est-ce de l’amour véritable? L’amour, soutient-on, est le désir du bien de l’autre. Il nécessite l’amour de soi, il amène à vouloir être près de l’être aimé, il exige une reconnaissance mutuelle et vise une personne concrète et autre que soi. On le décrit également comme étant inconditionnel, durable, voire incontrôlable (c’est lui qui nous contrôle), toujours pauvre et irrationnel. Que signifient et qu’impliquent ces caractéristiques? Surtout, les retrouve-t-on toutes dans (...) les relations d’amour virtuelles? Plus encore, quelle vision de l’amour le virtuel pousse-t-il à adopter? (shrink)

Ce volume envisage l'amour en tant qu'objet polymorphe : Eros, Philia, Agapé, mais aussi Storgé. Les mots grecs rendent compte, du large spectre amoureux : amour romantique, amour sexuel, amour de soi, de l'autre, pour l'autre... des catégories qui placent les manifestations du sentiment amoureux dans un espace de contraintes et de possibilités qui relève du social et du discursif. Les travaux qui sont ici réunis s'attachent ainsi à interroger des genres artistiques et discursifs dans lesquels (...) s'ancre l'amour, ils abordent la littérature et le cinéma, mais aussi l'histoire, l'histoire des idées, la sociologie l'ethnologie ou la psychologie. Ces recherches mettent en avant que l'amour constitue une manière d'appréhender et d'expliquer le monde puisqu'on peut lire à travers lui les rapports qui définissent nos sociétés et qui le définissent à leur tour. (shrink)

Par rapport à la conception réflexive du retour à soi propre à la philosophie du sujet telle qu’elle se développe de Hegel à Ricœur et qui cherche à surmonter la dispersion de la vie temporelle par une formation de soi dans l’unité d’une histoire, saint Augustin nous donne à penser une autre figure de l’ipséité qui permet d’échapper aux apories de la centration égologique comme à l’antihumanisme de ses contestations. L’histoire personnelle dans sa finitude et sa facticité ne peut trouver (...) son unité et son sens qu’en dehors d’elle, dans un retour à la vérité qui illumine. Le soi, selon saint Augustin, ne se laisse pas comprendre par rapport au projet néoplatonicien de purification, car il ne s’agit pas de trouver une place dans le cosmos, mais de se libérer de toute forme venant du monde dans un combat intérieur entre le poids de la concupiscence et l’attente patiente des biens véritables. L’humilité, la patience et l’amour sont les actes du soi véritable. (shrink)

According to familiar accounts, Rousseau held that humans are actuated by two distinct kinds of self love: amour de soi, a benign concern for one's self-preservation and well-being; and amour-propre, a malign concern to stand above other people, delighting in their despite. I argue that although amour-propre can assume this malign form, this is not intrinsic to its character. The first and best rank among men that amour-propre directs us to claim for ourselves is that of (...) occupying 'man's estate'. This does not require, indeed it precludes, subjection of others. Amour-propre does not need suppression or circumscription if we are to live good lives; it rather requires direction to its proper end, not a delusive one. (shrink)

Le Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers est un ouvrage fondamental pour ceux qui cherchent à comprendre les mystères de la Création. Pour Louis-Claude de Saint-Martin, l'homme porte en lui-même la clé de tous les mystères. Se connaître soi-même est donc la condition primordiale pour accéder à la Connaissance. Les textes sacrés nous enseignent que l'histoire de l'humanité est liée à un drame en trois actes. Le premier est celui de l'âge d'or ; le deuxième (...) celui d'une chute douloureuse dans la matière ; le troisième, qui reste à venir, sera marqué par une rédemption, une réintégration dans le Divin. L'auteur de ce livre s'efforce de percer le sens ésotérique de ces trois étapes. Il montre aussi que l'impasse dans laquelle se trouve l'homme résulte de la confusion qui règne dans ses pensées. S'il nourrissait sa volonté à la chaleur de l'Amour divin, il accéderait à la régénération d'une manière naturelle, et l'humanité trouverait la Connaissance menant à la Paix Profonde. (shrink)

L'oeuvre mature de Hans Urs von Balthasar renvoie de manière insistante à la métaphysique de Ferdinand Ulrich comme arrière-plan philosophique de la théologie développée par le penseur suisse. L'interprétation que donne F. Ulrich, en particulier dans son chef d'oeuvre Homo Abyssus, de l'ontologie thomiste, est originale par le fait qu'elle conçoit l'être comme don et obéissance. Balthasar n'a pas manqué de relever que ce thomisme de l'amour évite le risque de sombrer dans une ontologie négative, dans laquelle la désappropriation (...) de soi abîmerait l'être dans la différence: la kénose de l'être n'est compréhensible qu'à partir de la positivité de l'être. (shrink)

La publication des lettres d’Isabelle de Bourbon-Parme à sa belle-sœur l’archiduchesse Marie-Christine est un événement important. Pas seulement parce que nous avons affaire à un écrit intime d’une « princesse philosophe », dont l’intelligence et l’ouverture d’esprit sont en soi dignes de notre intérêt. Mais parce qu’il s’agit de lettres d’amour à une femme, comme nous en avons peu d’exemples au xviiie siècle, et même après. Il se pourrait même que nous ayons affaire au premier écrit de cette...

En explorant plus avant le projet des ouvrages théologiques précédents, Au lieu de soi ne distingue pas simplement la pensée de la création de l’onto-théologie mais la sépare aussi de son dépassement heideggérien, qui demeure pour Marion aussi idolâtrique que la métaphysique elle-même. L’ouvrage se concentre ici autour de l’interprétation de l’adonné comme créature par excellence, ou créature iconique – dont le privilège tient à sa temporalité et à sa mutabilité. Indispensable à l’interprétation de saint Augustin comme penseur non métaphysique, (...) l’analyse de la temporalité de l’homme iconique, en démontrant la manière dont la pensée de la création reste hors de l’ontothéologie et de la causa et de l’ego, suggère en même temps que saint Augustin n’affirme le devenir de l’homme qu’en lui enlevant toute innocence et, corrélativement, ne trouve pas de bonheur véritable dans l’amour du mortel comme tel. (shrink)

According to familiar accounts, Rousseau held that humans are actuated by two distinct kinds of self love: amour de soi, a benign concern for one's self-preservation and well-being; and amour-propre, a malign concern to stand above other people, delighting in their despite. I argue that although amour-propre can (and often does) assume this malign form, this is not intrinsic to its character. The first and best rank among men that amour-propre directs us to claim for ourselves (...) is that of occupying 'man's estate'. This does not require, indeed it precludes, subjection of others. Amour-propre does not need suppression or circumscription if we are to live good lives; it rather requires direction to its proper end, not a delusive one. (shrink)

This paper addresses Rousseau's contribution to educational practice by illustrating the ways in which his notion of amour-propre distorts the teacher-student relationship in Muriel Spark's novel, The Prime of Miss Jean Brodie. Though some of Rousseau's pedagogical methods may appear impractical and problematic, his insights into the psychological distortions of amour-propre bear directly on teaching because it is such an important instance of the relationship between self and others. The protagonist, Jean Brodie, is shown to be not only (...) an inadequate teacher but a morally destructive one as well because she violates the teacher-student relationship by both encouraging amourpropre among her students and using those same students primarily to satisfy her own need for power and self-aggrandizement. Her eventual ruin at the hands of her “best” student results from the amour-propre both share. Miss Brodie's failure illustrates the dangers of looking at teaching as self-expression, personal fulfillment etc., to the extent of forgetting what it actually is — the careful addressing of students' experience both as individuals and as learners. (shrink)

Cet article compare deux interprétations de l’amour chez Antigone, celle de Martha Nussbaum, d’un côté, et celle de Simone Weil, de l’autre. Nussbaum considère qu’Antigone est froide, fermée et excessive, tandis que Weil observe chez Antigone une très rare et exigeante forme d’amour. Alors que Nussbaum défend une vision émotive et presque romantique de l’amour, Weil évoque un amour « impersonnel », dont l’ancrage n’est pas émotif. Ce type d’amour décentre de soi-même et a un (...) effet extatique : il sort l’individu de lui-même. À l’instar d’Antigone qui résiste au pouvoir, cet amour ouvre à de nouvelles configurations éthiques et politiques. (shrink)

L'homme des droits de l'homme eut une belle vie, pleine de bruit et de fureur, mais aujourd'hui, il n'est plus. En lieu et place a surgi un nouvel homme, égoïste, hédoniste, à la recherche de son seul plaisir ; sa préoccupation première, essentielle, c'est l'amour de soi, l'émerveillement de soi, la satisfaction de soi, et l'Etat est sommé d'y satisfaire. Car l'Etat n'est plus ce tyran féroce, avide de pouvoir, ce despote aux aguets qui attend l'occasion pour soumettre ces (...) sujets ; il ne fait plus vraiment peur ; il a été assagi, apprivoisé et sa fonction est de gérer un nouveau pacte social : non plus de faire respecter la liberté de tous mais celle de chacun ; non plus d'établir l'égalité pour tous mais pour chacun ; non plus de protéger un «moi commun», une nation, une collectivité, mais un moi individuel ; les hommes ne se sont pas réunis pour leur sécurité et leur conservation, mais pour mieux jouir les uns des autres. (shrink)

