L'éthique n'a pas que des sources philosophiques ou religieuses-spirituelles. Elle peut aussi se nourrir des questionnements inscrits dans des oeuvres littéraires. La littérature est peut-être même le lieu privilégié où se donnent à voir et à comprendre doutes existentiels, dilemmes moraux, intuitions philosophiques. Si l'éthique consiste bien dans l'approfondissement de notre connaissance de la dimension morale de la conscience de soi, de la conscience du monde et de la conscience d'exister, elle trouvera dans l'oeuvre de l'écrivain un matériau riche et (...) complexe qui ouvrira la voie à son propre déploiement. C'est ce que propose cet ouvrage en puisant à l'oeuvre de cinq romanciers de la modernité classique allemande du début du vingtième siècle, Rainer Maria Rilke, Thomas Mann, Hermann Hesse, Robert Musil et Stefan Zweig. (shrink)

Neokantismes: la marque du pluriel indique d'emblee que le mot d'ordre des annees 1865 Retour a Kant! regroupe differentes ecoles. Les auteurs dont les textes inedits en francais se trouvent ici rassembles et traduits, appartiennent en effet soit a l'ecole de Marbourg (H. Cohen, P. Natorp et E. Cassirer) soit a l'ecole de Bade (W. Windelband, H. Rickert, E. Lask, J. Cohn). Le point commun du neokantisme logique des premiers et du neokantisme axiologique des seconds consiste en une volonte d'asseoir (...) le positivisme sur un fondement philosophique respectueux de l'attitude phenomenologique. Kant apparut donc a tous ces penseurs comme science rigoureuse a condition toutefois de ne considerer le sujet transcendantal que comme une fonction logique de la pensee qui elabore la forme et le contenu de la connaissance. A condition egalement de ne pas limiter l'entreprise critique a la physique, mais de l'etendre au fondement de toutes les sciences de l'esprit. (shrink)

Cette etude est a la fois une revision profonde de la theorie kantienne de l'experience et une histoire du bouleversement qu'a entraine, pour la physique, la decouverte du calcul differentiel. La methode qu'en degage Cohen est destinee a fonder une nouvelle critique de la connaissance. C'est en meme temps l'un des piliers philosophiques essentiels de l'idealisme critique propre a l'Ecole de Marbourg, qui debouchera sur la pierre angulaire du systeme de Cohen, sa Logique de la connaissance pure. Cet (...) ouvrage est un remarquable travail de reconstruction philosophique ou la part de l'histoire n'est nullement contingente puisque c'est precisement a l'integration de l'evolution scientifique au sein de la critique de la connaissance que tend Hermann Cohen. (shrink)

This paper proposes a model for implementation of intrinsic natural language sentence meaning in a physical language understanding system, where 'intrinsic' is understood as 'independent of meaning ascription by system-external observers'. The proposal is that intrinsic meaning can be implemented as a point attractor in the state space of a nonlinear dynamical system with feedback which is generated by temporally sequenced inputs. It is motivated by John Searle's well known (Behavioral and Brain Sciences, 3: 417–57, 1980) critique of the (...) then-standard and currently still influential computational theory of mind (CTM), the essence of which was that CTM representations lack intrinsic meaning because that meaning is dependent on ascription by an observer_._ The proposed dynamical model comprises a collection of interacting artificial neural networks, and constitutes a radical simplification of the principle of compositional phrase structure which is at the heart of the current standard view of sentence semantics because it is computationally interpretable as a finite state machine. (shrink)

What does it mean to practice socially responsible science on controversial issues? In a fresh turn focussing on the neuroscientists’ responsibility in producing knowledge about politically charged subjects, Chalfin et al. (Am J Bioethics 8(1):1–2, 2008) caution neuroscientists to be careful about how they present their findings lest their results be used to support unfounded biases, social stereotypes and prejudices. Weisberg et al. (J Cogn Neurosci 20(3):470–477, 2008) discuss the allure of neuroscience explanations and demonstrate how laypersons easily accept dubious (...) claims as long as (even non-relevant) neuroscientific descriptions are provided. Fine (2010) exposes the use of scientific evidence in propagating outdated gender myths by popular writers and discusses the infiltration of these prejudices into popular belief, folk culture and lifestyle. This paper discusses ways in which the ‘neuroscience of gender difference’ itself inadvertently contributes to normalising socially constructed theories about sex difference in cognitive performance. This unpremeditated effect has evident implications on the structuring of society because gender relations cut across social, political and economic boundaries. We present a theoretical reflection of factors that could interact with the scientists’ attempted objective evaluation of the subject, the methods and some principle problems, and we engage a science studies approach as our methodological tool. Our object of critique is drawn from the research on spatial abilities that articulate the dissention pertaining to sex differences in intellectual capacity. (shrink)

