Abstract
La citation récurrente de Sg 9, 15 : « Le corps qui se corrompt appesantit l’âme et sa demeure de terre accable l’esprit aux multiples pensées », dans le corpus augustinien, semble être l’indice d’un mépris du corps, hérité de la tradition platonicienne du corps-prison. De fait, dans ses premières œuvres, Augustin cite Sg 9, 15 pour affirmer que le corps est un obstacle à la contemplation de la vérité. Mais, dans ses œuvres ultérieures, il utilise Sg 9, 15 pour établir, contre les platoniciens, que le corps n’est pas la prison de l’âme et que le poids du corps est à imputer, non au corps lui-même, mais à sa corruptibilité : il n’y a donc pas à « fuir tout corps », comme le veut Porphyre. Face à Julien d’Éclane, enfin, il souligne, en citant Sg 9, 15, que la condition peineuse de l’homme aujourd’hui n’est pas le propre de la nature primitive de l’homme, mais la peine du péché qui a vicié la nature.