Le génie de Léonard de Vinci, celui de Michel-Ange ressortent mieux sur le fond révélateur de l’Académie de Careggi, où Marsile Ficin règne en maître, évoquant sinon invoquant Platon. La culture platonicienne entretenue par Ficin - mais Cristoforo Landino ou Ange Politien sont tour à tour convoqués - délimite le contour d’un nouvel ordre artistique dont André Chastel, dans un travail de jeunesse qui engage déjà ses subtiles analyses d’histoire de l’art et des idées, rend raison avec passion. En (...) quelques pages lumineuses, Jean Wirth donne à ce maître livre sa juste place dans une tradition historiographique qu’il a contribué à renouveler. (shrink)

If we return to the experiences of our youth, we perceive what had the power to awaken our curiosity and ambitions*. The non-conformism of the Surrealists was fostered by Romantic sources and every conceivable symbolism; even if in a roundabout manner, it was through them that the names of Klee and Kandinsky were first heard. The world of the marvellous, the only one decreed worthy of attention, opened out onto painting. The moderns of the group: Dali, Tanguy, Masson, received first (...) prize for poetic adventure, but they harked back to certain selected precursors—rightly or wrongly—for the same gifts that they had themselves: Uccello, Bosch, Dürer, Blake, and Gustave Moreau. And indeed, by retaining only the unexpected, the fantastic, and (often indulgently) the scandalous, a taste was maintained for emotional shock and association, as exemplified by the sustained style of André Breton, and the more supple prose of Aragon. (shrink)

Selon Léonard de Vinci, le peintre doit « se mettre à la place de l’esprit même de la nature », entendue comme genèse perpétuelle, force vitale et métamorphique. Dans sa démesure, un tel projet fascine autant qu’il terrifie. Pour répondre à ce défi, Léonard renouvelle profondément l’art de la peinture jusqu’à en faire, en théorie comme en pratique, un exercice sans cesse recommencé. Les notes et préceptes du Traité de peinture comme les techniques qu’il invente en témoignent – chiaroscuro, sfumato, (...) perspective aérienne, componimento inculto [esquisse informe ou sauvage], etc. À la jonction de la main et de l’esprit, l’exercice de peindre sollicite une ascèse perceptive et imaginative, à travers le jugement, le regard, porté sur le monde et ses formes mouvantes. Ascèse, au sens fort d’un désapprentissage permettant de détisser les rets de l’habitude et les tropismes subjectifs. Cet exercice opère non seulement le crayon à la main, par le déploiement de l’esquisse et la fécondité du repentir [pentimento], mais, dans un plus grand dénuement encore, en regardant « des murs souillés de beaucoup de taches », « avec l’idée d’imaginer quelque scène » – « incitation à la rêverie éveillée » comme l’appelle André Chastel. Dès lors l’exercice de peindre prend chez Léonard une tournure très étonnante et singulière : tout en privilégiant la dimension processuelle de l’œuvre, il s’agit de faire, pour ainsi dire, de la peinture sans pigment ni pinceau. Autrement dit, la prétention cosmique du peintre n’a d’égale que son aptitude au dénuement. (shrink)

Selon Léonard de Vinci, le peintre doit « se mettre à la place de l’esprit même de la nature », entendue comme genèse perpétuelle, force vitale et métamorphique. Dans sa démesure, un tel projet fascine autant qu’il terrifie. Pour répondre à ce défi, Léonard renouvelle profondément l’art de la peinture jusqu’à en faire, en théorie comme en pratique, un exercice sans cesse recommencé. Les notes et préceptes du Traité de peinture comme les techniques qu’il invente (ou réinvente) en témoignent – (...) chiaroscuro, sfumato, perspective aérienne, componimento inculto [esquisse informe ou sauvage], etc. À la jonction de la main et de l’esprit, l’exercice de peindre sollicite une ascèse perceptive et imaginative, à travers le jugement, le regard (« jugement de l’œil », giudizio dell’occhio), porté sur le monde et ses formes mouvantes. Ascèse, au sens fort d’un désapprentissage permettant de détisser les rets de l’habitude et les tropismes subjectifs. Cet exercice opère non seulement le crayon à la main, par le déploiement de l’esquisse et la fécondité du repentir [pentimento], mais, dans un plus grand dénuement encore, en regardant « des murs souillés de beaucoup de taches », « avec l’idée d’imaginer quelque scène » – « incitation à la rêverie éveillée » comme l’appelle André Chastel. Dès lors l’exercice de peindre (ou la peinture comme exercice) prend chez Léonard une tournure très étonnante et singulière : tout en privilégiant la dimension processuelle de l’œuvre, il s’agit de faire, pour ainsi dire, de la peinture sans pigment ni pinceau. Autrement dit, la prétention cosmique du peintre n’a d’égale que son aptitude au dénuement. (shrink)