"Après Violences de la Nature Violences des Hommes constitue le second volet d une tétralogie dédiée à la philosophie de la violence. Ces violences, basées sur l orgueil capital (le trop-amour de soi et le trop-mépris des autres), commencent par des exercices de familles déchirées, d amitiés faussées et de fausses amours trahies, pour s épanouir dans les apothéoses que sont les guerres, dans ce métier qui est celui de tuer et d être tué, où Dionysos démembré danse sur (...) les champs de piétaille dans la gestuelle nietzschéenne d un avenir prétendument innocent. - ". (shrink)

English summary: One of the constant features of Rousseau's thought is his reflection on self-love, the essential condition of being sensitive and intelligent. But the resources employed in his work do not remain constant; they evolve in an effort to acquire his own philosophy and to distance himself from the philosophy of his time. It is this methodological effort that is analyzed in this volume. French text. French description: L'un des traits constants de la pensee de Rousseau reside dans la (...) meditation qu'il poursuit jusqu'a la fin de sa vie sur l'amour de soi - sur l'affection essentielle de l'etre sensible et intelligent. Mais les ressources mobilisees dans cette entreprise ne demeurent pas les memes tout au long de l'oeuvre et elles se forgent avant tout dans un effort d'appropriation puis de mise a distance de la philosophie de son temps. C'est cet effort methodologique qui est analyse dans le present ouvrage. Du Discours sur l'origine et les fondements de l'inegalite a l'Emile, Rousseau perfectionne un empirisme qui confere son caractere systematique a la theorie de l'homme mais qui, a terme, revele ses limites dans l'examen des idees sublimes (l'ordre du monde voulu par Dieu, l'existence de l'ame) que l'homme moderne doit prendre en vue. Aussi importe-t-il de comprendre de quelle facon Rousseau abandonne cette perspective au long des recherches qui, en 1778, aboutissent a l'oeuvre ultime achevee au seuil de la mort : Les Reveries du promeneur solitaire. Le cheminement que l'on peut retracer en suivant la voie royale de la methode decouvre une derniere philosophie de Rousseau, ou la clarification d'experiences decisives (l'accident, la reverie) se substitue au style philosophique de l'epoque pour decouvrir les conditions d'un bonheur effectif. (shrink)

Pour envisager les rapports entre le soi et l'autre, l'auteur sollicite l'éthique, la justice, la politique, la mondialisation, la discrimination identitaire, le nationalisme, la religion, l'argent, le sexe ou encore l'amour. Son entreprise intellectuelle consiste à désacraliser le groupe et l'individu et à comprendre comment tout mène à la fois à soi et à l'autre.

A l'aune de la philosophie marginalisant le goût et la cuisine, Jean-Jacques Rousseau parait occuper une place à part et novatrice. Tout en condamnant l'hybris des facéties gastronomiques, il valorise le goût par son lien étroit avec les besoins, avec l'amour de soi, sens utile à juguler les faux désirs et déjouer l'amour-propre. Toutefois, dans l'Emile, ce sens tend à souffrir de la préséance de l'appétit, notion essentielle car utile en société à reconditionner la faim, réorganiser les besoins (...) jusqu'aux moyens de les satisfaire, afin de récréer, par le truchement de la dépense physique, la mesure du plaisir faisant défaut à l'homme civil. En outre, jusqu'à quel point ce schéma de subjectivation par l'appétit est-il compatible avec le dessein politique? (shrink)

Le rapport à autrui chez Aristote trouve son point culminant dans l'amitié, mais il prend sa source dans le désir du bien véritable. Le lien du soi au bien, fondement de l'amour de soi, conduit ultimement à découvrir l'ami comme autre soi-même. Le bien visé et l'attraction de l'aimable éclairent la thématique de la bienveillance et le fait d'aimer l'autre pour lui-même de façon désintéressée. La recherche du bien permet également de comprendre en quel sens des amitiés peuvent se (...) nouer entre personnes non vertueuses, dans la mesure où tout être humain recèle en lui-même quelque chose de bon. (shrink)

Louis de Sacy send his Traité de l’Amitié (1703) to Fénelon in order to get a judgement. To his surprise, the result is a debate on his explanation of the ciceronian idea “a friend is another self”, transformed by Erasmus and Montaigne into a rhetorical commonplace. By neglecting this rhetorical side, the editors of Fenelon’s letter have misunderstood the literary and doctrinaire issue of the debate between the lawyer and the archbishop. Emulating Cicero, Louis de Sacy refers to conversations in (...) the salon of Marquise de Lambert whose opuscule on friendship is obviously influenced by Montaigne. Fénelon counters de Sacy by relating friendship to “amour-propre”, this topic ensuring the concern of pagans for his vision of “pur amour”. (shrink)

Consacrée à l’analyse de quelques passages du Phèdre, du Banquet et de l’Alcibiade, cette étude rappelle la définition platonicienne du rôle pédagogique de l’amour dans la théorie de la connaissance et dans la pratique du langage. Sa thèse est que le modèle anthropologique et le modèle épistémologique ne peuvent pas être séparés dans la philosophie platonicienne. « Parler » constitue à la fois une communication et une ostension, donc la transitivité du langage n’est pas exempte d’une nécessaire vérité de (...) l’acte, même si cette vérité est celle du phénomène, non celle de l’essence, de la forme ou du principe. Les conséquences de cette unité (présentée comme une rencontre entre la rhétorique et la dialectique) sont d’ordre éthique autant que d’ordre métaphysique. D’une part, l’autonomisation du langage pose comme préalable un rapport de vérité à l’égard de l’autre dans toute détermination d’identité du sujet. Ce rapport de vérité s’exprime ici sous la forme initiatique d’une « mise en présence » : l’accès à soi est conditionné par la transcendance du tout-autre. Acquise par la présence amoureuse à l’égard de l’autre, l’identité n’est donc pas close sur elle-même mais se définit comme relation. D’autre part, la maîtrise d’un langage adéquat au phénomène érotique suppose le dépassement de l’interprétation (« péché contre la mythologie ») et une sortie de l’opposition des contraires (corps‑âme) par la limite assumée (ici la « faiblesse des mots »), sans appeler nécessairement à l’harmonie universelle qui, traditionnellement, cache la domination, voire la suppression du sujet. (shrink)

Paradoxalement, l’interprétation des Pensées de M. Pascal par Jean-Jacques Rousseau montre sa fécondité philosophique au lieu de l’écart maximal entre les deux penseurs : « injuste en soi » selon Pascal, « toujours bon » selon Rousseau, c’est pourtant l’amour de soi constitutif du « moi humain » dans les Pensées morales éditées par Port-Royal que Rousseau accueille et cultive en en inversant l’appréciation axiologique. Lu par Rousseau, Pascal n’est pas Fénelon ; il n’est pas non plus Nicole ; (...) et à sa suite, l’on doit le lire en deçà de la distinction, si ordinaire aux moralistes, du bon amour de soi et du mauvais amour-propre. Rousseau nous y invite du moins, retenant de ces pensées que seul l’amour de soi porte à se connaître, c’est-à-dire à connaître le principe qui nous anime. En conséquence, seule la connaissance du principe d’union en quoi consiste, en son fond, « l’amour que l’on se doit à soi-même » porte à régler l’amour de soi constitutif de la modalité juste du moi, autrement dit celle du « moi commun ».Paradoxically enough, it is precisely where the gap between Jean-Jacques Rousseau and Pascal is widest that Rousseau’s interpretation of the Pensées de M. Pascal proves highly fertile philosophically speaking : the self-love that is described as that which constitutes the « human self » in the Pensées morales published by Port-Royal, this self-love which Pascal deems unjust in itself whereas Rousseau considers it always good, is in effect what Rousseau draws upon so as to reverse its axiological assessment. Read by Rousseau, Pascal is not Fénelon ; nor is he Nicole ; he must thus be read beyond the distinction between the good amour de soi and the bad amour-propre which is so commonplace among moralists. This at least is what Rousseau suggests that we do, by retaining as he does from Pascal’s moral thoughts the notion that only self-love can enable one to know oneself, through the knowledge of the principle one is animated by. Consequently, only the knowledge of the principle of union which « the love that one owes to oneself » fundamentally consists in can enable one to set the self-love that will constitute the just mode of the self, ie that of the « common self ». (shrink)

