La Preisfrage de 1763 était, à l’époque, incroyablement actuelle. En effet, autour de 1761, à l’Académie de Berlin et en dehors d’elle, une somme de facteurs vint menacer la supériorité incontestée de la méthode démonstrative. Même si l’optimisme suscité par les mathématiques était encore victorieux, le paradigme de la certitude absolue était imperceptiblement en train de se transformer. On se distanciait d’un certain cartésianisme et, pour utiliser le mot de Voltaire, au « compas de la mathématique » on (...) ajoutait « le flambeau de l’expérience ». On jugeait le réquisit pur de la déduction logique trop élevé pour l’entendement humain, et l’on avait tendance à souligner les traits sensibles du plan syntaxique des figures géométriques ou des preuves des faits. Cette circonspection concernant la rhétorique de la démonstrationest bien visible dans les pages anonymes des réponses à cette Preisfrage : la plupart sont favorables à l’évidence géométrique en métaphysique, mais le scepticisme vis à vis des démonstrations mathématiques inflexibles est palpable. Le pruritus demonstrandi contenait-il déjà en lui-même, par son outrance, le germe du futur dédain pour les démonstrations en philosophie ? (shrink)

Cet article cherche à reconstituer la thèse de Christian Wolff sur l’évidence (Deutlichkeit) des principes métaphysiques, dans un article de 1729 sur les « Notions directrices et le véritable usage de la première science », qui offre une référence centrale (et méconnue aujourd’hui) aux répondants du concours de 1762-1763, dont Kant. Wolff affirme en effet que la métaphysique est susceptible d’une certitude égale voire supérieure à celle des mathématiques et qu’elle diffuse cette certitude à travers toutes les autres disciplines (...) ; c’est cette thèse forte qu’il s’agira précisément de questionner en 1763. Une lecture plus attentive de l’article de Wolff permet d’en dégager certaines prémisses. La thèse de Wolff sur la certitude mathématique de la métaphysique est fondée sur un renversement de l’ordre de priorité entre métaphysique (ontologie) et mathématiques. Selon Wolff qui, dans son débat avec les mathématiques, s’appuie notamment sur la géométrie euclidienne, ce sont des notions métaphysiques qui fondent la validité des règles mathématiques et logiques. Des notions comme « identité », « chose », « possibilité », etc., possèdent en effet un statut « directeur » ou méthodique, dirigeant l’esprit sur le chemin de la connaissance et, sous une forme systématisée, composent une ontologie moderne et « architectonique ». La restitution de ce cadre permet de mieux voir la continuité méthodologique entre Wolff et Kant. En effet, même si Kant conteste la validité de quelques-uns de ces concepts, les modalités de leur systématisation et l’équation entre science architectonique et ontologie, sa Recherche sur l’évidence des principes s’inscrit à l’intérieur du programme, esquissé par Wolff, de la fondation d’une métaphysique architectonique contenant un tableau de concepts directeurs. De ce point de vue, Kant s’avère plus tributaire de la méthode wolffienne qu’il n’est supposé communément, et leur débat gagne en profondeur. (shrink)

Dans la formulation de la question du concours de l’Académie de Berlin de 1763, le texte français utilise le mot « évidence » là où le texte allemand mentionne des deutliche Beweisen. Que manifeste cette différence? Quelles en sont les conséquences? Les termes « évidence », Deutlichkeit, « certitude » apparaissent de manières très différentes dans les réponses. La multiplication terminologique et conceptuelle correspond à une profonde ambiguïté épistémologique. Au sein des réponses rédigées en allemand, la notion de Deutlichkeit (...) n’est pas centrale, tandis que l’est celle de Gewißheit. Les réponses rédigées en français font, quant à elles, toutes référence à l’« évidence », mais ce terme apparaît peu défini et trop ample. Ainsi, c’est l’esprit plutôt que la lettre de la question qui a été en jeu. La plupart des réponses se rejoignent cependant sur une analyse de la « nécessité de croire » à l’œuvre à la fois dans l’évidence, la certitude et la Deutlichkeit et sur la force coercitive de la démonstration. (shrink)

