La citation récurrente de Sg 9, 15 : « Le corps qui se corrompt appesantit l’âme et sa demeure de terre accable l’esprit aux multiples pensées », dans le corpus augustinien, semble être l’indice d’un mépris du corps, hérité de la tradition platonicienne du corps-prison. De fait, dans ses premières œuvres, Augustin cite Sg 9, 15 pour affirmer que le corps est un obstacle à la contemplation de la vérité. Mais, dans ses œuvres ultérieures, il utilise Sg 9, 15 pour (...) établir, contre les platoni­ciens, que le corps n’est pas la prison de l’âme et que le poids du corps est à imputer, non au corps lui-même, mais à sa corruptibilité : il n’y a donc pas à « fuir tout corps », comme le veut Porphyre. Face à Julien d’Éclane, enfin, il souligne, en citant Sg 9, 15, que la condition peineuse de l’homme aujourd’hui n’est pas le propre de la nature primitive de l’homme, mais la peine du péché qui a vicié la nature. (shrink)

Si l'analyse augustinienne du temps, dans le livre 11 des Confessions, ne cesse d'être revisitée par nos contemporains, il devient légitime de s'in­terroger sur la pertinence de ces relectures, ne serait-ce qu'en raison de ce que le philosophe ou le théologien peut y déceler comme indice de la pertinence et de la fécondité de la réflexion d'Augustin sur le temps. Trois « relectures » philosophiques, de Paul Ricoeur, de Jean-Toussaint Desanti et de Claude Romano, et une « variation théologique », (...) de Hans Urs von Balthasar, servent de base de réflexion à l'auteur, au terme de laquelle se dessinent des variations assez difficilement conciliables dans la mesure d'abord où elles témoignent de différences de degrés dans la fidélité à l'inspiration d'Augustin. Du moins y a-t-il là témoignage de la force du propos augustinien, passage obligé quand on s'interroge sur le temps.If the Augustinian analysis of time, in the eleventh book of the Confessions, does not cease to be revisited by our contemporaries, it becomes legitimate to ask about the pertinence of these rereadings, if only for the reason that the philosopher or theologian could discern an indication of the importance and fecundity of Augus­tin's reflection on time. Three philosophical « rereadings », of Paul Ricoeur, Jean-Toussaint Desanti, and Claude Romano, and a « theological variation », of Hans Urs von Balthasar, serve the author as a basis for reflection. At the end there appear some variations somewhat difficult to reconcile, in so far as they point out the differences of degree in the fidelity to Augustin's inspiration. At the least, this is a testimony to the power of the Augustinian position, a necessary passage when one questions time. (shrink)

Pour Augustin, l’image est-elle obstacle ou voie d’accès à Dieu ? Si les images peuvent aliéner l’homme, elles rendent aussi possible son accès à Dieu, lorsqu’il y reconnaît des signes du Créateur ; il est alors invité à revenir à lui-même pour se découvrir « imago Dei ». Cette image de Dieu en l’homme est lumineuse, lorsque l’esprit se saisit lui-même dans sa pureté et tend vers Dieu ; elle s’obscurcit et se déforme, quand l’âme se complaît dans les images (...) des corps au point de « s’en envelopper ».According to Augustine is image an obstacle toward God or does it lead up to Him ? Images can alienate man, but they can also give access to God, if man recognizes signs of the Creator in them ; therefore he is invited to come to himself in order to see the image of God in himself. This image of God becomes clear, when the mind understands itself purely and is bended to God ; on the contrary the image of God becomes obscure and distorted when the soul delights in body pictures so much so that it wraps itself in them. (shrink)

El artículo versa sobre los primeros comentarios de Agustín a Rm 9, haciendo la comparación entre exp. prop. rom. y Simpl., para resaltar la importante evolución que se da en la explicación agustiniana de Rm 9 y su forma de entender la elección del Dios. También aborda, ciñiéndose a algunos textos fundamentales, la manera en la que Agustín usa y comenta Rm 9 en la polémica antipelagiana.

