Le contrat social libéral distributif définit une norme d’action communicative pour l’allocation des ressources rares et la redistribution de la richesse privée. Il se compose d’activités qui mettent en œuvre une allocation des ressources Pareto-efficace unanimement préférée à un statu quo hypothétique. Ce statu quo correspond à l’allocation des ressources que l’on obtiendrait en l’absence des activités du contrat social, dans des conditions idéales de communication parfaite. Nous mettons en évidence un ensemble de conditions suffisantes (...) générales sous lesquelles toute allocation du contrat social maximise, au sein de l’ensemble des allocations réalisables, une fonction de bien-être social de Nash bien choisie. Nous montrons également que la correspondance entre les allocations du contrat social libéral et les fonctions de bien-être social de Nash qui les soutiennent est bijective si, et en général seulement si, les préférences distributives des individus sont cardinales. Dans ce dernier cas, la solution coopérative de Nash étendue à un nombre quelconque d’individus définit une norme d’action communicative unique pour l’allocation des ressources et la distribution de la richesse privée. (shrink)

Le contrat social libéral distributif définit une norme d’action communicative pour l’allocation des ressources rares et la redistribution de la richesse privée. Il se compose d’activités qui mettent en œuvre une allocation des ressources Pareto-efficace unanimement préférée à un statu quo hypothétique. Ce statu quo correspond à l’allocation des ressources que l’on obtiendrait en l’absence des activités du contrat social, dans des conditions idéales de communication parfaite. Nous mettons en évidence un ensemble de conditions suffisantes (...) générales sous lesquelles toute allocation du contrat social maximise, au sein de l’ensemble des allocations réalisables, une fonction de bien-être social de Nash bien choisie. Nous montrons également que la correspondance entre les allocations du contrat social libéral et les fonctions de bien-être social de Nash qui les soutiennent est bijective si, et en général seulement si, les préférences distributives des individus sont cardinales. Dans ce dernier cas, la solution coopérative de Nash étendue à un nombre quelconque d’individus définit une norme d’action communicative unique pour l’allocation des ressources et la distribution de la richesse privée. (shrink)

Alan Reynolds: This paper is divided into three sections. First, I describe the wide plurality of views on issues of animal ethics, showing that our disagreements here are deep and profound. This fact of reasonable pluralism about animal ethics presents a political problem. According to the dominant liberal tradition of political philosophy, it is impermissible for one faction of people to impose its values upon another faction of people who reasonably reject those values. Instead, we are obligated to justify our (...) political actions to each other using reasons that everyone can accept. Thus, in the second section I suggest that our condition of reasonable pluralism inspires us to turn toward some form of contractarianism. The social contract tradition emerged precisely as an attempt to think about how a society characterized by deep moral disagreement could nonetheless agree about the basic principles of justice. I will show, in this section, that although the social contract tradition would seem to contain the best tools for thinking about how to deal with moral disagreement, it fails to help us think through the important issues of animal ethics. In the concluding section, I suggest some ways in which political philosophy might move beyond contractarianism when thinking about this issue, including embracing an agonistic style of politics. -/- Cet article est divisé en trois sections. Tout d’abord, je décris la grande pluralité des opinions existant sur les questions de l’éthique animale, montrant que nos désaccords sur le sujet sont profonds. Cette réalité du pluralisme raisonnable en matière d’éthique animale pose un problème politique. Selon la tradition libérale dominante de la philosophie politique, une faction de personnes ne peut imposer ses valeurs à une autre faction qui rejette raisonnablement ces valeurs. Au lieu de cela, nous sommes obligés de justifier nos actions politiques en utilisant des raisons que tout le monde peut accepter. Ainsi, dans la seconde section, je suggère que notre condition de pluralisme raisonnable nous mène à une forme de contractualisme. La tradition du contrat social est justement apparue comme une tentative de réfléchir à la façon dont une société caractérisée par un profond désaccord moral peut néanmoins s’entendre sur les principes fondamentaux de la justice. Dans cette section, je montre que, bien que la tradition du contrat social semble offrir les meilleurs outils pour définir la manière de traiter le désaccord moral, elle ne parvient pas à nous aider à réfléchir aux questions essentielles de l’éthique animale. Dans la dernière section, je suggère quelques façons susceptibles de permettre à la philosophie politique de dépasser le contractualisme dans sa réflexion sur cette question, ceci comprenant l’adoption d’un style de politique agonistique. (shrink)

Pour des raisons pratiques autant qu’idéologiques, les États socialistes ont souhaité la pleine participation des femmes au travail, qui supposait leur libération des tâches ménagères dévoreuses de temps. Ils ont, pour la plupart, passé un contrat social implicite avec leurs populations féminines : les femmes à l’usine et au champ, en échange d’une réduction des tâches domestiques, soit à travers leur socialisation, soit par la fourniture de produits finis allégeant le travail. L’article entend montrer que la Chine rurale (...) fut une exception à ce modèle. Alors que la participation des femmes rurales au travail augmentait fortement, le rationnement de marchandises peu abondantes et une politique empêchant les paysans de disposer d’argent liquide faisaient que les textiles et autres produits industriels sont restés hors de portée de la majorité des ruraux. En conséquence, des millions de femmes rurales ont continué, au prix d’un travail manuel laborieux, à vêtir et nourrir leurs familles, à un moment où triplait leur participation aux travaux des champs. Cette double charge particulièrement intense a permis à l’État chinois une rapide accumulation. (shrink)