Dans la formulation de la question du concours de l’Académie de Berlin de 1763, le texte français utilise le mot « évidence » là où le texte allemand mentionne des deutliche Beweisen. Que manifeste cette différence ? Quelles en sont les conséquences ? Les termes « évidence », Deutlichkeit, « certitude » apparaissent de manières très différentes dans les réponses. La multiplication terminologique et conceptuelle correspond à une profonde ambiguïté épistémologique. Au sein des réponses rédigées en allemand, la notion (...) de Deutlichkeit n’est pas centrale, tandis que l’est celle de Gewißheit. Les réponses rédigées en français font, quant à elles, toutes référence à l’« évidence », mais ce terme apparaît peu défini et trop ample. Ainsi, c’est l’esprit plutôt que la lettre de la question qui a été en jeu. La plupart des réponses se rejoignent cependant sur une analyse de la « nécessité de croire » à l’œuvre à la fois dans l’évidence, la certitude et la Deutlichkeit et sur la force coercitive de la démonstration. (shrink)

Dans ce texte, je me concentre sur le rôle que jouent les « concepts fondamentaux » dans les premières esquisses de deux projets de réforme de la métaphysique : ceux de Johann Nikolaus Tetens et d’Emmanuel Kant. Un an avant la publication, par l’Académie de Berlin, de la fameuse Preisfrage de 1761 (qui demande une comparaison de la méthode en métaphysique avec celle utilisée en géométrie), Tetens a déjà publié un petit texte dans lequel il cherche les causes du (...) faible nombre de vérités acquises en métaphysique. Selon lui, bien que la méthode des géomètres soit recommandable, elle ne peut être simplement copiée en philosophie et ne saurait garantir la même clarté que celle que l’on observe en mathématiques. De toute façon, afin de pouvoir utiliser cette méthode, la tentative de construire une métaphysique contenant uniquement des vérités non réfutables doit débuter avec la recherche des concepts ontologiques fondamentaux. De son côté, en 1763, Kant a explicitement répondu à la Preisfrage, mais il n’est pas faux de dire que sa recherche d’une réponse définitive n’aboutira qu’en 1781, avec la publication de la Critique de la raison pure. Cette réponse à la crise de la métaphysique inclut une nouvelle théorie de l’objectivité. Comme on le sait, dans cette théorie, un rôle important revient aux premiers concepts de l’entendement (les catégories). Comment se fait-il que le problème des concepts premiers et le problème de l’objectivité ont été corrélés aussi bien par Tetens que par Kant? Et qui s’est inspiré de qui? (shrink)

In "Off Track" art and philosophy are the inspiration to look differently at daily life and organizations. The book is a plea to approach the complexity of the current world with new metaphors. The author calls this "hinking around". She sees that in "square worlds" there is a need for tools to approach entrenched patterns and systems differently and to get thought processes moving. Sarai van de Boel challenges the reader to look at one's own systems from the inside with (...) a philosophical approach. In eight chapters there are eight "tracks" to follow, but it is also possible to go off the rails. More than fifty works of art by well-known and lesser-known artists and designers play a role in these traces. The author questions the essence of their works and asks philosophical questions about phenomena they evoke. With Marlene Dumas, Marinus Boezem, L.A. Raeven, Ed Atkins, Wong Ping, Kazumasa Nagai, Remy Jungerman, Otto Piene, Eiko Ishioka, Campana brothers, Ann Demeulemeester and Kara Walker. The book ends with the Art & Philosophy Strategy, a theoretical framework for the use of art and philosophy. (shrink)

Schopenhauers »Preisschrift über die Freiheit des Willens« ist eine der wenigen Einsendungen zu einem Wettbewerb, die nachhaltige Berühmtheit erlangt haben. Die Norwegische Sozietät der Wissenschaften in Trondheim hatte 1839 die Preisfrage gestellt »Lässt sich die Freiheit des menschlichen Willens aus dem Selbstbewusstsein beweisen?«, und Schopenhauers anonym eingesandte Abhandlung – die einzige – bekam den Preis zugesprochen.

Este trabajo trata de la importancia que tienen los estudiantes de medicina para responder a las demandas de atención médica en México; alude al proceso histórico que determina esta situación y la construcción de la categoría “médicos en formación”; refiere las condiciones laborales, educativas y de salud de los estudiantes de medicina en las unidades médicas, y su impacto sobre la calidad de la atención médica. Desde la perspectiva ética y de los derechos humanos se plantea que los programas de (...) educación médica, y en particular la categoría de “médicos en formación”, pueden, paradójicamente, violentar tanto el derecho a la educación como el derecho a la atención médica, y dañar tanto la salud de los estudiantes como la de la población por ellos atendida. Se concluye que debe desarrollarse un nuevo respaldo ético docente asistencial para educación médica en las unidades de atención médica. (shrink)