L’hypothèse qu’énonce Arnold Gehlen d’un retour possible de la religion dans la vie politique est le point de départ de cette étude, qui la soumet à un examen critique. On lui oppose que la dépolitisation de la religion en Europe – le grand acquis des Lumières – est une tendance lourde qui n’est pas prête de se renverser en son contraire. Il convient en réalité de distinguer trois choses : la religion politique, illustrée à partir de la révolution iranienne (...) de 1979, la théologie politique et la religion civile. En outre, la théologie politique est entendue en deux sens distincts : au sens de Carl Schmitt, qui fait de la théologie un programme de recherche académique et au sens de la théologie de la libération de Metz et de Moltmann, qui repose sur l’espoir de repolitiser la religion. (shrink)

Au cours de l'année 1934, une jeune philosophie et mathématicienne allemande, Grete Hermann, se rend à Leipzig pour participer au séminaire organisé par l'un des plus célèbres pionniers de la physique quantique, W. Heisenberg. C.F. von Wizsäcker y est présent, entre autres éminents scientifiques. Fervente adepte de la philosophie kantienne réinterprétée par J.F. Fries et L. Nelson, G. Hermann arrive avec un objectif précis : démontrer la compatibilité entre physique quantique et philosophie kantienne. En particulier, concilier la catégorie (...) de causalité, forme a priori de la pensée selon Kant, avec les prédictions statistiques de la nouvelle physique. Après une année de débats avec ses interlocuteurs, G. Hermann publie le présent opuscule, traduit ici pour la première fois. Elle y développe une interprétation tout à fait originale de la mécanique quantique, et réfute, trente ans avant J. Bell, la démonstration de J. von Neumann contre les variables cachées. -- 4ème de couverture. (shrink)

Kuhn 's incommensurability thesis of 1962 still implies a very radical critique of standard theories of meaning. It is argued that incommensurability is sufficiently pervasive throughout the development of theories as to call in question standard linguistic palliatives, and that Kuhn 's critique of extensionalist translation must be carried further into a theory of interpretation which not only depends on holistic meanings, but also explicitly addresses the ostensive and analogical processes of language learning. Such a theory is required (...) for the pervasively metaphoric character of natural language, as well as for the understanding of theoretical terms in science. (shrink)

Cet article est l’entretien que Giuseppe Martini a mené en 2003 avec Paul Ricoeur.

Dès l'aurore de la pensée, la recherche des raisons du droit a constitué une voie royale pour la philosophie juridique. Sur cette voie précisément, la raison s'est soumise à son auto-examen afin d'apurer sa propre démarche. La philosophie de Kant a, dans ce registre, donné ses lettres de créance à une critique de la raison juridique dont, malgré des divergences d'interprétation et des pluralismes parfois déroutants, l'héritage est, aujourd'hui encore, riche et vivace. Les chemins du criticisme juridique sont (...) d'autant plus escarpés qu'il existe des âges de la rationalité critique et que le philosophe, en s'engageant sur cet itinéraire, se lance dans une quête réflexive qui demeurera toujours inachevée. Il serait en effet présomptueux de croire que, même avec les nuances et les variances apportées par les philosophies contemporaines de l'argumentation et de la discussion, la philosophie critique de la raison juridique conduit à la fondation ultime et définitive des ordres de droit. On peut néanmoins reconnaître qu'elle jalonne la route au bout de laquelle brille, tel un phare, l'a priori transcendantal auquel s'accrochent le sens et la validité du droit. Dans la perspective que dessine la réflexion critique, la juridicité du droit se révèle donc comme le lieu d'excellence de l'Idéal régulateur de la raison. Il apparaît ainsi que, malgré les périls et les drames qui taraudent notre monde, le droit peut encore, dans le champ pratique où réside l'honneur de l'homme, accorder une place à l'espérance. (shrink)

La critique de Micheline Dumont soulève la question de la légitimité des Cercles de Fermières à figurer comme ancêtres du féminisme contemporain, et conteste à l'auteur de leur histoire de prétendre présenter dans le volume cinq de l'Histoire des femmes un article sur le Québec à partir de sa recherche. Ce texte vise autant à minimiser le rôle des Cercles de Fermières dans l'avènement de la modernité québécoise qu'à isoler l'auteur d'une telle interprétation du reste des chercheurs qui...

