C’est une évidence : on ne parle plus aujourd’hui d’une crise succédant à d’autres crises – et préludant à d’autres encore –, mais de « la crise », qui plus est d’une crise globale qui touche aussi bien la finance que l’éducation, la culture, le couple ou l’environnement. Ce constat témoigne d’une véritable mutation : si à l’origine le concept de krisis désignait le moment décisif dans l’évolution d’un processus incertain permettant d’énoncer le diagnostic (et donc la sortie de crise), (...) nous vivons actuellement précisément l’inverse – le moment où surgissent les incertitudes quant aux causes, aux effets, à la possibilité même d’une issue. Afin d’éclairer ce renversement, Myriam Revault d’Allonnes se penche sur le mouvement d’arrachement au passé et à la tradition qui caractérise la modernité, et qui dissout d’un même élan les anciens repères de la certitude qui balisaient la compréhension du monde. Privé de toute forme de transcendance, l’homme moderne se trouve face à un monde redoutablement ambigu et auto-référentiel, qui a vu s’évanouir tour à tour l’idée de temps nouveaux, la croyance au progrès et l’esprit de conquête, modifiant profondément le rapport de l’homme à son vécu et à ses attentes. C’est à partir de cette expérience du temps d’un nouveau genre, à la fois coupée de ses référents passés et dépourvue de lendemains qui chantent, que cet essai stimulant nous invite à reconsidérer de façon inédite la « crise » dans laquelle nous sommes plongés et à y puiser de quoi aller de l’avant. (shrink)

"L'irruption récente de la notion de "post-vérité", désignée comme mot de l'année 2016 par le dictionnaire d'Oxford, a suscité d'innombrables commentaires journalistiques, notamment sur le phénomène des fake news, mais peu de réflexions de fond. Or, cette notion ne concerne pas seulement les liens entre politique et vérité, elle brouille la distinction essentielle du vrai et du faux, portant atteinte à notre capacité à vivre ensemble dans un monde commun. En questionnant les rapports conflictuels entre politique et vérité, Myriam (...) class='Hi'>Revault d'Allonnes déconstruit nombre d'approximations et de confusions. Elle montre que le problème majeur de la politique n'est pas celui de sa conformité à la vérité mais qu'il est lié à la constitution de l'opinion publique et à l'exercice du jugement. L'exploration du "régime de vérité" de la politique éclaire ce qui distingue fondamentalement les systèmes démocratiques, exposés en permanence à la dissolution des repères de la certitude, à la tentation du relativisme et à la transformation des "vérités de fait" en opinions, des systèmes totalitaires, où la toute-puissance de l'idéologie fabrique un monde entièrement fictif. Loin d'enrichir le monde, la "post-vérité" appauvrit l'imaginaire social et met en cause les jugements et les expériences sensibles que nous pouvons partager. Il est urgent de prendre conscience de la nature et de la portée du phénomène si nous voulons en conjurer les effets éthiques et politiques."--Page 4 de la couverture. (shrink)

On se souvient de la formule de Churchill : " La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres". A l'évidence, nous n " aimons " pas la démocratie. Et pourtant nous sommes tous démocrates... Étrange procès en désamour que celui-là, dont la virulence égale l'ancienneté : toute petite déjà, à Athènes, la démocratie ne manquait pas de détracteurs... Myriam Revault d'Allonnes s'interroge, non pas sur les critiques ou les sarcasmes dont la démocratie est (...) l'objet, mais sur la nature de l'expérience démocratique, travaillée par l'incertitude, le conflit, l'inachèvement, inextricablement liée à ce qui s'oppose à elle et la menace. Comment l'homme démocratique, confronté à cette existence toujours problématique, ne serait-il pas en proie à l'insatisfaction et à la déception permanentes? Cependant, si nous n' "aimons" pas la démocratie, pouvons-nous ne pas la vouloir? Car c'est bien l'expérience démocratique qui fait de nous des sujets éthiques et politiques, des citoyens qui ne veulent pas être ainsi gouvernés : " pas comme ça, pas pour ça, pas par eux ". (shrink)

Une étude sur la virtualité toujours présente du mal politique. Pour comprendre le présent de ce mal, il faut rouvrir le passé, remonter notamment au mal radical selon Kant, ou aux liens entre le tragique et la capacité d'institution politique chez Aristote. Se dégage alors une longue tradition : celle d'une humanité dénuée de toute prétention à l'innocence, rendue au mal de sa liberté.