Une morale pour les mortels est une etude d'ensemble de l'ethique de Platon et d'Aristote, a partir de la problematique philosophique qui lui donne corps: la mortalite de l'etre humain, source de ses desirs et de leur perpetuelle insatisfaction. Par contraste avec une morale du devoir, on decouvre ici une morale qui s'exprime par un il faut, poussant vers une fin qui puisse repondre au manque et au besoin qui marquent la condition humaine. A partir de cette problematique sont repris (...) et eclaires tous les concepts et theses classiques de l'ethique ancienne: la question de la mesure et de l'harmonie, la vertu dans son unite et sa pluralite, le bonheur, le bien, le plaisir, l'amitie, l'amour de soi, la volonte et les autres desirs, l'intention, l'action, et surtout la verite du paradoxe nul n'est mechant de plein gre, dont sont exposees la resistance face aux critiques d'Aristote et les consequences dans le domaine penal. L'ensemble met en valeur la specificite de l'etre humain decelee par les Anciens: qu'il soit un etre tout a la fois desirant et pensant. (shrink)

English summary: This volume contains essays on some of the foremost thinkers on phenomenology, the study of structures of consciousness as experienced from the first-person point of view. French description: Dans le triptyque, ouvert par Reduction et donation. Recherches sur Husserl, Heidegger et la phenomenologie, assure dans Etant donne. Essai d'une phenomenologie de la donation et complete avec De Surcroit. Etudes sur les phenomenes satures, nous avons procede assez globalement pour qu'on nous permette ici de rassembler apres-coup certains des travaux (...) qui l'ont prepare et qui ont pris une importance renforcee lorsqu'il se fut agi de prolonger la phenomenalite de la donation par la description du phenomene erotique (Le phenomene erotique) ou de l'appliquer hermeneutiquement a une oeuvre theologique (Au lieu de soi. L'approche de saint Augustin). Ainsi reconnaitra-t-on ici des recherches historiques sur le depassement de l'horizon de l'objectite du phenomene impose par la notion, necessaire mais d'abord incomprise, de donation, ou Husserl et Heidegger ont repris et enfin aborde de front ce qui, pour tous les neo-kantiens, restait une pierre d'achoppement. Puis on trouvera deux moments d'une discussion avec Emmanuel Levinas, commencee des L'idole et la distance et les Prolegomenes a la charite mais restee en suspens, sur la legitimite de recourir a l'amour comme a un concept. Deux autres debats furent aussi essentiels, tant Henry et Derrida ont conduit plus avant dans la comprehension des questions de l'invisibilite phenomenale et de l'impossibilite comme une ouverture. Enfin les trois dernieres etudes, en discussion serree avec tous, fixent l'acces au soi par autrui, l'emergence du tiers comme second autrui accomplissant l'evasion hors de soi, et a la fin l'irreductible par excellence, celui que toute reduction atteste negativement. (shrink)

Procédant à une analyse comparative du traitement qu’Aristote réserve à la philia dans les livres VIII et IX de l’ Éthique à Nicomaque et dans le livre VII de l’ Éthique à Eudème, je soutiens dans cet article qu’à bien des égards, l’approche « eudémienne » se révèle plus claire et cohérente. Plusieurs sujets sur lesquels les deux Éthiques offrent des traitements différents sont successivement examinés (par exemple, la méthode endoxique, la théorie du « focal meaning », la question de (...) l’amour de soi, celle de l’auto-suffisance). Je suggère pour finir que la façon la plus simple de rendre compte de ces différences est de faire l’hypothèse que le traitement de l’amitié dans l’ Éthique à Nicomaque précède celui de l’ Éthique à Eudème. (shrink)

Qu'est-ce que l'homme? En se basant sur l'anthropologie à la fois d'Aristote et de Saint Thomas d'Aquin, Maritain propose une conception de l'homme dans laquelle la morale est étroitement liée aux composantes ontologiques dans l'être humain. Le personnalisme de Maritain met l'accent sur le caractère communautaire de l'humanisme. L'homme s'accomplit au moment où il se donne à soi-même et aux autres. Ces deux dimensions du don sont constitutives pour que l'homme s'épanouisse intégralement et pleinement : le don à l'égard de (...) soi-même (la surexistence en connaissance et en amour) et le don à l'égard des autres (le service du bien commun). (shrink)

Ce texte est consacré à la conception de la liberté absolue chez Schelling, telle qu’elle est exposée dans les Weltalter et accomplie dans la philosophie tardive. À partir d’une élucidation des rapports entre liberté, nécessité et contingence, nous souhaitons montrer que Schelling parvient à développer un nouveau concept de liberté absolue qui d’une part ne concerne pas seulement Dieu mais aussi l’homme, et qui d’autre part dépasse la liberté kantienne comme autonomie et autodétermination, mais aussi la liberté de l’É crit (...) sur la liberté de 1809 comme « pouvoir du bien et du mal ». En outre, nous soutenons que la liberté du Dieu « Seigneur de l’être » de la philosophie de Munich et Berlin se distingue de celle du Dieu seulement « sur-étant » des Weltalter. Seule la « liberté d’être et de ne pas être » du « Seigneur de l’être » représente une forme de liberté à laquelle l’homme peut et doit tendre, une liberté non pas de l’auto-anéantissement, mais du don de soi, liberté suprême qui n’est autre que celle de l’amour. (shrink)