Nombreux sont les commentateurs des lettres de Paul, en monde latin, à la fin du IVe et au début du Ve siècle, ce qui s’explique sans doute par les controverses doctrinales sur la personne du Christ, mais aussi par le souci de proposer un idéal de vie chrétienne : Paul est alors présenté comme un modèle de conversion et un maître spirituel. C’est dans ce contexte qu’il faut situer l’intérêt d’Augustin pour Paul, lequel est effectivement pour Augustin un maître. Même (...) s’il n’est pas possible d’examiner systématiquement l’interprétation qu’Augustin donne des lettres de Paul, I. Bochet souligne ici le rôle de Paul dans la vie et la pensée d’Augustin, rôle qui a été déterminant : dans sa conversion tout d’abord, dans sa formation théologique également, mais aussi dans son herméneutique scropturaire et dans son enseignement sur la grâce.At the end of the fourth and beginning of the fifth century in the Latin world, there were numerous commentaries on the letters of Paul, which is undoubtedly explained by the doctrinal controversies about the person of Christ, but also by a concern to propose an ideal of the Christian life. Paul, then, is presented as a model of conversion and a spiritual master. It is in this context that one should situate Augustine’s interest for Paul, who is effectively a master for Augustine. Even if it is not possible to systematically examine the interpretation that Augustine gives of Paul’s letters, I. Bochet underlines here the role of Paul in the life and thought of Augustine, a role that was determining: first all as regards his conversion, but equally in his theological formation, and also in his scriptural hermeneutic and in his teaching on grace. (shrink)

L’article présente et discute le livre de Michael Cameron, Christ Meets Me Everywhere. Augustine’s Early Figurative Exegesis. Dans cet ouvrage, M. Cameron expose la manière dont Augustin a élaboré sa méthode d’interprétation figurative de l’Ancien Testament, depuis ses premières œuvres jusqu’en 400 environ, c’est-à-dire jusqu’à la rédaction des Confessions, du De catechizandis rudibus et du Contra Faustum manichaeum. La force du livre est d’articuler la christologie d’Augustin à sa lecture figurative des Écritures: la manière dont Augustin a peu à peu (...) compris la profondeur de la médiation du Christ, à la fois Dieu et homme, grâce à la lecture de Paul et des Psaumes, est à lier à l’importance qu’il donne, dans l’Écriture, aux signa translata. M. Cameron montre bien le rôle qu’a joué Ambroise en permettant à Augustin de rattacher la Bible au cadre rhétorique qui lui était familier; il serait fécond de compléter ses remarques en analysant aussi la pratique exégétique d’Ambroise sur quelques exemples et en précisant le rôle de Tyconius dans la formation de l’exégèse figurative d’Augustin. Le jugement que porte M. Cameron sur le De doctrina christiana qu’il juge “expérimental et incomplet à bien des titres” mérite sans doute d’être un peu nuancé. (shrink)

Dans sa polémique contre Marcion, Tertullien définit à maintes reprises Dieu comme « la grandeur suprême ». Pour Tertullien, cette définition qui exprime la transcendance divine est celle que reconnaît « la conscience universelle », celle sur laquelle tous s'accordent. Le débat entre Tertullien et Marcion porte donc sur ce qui convient ou non à « la grandeur suprême » qu'est Dieu. Doit-on la penser, à la manière de Marcion, comme une transcendance telle qu'on ne peut la connaître et qui (...) exclut par principe tout contact réel avec le monde, a fortiori avec la chair ? Doit-on au contraire affirmer, avec Tertullien, que « c'est lorsque Dieu est tout petit au regard de l'homme qu'il est, au plus haut degré, grand. » Dans sa polémique contre Marcion, Tertullien fait appel à la raison : il dé¬nonce l'irrationalité du Dieu de Marcion. Pourtant, pour justifier l'incarnation, il n'hésite pas à utiliser à plusieurs reprises le paradoxe Pour dépasser ce qui paraît de prime abord contradictoire, il faudra s'interroger sur le statut du paradoxe, sur son rapport à la raison, mais aussi à la foi.In his polemic against Marcion, Tertullian frequently defines God as “the supreme greatness”. For Tertullian, this definition, which expresses divine transcendence, is the one that “the universal conscience” recognizes, the definition everyone agrees upon. Hence, the debate between Tertullian and Marcion is about what it is properly or not related to the “supreme greatness” that is God. Should this be thought of, as for Marcion, as a trancendence one cannot know and that excludes in principle all real contact with the world, a fortiori with the flesh? Or, on the contrary, must one say, with Tertullian, that it is “when God is quite small in the eyes of man that He is, in the highest degree, great”? In his polemic against Marcion, Tertullian appeals to reason: he denounces the irrationality of the God of Marcion. However, in order to justify the incarnation, Tertullian does not hesitate to use paradox several times. In order to surmount what may at first appear contradictory, we must question the status of paradox, its relation to reason and also to faith. (shrink)