S'expliquant sur la publication de Soi-même comme un autre (1990), Paul Ricœur disait ceci : " C'est une réflexion qui vient très tard, à la fin sans doute de mon parcours philosophique. Parce que j'ai voulu régler mes comptes non pas avec les autres mais avec moi-même, c'est-à-dire avec tous ceux que j'ai croisés pendant trente ou quarante années de travail. " Dans ce propos, on reconnaîtra sans peine la façon de faire de l'homme et du philosophe...

L'oeuvre et le concept! Tels sont bien les deux objets, par excellence, de la philosophie de l'art. L'oeuvre d'art sur laquelle " philosophe " Olivier Revault d'Allonnes n'est pas l'oeuvre achevee, celebree, sacralisee, sanctifiee, mais au contraire l'oeuvre qui, de tout temps, deroute, irrite, scandalise, dejoue le discours apprete et conciliant de l'esthetique traditionnelle. Le concept est l'autre nom de la critique, parole enfin donnee aux oeuvres, passees et presentes, afin qu'elles puissent dire non aux ordres etablis... Leur (...) interpretation se joue donc a l'infini, mais non pas dans l'indetermination, car ce qu'elles expriment, qu'il s'agisse d'un tableau de Rembrandt, d'un quatuor de Beethoven, ou d'une piece pour piano de Schonberg, est chaque fois identique, a savoir l'irreductible et " irrespectueuse " liberte de la creation artistique. Cette esthetique, a l'ecart des dogmatismes, des systemes et des modes, est ici pretexte aux reflexions et aux temoignages qui composent cet ouvrage. (shrink)

Résumé Ce texte a pour objet de montrer que le moment de la « refiguration » dans Temps et récit est indissociable d’un souci éthique. La fonction narrative a des implications éthiques car le récit – et particulièrement le récit d’une (ou des) vie(s) – constitue un point de passage : il pose la question de la communicabilité ou de l’échange des expériences. D’où la difficulté que Ricœur a lui-même affrontée : qu’en est-il des vies qui ne trouvent pas de (...) narrateur? (shrink)

PRELIMINAR Y STA TEMENT BY IA NNIS XENA KIS Subtended Philosophy* The worlds of classical, contemporary, pop, folk, traditional, avant-garde, etc., ...

À la figure moderne du mal politique – et plus particulièrement à la pathologie des systèmes totalitaires qui engendrent la « superfluité » des individus – Arendt avait associé, au moment du procès Eichmann, l’idée de la « banalité du mal ». C’est par cette formule – la « terrible », l’ « indicible », l’ « impensable » banalité..

Le débat entre Carl Schmitt et Hans Blumenberg a des implications considérables. Il porte en dernière analyse sur le statut et la valeur assignés à la modernité, sur l’intelligibilité de l’histoire , sur la nature de la « légitimité » et donc in fine sur la confrontation entre « théologie politique » et « philosophie politique ». Ce dernier aspect pourrait également nous éclairer sur la fascination exercée par la pensée de Schmitt sur la « radicalité » politique actuelle. En (...) définitive, le débat porte sur le sens et la validité de la « sécularisation » et de la « sécularité » entendues comme catégories interprétatives de la modernité.The issue between Carl Schmitt and Hans Blumenberg has significant involvements. It turns ultimately on the statute and the value of modernity, on the intelligibility of history , on the nature of legitimity and at last on the collation between « political theology » and « political philosophy ». Seen from that side, it might to throw some light on the fascination exerted by Schmitt’s thought on political « radicality » today. That issue finally turns on meaning and validity of « secularisation » and « secularity » as interpretative categories for modernity. (shrink)

Schweppenhauser, H. Quelques exemples de critiques adressées à Adorno.--Bellasi, P. Le bébé avec l'eau du bain.--Höhn, G. Une logique de la décomposition.--Jimenez, M. Théorie critique et théorie de l'art.--Baučar, E. L'esthétique comme anthropologie.--Revault d'Allonnes, O. Adorno non adorno.--Makarius, M. I. Adorno et le viol de la médiation.--Ladmiral, J. R. Adorno contra Heidegger.--Naggar, C. John Heartfield, dada-monteur.--Noguez, D. Jean Mitry et le cinéma expérimental.--S., E. In memoriam Jacques Duron.--Revault d'Allonnes, O. L'Institut d'esthétique s'installe 162, rue Saint-Charles à (...) Paris XVe.--Saison, M. Étude critique d'une création théâtrale. (shrink)