The book reconstructs the history of Western ethics. The approach chosen focuses the endless dialectic of moral codes, or different kinds of ethos, moral doctrines that are preached in order to bring about a reform of existing ethos, and ethical theories that have taken shape in the context of controversies about the ethos and moral doctrines as means of justifying or reforming moral doctrines. Such dialectic is what is meant here by the phrase ‘moral traditions’, taken as a name for (...) threads of moral discourse, made in turn of other interwoven threads, including transmission of shared codes, appeals to reform of prevailing custom, rational argument about the justification of some precept on the basis of some shared general teaching or principle, and rational argument about the ultimate basis for principles and justification of authoritative teaching. That is, the approach adopted to the reading of ethical texts depends on a firm belief in the fact that philosophers hardly created any ethical doctrine out of nothing. The main point this book tries to highlight is how different philosophical theories emerged and followed each other as a result of attempts at accounting for what was going on in the world of moral traditions. Changes were propelled by controversies between different schools, and highly abstract arguments were the unintended effects of moves made by controversialists forced to transform (and occasionally to turn upside down) their own doctrines in order to face the challenge posed by other arguments. This is the reason why the book examines not only texts that already enjoy pride of place in the history of philosophy (Aristotle, Kant, Hegel), but also other texts usually treated in the histories of religions (the Bible, the Talmud, the Quran), and others considered to be much less philosophical (Plutarchus, Pufendorf). -/- 1. Plato and a response to ethical scepticism. Two different traditions of morality in VI-V century Greece are described. The birth of philosophical questioning of traditional morality and temporal and spatial variation of custom is described within the context of the v century crisis, the demise of traditional aristocratic and tyrannical rule and the birth of democracy. Two conflicting answers to the challenge are reconstructed, namely conventionalist or immoralist theories formulated by the Sophists and the eudemonist and intellectualist Socratic theory. Plato’s own reformulation of Socrates answer to the Sophists is reconstructed. His psychological views, his classification of the four cardinal virtues and his political theory are described as parts of a unitary system, culminating in an extremely realist moral ontology identifying the idea of the good with the essence of the (moral and extra-moral) world itself. -/- 2. Aristotle and the invention of practical philosophy. Aristotle’s invention of practical philosophy as a field separated from first philosophy is shown to be an implication of his break with Plato moral ultra-realism. Aristotle’s agenda in his moral works is arguably dependent on a polemical intention, namely dismantling Socratic intellectualism. The semi-inductive or virtuously circular method of practical philosophy is illustrated, starting with the received opinions of the better and wiser individuals and trying dialectically to sift what is left of mistake and inconsistence in such opinions, finally trying to correct mistakes and make the overall practical science more consistent. The chapter illustrates then the relationship of individual ethics, or ‘monastics’, with the art and the science of the pater familias, or ‘economics’, and the science of the ruler and citizen, or politics. The nature of virtues, or better, excellences of character, is discussed, highlighting the basic role of hexis, or ‘disposition’. Prudence, or better practical wisdom, is the focus of the chapter. Its relationship with bouleusis or deliberation is examined, and its autonomous status vis-à-vis theoretical knowledge is stressed. -/- 3. Diogenes and philosophy as a way of life. The chapter provides an overview of Hellenistic ethics, which almost amounts to Hellenistic schools of philosophy, in so far as ‘philosophy’ became in these centuries primarily the name for a way of life. The typical character of the Cynical movement is highlighted, that of a school of life, not a school aimed at providing any kind of intellectual training was to be provided. -/- 4. Epicurus and ethics as self-care. The peculiar character of the Epicurean school is described, a combination of a science of well-being aiming, more than at pleasure as in the popular view, at reduction of useless suffering, of unnecessary needs, and at a balanced selection of pleasures of the best and most durable kind. -/- 5. Epictetus and ethics as therapy of the passions. The various phases of Stoicism are described, and the shifting place given to ethics in the Stoic system of idea, culminating in the paradoxical view of ethics, its impossibility in principle notwithstanding, as the only truly significant and necessary part of philosophy. Cicero is treated, showing how his own synthesis of various Hellenistic trends is as a truly philosophical enterprise, deserving serious consideration after one or two centuries when he was confined to the role of literate. Epictetus is chosen as the best example of what the Stoic tradition could yield, an art of living based on sophisticated introspection, in turn aimed at making a kind of cognitive therapy possible, dismantling obnoxious passions at their root by systematically correcting false representations. -/- 6. Philo and the reconciliation of Torah and Platonism. A reconstruction of basic ideas from a few books of the Hebrew Bible is provided, starting with the Prophetic tradition and the focus on God’s mercy as the source of motivation and standard for human behaviour. Then a comparative analysis is undertaken of a parallel tradition, namely the three codifications of the Torā (Law or, better, Instruction), highlighting how a core of moral ideas may be recognized as a basis and preamble of codification of civil law, cultural practice, and regulation of ritual purity. The importance of Leviticus is stressed as the turning point when emphasis mercy, typical of the Prophetic tradition, is combined with the legal tradition, yielding the change in sensibility of the Second Temple time. Philo of Alexandria is described as one of the three leading figures – together with Rabbi Hillel and Rabbi Yeshua – at the apex the emergence of the mentioned new sensibility, gradually including mercy as an essential part of justice and establishing the starting point of both the Rabbinic and the Christian tradition. This consists precisely in the precept of one’s neighbour’s love or of the golden rule, two eventually identical precepts whose meaning is arguably more sober and sensible than the long-lasting Christian tradition deriving from John and Augustine has made us believe and no novelty vis-à-vis so-called Ancient-Testament teachings. -/- 7. Augustine and Christianity as Neo-Platonism. The first section examines the moral doctrines of so-called 'ethical Treaties' from the Talmud, a group of treaties, among which the best known is Pirqé Avot, that were left out of the six "orders" of the canon as they did not fit in any of the six groups of issues ritual or legal on which the division was based. According to Maimonides, their peculiar theme is provided by the Deòt, 'opinions', i.e., mental dispositions, that is, the translation of the Greek term hexeis and Arab akhlak (in turn providing in this language the name for ethics as such). The three topics I reconstruct are: i) the notion of Torah: The Torah is understood as the world order itself, or as the ‘Wisdom’ that existed even before creation and was ‘the tool by which the world was built’; however, the Torah is an earthly and human entity, as it was "received" by humans, and from that very moment belongs to them; ii) the relationship between love of God and love of neighbour; the treaties require us to study and practice the Torah ‘for its own sake’, that is, require us to act out of love, not out of fear or hope of reward; iii) the idea of sanctification of daily life: having disappeared with the destruction of the Temple the possibility of any conflict between liturgical service and everyday life, the latter is assumed to be in itself divine service: to give food to the poor has the same value as sacrifices in the Temple, and as an implication, the insistence become recurrent on the goodness of created things in themselves along with a polemic against ascetic currents. The conclusions drawn are: i) the moral teachings of the Talmud and those of Yeshua are, rather than similar, virtually identical; one may safely say that the precept of love and the golden rule are central ones for all Talmudic rabbis, that mercy plays an indispensable role alongside with justice, and the latter is not a different thing from one’s neighbour’s love; ii) a peculiarity of Talmud rabbis facing Yeshua is the idea of study as worship, and knowledge as a source of justice; but this is an idea of Judaism after the Temple's destruction that cannot be attributed to the Pharisees of Yeshua’s time; iii) the relation of study and practice in the Talmud parallels that between faith and deeds in Paul's epistles, that is, respectively faith or learning are a necessary and sufficient condition to be recognized as righteous , but deeds are the inevitable effect of either faith or learning. The sayings ascribed to Yeshua are examined first, yielding the conclusion that a close equivalent may be found for every saying in Talmudic literature and yet the whole is ascribed to one rabbi, with rather consistent stress on God’s mercy and unconditional forgiving as the mark of true imitation of God. Thus, Yeshua’s teaching is pure Judaism. The third section describes briefly the galaxy of Gnostic currents and Manichaeism, trying to sketch the profile of moral teachings resulting from an encounter of Asian spiritual traditions, Hellenistic lore and sparks of teachings from apocalyptic Jewish currents. The last section summarizes the turbulent history of several encounters between Christian currents and Hellenistic philosophical schools. The first one was with late Cynicism. Recent, rather controversial, literature discovered the jargon and a few topics from the Stoic-Cynical popular philosophy in a few books from the New Testament itself. This, far from proving that Rabbi Yeshua had been influenced by cynic preachers, is a proof of the necessity felt by Christian preachers to translate the original ‘Christian’ teaching into a Greek lexicon deeply impregnated with cynic terminology. The second was with Platonism, yielding the mild and temperate moral teaching of Clemens of Alexandria, teaching the sanctity of nature and the human body, the joy of moderate fruition of ‘natural’ kinds of pleasures, and the beauty of the marital life – in short, the opposite of the standard picture of Medieval Christianity. Ambrose of Milan brings about a different kind of synthesis, namely with Middle Platonism, where Stoic themes prevail. The most shocking case is Augustine, where an early Manichean education is overcome in a former phase by a synthesis of Plotinian Neo-Platonism and Christian preaching, yielding a sustained polemic with the Manicheans and rather optimistic views on life and Creation, the body and sexuality, and Hebrew-Judaic tradition not far from Clemens of Alexandria. In a later phase, occasioned by controversy on the opposite front, with such Christian currents as the Pelagians and Donatists, Augustine comes back to heavily anti-Judaic and world-denying ascetic attitudes where is earlier Manichean upbringing seems to emerge again. The tragedy of medieval Christianity will be the later Augustine’s overwhelming influence. A final section is dedicated to the monastic tradition where a curious mixture of world-denying asceticism with an astonishingly penetrating ‘science’ of introspection emerges. -/- 8. Al Farabi and the reconciliation of Islam and Platonism. The Qurān and the qadit, that is, collections of sayings ascribed to the prophet Muhammad contain a wealth of precepts and catalogues of virtues mirroring moral contents from the Jewish and the Christian traditions, among them the basic notion of imitation of the Deity, where mercy is assumed to be its basic trait. An important tradition within Islam, namely Sufism, stressed to the utmost degree the role of mercy, turning Islam into a mystic doctrine centred on retreat from the world, abandonment to God’s will, and a peaceful and fraternal attitude to our fellow-beings. A secular literary tradition originating in the Sassanid Empire, the literature of advice to the Prince had for a time a widespread influence in the newly constituted Arabic-Islamic commonwealth. In a later phase, the legacy of Hellenic philosophy made its way into the intellectual elite of the Islamic world. The first important legacy was Platonic, and the Republic became the main text for Islamic Platonism. Al-Farabi wrote an enjoyable remake of the Platonic Republic, arguing that the citizen’s virtues were the basis on which the political building needs to rest. The secular lawgiver is enlightened by the light of reason in his everyday practice of governance, but room is made for the Prophet as the voice of revealed truth that confirms and completes the rational truth that philosophy may afford. In a second phase also Aristotelian and Stoic influence were assimilated. Miskawayh’s treatise was the masterwork at the time Arabic philosophy reached its Zenith. It is a treatment of the soul’s diseases and their remedies, combining the Aristotelian doctrine of the golden mean with the Stoic doctrine of the passions and elements of Galenic medicine. Towards the eleventh-twelve centuries a war raged among theologians and philosophers, finally won by the former with disappearance of philosophy as such. The newly established mainstream, yet, was no kind of intolerant fanaticism. It drew from the work of mystic theologian Al-Ghazālī, the best heir of Sufism, teaching a tolerant and peaceful attitude to our fellow-beings and a passive attitude to destiny as an expression of the Divine will. -/- 9. Moshe ben Maimon and the reconciliation of Torah and Aristotelian ethics. The encounter between the Talmudic tradition and Hellenic philosophy had taken place a first time in Alexandria at the time of Philo but the two traditions had parted way again. In fact, the kind of Platonic Judaism founded by Philo survived only within Christianity, in the fourth Gospel and then in writings by Clemens of Alexandria. The Talmudic literature had absorbed just less striking traits from the Hellenic Philosophy, namely an idea of ethics as care of the self and a role for the education of character as propaedeutic to theoretical knowledge. In the Arabic-Islamic world, a second round started when Jewish authors writing in Arabic undertook the task to prove the full compatibility of the tradition deriving from Torah and Platonic philosophy. The culmination of this attempt is provided by Moshe ben Maimon who tried to use Aristotelian ethics as a language into which the teaching from the Pirké Avot could be translated. -/- 10. Thomas Aquinas and the reconciliation of Christian morality and Aristotelian ethics. In the first section the fresh start is described of philosophical ethics in Latin Europe at the turn of the Millennium. In a first phase, Anselm and Peter Abelard built on a Platonic and Augustinian legacy. In this phase. remarkable innovations are introduced, including Abelard’s claim of the obliging character of erring consciousness. In a second phase, the rediscovery of Nicomachean Ethics thanks to Latin translation of Arabic versions gives birth to a new wave of ethical studies, recovering the very idea of Aristotelian practical philosophy, with the potential implication of full legitimization of natural morality, i.e. ethics without Revelation. Aquinas’s ethics is a theological ethics out of which it would be vain to try to extract a self-contained philosophical ethics. His treatment of topics in philosophical ethics, yet, does not boil down to repetition of Aristotelian arguments but is rather a creative reshaping of such arguments. For example, he introduces also in the practical philosophy a first principle parallel to the principle of non-contradiction; and he also carries out a synthesis of Aristotelianism, Stoicism, and neo-Platonism. Even though it is essentially moral theology, Aquinas’s doctrine - unlike Augustine – grants full citizenship to "natural" morality, firstly by rejecting the claim that the corruption of human nature due to the original sin is so radical as to leave "pure nature" incapable of moral goodness. The doctrine is presented in a more sophisticated formulation in a few of the Quaestiones, such as De Malo and De Veritate, in the Summa contra Gentes and in the commentaries to Aristotle than in the famous Summa Theologica, but the latter work includes the only or the largest exposition of some decisive part of the theory. Thus, the Summa Theologica should be read for what it is more than criticized for not being what it was not meant to be. It was not meant to be the brilliant synthesis of all that Reason he had been able to produce with what Revelation had added about which the Neo-Thomists used to dream, but rather a manual for the training of preachers and confessors, where theoretical claims are not too demanding and a few serious tensions are left. Besides a jump between the Prima Secundae and the Secunda Secundae, being the former an essay in virtue theory and the latter a handbook for confessors, the most serious tension is perhaps the one between the ethics of right reason presented in most of Ia-IIae and the eudemonistic ethics developed in quaestiones 1-5 of the same part; the alternative ethical theory which also may be found in Augustine, the Stoic view of a cosmic reason eventually coincident with the moral law, was believed by Anselm (followed by John Duns Scotus and William of Ockham) to be incompatible with eudemonism. It is questionable whether Thomas could reduce the tension proving that it is just an apparent tension, in so far as the right reason and bliss derived from knowledge of God tend to coincide, but this is just a conjecture. Thomas’s ethics is a virtue ethic, not a law-based one, and moral judgment focuses on the virtues, particularly charity, not on the commandments and even less on absolute prohibitions; Thomas, however, would not have considered a drastic alternative between law and the virtues such as the one which has been advanced in late twentieth-century philosophy to be justified. Nonetheless, when it discusses ‘special’ virtues, it ceases to be an ethics of virtue and becomes a disappointing and often contradictory discussion of legal and illegal acts. Such a discussion takes most of the time ‘reasonable’ middle positions on controversial issues but not the alternative approach that Aristotelianism would have made possible; even when some occasional Aristotelian claim shows up, such as money’s barrenness as a reason against usury, this seems to be made by an author who apparently ignores the Aristotelian Thomas of the Prima Secundae. It is an ethic of human autonomy which recognizes the binding character of the individual conscience and, potentially, even a duty to disobey unjust laws. It is true that what Thomas writes in his discussion of death penalty and persecution of heretics is simply disgusting, and yet we should blame Thomas the man, not Thomist ethical theory. Finally, Thomas’s ethics is not ethical ‘absolutism’, as both traditionalist Catholic theologians and secularist enemies of dogmatic morality tend to believe. It is instead an ethic of prudential judgment. Exceptions to this approach – or better results of logical fallacies – are such claims as the absolute character of negative precepts and of the existence of "intrinsically evil acts", claims that simply cease to make sense in the light of Thomas’s own distinction between human act and natural act, carrying consequences Thomas did not live long enough to draw or was not consistent enough to dare to draw. -/- 11. Francisco de Vitoria and casuistry. The first topic illustrated is the discussion about the notion of pura natura, namely the human condition after the original sin and before divine revelation. The core notion was already there in Aquinas but was later developed by Caietanus (Thomas de Vio) with a number of interesting implications: firstly a view of human nature as such much more positive than Augustine’s and his followers’ view, including both Calvinists and Jansenists; secondly, the implication that the philosopher’s morality, as opposed to the Christian’s morality, is a quite respectable kind of morality; thirdly, that