Para construir seu próprio edifício filosófico em _Diferença e Repetição_, Deleuze dedicou-se no início de sua trajetória à pesquisa sistemática daquilo que chamou de “linhagem menor” em história da filosofia. Neste artigo buscamos explorar especificamente o embate deleuziano com o pensamento de Leibniz, situado no limiar dessa linhagem. Embora uma monografia mais extensiva tenha sido publicada por Deleuze apenas décadas mais tarde, seguimos a hipótese de que seus primeiros esboços críticos sobre o pensamento leibniziano aparecem já no seminário _O que (...) é fundar?_, endereçado ao problema do fundamento. À luz desse texto, abre-se uma perspectiva produtiva para a compreensão da relação entre as filosofias dos dois pensadores. (shrink)

This paper is in five sections. In the first one, I summarize some views on truthmaking I will be presupposing, emphasizing however the various controversies on which I will remain neutral. In section two and three, I present the characterization of a response-dependent property. In section four, I present two ways in which a property can be response-dependent, in the characterized sense. In final section five, I present how these correspond to different versions of moderate relativism, namely indexical and nonindexical (...) contextualism. Thus the view presented here contrasts not only with pluralism about truth, but also with radical relativism about truth, as recently defended by John MacFarlane. (shrink)

A rigorous ab initio derivation of the (square of) Dirac’s equation for a particle with spin is presented. The Lagrangian of the classical relativistic spherical top is modified so to render it invariant with respect conformal changes of the metric of the top configuration space. The conformal invariance is achieved by replacing the particle mass in the Lagrangian with the conformal Weyl scalar curvature. The Hamilton-Jacobi equation for the particle is found to be linearized, exactly and in closed form, by (...) an ansatz solution that can be straightforwardly interpreted as the “quantum wave function” of the 4-spinor solution of Dirac’s equation. All quantum features arise from the subtle interplay between the conformal curvature acting on the particle as a potential and the particle motion which affects the geometric “pre-potential” associated to the conformal curvature itself. The theory, carried out here by assuming a Minkowski metric, can be easily extended to arbitrary space-time Riemann metric, e.g. the one adopted in the context of General Relativity. This novel theoretical scenario appears to be of general application and is expected to open a promising perspective in the modern endeavor aimed at the unification of the natural forces with gravitation. (shrink)

Cet article cherche à reconstituer la thèse de Christian Wolff sur l’évidence (Deutlichkeit) des principes métaphysiques, dans un article de 1729 sur les « Notions directrices et le véritable usage de la première science », qui offre une référence centrale (et méconnue aujourd’hui) aux répondants du concours de 1762-1763, dont Kant. Wolff affirme en effet que la métaphysique est susceptible d’une certitude égale voire supérieure à celle des mathématiques et qu’elle diffuse cette certitude à travers toutes les autres disciplines (...) ; c’est cette thèse forte qu’il s’agira précisément de questionner en 1763. Une lecture plus attentive de l’article de Wolff permet d’en dégager certaines prémisses. La thèse de Wolff sur la certitude mathématique de la métaphysique est fondée sur un renversement de l’ordre de priorité entre métaphysique (ontologie) et mathématiques. Selon Wolff qui, dans son débat avec les mathématiques, s’appuie notamment sur la géométrie euclidienne, ce sont des notions métaphysiques qui fondent la validité des règles mathématiques et logiques. Des notions comme « identité », « chose », « possibilité », etc., possèdent en effet un statut « directeur » ou méthodique, dirigeant l’esprit sur le chemin de la connaissance et, sous une forme systématisée, composent une ontologie moderne et « architectonique ». La restitution de ce cadre permet de mieux voir la continuité méthodologique entre Wolff et Kant. En effet, même si Kant conteste la validité de quelques-uns de ces concepts, les modalités de leur systématisation et l’équation entre science architectonique et ontologie, sa Recherche sur l’évidence des principes s’inscrit à l’intérieur du programme, esquissé par Wolff, de la fondation d’une métaphysique architectonique contenant un tableau de concepts directeurs. De ce point de vue, Kant s’avère plus tributaire de la méthode wolffienne qu’il n’est supposé communément, et leur débat gagne en profondeur. (shrink)

Resenha de Leão, D.; Guerrier, O. (eds.). Figures de sages, figures de philosophes dans l'oeuvre de Plutarque (2019).