This reader is the first of its kind to present the work of leading French women philosophers to an English-speaking audience. Many of the articles appear for the first time in English and have been specially translated for the collection. Christina Howells draws on major areas of philosophical and theoretical debate including Ethics, Psychoanalysis, Law, Politics, History, Science and Rationality. Each section and article is clearly introduced and situated in its intellectual context. The book is necessarily feminist in inspiration but (...) draws on an unusually wide range of thinkers, chosen to represent the philosophy of women rather than feminist philosophy. It will be ideal for anyone coming to this area for the first time as well as those seeking to extend their understanding of French thought and Continental Philosophy. Articles by the following writers are included: Francoise Collin, Sylviane Agacinski, Catherine Chalier, Luce Irigaray, Francoise Proust, Francoise Dastur, Barbara Cassin, Natalie Depraz, Elisabeth de Fontenay, Elisabeth Badinter, Francoise Heritier, Helene Cixous, Monique Schneider, Julia Kristeva, Sarah Kofman, Monique David Menard, Francoise d'Eaubonne, Genevieve Fraisse, Michele Le Doeuff, Natalie Charraud, Francoise Balibar, Anne Fagot-Largeault, Colette Guillaumin, Dominique Schnapper, Myriam Revault-D'Allonnes, Nicole Loraux, Mireille Delmas-Marty, Blandine Kriegel. (shrink)

La relation de Deleuze à Gueroult est paradoxale. Car sur un plan strictement philosophique, Gueroult professait un rationalisme qui n’avait pas grand-chose à envier à celui d’Alquié ou d’Hyppolite que Deleuze ne manquera pas de critiquer sévèrement. Simplement, non seulement Deleuze n’a pas critiqué les positions de Gueroult, mais il les a même constamment reprises à son compte. Comment l’expliquer? La raison nous semble la suivante : c’est que Gueroult n’a cessé d’accompagner et de porter l’exigence d’un « ordre synthétique (...) » ou d’un « dynamisme génétique » en philosophie ; or, avant d’être une méthode pour l’historien de la philosophie, cette exigence exprime une certaine conception de la philosophie, dont découlent et la pratique et la philosophie de l’histoire de la philosophie ; et si Deleuze a repris à son compte les positions de Gueroult, c’est qu’il n’a cessé d’alimenter son propre travail philosophique à l’exigence portée par Gueroult, et à la conception de la philosophie qu’elle exprimait. Dans l’œuvre de Deleuze, cette exigence a même rendu possible un geste décisif, au-delà de l’ambition de Gueroult : la critique du rationalisme au nom d’un empirisme transcendantal. Avec Gueroult, au-delà de Gueroult. Le disciple s’est fait créateur. C’est peut-être en ce sens qu’il faut entendre la remarque d’Olivier Revault d’Allonnes : « J’ai toujours trouvé que Gilles [Deleuze] a été un grand élève de Gueroult ». (shrink)

The Facts of Causation grapples with one of philosophy's most enduring issues. Causation is central to all of our lives. What we see and hear causes us to believe certain facts about the world. We need that information to know how to act and how to cause the effects we desire. D. H. Mellor, a leading scholar in the philosophy of science and metaphysics, offers a comprehensive theory of causation. Many questions about causation remain unsettled. In science, the indeterminism of (...) modern physics and genetics have made such questions considerably harder for philosophers to answer. While progress has been made, a complete account of the nature and cosequences of causation is long overdue. This major study provides that account. (shrink)

D. H. Mellor; VI*—Conscious Belief, Proceedings of the Aristotelian Society, Volume 78, Issue 1, 1 June 1978, Pages 87–102, https://doi.org/10.1093/aristotelian.

Originally published in 1936, this book presents the ancient Greek text of the paraphrases and quotations of Zeno's philosophical arguments, together with a facing-page English translation and editorial commentary. Detailed notes are incorporated throughout and a bibliography is also included. This book will be of value to anyone with an interest in Zeno and ancient philosophy.