theocracy and prosecution of the unfaithful lacked justification, with more far-fetching consequences than Aquinas himself had dared to draw. The second topic is casuistry, a new name for a comparatively older way of thinking, which was already there in late Stoicism and Cicero as well as in the Talmudic literature. This is an approach aimed at yielding probable enough solutions for doubtful cases even in absence of completely safe staring points. The genre developed from medieval reference books for confessors and became by the sixteenth-century a sophisticated tool-box for dealing with various fields of applied ethics. Francisco Vitoria, the main authority of Baroque Scholasticism, was a controversial figure, among the proponents of the new discipline of casuistry and a consistent proponent of more separation between the religious and the civil authority, stricter limits to the legitimacy of war, innate rights of non-Christian nations in the New World based on the notion of pura natura, providing a standard of ‘natural’ goodness, previous to revelation, on which the Indian nations were judged to live in a naturally good condition, provided with the institutions of family, justice, and religion had accordingly a right to full respect by Christian sovereigns. Bartolomé de Las Casas, arguing along similar lines, was the leader of a historical battle in defence of the rights of the Indios. -/- 12. Michel de Montaigne and the art of living. A short description of one of the Renaissance Phyrronism, one of the classical philosophies revived in the fifteenth and sixteenth century. Montaigne combines the sceptical epistemology with an understanding of ethics – indeed of philosophy as a whole – in terms of an art of living inspired by two basic ideas, sagesse, that is, practical wisdom as the only kind of rationality available after theology, science, and tradition have declared bankrupt, and an aesthetic ideal of self-transformation through the art of writing and introspection. -/- 13. Pierre Nicole and neo-Augustinianism. The chapter illustrates first the vicissitudes of Augustinianism newly born after the late medieval triumph of Thomist Aristotelianism in the alternative Protestant and Catholic versions processed by the Calvinists and the Jansenists. Then it illustrates the doctrines of Pierre Nicole, Blaise Pascal’s best disciple, on the impossibility of introspection, on the ubiquity of self-deception, on the incurably evil character of the passion of love, and on the two moralities, the one of the man of the world, the morality of honesty which is indispensable for granting peace and order but devoid of any true value for eternal salvation, since the same external behaviour may be prompted by opposite motivations, and the morality of charity, the only true one but also useless to society. The third topic is Pierre Malebranche’s view of self-deception as a ubiquitous phenomenon accounting for human action and responsibility and his reformulated theory of self-love, no less ubiquitous than for Nicole and yet not as incurably evil, given the distinction between morally indifferent and even necessary amour de soi and vicious amour proper, a distinction on which the whole of Rousseau’s moral and political theory rests. -/- 14. Samuel von Pufendorf and the new science of morality. The chapter is dedicated to the discovery of the idea of a ‘new moral science’. Hugo Grotius is discussed first highlighting the real character of his project, much closer to the Thomist idea of a natural law accessible to non-corrupted human reason when human beings are living in a state of pura natura. Then Hobbes’s combination of scepticism, voluntarism, and conventionalism is described and both the continuity with Grotius’s new science, in the search for non-revealed rational morality, and the break with him, in the adoption of voluntarism and refusal of an intellectualist view of natural law, are illustrated. Pufendorf’s work is illustrated as a synthesis of the two previous attempts and the – up to Schneewind underestimated – paradigmatic example of the new science of morality. -/- 15. Richard Cumberland and consequentialist voluntarism. The chapter gives an overview of eighteenth-century Anglican ethics, noticing how the Cambridge tradition gave special weight to natural theology as opposed to positive or revealed theology – and how two Cambridge fellows, John Gay and Thomas Brown, elaborated on Cumberland’s (and Malebranche’s, as well as Leibniz’s) strategy for finding a third way between intellectualist view and voluntarist view of the laws of nature. The result of their elaboration was a kind of a rational-choice account of the origins of natural laws, where a law-giver God chooses among a number possible sets of laws on a maximizing criterion, and God’s maximandum is happiness for his creatures. The chapter notices also how such a solution aimed at solving at once the problem of evil and that of the foundation of moral obligation by proving how God’s choice was justified as far as it was the one minimising the amount of suffering in the world. 16. Richard Price and intuitionism. The chapter describes first the doctrines of the Cambridge Platonists, an example of hyper-rationalist reaction to Calvinism. Secondly it describes the sophisticated and universally ignored – from Sidgwick to Anscombe –version of what was later labelled ‘ethical intuitionism’ – showing how it escapes familiar objections and misrepresentations of intuitionism – from Mill to Rawls – in grounding its argument on transcendental arguments while carefully avoiding recourse to introspection and psychological evidence, which has been taken as a too easy target by critics of intuitionism. Thirdly, the chapter discusses Whewell’s ‘philosophy of morality’, as opposed to ‘systematic morality’, not unlike Kant’s distinction between a pure and an empirical moral philosophy. Whewell worked out a systematization of traditional normative ethics as a first step before its rational justification; he believed that the point in the philosophy of morality is justifying a few rational truths about the structure of morality such as to rule hedonism, eudemonism, and consequentialism; yet a system of positive morality cannot be derived solely from such rational truths but requires consideration of the ongoing dialectics between idea and fact in historically given moralities. Whewell’s intuitionism turns out closer to Kantian ethics than commentators have made us believe until now, and quite different from what Sidgwick meant by intuitionism. -/- 17. Adam Smith and the morality of role-switch. The chapter describes first, Hutcheson’s attempt at basing the ‘new science’ of natural law on different bedrock than Pufendorf and the English Platonists, namely a moral sense, a faculty whose existence is assumed to be proved on an empirical basis. The second step is a reconstruction of Hume’s rejoinder in terms of a new science of man including morality on an ‘experimental’ basis, that is, a ‘Newtonian’ hypothetical-deductive approach, distinguished from Hutcheson’s allegedly uncritical descriptive approach to human nature. The third step is a reconstruction of Adam Smith theory of morality understood as emerging from a spontaneous interplay of exchanges of situations (the most basic meaning of the word ‘sympathy’ as construed by this author). -/- 18. Jeremy Bentham and utilitarianism. The bulk of the chapter is dedicated to the doctrines of Jeremy Bentham. The Enlightenment spirit that suggested the idea of a new morality, free from religion, is illustrated. The notion of utility is illustrated as well as the subsequent formulations of the principle of utility. The idea of felicific calculus is discussed, showing how its inner difficulties prompted several reformulations of the principle of utility in order to avoid undesirable implications of proposed formulations. The role of the thesis of spontaneous convergence between interest and duty is discussed, showing how it left numberless questions open, and the distinction between the virtues of prudence, justice and beneficence is described as a way out of the deadlocks of classical utilitarianism. After Bentham, Mill’s reformed utilitarianism is reconstructed, showing how it is a kind of mixed system – as closer to common sense as it gives up Bentham’s claims to consistency and simplicity – resulting as unintended consequences from the controversies in which Mill was too keen to engage. The hidden agenda of the controversy between Utilitarianism and Intuitionism, going beyond the image of the battle between Prejudice and Reason, is described, showing how both competing philosophical outlooks turn out to be more research programs than self-contained doctrinal bodies, and such programs appear to be implemented, and indeed radically transformed while in progress thanks to their enemies no less than to their supporters. -/- 19. Immanuel Kant, practical reason and judgment. The chapter argues that Kant took from Moses Mendelssohn the idea of a distinction between geometry of morals and a practical ethic. He was drastically misunderstood by his followers precisely on this point. He had learned from the sceptics and the Jansenists the lesson that men are prompted to act by deceptive ends, and he was aware that human actions are also empirical phenomena, where laws like the laws of Nature may be detected. His practical ethics made room for judgment as a holistic procedure for assessing the saliency of relevant moral qualities in one given situation; this procedure yields the same results as the geometry of morals does for abstract cases but does so immediately and without balancing conflicting duties with each other, since what makes for the salient quality of a situation is perceived from the very beginning. Kant's practical philosophy is richer than the received image, making room for an ‘empirical moral philosophy’ or moral anthropology including treatment of commerce, needs, value and price, happiness and well-being; the overall social theory and philosophy of history is less different from Adam Smith's than the received image makes believe; the paradox of happiness is central to Kant's philosophy; a distinction between happiness and well-being is clearly drawn; the distinction plays a basic role in establishing a link between the economic and the moral life. -/- 20. Georg Wilhelm Friedrich Hegel and the critique of abstract universalism. The chapter describes first the Romantic movement and the implications some of its concerns, rescuing passions, community, tradition, the individual as the bearer of a unique destiny, and the longing for organic unity between the individual, mankind and nature. Hegel’s contribution is discussed then, highlighting how, on the one hand, he shared a number of these concerns and on the other he had more rationalist leanings. The notion of morality is the pivotal point of the reconstruction, highlighting how Hegel construes this notion as a key to his own diagnosis of the malaise of modernity – the separation of individual and Gemeinschaft – and how his attack on Kant turns around this very idea. -/- 21. Friedrich Nietzsche against Christianity and the Enlightenment. The chapter illustrates first the idea of deconstruction of the back-world of values. Nietzsche claims to be legitimate heir of the French moralists, Leibniz, Kant and Hegel, in so far as he allegedly carries out to its deepest implications their discovery of what lies behind traditional naïve belief in the existence of an objective realm of values just waiting for description by the philosopher. The two exemplars form which genealogy draws inspiration are the classical philologist’s historical reconstructions of lost meanings and the chemist’s decomposition of elements. Then the genealogy of the notions of good and evil carried out in the first dissertation of Genealogy of morals is illustrated with its paradoxical conclusion that will to power is in fact the only ‘genuine’ kind of goodness. The third point illustrated is the dialectic of ascetism and self-realization with its ambiguous outcome. The suggested interpretation of such outcome is that Nietzsche’s normative ethics is a kind of virtue ethics taking an aesthetic ideal as a normative standard -/- 22. George Edward Moore and ideal utilitarianism. The chapter discusses the ideas of common sense and common-sense morality in Sidgwick. I argue that, far from aiming at overcoming common-sense morality, Sidgwick aimed purposely at grounding a consist code of morality by methods allegedly taken from the natural sciences to reach, also in ethics, the same kind of “mature” knowledge as in the natural sciences. His whole polemics with intuitionism was vitiated by the a priori assumption that the widespread ethos of the educated part of humankind, not the theories of the intuitionist philosophers, was what was worth considering as the expression of intuitionist ethics. In spite of a naïve positivist starting-point, Sidgwick was encouraged by his own approach in exploring the fruitfulness of coherentist methods for normative ethics. Thus, Sidgwick left an ambivalent legacy to twentieth-century ethics: the dogmatic idea of a “new” morality of a consequentialist kind, and the fruitful idea that we can argue rationally in normative ethics albeit without shared foundations. Then it reconstructs the background of ideas, concerns and intentions out of which Moore’s early essays, the preliminary version, and then the final version of Principia Ethica originated. I stress the role of religious concerns, as well as that of the Idealist legacy. I argue that PE is more a patchwork of rather diverging contributions than a unitary work, not to say the paradigm of a new school in Ethics. I add a comparison with Rashdall’s almost contemporary ethical work, suggesting that the latter defends the same general claims in a different way, one that manages to pave decisive objections in a more plausible way. I end by suggesting that the emergence of Analytic Ethics was a more ambiguous phenomenon than the received view would make us believe, and that the wheat (or some other gluten-free grain) of this tradition, that is, what logic can do for philosophy, should be separated from the chaff, that is, the confused and mutually incompatible legacies of Utilitarianism and Idealism. -/- 23. Edmund Husserl and the a-priori of action. The chapter illustrates first the idea of phenomenology and the Husserl’s project of a phenomenological ethic as illustrated in his 1908-1914 lectures. The key idea is dismissing psychology and trying to ground a new science of the a priori of action, within which a more restricted field of inquiry will be the science of right actions. Then the chapter illustrates the criticism of modern moral philosophy carried out in the 1920 lectures, where the main target is naturalism, understood in the Kantian meaning of primacy of common sense. The third point illustrate is Adolph Reinach’s theory of social acts as a key the grounding of norms, a view that basically sketches the very ideas ‘discovered’ later by Clarence I. Lewis, John Searle, Karl-Otto Apel and Jürgen Habermas. A final section is dedicated to Nicolai Hartman, who always refused to define himself a phenomenologist and yet developed a more articulated and detailed theory of ‘values’ – with surprising affinities with George E. Moore - than philosophers such as Max Scheler who claimed to Husserl’s legitimate heirs. -/- 24. Bertrand Russell and non-cognitivism. The chapter reconstructs first the discussion after Moore. The naturalistic-fallacy argument was widely accepted but twisted to prove instead that the intuitive character of the definition of ‘good’, its non-cognitive meaning, in a first phase identified with ‘emotive’ meaning. Alfred Julius Ayer is indicated as a typical proponent of such non-cognitivist meta-ethics. More detailed discussion is dedicated to Bertrand Russell’s ethics, a more nuanced and sophisticated doctrine, arguing that non-cognitivism does not condemn morality to arbitrariness and that the project of a rational normative ethics is still possible, heading finally to the justification of a kind of non-hedonist utilitarianism. Stevenson’s theory, another moderate version of emotivism is discussed at some length, showing how the author comes close to the discovery of the role of a pragmatic dimension of language as a basis for ethical argument. Last of all, the discussion from the Forties about Hume’s law is described, mentioning Karl Popper’s argument and Richard Hare’s early non-cognitivist but non-emotivist doctrine named prescriptivism. -/- 25. Elizabeth Anscombe and the revival of virtue ethics. The chapter discusses the three theses defended by Anscombe in 'Modern Moral Philosophy'. I argue that: a) her answer to the question "why should I be moral?" requires a solution of the problem of theodicy, and ignores any attempts to save the moral point of view without recourse to divine retribution; b) her notion of divine law is an odd one more neo-Augustinian than Biblical or Scholastic; c) her image of Kantian ethics and intuitionism is the impoverished image manufactured by consequentialist opponents for polemical purposes and that she seems strangely accept it; d) the difficulty of identifying the "relevant descriptions" of acts is not an argument in favour of an ethics of virtue and against consequentialism or Kantian ethics, and indeed the role of judgment in the latter is a response to the difficulties raised by the case of judgment concerning future action. A short look at further developments in the neo-naturalist current is given trough a reconstruction of Philippa Foot’s and Peter Geach’s critiques to the naturalist-fallacy argument and Alasdair MacIntyre’s grand reconstruction of the origins and allegedly unavoidable failure of the Enlightenment project of an autonomous ethic. -/- 26. Richard Hare and neo-Utilitarianism. The chapter addresses the issue of the complex process of self-transformation Utilitarianism underwent after Sidgwick’s and Moore’s fatal criticism and the unexpected Phoenix-like process of rebirth of a doctrine definitely refuted. A glimpse at this uproarious process is given through two examples. The first is Roy Harrod Wittgensteinian transformation of Utilitarianism in pure normative ethics depurated from hedonism as well as from whatsoever theory of the good. This results in preference utilitarianism combined with a ‘Kantian’ version of rule utilitarianism. The second is Richard Hare’s two-level preference utilitarianism where act utilitarianism plays the function of eventual rational justification of moral judgments and rule-utilitarianism that of action-guiding practical device. -/- 27. Hans-Georg Gadamer and rehabilitation of practical philosophy. The post-war rediscovery of ethics by many German thinkers and its culmination in the Sixties in the movement named ‘Rehabilitation of practical philosophy’ is described. Among the actors of such rehabilitation there were a few of Heidegger’s most brilliant disciples, and Hans-Georg Gadamer is chosen as a paradigmatic example. His reading of Aristotle’s lesson I reconstructed, starting with Heidegger’s lesson but then subtly subverting its outcome thanks to the recovery of the central role of the notion of phronesis. -/- 28. Karl-Otto Apel and the revival of Kantian ethics. Parallel to the neo-Aristotelian trend, there was in the Rehabilitation of practical philosophy a Kantian current. This started, instead than the rehabilitation of prudence, with the discovery of the pragmatic dimension of language carried out by Charles Peirce and the Oxford linguistic philosophy. On this basis, Karl-Otto Apel singled out as the decisive proponent of the linguistic and Kantian turn in German-speaking ethics, worked out the performative-contradiction argument while claiming that this was able to provide a new rational and universal basis for normative ethics. An examination of his argument is some detail is offered, followed by a more cursory reconstruction of Jürgen Habermas’s elaboration on Apel’s theory. -/- 29. John Rawls and public ethics as applied ethics. Rawls’s distinction between a “political” and a “metaphysical” approach to one central part of ethical theory, namely the theory of justice, is interpreted as a formulation of the same basic idea at the root of both the principles approach and neo-casuistry, both discussed in the following chapter, namely that it is possible to reach an agreement concerning positive moral judgments even though the discussion is still open – and in Rawls’ view never will be close – on the basic criteria for judgment. -/- 30. Beauchamp and Childress and bioethics as applied ethics. The chapter presents the revolution of applied ethics while stressing its methodological novelty, exemplified primarily by Beauchamp and Childress principles approach and then by Jonsen and Toulmin’s new casuistry. -/- . (shrink)