Carta escrita por Gilda de Mello e Souza, remetida ao colega Oswaldo Porchat, que se encontrava em Berkeley, quando a ditadura civil-militar brasileira, recrudescida desde a implantação, em agosto de 1968, do AI-5, representava uma verdadeira ameaça a estudantes e docentes da Universidade de São Paulo, especialmente se lhe fizessem qualquer tipo de oposição. Porchat trocou uma sequência de cartas com Gilda nessa época, nas quais relata sua desilusão com a Faculdade de Filosofia, e com os acontecimentos políticos no Brasil. (...) Ao mesmo tempo, confessa estar encantado com a descoberta de novos elementos da Lógica, e com a atmosfera mais amena dos Estados Unidos. Porchat sabe que Gilda enfrenta momentos difíceis, tendo de assumir a Presidência do curso em meio à tentativa do reitor Miguel Reale de submetê-lo a um interventor. Enfrentando a dúvida sobre se valeria a pena retornar ao Brasil naquele momento, Porchat escreve à amiga. A carta a seguir expressa, dentro do que era possível na época, quando as correspondências eram vigiadas, o parecer de Gilda sobre as indagações do amigo, sobre os rumos da ditadura, e sobre o que ela pensava de sua própria atitude de resistência naquele contexto. A carta original, assim como a sequência de correspondências da qual faz parte, está depositada no Fundo Gilda de Mello e Souza, no Instituto de Estudos Brasileiros (IEB/USP). Agradeço à família de Gilda, especialmente a Ana Luisa Escorel e a Laura Escorel, pela disponibilização desse documento para a presente publicação. (shrink)

Esta pesquisa tem como objetivo discutir, com fundamentação teórica na Psicologia Analítica de C. G. Jung, as concepções de médicos e psicólogos sobre o processo saúde-doença e a formação do profissional para atuar em contexto hospitalar. A partir de uma pesquisa em campo qualitativa-descritiva, est..

Ensayo -- Palabras finales -- Selección de textos.

Marsilio de Pádua e Guilherme de Ockham viveram seus últimos anos na corte de Luís da Baviera. Ambos opuseram-se aos papas da época. Entretanto, a posição deles a respeito do primado do sumo pontífice não é idêntica. Enquanto Marsílio a nega quase totalmente, Ockham observa que se trata de um problema de cunho teológico e critica os argumentos de Marsílio.

Este artigo tem como objetivo analisar a teoria dialética de Karl Marx, evidenciando suas contribuições para a filosofia. Por meio de uma revisão bibliográfica, que visa descrever as principais teorias sobre o assunto, será apresentado ao leitor que o ponto de partida para o pensamento de Marx é uma crítica a toda filosofia hegeliana, sendo a partir do confronto de ideias com o Filosofo Hegel e da esquerda hegeliana, que Marx vai construir as bases para o seu pensamento filosófico. Sua (...) teoria que posteriormente seria chamada de materialismo histórico dialético pelos seus interpretes, seria uma síntese da dialética hegeliana e do materialismo de Feuerbach, sendo concebida como um conjunto de leis que explicam a evolução da natureza como uma relação determinada por elementos da economia, sociedade e história. Essa idéia utópica compartilhada por Marx, Engels e seus sucessores foi refutada por desenvolvimentos subsequentes da filosofia. De fato, a filosofia, por sua própria natureza, é pluralista e interminável. (shrink)

Este texto apresenta uma investigação/formação em estágio inicial de recolha de informações, vinculada ao Programa de Pós-Graduação em Educação da Universidade Estadual do Sudoeste da Bahia. Vincula-se à seguinte questão: Como as experiências vividas com a Matemática, nos percursos de formação, se expressam na professoralidade de pedagogos/professores? Tem como objetivos analisar experiências e percursos de formação de pedagogos/professores e as possibilidades destas terem resvalado para os modos de composição da professoralidade; compreender como se evidenciam, na professoralidade de pedagogos/professores, em denominados (...) movimentos de professoralização, em especial na lida com a Matemática. Alicerça-se em referenciais epistemológicos e metodológicos biográficos e dá indícios de estar a contribuir para a concepção da formação profissional como algo propiciador de dinâmicas de transformação. Com isso, viabiliza o tratamento da formação como autoformação, demonstrando que o ser humano, ao viver experiências de si, rearranja, continuamente, forças vitais criadoras de estados inéditos de ser. (shrink)