[Omslag] La question du mal résonne à travers toute l'œuvre de Paul Ricoeur comme une énigme et un scandale : très présente dès les premières œuvres, dans Finitude et culpabilité ou dans Le conflit des interprétations, elle est également au centre de l'inédit Logique, éthique et tragique du mal chez saint Augustin et elle resurgit avec force dans l'essai, Le mal. Un défi à la philosophie et à la théologie. Il n'en est pas de même de la thématique du pardon, (...) qui n'est vraiment développée que dans les dernières œuvres, en particulier dans l'épilogue de La mémoire, l'histoire, l'oubli. Et pourtant, si, comme le dit Ricoeur, « la compassion vient briser le cercle vicieux de la culpabilité », n'est-ce pas à la lumière du pardon qu'il importe de revisiter la question de la faute et même l'excès du mal? C'est l'hypothèse que suggère cet ouvrage consacré à l'œuvre de Paul Ricoeur. Fruit d'une journée d'étude organisée conjointement par le Centre Sèvres - Facultés jésuites de Paris et le Fonds Ricoeur, à l'occasion du centenaire de la naissance de Paul Ricoeur, ce volume offre en outre un long inédit de Paul Ricoeur, qui éclaire la manière dont il a travaillé Augustin, mais aussi la genèse et l'évolution de sa pensée sur la question du mal. (shrink)

Alfred North Whitehead has never gone out of print, but for a time he was decidedly out of fashion in the English-speaking world. In a splendid work that serves as both introduction and erudite commentary, Isabelle Stengersâe"one of todayâe(tm)s leading philosophers of scienceâe"goes straight to the beating heart of Whiteheadâe(tm)s thought. The product of thirty yearsâe(tm) engagement with the mathematician-philosopherâe(tm)s entire canon, this volume establishes Whitehead as a daring thinker on par with Gilles Deleuze, Felix Guattari, and Michel Foucault. (...) Reading the texts in broadly chronological order while highlighting major works, Stengers deftly unpacks Whiteheadâe(tm)s often complicated language, explaining the seismic shifts in his thinking and showing how he called into question all that philosophers had considered settled after Descartes and Kant. She demonstrates that the implications of Whiteheadâe(tm)s philosophical theories and specialized knowledge of the various sciences come yoked with his innovative, revisionist take on God. Whiteheadâe(tm)s God exists within a specific epistemological realm created by a radically complex and often highly mathematical language. âeoeTo think with Whitehead today,âe Stengers writes, âeoemeans to sign on in advance to an adventure that will leave none of the terms we normally use as they were.âe. (shrink)

New paradigms in the psychology of reasoning have included a consideration for general contextual factors that may impact on the reasoning process, including individuals’ goals and motivations. We suggest that emotions are one such important contextual factor that influences reasoning. The classic literature on thinking and reasoning has typically ignored the possible influence of emotion, except to consider it a source of disruption. We review findings from studies where participants were asked to reason about personally relevant emotional experiences such as (...) sexual abuse, war, and terrorist attacks. While some findings are consistent with the view that incidental emotions have a deleterious effect on reasoning, a number of findings also suggest a beneficial impact of emotion. For instance, veterans reasoned more logically about combat-related syllogisms than structurally identical syllogisms with neutral contents; victims of sexual abuse reporting more negative emotions following the events also reasoned more logically on abuse-related contents, relative to neutral contents. This may be associated with integral emotions, when the affective reaction is relevant to the semantic contents reasoned about. We propose that the positive impact of integral emotions on reasoning can be explained by increased utility of problem content and increased utility of reasoning. (shrink)

Biobanks correspond to different situations: research and technological development, medical diagnosis or therapeutic activities. Their status is not clearly defined. We aimed to investigate human biobanking in Europe, particularly in relation to organisational, economic and ethical issues in various national contexts. Data from a survey in six EU countries were collected as part of a European Research Project examining human and non-human biobanking. A total of 147 institutions concerned with biobanking of human samples and data were investigated by questionnaires and (...) interviews. Most institutions surveyed belong to the public or private non-profit-making sectors, which have a key role in biobanking. This activity is increasing in all countries because few samples are discarded and genetic research is proliferating. Collections vary in size, many being small and only a few very large. Their purpose is often research, or research and healthcare, mostly in the context of disease studies. A specific budget is very rarely allocated to biobanking and costs are not often evaluated. Samples are usually provided free of charge and gifts and exchanges are the common rule. Good practice guidelines are generally followed and quality controls are performed but quality procedures are not always clearly explained. Associated data are usually computerised. Biobankers generally favour centralisation of data rather than of samples. Legal and ethical harmonisation within Europe is considered likely to facilitate international collaboration. We propose a series of recommendations and suggestions arising from the EUROGENBANK project. (shrink)