La métaphysique de Berkeley présente une synthèse des méthodes analytique et phénoménologique et sa pensée peut être considérée à cet égard, comme le pont entre la philosophie contemporaine du continent et la philosophie anglo-saxonne. C'est pour cela que des penseurs comme Husserl, Wittgenstein, Wisdom, Ryle et d'autres sont mentionnés dans l'article. La métaphysique procure à Berkeley Ja condition transcendentale de telles méthodes. L'analyse du langage élimine les sentences de la métaphysique spéculative. Quand on dit par exemple qu'un dé est dur, (...) carré, etc., cela n'implique pas que ces qualités sont des propriétés d'une substance inconnue, mais elles ne sont que l'explication de ce qu'on entend par l'existence du dé. Berkeley ne veut pas supprimer l'existence, mais rendre le terme explicite. Son analyse découvre que le mot existence est employé lorsqu'on aperçoit quelque chose. L'idée de l'existence d'un paysage non perçu est une image où l'homme se supprime comme observateur. Berkeley ne s'efforce pas de suppléer les intervalles , en supposant Dieu comme observateur permanent. Il part plutôt du langage quotidien où il va de soi que les choses continuent d'exister, même sans être perçues. Cette réalité ne dépend apparemment pas de l'homme individuel et elle renvoie donc vers Dieu, l'existence n'étant rien en soi-même, autrement le mot serait dénué de sens. Les « idées » sont chez Berkeley les choses elles-mêmes et non leur copie dans l'esprit comme chez Locke. Le mot idée indique que leur existence est conçue comme processus de vérification. Berkeley analyse d'une même manière « opérationnelle » les conceptions mathématiques. Le triangle n'est qu'une convention par définition à l'égard de l'utilisation de ce symbole. Les lois de la nature sont une grammaire de la nature qui indique les régularités extérieures et non les forces occultes. Le point de départ de sa méthode que l'on peut appeler phénoménologique est la perception attentive de sa propre conscience. C'est là que les idées se manifestent comme les choses elles-mêmes dans leur présence corporelle. Husserl reconnaît ici son propre effort d'une constitution de la « mondanité » . Berkeley offre une phénoménologie de la perception dans laquelle le monde extérieur manifeste un rapport à la subjectivité. Le temps également trouve sa source dans son rapport à l'esprit. C'est ainsi que Berkeley combat l'objectivisme des sciences naturelles. L'esprit et ses « notions » ne sont comme principe actif, pas à comparer avec les choses .Berkeley, par opposition à la conception des facultés de l'âme, dit que la volonté, la haine, l'amour etc., sont des orientations de l'esprit qui se manifestent aux objets et aux situations. L'objectivité corporelle est un modèle de la subjectivité de l'esprit. métaphysique de Berkeley ne donne pas une compréhension des faits nouveaux, mais une nouvelle compréhension des faits ; elle ne crée pas un arrière-monde, mais elle dévoile l'horizon de sens de ce monde-ci. C'est pour cela qu'elle n'est pas réductrice. La matière n'est pas réduite à l'esprit, mais elle est plus riche que la conception objectiviste de la matière, n'existant que dans une cohésion de signification avec l'esprit. Le monde devient langage dont le sens est de renvoyer vers Dieu ; Dieu est l'auteur, non la cause première. Il est inconnaissable comme objet étant le sujet à partir duquel le dessein du langage et la grammaire de la nature deviennent lisibles. Ici, il ne s'agit plus d'un langage purement théorique mais pratique, qui dévoile le sens du monde en le rendant tendancieux. (shrink)