« Toute activité se laisse discerner et définir dans la mesure où elle prend forme, où elle inscrit sa courbe dans l’espace et le temps. La vie agit essentiellement comme créatrice de formes. La vie est forme, et la forme est le mode de la vie » (Henri Focillon). Formes de la géométrie et du cosmos, formes de la vie et de la pensée, formes architecturales, musicales et littéraires, formes fixes ou métamorphoses : le concept de forme est omniprésent dans (...) les sciences et dans les arts. C’est à une exploration de cette notion de forme que le Collège de France a consacré en octobre 2011 son colloque multidisciplinaire de rentrée : sa définition en philosophie chez Platon et Aristote, ses applications en mathématiques et en astrophysique, en chimie et en biologie, ses conséquences en psychologie et en linguistique, en anthropologie, en droit et dans les arts. Ces débats ont été aussi l’occasion de se tourner vers des pensées où elle joue un rôle particulièrement important, comme le structuralisme de Claude Lévi-Strauss ou l’histoire de l’art d’André Chastel. Jean-Pierre Changeux est professeur honoraire au Collège de France, chaire de Communications cellulaires. Il a dirigé la publication de trois colloques précédents du Collège de France : La Vérité dans les sciences (2003), Gènes et culture (2003) et L’Homme artificiel(2007). Contributions de Antoine Compagnon, Claude Debru, Stanislas Dehaene, Mireille Delmas-Marty, Philippe Descola, Anne Fagot-Largeault, Marcel Hénaff, Michel Hochmann, Jean-Jacques Hublin, François-Bernard Mâche, Jean-François Mangin, Jean-Claude Pecker, Jacques Reisse, John Scheid, Jesper Svenbro. (shrink)

Moral reasoning typically informs environmental decision-making by measuring the possible outcomes of policies or actions in light of a preferred ethical theory. This method is subject to many problems. Environmental pragmatism tries to overcome them, but it suffers also from some pitfalls. This paper proposes a new method of environmental pragmatism that avoids the problems of both the traditional method of environmental moral reasoning and of the general versions of environmental pragmatism. We call it 'justificatory moral pluralism' - it develops (...) the intuition that normative ethical theories need not be mutually exclusive. This leaves room for important forms of pluralist environmental ethics that do not require a once-and-for-all prior commitment to an ethical theory when deciding about policies or courses of action related to the protection of the environment. Justificatory moral pluralism offers a viable solution to the recurrent conflicts between efficient environmental decisions and the need for moral reasoning. (shrink)

Trata-se de capítulo de um livro sobre a noção de "substância" na história da filosofia e contém uma discussão sobre a noção ordinária de "corpo" do ponto de vista da filosofia analítica.

The objective of this article is to try to elucidate Wittgenstein’s ex-travagant thesis that each and every mathematical advancement involves some “semantical mutation”, i.e., some alteration of the very meanings of the terms involved. To do that we will argue in favor of the idea of a “modal incompati-bility” between the concepts involved, as they were prior to the advancement, and what they become after the new result was obtained. We will also argue that the adoption of this thesis profoundly (...) alters the traditional way of con-struing the idea of “progress” in mathematics. (shrink)

Pierre André,Michel Bourban | : Dans un contexte d’urgence, les philosophes ne peuvent plus se contenter d’élaborer des théories idéales de la justice climatique fondées sur des motivations purement morales. Il est désormais nécessaire d’envisager des approches non idéales. Nous proposons ici de prendre au sérieux le problème de la motivation à l’action et nous mettons en avant certains motifs prudentiels pour lutter contre le changement climatique, en vue non pas de remplacer, mais de renforcer les motivations morales existantes, mais (...) insuffisantes. Nous commençons par présenter trois grandes approches idéales qui ont prévalu jusqu’ici dans la recherche sur la justice climatique et sont fondées respectivement sur l’éthique déontologique, sur l’éthique des vertus et sur l’utilitarisme. Nous mettons en évidence leurs limites pratiques, en ciblant le problème de la motivation à l’action. Nous proposons ensuite quelques pistes pour résoudre ce problème en esquissant une approche non idéale de la justice climatique. Cette approche est centrée sur les motivations amorales ressortant de l’examen attentif des perturbations systémiques globales et des contextes nationaux et locaux spécifiques. Elle est à notre sens incontournable pour motiver les États-nations, les entreprises et les individus. Il s’agit cependant moins de la substituer totalement aux théories idéales de la justice climatique que de compléter celles-ci pour établir une vision plus compréhensive qui distingue le problème de la justification morale de celui de la motivation. | : In a situation of urgency, philosophers can no longer rely exclusively on ideal theories of climate justice grounded on purely moral motives. It has become necessary to build nonideal approaches. We propose to give serious consideration to the problem of motivation to act by putting forward some prudential reasons for tackling climate change—with the aim not of replacing existing but inadequate moral motivations, but of strengthening them. First, we identify three major ideal approaches that have so far prevailed in climate justice research, grounded respectively on deontological ethics, on virtue ethics, and on utilitarianism. We highlight their practical limitations, particularly with regards to the problem of motivation to act. Second, we open the way for an alternative nonideal approach to climate justice based on amoral motivations issuing from a careful examination of global systemic disruptions as well as of specific national and local situations. This approach cannot be ignored if one wishes to motivate nation-states, corporations, and individuals to act. However, our goal is not to replace ideal theory with nonideal theory, but rather to complete the former with the latter for a more comprehensive account of climate justice that distinguishes the problem of moral justification from the problem of motivation. (shrink)

