Marie Durand n’est pas très connue en dehors du monde protestant. Elle a passé 38 ans emprisonnée dans la Tour de Constance à Aigues-Mortes parce que son frère était un pasteur clandestin du xviiie siècle. Elle est surtout connue depuis le livre de Benoît en 1884. Mais c’est au début du xxe siècle qu’elle devient une personnification de la résistance pacifique au nom des droits de la conscience et de la tolérance et qu'elle accède à un statut d'héroïne. Cela permet (...) aussi à la Réforme un renouveau moral et spirituel. La référence à Marie Durand s'accentue en 1945 et culmine lors des cérémonies de 1968. Elle symbolise ainsi le protestantisme toujours persécuté, mais luttant de manière non-violente pour maintenir la foi. (shrink)

This paper introduces the special issue on Logic and Philosophy of Religion of the journal Sophia: International Journal of Philosophy and Traditions (Springer). The issue contains the following articles: Logic and Philosophy of Religion, by Ricardo Sousa Silvestre and Jean-Yvez Béziau; The End of Eternity, by Jamie Carlin Watson; The Vagueness of the Muse—The Logic of Peirce’s Humble Argument for the Reality of God, by Cassiano Terra Rodrigues; Misunderstanding the Talk(s) of the Divine: Theodicy in the Wittgensteinian Tradition, by Ondřej (...) Beran; On the Concept of Theodicy, by Ricardo Sousa Silvestre; The Logical Problem of the Trinity and the Strong Theory of Relative Identity, by Daniel Molto; Thomas Aquinas on Logic, Being, and Power, and Contemporary Problems for Divine Omnipotence, by Errin D. Clark. -/- . (shrink)

En 1723, la Charte fondatrice de la Grande Loge de Londres donne à l'ordre Maçonnique pour projet de devenir le « centre de l'union et le moyen de nouer une amitié fidèle parmi des hommes qui sans cela seraient restés à perpétuelle distance ». De cette aspiration à relever Babel procèdent les tentatives pour cartographier la République maçonnique, mettre sur pied un réseau de correspondance et une langue véritablement universels - ce dernier chantier menant à l'espéranto. L'ordre Maçonnique a décliné (...) tout au long du XVIIIe siècle cette utopie planétaire sur le mode d'une véritable citoyenneté de la République maçonnique avec son passeport, ses droits et ses devoirs. Puis il a dû répondre aux formidables bouleversements issus de 1789 et de l'éveil des nationalités, en s'orientant vers une conception plus engagée de la République universelle des francs-maçons, sensible aux idées libérales et à lémancipation des peuples, au risque de donner des arguments à ses détracteurs, qui lui reprochent de se rendre coupable d'un crime d'indifférenciation. (shrink)

L’étude reprend la philosophie inaugurée par La réciprocité des consciences (1942) en fonction de philosophies plus récentes de l’intersubjectivité (E. Lévinas et F. Jacques). Après avoir montré comment le caractère fondamental de la réciprocité fonde la causalité des personnes et se fonde sur le Dieu personnel et tripersonnel, elle revient d’une manière critique sur une possible mise en tutelle d’une pensée personnaliste par une pensée religieuse. L’amour n’aurait-il pas laissé en retrait la réciprocité, la personne la relation, la communion la (...) communication, enfin l’intime le social ? On ne saurait pourtant oublier Maurice Nédoncelle. Il a défendu avec raison une priorité de la réciprocité sur l’altérité, dans l’intersubjectivité ; de la personne sur la nature, dans la théologie ; de la souffrance sur le péché, dans la théodicée. (shrink)