— Étant donné que le stoïcisme prône un total détachement à l’égard des êtres qui leur sont chers, l’auteur s’est interrogé sur les fondements de la philanthropie dans le nouveau stoïcisme. La philanthropie stoïcienne trouve en premier lieu sa source dans l’amour de la nature qui s’illustre par un souci de soi exclusif et une socialité naturelle. Le deuxième fondement découle d’un point de vue théologique. Les hommes sont parents entre eux grâce à la relation qu’ils ont avec Dieu (...) par le logos divin. Le troisième fondement est d’origine politique. L’individu est respecté en tant que partie du tout universel. Il ne s’agit jamais d’un amour de l’autre pour sa bonté personnelle. Cette ambivalence de la philanthropie stoïcienne s’illustre par rapport à l’esclavage et à la gladiature. Les stoïciens ne s’opposent pas à l’esclavage en tant que tel, mais aux entraves de la liberté intérieure. De même, ils ne souhaitent pas l’abolition de la gladiature. L’essentiel est de se vaincre soi-même et de se soumettre à la Fortune selon le sort qu’elle nous a assigné.— The author investigates the foundations of philanthropy in late Stoicism, granted the Stoic sanction of total detachment from the objects of love. Stoic philanthropy is primarily grounded in a love of nature which expresses itself in an exclusive concern for oneself and a natural sociality. It finds its second source in a theological perspective. Human beings are related because of the relationship that they have with God by the divine logos. Its third source is political in origin. The individual is respected as a part of the universal whole. Love of another for his own goodness never comes into play. As a result, Stoic philosophy appears ambivalent in the case of slaves and gladiators. Stoics are not opposed to slavery as such, but to interference with interior freedom. Likewise, late Stoicism doesn’t advocate the abolition of the gladiatorial system. Victory over oneself and submission to Fortune and one’s lot are what counts. (shrink)