The book forms a balanced structure in which the three conceptual pillars of Spinoza's natural law theory (individuality, natural laws, and power) are first analyzed from the viewpoint of his ontology and then from the viewpoint of his ...

Labour and employment law no longer has a monopoly on regulating labour relations and is facing a crisis as its effectiveness is questioned. Codes of conduct adopted by companies to recognise their social responsibility for the global supply chain are instruments that can usefully complement labour and employment law. The aim of this paper is to analyse in depth the legal nature of codes of conduct and their impact on labour and employment law. Will the use of codes of conduct (...) reinforce the crisis of labour and employment law in the era of globalisation or will these codes be part of a solution to this crisis? Do we have to consider codes of conduct as competitors to labour and employment law or as an opportunity for rethinking the way that labour and employment law norms should be produced and applied? (shrink)

This paper offers a new interpretation for Wittgenstein`s treatment of mathematical identities. As it is widely known, Wittgenstein`s mature philosophy of mathematics includes a general rejection of abstract objects. On the other hand, the traditional interpretation of mathematical identities involves precisely the idea of a single abstract object – usually a number –named by both sides of an equation.

Many theists conceive of God as a perfect being, i.e., as that than which none greater is metaphysically possible. On this grand view of God, it seems plausible to think that such a supreme and maximally great being would not be subject to luck of any sort. Given the divine perfections, God is completely insulated from luck. However, I argue that the opposite is true: precisely because God is perfect, he is subject to a kind of luck called constitutive luck. (...) In this paper, first I provide an analysis of luck and then explain the concept of constitutive luck. I proceed to defend constitutive luck from charges of incoherence and examine a different approach to make sense of this luck. Furthermore, I distinguish between two kinds of constitutive luck and argue that even if God isn’t subject to one kind, evading the second kind is unsuccessful. I offer two ways that God is constitutively lucky and reach a surprising conclusion: a perfect being is the luckiest of all possible beings. (shrink)

Mit seiner Theorie der vernünftigen Übereinkunft liefert André Olbrich die Grundlegung eines Kriteriums für moralische Urteile über richtig und falsch: Im Anschluss an klassische und moderne Vertragstheoretiker wird die Akzeptanz eines Urteils durch die Betroffenen zum obersten Rechtfertigungsmaßstab erhoben. Das vertragstheoretische Denken wird weiterentwickelt und konsequent als umfassende normative Theorie ausformuliert. Die Leserinnen und Leser erfahren, von welchem Standpunkt aus sich die Regeln unseres sozialen Miteinanders einer Kritik unterziehen lassen und auf welchen moralischen Grundlagen Recht und Politik aufbauen.

A. Selbstverortung: Der hermssche Blick auf andere Religionen -- b. Öffnung zu Anderen: Das Problem geschlossener Rationalitätsformen -- ii. Einheit in der Vielfalt. Die interpretative Vernunft -- III. 3.C. Schlussfolgerungen. Bildung der Weltanschauungen -- IV. Ergebnisse und Ausblicke -- IV. 1. Perspektiven des Theorievergleichs -- IV. 1.A. Eine 'Topik der Verständigung' - als Struktur der Forschungsfragen -- IV. 1.B. Vernunft und Religion als komplementäre Konkurrenz -- IV. 2. Möglichkeiten interkultureller Koexistenz -- IV. 2.A. Evangelischer Glaube im Horizont des globalen Wandels (...) -- IV. 2.B. Diskurskultur und Diskurs der Kulturen -- IV. 2.C. Konstitutionalisierung der Wirkungsgemeinschaft der Menschheit -- Bibliografie -- Literatur von Jürgen Habermas -- Literatur von Eilert Herms -- Weitere Literatur -- Personenregister -- Sachregister. (shrink)