La critique de Micheline Dumont soulève la question de la légitimité des Cercles de Fermières à figurer comme ancêtres du féminisme contemporain, et conteste à l'auteur de leur histoire de prétendre présenter dans le volume cinq de l'Histoire des femmes un article sur le Québec à partir de sa recherche. Ce texte vise autant à minimiser le rôle des Cercles de Fermières dans l'avènement de la modernité québécoise qu'à isoler l'auteur d'une telle interprétation du reste des chercheurs qui...

L'article thématise la tension entre la compréhension d'une « Écriture sainte » et une philosophie critique « éclairée » dont la position est, au premier chef, représentée par Kant. Pour lui, l' interprétation de l' Écriture obéit uniquement au strict paradigme herméneutique. Il part du fait que l'homme, un être qui n'est pas purement rationnel, mais qui est simultanément raisonnable et soumis aux sens, est moralement obligé de saisir positivement les commandements éthiques fondés dans la raison comme des (...) commandements divins. Pour ce faire, il est « au mieux » préférable d'avoir une Écriture « sainte ». Son caractère « sacré » signifie que son texte reste, face à toute interprétation par une raison finie, ouvert à d'autres interprétations de sorte qu'aucune ne peut se dire définitive. Cela vaut tout particulièrement pour certains passages de l' Écriture qui sont difficiles voire impossibles à comprendre dans l'esprit et l'horizon d'une époque donnée. L'épisode de la tour de Babel et celui du bon Samaritain servent ici d'exemples. Der Aufsatz hat die Spannung zwischen einer kritischen, « aufgeklärten » Philosophie und dem Verstehen einer « Heiligen Schrift » zum Thema. Für die Position kritischen Philosophie steht in erster Linie die Philosophie Kants. Für ihn ist die Schriftauslegung immer noch das hermeneutischen Paradigma schlechthin. Er geht davon aus, daß der Mensch, als ein Wesen, das nicht rein vernünftig, sondern als Vernunftwesen zugleich Sinnenwesen ist, moralisch verpflichtet sei, die in reiner Vernunft begründeten Gebote der Moral positiv als göttliche Gebote aufzufassen. Dazu habe man « am besten » eine « heilige » Schrift. Ihre « Heiligkeit » bedeutet, daβ ihr Text gegenüber jeder Auslegung durch endliche Vernunft stehenbleibt für andere Auslegungen, so daβ keine Interpretation sich als endgültig verstehen kann. Das gilt besonders für Passagen der Schrift, die aus dem Geist und dem Horizont einer bestimmten Zeit schwer oder gar nicht zu verstehen sind. Als Beispiele dienen vor allem die Schriftstellen vom Turmbau zu Babel und vom barmherzigen Samariter. (shrink)

The paper deals with a series of writings on Plato and Platonism issued by Jan Patočka in the immediate post-war period. In Eternity and Historicity, he contrasts Platonism as metaphysics of being with Socratism as questioning the meaning of human existence, and criticizes modern forms of Platonism of ethical values interpreted as objectively valid norms. In lectures on Plato, he explains Plato’s theory of Forms in terms of Husserl’s theory of horizontal intentionality and Heidegger’s theory of ontological difference. Similarly, in (...) Negative Platonism he interprets Plato’s theory of Forms in terms of a distinction he makes between between the eidetic contents and the transcendental character of the Platonic Idea. The latter is the necessary condition of the former but it does not constitute an intelligible object of its own. Patočka suggests retaining the Platonic notion of transcendence while dissociating it from the metaphysics of intelligible Forms. The paper puts these post-war writings on Plato and Platonism into the context of Patočka’s search for his own position as a phenomenologist. (shrink)

Review of Boldyrev, I., Stein, S. et al.. Interpreting Hegel's Phenomenology of spirit: expositions and critique of contemporary readings. London: Routledge.