The aim of the article is to compare two concepts of the social contract – formulated by Immanuel Kant and Jean Jacques Rousseau respectively – in the context of their philosophical diagnoses regarding human nature, culture, politics and the historical dynamics of civilization. The author focusses on the essence of the impact Du contrat social has on Kant and the extent to which he manages to overcome the tension between the modern Republican idea – which he develops (...) on this basis – and the tradition of classical liberalism, which he continues to follow. He considers Rousseau’s model with regard to the conflict between the democratic principle of people’s sovereignty and the Republican rule of law in discussions with Hegel, Arendt, Habermas and in reference to the French Revolution. Next, he conducts a critical analysis of the Kantian project of Rechtsstaat in light of its conceptual dependence on Rousseau – the founding of this project on the liberal tradition turns out to be problematic and burdened with ideological symptoms. Since Kant’s thought lies at the root of the modern concept of liberal rule of law, these symptoms show the limitations of Rechtsstaat resulting from its own normative assumptions. (shrink)

Contre le postulat d'une vérité in abstracto du Contrat social, contre des lectures qui l'envisagent au seul miroir de la tourmente révolutionnaire et minimisent son impact avant 1789, ce livre montre comment dès sa parution en 1762, le Contrat social a été justiciable de lectures diverses, inattendues et opposées au hasard des crises politiques de l'Ancien Régime et des groupes sociaux ou intellectuels concernés: lectures paradoxales des parlementaires, réfutations dévotes, recueils d'extraits qui travaillent sa forme et (...) son sens, utilisation sommaire et sans doute efficace dans les almanachs populaires...Les premières années de la Révolution montreront d'autres investissements du Contrat social autour des débats sur la déclaration des droits, le veto, la contestation même de l'ordre monarchique et lui ouvriront des espaces nouveaux: la presse, les pamphlets, l'écriture de l'évènement...A travers ces exemples répertoriés, une réflexion ici s'organise sur l'idéologie en travail d'une oeuvre vivante, inscrite dans le mouvement, les tensions et les contradictions d'une histoire politique et sociale. (shrink)

A controversial issue in Rousseau’s philosophy is the relationship between the people as a whole, who want the good but cannot see it, and individuals, who see the good but do not want it. This predicament has to be overcome by the Legislator, whose characteristics seem however to be inconsistent with the theory propounded in the first book of the Contrat Social. The aim of this paper is to contribute to the current debate by exploring three possible functions (...) of this key figure, which are 1. to formulate the content of constitutional law; 2. to make the people aware of their sovereignty by bringing to light the rules underlining the social contract; 3.to mediate between the political and the socio-economic sphere, that is between the sovereign people’s efforts to bring about the general will and individuals’ efforts to advance their own particular interest. Being structurally different from the first two, this last hypothesis need not be seen as conflicting with either of them. (shrink)

"El libro tiene dos grandes temas: la identidad cultural, sobre la que se expresan opiniones balanceadas entre los extremos posibles, y la 'liberacion social', entendida en general como liberacion con respecto a estructuras opresivas. El itinerario de e.

Consider the following two seemingly unrelated questions. First, why does Rousseau (1993 [1762]) believe that the formation of factions or partial associations is not conducive to the general will in Du Contrat Social, II, 3? Second, why do federal assemblies typically strive for some form of degressive proportionality, i.e. a balance between equal and proportional representation, for the countries in the federation? We will show that there is a surprising connection between these questions. We turn to our first (...) question. It is often thought that Rousseau’s opposition to factions can be interpreted in reference to the Condorcet Jury Theorem. The Condorcet Jury Theorem states that if voters are more likely to be right on some issue than not and cast their votes independently, then the chance that the majority is correct converges to one as the number of voters goes to infinity. This interpretation is tempting, but it is inconsistent with some crucial textual evidence. We turn to our second question. Consider a federation of countries with a decision-making assembly in which each country casts a block vote. On equal representation, the vote of each country has the same weight. On proportional representation, the weights of the votes are proportional to the countries’ population sizes. In between these extremes, we can let the weights increase as a function of population sizes, but smaller countries receive greater weights and larger countries receive lesser weights than proportionality would warrant. Such weightings are called degressively proportional weightings. How can degressive proportionality be justified? And does this justification provide us any guidance as to how these weights should be set? A correct understanding of Rousseau’s misgivings about the formation of factions will hold the key to these questions. (shrink)

In his 'Contrat social', § 2.1, Jean-Jacques Rousseau argues that the general will alone can steer the forces of the state towards the end for which it was instituted, i.e., the common good. The argument's logical structure is more intricate than it seems at first glance. And the intricacy appears to be deliberate. Rousseau's authorial strategy is designed to evoke the reader's voice in articulating the fundamentals of politics.

