Abstract
La théorie politique de Condillac est contenue dans sa conception de l’histoire, et toutes deux se distinguent de la philosophie de Rousseau. On ne devrait pas croire, pour autant, que la position caractéristique de Condillac soit celle d’un « modéré » pur et simple. On peut douter que Condillac ait jamais envisagé une révolution complète de la société et de la politique françaises. Il est certain, en revanche, qu’il a jugé possible et même souhaitable une réforme assez radicale des principes politiques de l’Ancien Régime, suggérant rien de moins que la démolition de son principal pilier, l’absolutisme de droit divin. Il se démarqua aussi de la théorie du contrat social soutenue par Rousseau. Invoquée par celui‑ci afin d’établir l’« égalité morale et légitime » à la place des inégalités physiques ou de talents, la théorie du contrat social se propose chez Condillac plutôt comme une doctrine « libérale », au sens classique de ce mot à l’âge des Lumières, que « démocratique » dans le sens du philosophe de Genève.