« L'expression la plus adéquate que j'ai trouvée pour désigner les trois expériences hors du commun qu'il m'a été donné de vivre est celle utilisée par Romain Rolland dans sa correspondance avec Freud : le sentiment océanique. Romain Rolland aurait emprunté le magnifique et mystérieux terme « océanique » à la mystique indienne, notamment à Ramakrishna. Ce dernier parlait de son extase comme d'un « océan de joie ineffable ». Alors, qu'est-ce donc que ce sentiment océanique? Ce serait l'expérience rare, (...) fulgurante et généralement brève d'être Un avec le Tout. Comme si les frontières entre le Moi et le monde s'évanouissaient au profit d'un sentiment d'unité, de compréhension et de conscience élargie. » (Yves Vaillancourt) Rassemblant les morceaux épars de la littérature, de la psychanalyse et de la musique, l'auteur retrouve les pierres d'un chemin à la fois singulier et universel. (shrink)

L’article discute dans une perspective de science politique les leçons à tirer de l’ouvrage de Claudia Moatti Res publica. Une histoire romaine de la chose publique. La première partie est centrée sur la méthode conceptuelle. Contre les usages positivistes de la langue et les approches essentialistes des concepts, une histoire attentive aux contextes et aux variations sémantiques est cruciale. Cette multiplicité sémantique doit à son tour être comprise comme politique. Si les oscillations de l’expression res publica nécessitent des analyses sur (...) la courte durée, la longue durée et l’optique comparative impliquent à l’inverse de dégager des idéaux-types. La seconde partie de l’article analyse les interprétations contemporaines de la république, et les utilisations du mot. Les termes hérités de la res publica ont perdu de leur centralité politique, avec deux exceptions importantes : d’une part, la théorie politique et l’histoire des idées qui se proclament républicaines ; d’autre part, l’espace politico-intellectuel français. Dans les deux cas, la république dont il s’agit se rapproche davantage du second idéal-type dégagé par Claudia Moatti, qui met l’accent sur l’unité et le consensus, et qui envisage la res publica comme puissance publique. Les partisans contemporains du premier idéal-type, qui valorise l’action collective, le « tumulte », la citoyenneté active et la diversité de la cité, se tournent vers des termes différents, et en particulier vers celui de démocratie. (shrink)

Ce ne sont pas les poètes qui deviennent fous Ce sont les joueurs d’échecs Chesterton Quelle est la quête symbolisée par le jeu d’échecs? Quels liens pouvons-nous établir entre Beth Harmon de la récente série télévisée The Queen’s Gambit et des personnages littéraires comme Loujine ou Monsieur B., de Nabokov ou Stefan Zweig? Les joueurs d’échecs sont-ils des fous de Dieu, des mystiques de l’absolu? Veulent-ils s’affranchir des limites imparties à la condition humaine et s’élever à un niveau de calcul (...) surhumain, comme s’ils étaient dotés de l’omniscience? Dans cet essai, l’auteur se propose de revisiter un certain nombre d’œuvres littéraires et artistiques qui mettent en scène le jeu d’échecs. Il part de l’hypothèse chère à Borgès selon laquelle les échecs sont un petit théâtre reproduisant le drame cosmique, où l’être humain, même surdoué, se brûle les ailes dans son désir de perfection. (shrink)

Les films d’Ingmar Bergman (1918-2007) ont la réputation d’être noirs et décapants. Le cinéaste nous soumet à une déconstruction des relations humaines fondamentales et de nos aspirations spirituelles. Mais sonder le vide en nous n’est-il qu’accablant? Ou serait-ce le chemin le plus sûr vers un renouveau? Le cinéaste suédois, fils de pasteur, a lutté pour remplacer le discours chrétien de son enfance par un évangile exaltant l’amour et la vie. Son cinéma peut se comprendre comme un combat entre les mauvaises (...) nouvelles et les bonnes. Maris et femmes, mères et filles, pères et fils, prêtres et communiants, psychiatres et patients, tous entrent dans la ronde interminable où un peu de lumière perce les ténèbres. Et là où la stratégie des acteurs bergmaniens s’avère insuffisante, la musique prend le relais afin de communiquer par-delà notre finitude. (shrink)

Yves R. Simon explores moral virtue in this piece through identifying three moral positions common in modernity that attempt to substitute the traditional concept of virtue, as well as discussing the distinction between nature and use of sources of good or evil. He also discusses the distinctions between habits and opinions, as well as the virtue and science. He gives clear examples that make this book enjoyable for readers of all levels to understand moral virtue.