The subject of the present inquiry is the approach-to-the-truth research, which started with the publication of Sir Karl Popper's Conjectures and Refutations. In the decade before this publication, Popper fiercely attacked the ideas of Rudolf Carnap about confirmation and induction; and ten years later, in the famous tenth chapter of Conjectures he introduced his own ideas about scientific progress and verisimilitude. Abhorring inductivism for its apprecia tion of logical weakness rather than strength, Popper tried to show that fallibilism could serve (...) the purpose of approach to the truth. To substantiate this idea he formalized the common sense intuition about preferences, that is: B is to be preferred to A if B has more advantages andfewer drawbacks than A. In 1974, however, David Millerand Pavel Tichy proved that Popper's formal explication could not be used to compare false theories. Subsequently, many researchers proposed alternatives or tried to improve Popper's original definition. (shrink)

_Probability: A Philosophical Introduction_ introduces and explains the principal concepts and applications of probability. It is intended for philosophers and others who want to understand probability as we all apply it in our working and everyday lives. The book is not a course in mathematical probability, of which it uses only the simplest results, and avoids all needless technicality. The role of probability in modern theories of knowledge, inference, induction, causation, laws of nature, action and decision-making makes an understanding of (...) it especially important to philosophers and students of philosophy, to whom this book will be invaluable both as a textbook and a work of reference. In this book D. H. Mellor discusses the three basic kinds of probability – physical, epistemic, and subjective – and introduces and assesses the main theories and interpretations of them. The topics and concepts covered include: * chance * frequency * possibility * propensity * credence * confirmation * Bayesianism. _Probability: A Philosophical Introduction_ is essential reading for all philosophy students and others who encounter or need to apply ideas of probability. (shrink)

This selection of D. H. Mellor's work demonstrates the wide ranging originality of his work. It gathers together sixteen major papers on related topics. Together they form a complete modern metaphysics. The first five papers are on aspects of the mind: on our 'selves', their supposed subjectivity and how we refer to them, on the nature of conscious belief and on computational and physicalist theories of the mind. The next five papers deal with dispositions, natural kinds, laws of nature and (...) how they involve natural necessity, universals and objective chances, and the relation between properties and predicates. Then follow three papers about the relations between time, change and causation, the nature of individual causes and effects and of the causal relation between them, and how causation depends on chance. The last three papers discuss the relation between chance and degrees of belief, give a solution to the problem of induction, and argue for an objective interpretation of decision theory. (shrink)

D. H. Mellor; VI*—Conscious Belief, Proceedings of the Aristotelian Society, Volume 78, Issue 1, 1 June 1978, Pages 87–102, https://doi.org/10.1093/aristotelian.

In this essay, I claim that certain passages in Book IV of Benedict de Spinoza’s Ethics suggest a novel version of what is known as metaethical constructivism. The constructivist interpretation emerges in the course of attempting to resolve a tension between Spinoza’s apparent ethical egoism and some remarks he makes about the efficacy of collaborating with the right partners when attempting to promote our individual self-interest . Though Spinoza maintains that individuals necessarily aim to promote their self-interest, I argue that (...) Spinoza has an atypical conception of self that allows the interests of other people to be partially constitutive of one's own self-interest. In this way, Spinoza can account for the rationality of concern for the interests of others . This interpretation attributes to Spinoza a form of constructivism that differs in important ways from contemporary Humean and Kantian constructivisms and which can in principle be detached from Spinoza’s particular metaphysical commitments in order to yield a third general category of constructivist view . Though my treatment is necessarily brief, it is my hope that it can serve both to motivate a constructivist reading of Spinoza and, perhaps even more crucially, to suggest a Spinozistic variety of constructivism as a live theoretical option in metaethics. (shrink)

Both the concept of a Darwinian tree of life (TOL) and the possibility of its accurate reconstruction have been much criticized. Criticisms mostly revolve around the extensive occurrence of lateral gene transfer (LGT), instances of uptake of complete organisms to become organelles (with the associated subsequent gene transfer to the nucleus), as well as the implications of more subtle aspects of the biological species concept. Here we argue that none of these criticisms are sufficient to abandon the valuable TOL concept (...) and the biological realities it captures. Especially important is the need to conceptually distinguish between organismal trees and gene trees, which necessitates incorporating insights of widely occurring LGT into modern evolutionary theory. We demonstrate that all criticisms, while based on important new findings, do not invalidate the TOL. After considering the implications of these new insights, we find that the contours of evolution are best represented by a TOL. (shrink)