La théorie politique de Condillac est contenue dans sa conception de l’histoire, et toutes deux se distinguent de la philosophie de Rousseau. On ne devrait pas croire, pour autant, que la position caractéristique de Condillac soit celle d’un « modéré » pur et simple. On peut douter que Condillac ait jamais envisagé une révolution complète de la société et de la politique françaises. Il est certain, en revanche, qu’il a jugé possible et même souhaitable une réforme assez radicale des principes (...) politiques de l’Ancien Régime, suggérant rien de moins que la démolition de son principal pilier, l’absolutisme de droit divin. Il se démarqua aussi de la théorie du contrat social soutenue par Rousseau. Invoquée par celui‑ci afin d’établir l’« égalité morale et légitime » à la place des inégalités physiques ou de talents, la théorie du contrat social se propose chez Condillac plutôt comme une doctrine « libérale », au sens classique de ce mot à l’âge des Lumières, que « démocratique » dans le sens du philosophe de Genève. (shrink)

Review: David Miller, National Responsibility and Global Justice, Oxford, Oxford University Press, 2007.

Pourquoi les lecteurs du Contrat social devraient-ils s’intéresser au chapitre consacré aux comices romains? Dans ce texte encore souvent négligé, à tort, Rousseau s’appuie sur les sources historiques les plus fiables de son temps, notamment Carlo Sigonio, pour se confronter à un problème central de sa philosophie politique : la mise en pratique durable et effective de l’intérêt commun. En termes moins théoriques, il pose une question toujours d’actualité : comment le peuple peut-il participer à la vie publique? (...) Et comment cette intervention populaire dans la politique peut-elle s’effectuer de manière à garantir le maintien d’un gouvernement républicain, c’est-à-dire non assujetti à des intérêts particuliers? Lire ce chapitre à la lumière du récent ouvrage Res publica permet d’en voir encore plus nettement les enjeux théoriques, du fait des convergences saisissantes que l’on peut remarquer entre l’analyse de Rousseau et celle de Claudia Moatti. L’article étudie notamment les occurrences de l’expression « chose publique » dans le Contrat social afin d’éclairer la coexistence de deux conceptions distinctes de la « république » chez Rousseau, l’une définie principalement par le droit de vote des citoyens, l’autre par l’impératif de défendre l’État. Or, ces deux visions correspondent à l’antagonisme que Claudia Moatti observe dans l’histoire romaine. Étudier aujourd’hui l’usage de l’histoire ancienne dans la pensée politique de Rousseau, c’est poser la question toujours actuelle de la compatibilité possible entre ces deux idées de la République. (shrink)

Cette contribution se propose d’étudier la manière dont Durkheim s’est réapproprié la philosophie de Rousseau. Le fondateur, après Auguste Comte, de la sociologie en France adopte une attitude ambivalente à l’égard de l’auteur du second Discours et du Contrat social : d’un côté, l’hommage rendu à celui qui a pensé la genèse empirique des rapports sociaux ; de l’autre, la critique de l’artificialisme du penseur du contrat. C’est entre ces deux limites qu’il faudra situer la réappropriation durkheimienne (...) de Rousseau, qui est une reconstruction et une réactualisation : la question de la genèse du sujet collectif est au cœur de leur dialogue posthume. Cette contribution reviendra donc sur l’interprétation durkheimienne du second Discours, ainsi que sur sa lecture du manuscrit de Genève. Il s’agira de montrer par quelle subtile distorsion du texte Durkheim parvient à imposer son exégèse de Rousseau et à en faire l’ancêtre de l’idée de « règne social », et de cerner comment la lecture durkheimienne du Contrat social procède à une réinterprétation originale de la théorie de la « volonté générale » dans des termes sociologiques. (shrink)

Cet article s’intéresse au Contrat social de Rousseau afin d’examiner si cet ouvrage permet de penser une révolte populaire contre l’État et, si oui, à quelles conditions. Dans cette perspective, nous nous concentrons principalement sur quelques détails apparemment marginaux : l’oscillation, par exemple, entre une conception de la « crise » comme occasion de régénération ou de renaissance de l’État ; l’hésitation entre une conception des mœurs et des coutumes comme formant le cœur de la législation et qui (...) garantit la survivance du corps en deçà de la condition de mort apparente engendrée par les conflits, et une conception dans laquelle ces mœurs et ces coutumes s’avèrent constituer le résultat du conflit lui-même ; l’indécision entre une définition de la légitimité politique comme entièrement réabsorbée par la simple légalité et une autre où cette légitimité déborde toutes les formes et les limitations légales. De cette façon, l’article met en évidence la présence, dans le Contrat lui-même, de deux logiques opposées. D’une part, une logique d’après laquelle toute séparation entre le peuple et l’État disparaît. Dans cette perspective, tout contraste entre les deux pôles est inconcevable, et ce qui à première vue semble être une révolte du peuple contre l’État doit être lu comme une intervention du souverain visant à rétablir l’ordre légitime violé. D’autre part, une logique qui admet au contraire une relative autonomie du peuple par rapport aux institutions établies, et qui par là même permet de penser un conflit entre les deux pôles. (shrink)