A translation into French of a work originally published in Germany in 1931. The unity of Kant's thought is highlighted through an examination of the relation of the moral philosophy to Kant's general critical program. Krüger acknowledges a debt to Heidegger, while differing from the latter in his interpretation of Kant.--S. M. W.

In this essay, our goal is to discover science in Martin Heidegger's Introduction to Metaphysics, lecture notes for his 1935 summer semester course, because, after all, his subject is metaphysica generalis, or ontology, and this could be construed as a theory of the human brain. Here, by means of verbatim quotes from his text, we attempt to show that indeed these lectures can be viewed as suggestion for an objective scientific theory of human perception, the human capacity for deciphering phenomena, (...) ie. hermeneutics in its broadest sense. His added notes from the 1953 edition, all of which are comments, not corrections, imply that he never abandoned these thoughts on metaphysics, despite all of his utterances about a need to overcome it, and their popular interpretations to that effect. In his presentation, he further develops the colorful and intuitive style, an hermeneutic language, that he had created in his earlier work Being and Time. Of human existence he speaks in such expressions as being-there -- ``Dasein" -- and being-in-the-world, the latter term no longer explicit in the 1935 lectures. The lectures can be read as a pre-scientific analysis of how man, being-there, perceives his environment, artfully managing to deal with the manifold challenges posed by the phenomenal structures of the universe. Man attentively recognizes and deciphers their pre-linguistic contents and, while trying to make sense of it all, puts into words his awareness. There are numerous passages in Heidegger's work where he in fairly concrete terms provides us with hints for a perceptive science that, as it turns out and is demonstrated below in this essay, can be explained in terms of recent advances in neuroscience. It would be implausible, even unthinkable, unimaginable, for there not to be found essential agreement between on one hand his philosophical insights gained by hermeneutics of Dasein, into how our brain functions to let us know what's happening & on the other hand, scientific discoveries obtained through anatomy, EEG, fMRI, TMS, electrode implants, etc, of brain structures & functions employed in perception of the momentary scene. A nexus between science and philosophy is provided in Heidegger's definitive treatment of the Logos, here interpreted as a structural version of Platonic forms (Burchard, 2014). This allows for neurolinguistic brain functions to serve as meta-context for Heidegger's being-in-the-world. The logical functions of Dasein's anatomical brain are performed by the logos machine, formerly the human soul, using top-down processing based on a global context, the noumenal cosmos which humans maintain internally. Heidegger's 1942/43 winter semester lectures Parmenides extend in unbroken fashion his 1935 work, proving that he never abandoned, as is widely claimed, his metaphysical avenue of thought. (shrink)

Cette contribution propose une étude, à la fois historique et critique, des controverses autour de l'interprétation empiriste ou friesienne de la Critique de la Raison Pure dans la période de 1830 à 1870. Il s'agit de l'idée que les connaissances a priori existent, certes, mais que leur découverte, ou la conscience que nous en avons, est a posteriori, et par conséquent de nature psychologico-empirique. This paper proposes a study, at the same moment historical and critical, on the (...) controversies about the empiricist or friesian interpretation of the Critique of Pure Reason for the period from 1830 till 1870. It is about the idea knowledge a priori exists, of course, but that its discovery, or the consciousness which we have of it, is a posteriori, and consequently of psychologico-empirical nature. (shrink)

Ce texte porte sur l’analyse sémantique de la logique déontique. Nous analyserons de façon critique un texte de Schotch portant sur une interprétation de la logique déontique dans le cadre d’une sémantique non-kripkéenne. Nous laisserons de côté les choix relatifs à la syntaxe de son système afin de se concentrer sur l’analyse sémantique qu’il expose contre la logique déontique et sur celle qu’il propose en retour. Avant de voir le détail de son raisonnement, nous présenterons brièvement quelques notions (...) de logique modale afin de faciliter la compréhension de l’argument de Schotch. Nous présenterons ensuite l’argument de l’auteur contre la logique déontique afin de pouvoir exposer sa solution, ce qui ouvrira la porte à une lecture critique de son analyse. (shrink)