How can a collective pay attention virtuously? Imagine a group of scientists. It matters what topics they pay attention to, that is, which topics they draw to the foreground and take to be relevant, and which they leave in the background. It also matters which aspects of an investigated phenomenon they foreground, and which aspects they leave unnoticed in the background. If we want to understand not only how individuals pay attention of this kind virtuously, but also collectives, we first (...) need a framework to understand virtuous collective agency. A result of this article will be that virtuous collective action depends on the collective being institutionalized. At the same time, we have to think of the constituents of the collective in terms of practical identities (as opposed to individuals). This is what enables us to understand how a collective can acquire the stability required for virtue, and how we don’t end up with a summative account of group virtue, respectively. It will be argued that collectives only have the required stability in their actions when their commitments are habitualized in the form of institutionalized procedures. An Aristotelian understanding of virtue distinguishes between commitment, inclination, and action. Only when a subject’s inclination is fully lined up with her commitment, do we arrive at the required stability (of character) for virtuous action. In the case of individuals, to build up an appropriate inclination consists in an inscribing of the commitment into the feelings and body of the subject. If a commitment is fully ‘embodied’ in this sense, it has formed the individual’s inclination accordingly. How can one make sense of this in the case of collective subjects? This article tries to show that for collectives, the embodiment of commitment (the forming of the fitting inclinations) consists in creating policies, procedures, and rules that stabilize the acting according to the commitment, irrespective of the motivation of each individual involved in the collective. Hence, embodiment of commitment, in the case of collectives, is institutionalization. The article then explores what this requirement of institutionalization means for collective attention. The illustration will draw on a distinction between focused and open-minded attention. It will be shown that for either case – focused and open-minded – in order for a collective to pay attention virtuously, it needs to have its commitments institutionalized. (shrink)

Participation of the Public in Science: Towards a New Kind of Scientific Practice Participation of the public in science has been the object of an increasing number of social and political philosophical studies, but there is still hardly any epistemological study of the topic. While it has been objected that involvement of the public is a threat to the integrity of science, the apparent indifference of philosophers of science seems to testify to its lack of relevance to conceptions of scientific (...) activity. I argue both that it is not a threat to science and that it is relevant to philosophy of science by showing that it constitutes a new kind of epistemic practice. Two main objections to the idea that the involvement of non-scientists, with their situated perspective and contextual values, can form an epistemic practice will be addressed: the first bears on the epistemic potentialities of the cooperation between scientist and non-scientists; the second on the possibility that this cooperation takes the form of a practice. (shrink)

This book promotes the research of present-day women working in ancient and medieval philosophy, with more than 60 women having contributed in some way to the volume in a fruitful collaboration. It contains 22 papers organized into ten distinct parts spanning the sixth century BCE to the fifteenth century CE. Each part has the same structure: it features, first, a paper which sets up the discussion, and then, one or two responses that open new perspectives and engage in further reflections. (...) Our authors’ contributions address pivotal moments and players in the history of philosophy: women philosophers in antiquity, Cleobulina of Rhodes, Plato, Lucretius, Bardaisan of Edessa, Alexander of Aphrodisias, Plotinus, Porphyry, Peter Abelard, Robert Kilwardby, William Ockham, John Buridan, and Isotta Nogarola. The result is a thought-provoking collection of papers that will be of interest to historians of philosophy from all horizons. Far from being an isolated effort, this book is a contribution to the ever-growing number of initiatives which endeavour to showcase the work of women in philosophy. (shrink)