O presente artigo tem como tema as extensas discussões de Wittgenstein sobre uma das formas mais simples e elementares de infinitude em matemática: as dízimas periódicas. Tentamos organizar os vários argumentos do autor em uma única exposição continuada. No final do artigo, introduzimos, ainda que de forma breve, o famoso argumento sobre “execução de regras” de Wittgenstein, bem como a idéia de interpretações nãostandard de processos infinitos.

nombreux textes inédits André Robinet. 2. LE SECOND MEMBRE DE LA DISJONCTION ARCHITECTONIQUE (D2): LES AUTOMATES SYSTÉMIQUES ( 1686-1716) Le discours leibnizien dans (v>4) emprunte la voie d'une communication qui ...

This paper deals with the recent Swedish proposals of a Intuitionistic notion of Truth, by Dag Prawitz and Per Martin-Löf.

The objective of this paper will be to present a critical evaluation of the so-called “standard conception of a proof”. According to this conception, a text could only be called a “demonstration of a certain mathematical proposition” if we could find a completely formalized version of that demonstration, its “corresponding formal proof”. We will compare these ideas with the treatment of the same topic within two markedly different contexts, that of contemporary Swedish intuitionism and that of modern software engineering. Finally, (...) we will offer a quick discussion of some of Wittgenstein's proposals regarding the subject. /// -/- O objetivo deste texto será o de apresentar uma avaliação crítica da assim chamada “concepção estândar” do que seja uma prova. Segundo essa concepção, um texto só poderia ser chamado de uma “demonstração de uma certa proposição matemática” se pudéssemos encontrar uma versão completamente formalizada daquela demonstração, sua “prova formal correspondente”. Faremos comparações com o tratamento do mesmo tópico em dois contextos muito distintos, aquele do intuicionismo sueco contemporâneo e o da moderna engenharia de software. Por fim, faremos uma rápida apresentação de algumas propostas de Wittgenstein sobre o assunto. (shrink)

This paper offers a reconstruction of Wittgenstein's discussion on inductive proofs. A "algebraic version" of these indirect proofs is offered and contrasted with the usual ones in which an infinite sequence of modus pones is projected.

This paper presents a new reconstruction of Wittgenstein’s famous (and controversial) rule-following arguments. Two are the novel features offered by our reconstruction. In the first place, we propose a shift of the central focus of the discussion, from the general semantics and the philosophy of mind to the philosophy of mathematics and the rejection of the notion of a function. The second new feature is positive: we argue that Wittgenstein offers us a new alternative notion of a rule (to replace (...) the rejected functions), a notion reminiscent of Category Theory’s notion of a morphism. (shrink)

Wittgenstein’s philosophy of mathematics involves two highly controversial theses: the idea that mathematical propositions are not about (abstract) objects and the idea that no mathematical conjecture is ever answered as such, because the advent of the proof always determines a semantical shift of the meanings of the terms involved in the conjecture. The present article offers a reconstruction of Wittgenstein’s arguments supporting these theses within a very restricted setting: Archimedes’ discovery of an algorithm for calculating the number Pi.

ABSTRACTOne of the recurrent motifs in political thought is the idea of the social contract, according to which a society, a government, or moral principles depend for their existence on agreements...

Este artigo oferece uma nova reconstrução para os argumentos do famoso segundo capítulo de Word and Object de Quine e sua idéia da Tradução Radical . De acordo com essa abordagem, o maior alvo de Quine é a noção de composicionalidade como sendo o elemento fundamental para qualquer teoria do significado. Em poucas palavras, não poderia haver nenhuma “teoria do significado”, para Quine, simplesmente porque a noção de composicionalidade deveria ser rejeitada como a concepção central da semântica. Além disso, tomamos (...) o cuidado de diferenciar argumentos empíricos de argumentos a priori de natureza modal. Esses últimos constituem-se no que propomos chamar de Teorema do Automorfismo de Quine , a idéia de que há maneiras alternativas de se reconstruir a estrutura gramatical de qualquer língua incluindo predicação e que poderiam manter invariantes todas as nossas predisposições para comportamento verbal sob quaisquer estados de coisas, atuais ou meramente possíveis. Em nosso entender, é esse teorema que determina fundamentalmente a rejeição da composicionalidade por Quine e, assim, de todas as teorias do significado. (shrink)