Niccolò Machiavelli is the most prominent and notorious theorist of violence in the history of European political thought - prominent, because he is the first to candidly discuss the role of violence in politics; and notorious, because he treats violence as virtue rather than as vice. In this original interpretation, Yves Winter reconstructs Machiavelli's theory of violence and shows how it challenges moral and metaphysical ideas. Winter attributes two central theses to Machiavelli: first, violence is not a generic technology (...) of government but a strategy that tends to correlate with inequality and class conflict; and second, violence is best understood not in terms of conventional notions of law enforcement, coercion, or the proverbial 'last resort', but as performance. Most political violence is effective not because it physically compels another agent who is thus coerced; rather, it produces political effects by appealing to an audience. As such, this book shows how in Machiavelli's world, violence is designed to be perceived, experienced, remembered, and narrated. (shrink)

This article defends four claims. The first is that in the last few decades, two waves of democratic innovation based on random selection must be differentiated by their partly different concrete devices, embodying different social dynamics and pointing toward different kinds of democracy. The second claim is that the rationale of the first wave, based on randomly selected minipublics, largely differs from the dynamic of political sortition in Athens, as it points toward deliberative democracy rather than radical democracy. Conversely, empowered (...) sortition processes that have emerged during the second wave capture better the spirit of radical Athenian democratic traditions. The third claim is normative: these empowered sortition processes are more promising for a real democratization of democracy. The last claim is that any proposal of a legislature by lot must rely on this lesson when trying to defend a normatively convincing and politically realistic perspective. (shrink)

INTRODUCTION Beyond Dissociations Reassembling the mind-brain after all? Yves Rossetti Antti Revonsuo "Comme des banes de poissons de meme espece, ...

Scheinerman (2023) proposes that at the Human Genome Editing Initiative international summit (held in March 2023) there should have been a parallel, separate Citizens’ Jury, and that the Human Geno...

In his Florentine Histories, Machiavelli offers an ambivalent portrayal of the revolt of the textile workers in late fourteenth-century Florence, known as the tumult of the Ciompi. On the face of it, Machiavelli's depiction of the insurgent workers is not exactly flattering. Yet this picture is undermined by a firebrand speech, which Machiavelli invents and attributes to an unnamed leader of the plebeian revolt. I interpret this speech as a radical and egalitarian vector of thought opened up by Machiavelli's text. (...) The revolutionary address reveals an untimely and not entirely self-conscious political radicalism, a plebeian politics that repudiates the logic of oligarchic privilege and is simultaneously not available for subsumption under the mantle of civic republicanism. (shrink)

Pathologizing ugliness refers to the use of disease language and medical processes to foster and support the claim that undesirable features are pathological conditions requiring medical or surgical intervention. Primarily situated in cosmetic surgery, the practice appeals to the concept of “aesthetic pathology”, which is a medical designation for features that deviate from some designated aesthetic norms. This article offers a two-pronged conceptual analysis of aesthetic pathology. First, I argue that three sets of claims, derived from normativist and naturalistic accounts (...) of disease, inform the framing of ugliness as a disease. These claims concern: (1) aesthetic harms, (2) aesthetic dysfunction, and (3) aesthetic deviation. Second, I introduce the notion of a hybridization loop in medicine, which merges the naturalist and normative understanding of the disease that potentially enables pathologizing practices. In the context of cosmetic surgery, the loop simultaneously promotes the framing of beauty ideals as normal biological attributes and the framing of normal appearance as an aesthetic ideal to legitimize the need for cosmetic interventions. The article thus offers an original discussion of the conceptual problems arising from a specific practice in cosmetic surgery that depicts ugliness as the disease. (shrink)