Le scepticisme de Montaigne -- Perturbations dans le genre -- Bouleversement des catégories du masculin et du féminin dans "Par divers moyens on arrive à pareille fin" -- L'identité en question -- L'homme insoluble -- Les Indiennes, les Indiens et nous -- Le sexe indécis -- Renversement -- Critique sceptique de la rhétorique adressée aux femmes -- Féminité et savoir du corps -- Parodie de la discipline conjugale -- Au sujet de la femme insatiable -- Déplacement et/ou réhabilitation inattendue -- (...) Malheur et bonheur du mariage ou la vie selon son mouvement -- Solitude ou mariage -- Grandeur de la relation conjugale -- Examen sceptique de la gynécocratie -- Satire du patriarcat -- Abandon et transmission du pouvoir -- Restauration de la légitimité du gouvernement féminin -- Réduction à l'absurde -- Réquisitoire contre la chasse aux sorcières -- Vanité de la recherche des causes -- Justice sceptique et clémence -- Vénus, les boiteux et les boiteuses -- Apologie paradoxale -- L'amour de préférence à la guerre -- Trivialité et danger de l'amour -- Éloge de l'amour -- Dernières accolades -- Construction d'une communauté autre -- Un lectorat féminin estimé -- Les femmes dédicataires dans les Essais -- Marie de Gournay, une philosophe féministe autonome, mais fidèle. (shrink)

La technique et la civilisation qu'elle commande sont, à notre époque, un important sujet de réflexion. Depuis quelques années, les sections techniques de l'enseignement du second degré, et des études supérieures, ont, à leur programme, quelques notions de philosophie. Cette mesure répond à une nécessité culturelle. Plus encore, elle satisfait un besoin et un droit des jeunes techniciens. Nul n'échappe aux grandes interrogations concernant la vérité et la certitude, la valeur et le bien, le droit et la justice, l'homme et (...) sa destinée, que la philosophie pose et éclaire. Cet ouvrage se limite à l'essentiel, c'est-à-dire aux questions concernant la connaissance, l'activité de l'homme, l'homme en société et la religion. Un manuel d'initiation simple et accessible pour les élèves, les étudiants mais aussi tous ceux qui, déjà engagés dans la vie professionnelle, souhaitent compléter leur formation philosophique. (shrink)

Depuis qu'elles existent, les sciences dites exactes se prétendent différentes des autres savoirs. Comment comprendre cette prétention? Faut-il, à la manière des épistémologues anglo-saxons ou de Karl Popper, tenter d'identifier les critères qui la justifient? Peut-on, suivant le modèle nouveau des études sociales des sciences, y voir une simple croyance? Ce livre propose un dépassement fructueux de l'opposition, apparemment irréconciliable, entre ces deux approches des sciences. Et si la tension entre objectivité scientifique et croyance était justement constitutive des sciences, enjeu (...) des pratiques inventées et réinventées par les scientifiques? Réussir à parler des sciences avec humour, sans en faire un objet de vénération, ni de dénonciation, en restant au plus proche de la passion des scientifiques, tel est ici le pari d'Isabelle Stengers. Mais ce livre ne se limite pas à un discours sur les sciences. Il s'agit bien plutôt de prolonger l'histoire de leur invention. Comment comprendre les liens multiples entre la science et les pouvoirs qui la mobilisent aujourd'hui? Comment concevoir les rapports entre science, expertise et démocratie? La nouveauté de L'invention des sciences modernes est de faire de ces différents problèmes intellectuels, pratiques et politiques les enjeux du processus par où pourrait s'inventer et se renouveler l'identité même des sciences. (shrink)

Prenant comme point de départ la critique nietzschéenne du christianisme, cet ouvrage montre que la pertinence de celle-ci est conjoncturelle, et non point structurelle. Le Dieu chrétien n'est pas réductible au seul Dieu de la moralité : l'Ancien Testament et le Nouveau Testament attestent de la gratuité de l'amour du Dieu de l'Alliance et du Dieu chrétien. S'inscrivant dans la ligne d'une éthique téléologique, la deuxième partie du livre dégage les grandes lignes de l'éthique aristotélicienne et analyse l'articulation opérée par (...) Paul Ricoeur dans Soi-même comme un autre, entre les moments déontologique et téléologique. Le détour par Thomas d'Aquin permet d'introduire la dimension théologale de l'éthique chrétienne. A partir de concepts élaborés par Paul Ricoeur, la troisième partie articule morale, éthique et théologalité. Loi et désir sont pensés en lien avec la Règle d'or. La revalorisation de l'hétéronomie offre alors une perspective nouvelle pour donner sens à la grâce. Les notions d'attestation-conviction, d'imputabilité, de responsabilité et de reconnaissance permettent ensuite de développer l'identité du sujet éthique chrétien. Enfin, l'éthique est pensée selon une dialectique entre agir et désir d'être qui s'ouvre à la dimension ontologique et qui aboutit à une perspective eschatologique. (shrink)

Coletânea de trabalhos de especialistas brasileiros que analisam algumas das obras mais importantes de pensadores marxistas deste século: O espírito da utopia (Bloch), Teoria do agir comunicativo (Habermas), Dialética negativa (Adorno), História e consciência de classe (Lukács), Contrarrevolução e revolta (Marcuse), Eduard Fuchs, o colecionador e o historiador (Walter Benjamin), As ideias fora do lugar (Roberto Schwarz), Marx: Lógica e política (Ruy Fausto) e Trabalho e reflexão (José Arthur Giannotti).