Im Discours sur l’inégalité führt Rousseau den Schlüsselbegriff der Selbstliebe (amour de soi-même) ein. Diese erläutert er als einen ursprünglichen Trieb des Menschen, einen, der noch vor der Entwicklung der Vernunft da ist. Rousseau versteht sie als den Selbsterhaltungstrieb, wie ihn jedes Tier von Natur aus besitzen soll. Indem sich jedoch die menschliche Vernunft entwickelt, wird das Selbst der nunmehr möglichen Selbstliebe ein anderes. Rousseau stellt zunächst nur die negative Erscheinungsform des vernünftigen Selbst dar, welche durch Eigenliebe (amour-propre) (...) charakterisiert ist. Erst der Contrat social, obwohl er weder von Selbstliebe noch von Eigenliebe spricht, reicht die positive Erscheinungsform nach. Ich werde darlegen, dass vernünftige Selbstliebe, wie man mit dem zeitgleich erschienen Émile sagen kann, die moralische Gesinnung des Bürgers ist. (shrink)

Pierre de Jean Olivi utilise a de nombreuses reprises le terme « radical » dans son œuvre. Si ce dernier désigne parfois un fondement, on le trouve aussi au sens d’un absolu ou d’un extrême. Ainsi, Olivi use de la notion de « mauvaiseté radicale » qu’il définit comme le fait de « vouloir de toutes ses forces ce qui est le plus outrageant à Dieu et aux siens ». Dans cet article, nous essayons de préciser ce qu’Olivi entend par (...) cette définition. Nous montrons qu’il ne s’agit pas de vouloir le mal pour le mal, bien que selon Olivi, les cas d’acrasie stricte soient réels. En effet, les personnes acratiques comprennent, de manière universelle et actuelle, que leur choix est contraire au bien. L'option acratique provient d’une volonté absolument autodéterminée et capable des opposées. Le motif de ce choix consiste en un amour orgueilleux de soi à ce point démesuré qu’il s’oppose à la volonté de Dieu et qu’il utilise autrui comme un moyen de pouvoir. Enfin, nous montrons qu’Olivi utilise également le terme de « vertu radicale », réalité si forte qu’elle s’approche d’une forme d’annihilation de soi au profit de Dieu. (shrink)

In this superb introduction, Nicholas Dent covers the whole of Rousseau's thought. Beginning with a helpful overview of Rousseau's life and works, he introduces and assesses Rousseau's central ideas and arguments. These include the corruption of modern civilization, the state of nature, his famous theories of _amour de soi _and _amour propre_, education, and his famous work _Emile_. He gives particular attention to Rousseau's theories of democracy and freedom found in his most celebrated work, _The Social Contract_, and explains what (...) Rousseau meant by the 'general will'. (shrink)

L'interet qu'accorde la philosophie moderne et contemporaine au probleme d'autrui est souvent, et a juste titre, considere comme l'une de ses principales caracteristiques. Peut-on neanmoins croire que cette question de l'intersubjectivite ou de l'interpersonnalite, telle que la poserent Fichte ou Husserl, soit une pure invention ex nihilo de l'epoque contemporaine? Ou bien l'historien de la philosophie, s'il se veut philosophe, ne doit-il pas au contraire postuler l'existence d'une continuite de la reflexion philosophique, et discerner par la comment une question qui (...) se presente comme radicalement neuve manifeste en fait la resurgence d'une meditation et d'un probleme plus anciens? Que les systemes et les reponses changent mais que les questions et les problemes auxquels ils repondent demeurent, telle est la conviction premiere qui anime cet essai. Ainsi, loin que le probleme des rapports avec autrui ait ete absent de la philosophie antique, l'auteur montre dans ce livre comment cette interrogation fut longtemps presente chez les Grecs, sous l'aspect d'une reflexion sur la nature et les conditions de la philia. Cette analyse du theme de l'amitie, indissociable chez les Grecs de leur metaphysique et de leur morale, revele ainsi une pensee du rapport entre les consciences qui, faisant eclater les oppositions factices issues du dualisme classique entre raison et sentiment ou encore entre amour de soi et amour d'autrui, permet d'elaborer une representation plus unitive, plus dynamique aussi, du moi lui-meme. (shrink)

En jetant la sonde de l’interrogation philosophique au lieu de soi, Jean-Luc Marion nous donne une approche organique et originale à la pensée d’Augustin, en entrecroisant entre eux deux plans herméneutiques : sur le premier, l’on poursuit un itinéraire de rapprochement au cœur de la confessio augustinienne permettant de réduire le vaste univers sémantique d’Augustin à un noyau génétique unifiant; sur le second plan, le parcours philosophique de l’auteur se développe ultérieurement, tendant à désarticuler un bloc théorique d’ontologie et métaphysique (...) et atteignant ainsi par une voie phénoménologique une idée de philosophie finalement affranchie de la présupposition du caractère central de la question de l’étant et du fondement. En tout cas, même si l’on ne veut pas donner trop d’éclat à la critique anti-ontologique et antimétaphysique caractérisant l’approche à la pensée augustinienne proposée dans cet ouvrage, l’acquis spéculatif de celle-ci ne semble pas diminuer. Un parmi les mérites principaux de ce livre est d’avoir restitué à la confessio sa dignité théorique, en y apercevant un lieu phénoménologique originaire où la relation entre moi et Dieu se noue; une relation dont le caractère paradoxal, autrement insoutenable, est résolu par le primat du don et de l’amour. Ce sont tous ces traits originaux qui nous mènent à dire qu’Au lieu de soi n’est pas seulement un livre sur Augustin, car il est plus qu’un livre sur Augustin. (shrink)

L’analyse de la lettre de Descartes à Christine du 20 novembre 1647 et de l’article 152 des Passions de l’âme permet de montrer que : 1/ l’estime de soi ne relève ni d’un amour de soi, ni d’un jugement que l’on porte sur soi-même ; 2/ le sens et la fonction de la similitudo Dei sont radicalement différents dans les Méditations et dans les Passions de l’âme ; 3/ Descartes déplace et retravaille, de façon originale, l’ancienne distinction théologique entre (...) « image » et « ressemblance » : on peut ainsi distinguer l’image métaphysique, qui définit l’essence de la créature et la ressemblance morale qui porte sur l’usage que fait la créature d’elle-même.L’analisi della lettera di Descartes a Cristina del 20 novembre 1647 e dell’articolo 152 delle Passions de l’âme permette di dimostrare che: la stima di se stessi non ha a che fare né con l’amor di sé, né con un giudizio che porta su se stessi; il senso e la funzione della similitudo Dei sono radicalmente differenti nelle Meditationes e nelle Passions de l’âme. Descartes disloca, rielaborandola « in modo originale », l’antica distinzione teologica tra « immagine » e « somiglianza ». Diventa così possibile distinguere l’immagine metafisica, che definisce l’essenza della creatura, e la somiglianza morale, che verte sull’uso che la creatura fa di se stessa. (shrink)

Against the impression that Rousseau is an eclectic thinker, this paper is an attempt to reconstruct the systematic core of his anthropology. First, I discuss the methodological starting-point. Second, I develop the structural framework required to make the concept of nature operative as an ideal within social contexts. Finally, I interpret Rousseau's genetic account in terms of this framework. Such a procedure allows me to solve two interpretative problems, the aporia of the origin of wickedness and the question of man's (...) natural isolation. A twofold notion of logic is introduced to integrate the demands of history and structure, which overlap with those of freedom and necessity in Rousseau's thought. This organizes my argument in a mirror-like way. I call this undertaking an essay, for it is the endeavor to think what Rousseau must have thought in order to write what he wrote. Key Words: amour de soi • amour propre • bourgeois • ego sentio • human make-up • human nature • natural as ideal • other-centered • savage • self-centered • totalities of feeling • totalities of needs. (shrink)