Experimental activity is traditionally identified with testing the empirical implications or numerical simulations of models against data. In critical reaction to the ‘tribunal view’ on experiments, this essay will show the constructive contribution of experimental activity to the processes of modeling and simulating. Based on the analysis of a case in fluid mechanics, it will focus specifically on two aspects. The first is the controversial specification of the conditions in which the data are to be obtained. The second is conceptual (...) clarification, with a redefinition of concepts central to the understanding of the phenomenon and the conditions of its occurrence. (shrink)

Shavelson et al. (2023) identify an important problem in their Target article: a significant number of terminally ill patients with impaired motor function are wrongfully excluded from receiving ai...

Although the mapping between form and meaning is often regarded as arbitrary, there are in fact well-known constraints on words which are the result of functional pressures associated with language use and its acquisition. In particular, languages have been shown to encode meaning distinctions in their sound properties, which may be important for language learning. Here, we investigate the relationship between semantic distance and phonological distance in the large-scale structure of the lexicon. We show evidence in 100 languages from a (...) diverse array of language families that more semantically similar word pairs are also more phonologically similar. This suggests that there is an important statistical trend for lexicons to have semantically similar words be phonologically similar as well, possibly for functional reasons associated with language learning. (shrink)

This paper aims 1) to introduce the notion of theoretical story as a resource and source of constraint for the construction and assessment of models of phenomena; 2) to show the relevance of this notion for a better understanding of the role and nature of values in scientific activity. The reflection on the role of values and value judgments in scientific activity should be attentive, I will argue, to the distinction between models and the theoretical story that guides and constrains (...) their construction. The aim of scientific activity is to develop understanding of phenomena, and something that serves this aim and contributes to the development of understanding has a cognitive value. Cognitive values are the features that something that plays a role in scientific activity should have so that it can serve its aim. I will focus my attention on the features of the theoretical story and of the models. (shrink)

La hagiografía medieval tenía una importante función didáctica. Estos relatos fueron muy útiles para la Iglesia ya que permitían transmitir valores, modelos de conducta e ideas complejas a los feligreses. En este trabajo de investigación exploraremos tres obras hagiográficas en verso redactadas en distintas zonas de la Península Ibérica durante el siglo XIII, protagonizadas por tres santas que representan modelos diferentes (mártires, religiosas y penitentes). A través de este estudio comparativo hemos podido observar que, más allá de los tópicos asociados (...) a cada modelo de santidad, los valores transmitidos como ejemplo de “buenas cristianas” se repiten en todos ellos como condición necesaria para que la mujer alcanzase la salvación eterna: mantenimiento de la virginidad, castidad, penitencia y purga del pecado. Así, podemos concluir que la hagiografía femenina plenomedieval tuvo un importante papel en la transmisión y asentamiento de las ideas del clero respecto a lo femenino, cargadas de una evidente misoginia. (shrink)

Making reason and revelation agree, notably by defining the former’s subordination to the latter, was one of the main concerns of European Medieval scholasticism; and from the tension between the weight of scriptural authority and the aspiration to the independence of rational inquiry finally emerged in Europe a philosophical field free of any allegiance to a revealed discourse – or at least pretending to be so – and castigating the old “scholastic method”. In India, by way of contrast, the philosophical (...) field has remained essentially scholastic inasmuch as most philosophical systems never ceased to acknowledge scripture (āgama) as a means of valid knowledge, and even often asserted its supremacy over reason and experience. Yet, just as European scholasticism cannot be reduced to the image of it that has prevailed since Descartes, the relationship between scriptural authority and rational enquiry in India is much more complex than might appear at first sight. It is first and foremost in order to defend their respective scriptures that various Indian religious currents chose to engage in philosophical debates; but this apologetic intention paradoxically led their champions to set aside scriptural authority. The paper points out this strange process of philosophical emancipation, born of apologetic concerns and nourished by them; and by comparing two apparently diametrically opposed definitions of the relationship between reason and revelation – that of the Buddhist Dharmakīrti, and that of the Śaiva nondualist Utpaladeva –, it aims at showing that although the Indian philosophical field never acquired the autonomy (real or proclaimed) that has characterized Western philosophy from the 17th century onwards, it grew in a constant creative tension between the acceptance and rejection of scriptural authority. (shrink)

The article is built in twelve remarks posing and arguing the “choice of not to”: not to enter the systematics of Joas’ essay and Joas’ thought about what he conceives as “the powers of the sacred”. The discussion is based on the introduction to the book and the preface to its French translation, remaining in a multidisciplinary references field, external to the Joasian systematics. It is not about the terms of the debate, nor about the debate concerning the Weber’s concept (...) of disenchantment and its reception. On the contrary, all along the threshold pages of Joas’ essay, the argument consolidates its discussing exteriority, without seeking or claiming to invalidate Joas’ thesis. The choice of not to, as a way of thinking attempted here, is closer to the Taubesian “discordant accord” figure, than that of the Weberian “elective attraction”, which, moreover, Joas takes over in his own way. What is at stake is not to subscribe to the anachronistic invalidation of a modern self-understanding that was effective, which indeed does not solve the question of thinking how it is outdated today. It is also not to subscribe to think the extreme effective plurality of the religions on the bases of two unifying notions, the political and the (in fact too particular) notion of “sacred”. (shrink)

Joseph Priestley, the eighteenth-century scientist who discovered oxygen, was one of the most remarkable thinkers of his time. This collection of essays by a team of experts covers the full range of his work in the fields of education, politics, philosophy, and theology, and firmly re-establishes him as a major intellectual figure.

In the wake of the 2008 global financial crisis, an important conceptual battleground for democratic theorists ought to be, it would seem, the capitalist firm. We are now painfully aware that the typical model of government in so-called investor-owned companies remains profoundly oligarchic, hierarchical, and unequal. Renewing with the literature of the 1970s and 1980s on workplace democracy, a few political theorists have started to advocate democratic reforms of the workplace by relying on an analogy between firm and state. To (...) the extent that a firm is an organization comparable to the state, it too ought to be ruled along democratic lines. Our paper tests the robustness of the analogy between firm and state by considering six major objections to it: the objection from a difference in ends, the objection from shareholders’ property rights, the objection from worker’s consent, the objection from workers’ exit opportunities, the objection from workers’ expertise, and the objection from the fragility of firms. We find all of these objections wanting. While the paper does not ambition to settle the issue of workplace democracy at once, our goal is to pave the way for a more in-depth study of the ways in which firms and states can be compared and the possible implications this may have for our understanding of the nature of managerial authority and the governance of firms. (shrink)

Drawing on the self-determination framework, the study examined the effect of coaches’ autonomy support on the leisure experience of young male football players. Specifically, a model was tested analyzing the long-term predictive power of the players’ perception of coach-autonomy support at the beginning of the season on the subjective vitality of young football players at the end of the season through needs satisfaction and intrinsic motivation. Moreover, we tested whether the effects of coach-autonomy support on the aforementioned variables (needs satisfaction, (...) intrinsic motivation, and subjective vitality) at the end of the season remained at the beginning of the following season. Because the coach in the second season was not the same one as in the first season, the perception of coach-autonomy support at the beginning of the second season was used as a control variable. Three hundred and sixty football players (M age = 12.60 years; SD = 0.52) completed a questionnaire on the variables of interest at the beginning of the first season (T1), at the end of the first season (T2), and at the beginning of the second season (T3). The results of the path analyses showed that player’ perceptions of coach autonomy support at the beginning of the season (T1) positively predicted needs satisfaction at the end of the first season (T2), which in turn predicted intrinsic motivation at the end of the first season (T2). Additionally, intrinsic motivation significantly and positively predicted subjective vitality at the end of the first season (T2). Finally, needs satisfaction, intrinsic motivation, and subjective vitality at the end of the second season (T2) positively predicted these same variables at the beginning of the second season (T3). Results emphasized the importance of the autonomy support offered by the coach in promoting the quality of young people’s leisure experience playing football and its benefits for their well-being. (shrink)

As intergenerational interactions increase due to an ageing population, the study of emotion-related responses to the elderly is increasingly relevant. Previous research found mixed results regarding affective mimicry – a measure related to liking and affiliation. In the current study, we investigated emotional mimicry to younger and older actors following an encounter with a younger and older player in a Cyberball game. In a complete exclusion condition, in which both younger and older players excluded the participant, we expected emotional mimicry (...) to be stronger for younger vs. older actors. In a partial inclusion condition, in which the younger player excluded while the older player included the participant, we predicted that the difference in player behaviour would lead to a difference in liking. This increased liking of the older interaction partner should reduce the difference in emotional mimicry towards the two different age groups. Results revealed more mimicry for older actors following partial inclusion especially for negative emotions, suggesting inclusive behaviour by an older person in an interaction as a possible means to increase mimicry and affiliation to the elderly. (shrink)

En ce XXe siècle, où la physique s'est identifiée à la science révolutionnaire par excellence, l'œuvre passionnée d'Ilya Prigogine constitue une singulière anomalie. Anormale parce qu'elle prend le parti du monde des phénomènes physiques contre le pouvoir de la théorie, jugé abusif ; mais anormale aussi par sa longue obstination à une époque où la rapidité fait foi. Le combat avait commencé au début des années soixante, sur un mode mineur : Prigogine demandait à ses collègues de reconnaître qu' " (...) il y a certainement une signification physique profonde dans l'équation de Boltzman ". Thèse apparemment bien légitime : l'équation de Boltzmann permet de décrire avec succès le comportement de non-équilibre des gaz dilués. Mais thèse iconoclaste : car, depuis que la croissance de l'entropie a été renvoyée aux seules probabilités, le comportement de non-équilibre n'est plus sensé autoriser la moindre " signification profonde ". Raconter l'histoire de ce combat, comme le fait Isabelle Stengers dans ce livre, revient à interroger les lois fondamentales sous l'angle du lien entre théorie, valeur et obligation. En effet, sans ce lien, ni la position de Prigogine ni celle des physiciens contre qui il va chercher des arguments toujours plus puissants ne sont intelligibles. L'auteur montre que ce lien permet d' " inventer " des problèmes : Il y a Prigogine qui oppose ainsi des lois nouvelles, les " lois du chaos ", au déterminisme absolu des lois fondamentales de la physique. La physique est habitée par la passion de la loi, mais la manière dont cette passion est ici réinventée pourrait ouvrir de nouvelles voies, vitales pour une " écologie des pratiques ". Serait-il possible que le physicien ne se présente plus comme celui par qui s'opère la fascinante découverte des lois de la nature? Serait-il possible de célébrer avec lui l'extraordinaire aventure que constitue l'invention d'un objet capable de dicter la manière dont il doit être décrit? (shrink)

La vie a-t-elle émergé de la matière? Et dans ce cas, comprendre le vivant signifie-t-il le réduire à un ensemble particulier d'interactions physico-chimiques? Et comprendre l'expérience psychique, est-ce la réduire à l'activité de populations neuronales enchevêtrées? Le premier visage proposé par la question de l'émergence de la vie est celui de l'affrontement entre les conquérants de la réduction et les défenseurs de la différence qualitative entre le tout et ses parties. Visage polémique, affichant l'arrogance et les prétentions qui dominent l'écologie (...) des pratiques scientifiques. Avec le thème de l'auto-organisation, l'émergence propose aujourd'hui d'autres visages, plus avenants, car ils annoncent un intérêt nouveau, orienté vers l'exploitation des propriétés en vérité très singulières que l'apparition et l'évolution des vivants pourraient avoir requis de la matière. Une approche pacifique de la question de l'émergence est-elle désormais possible? Ou s'agit-il là d'une opération de pacification, menée à l'encontre de belligérants naïfs par des tiers qui en savent plus? Les différents visages de l'émergence expriment les différents types de liens qui existent ou pourraient s'inventer entre pratiques scientifiques, entre constructeurs de modèles et praticiens de terrain. Mais les protagonistes de la question de l'émergence, qu'ils entendent la réduire, à la manière des sociobiologistes, ou en célébrer la complexité innovante, ne peuvent s'empêcher de rêver, de spéculer sur la possibilité d'une approche enfin scientifique qui permettrait de nous comprendre nous-mêmes et de comprendre les enjeux de nos histoires. Isabelle Stengers prend ici le risque d'accepter que cette composante spéculative est irrépressible. Mais l'enjeu est alors de reconnaître les situations où la spéculation change de nature, parce que les pratiques scientifiques s'y adressent à ces questions posées par d'autres, et qu'elles obligent à une rencontre avec d'autres pratiques humaines, modernes et non-modernes. (shrink)