Noesis 29:123-133 (
2017)
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Abstract
Avec en arrière-plan l’influence d’Edmund Husserl, Alexandre Koyré et Gaston Bachelard, cet article présente l’idée d’une « élucidation ontologique » des sciences, en s’appuyant sur la discussion que donne Dominique Janicaud du principe de contradiction dans son œuvre majeure La puissance du rationnel. De même que le principe de contradiction ne peut être déduit de lui-même, les sciences doivent être fondées sur quelque chose qui se situe au-delà de leur propre sphère de rationalité. De même que le principe de contradiction est fondamental pour tout raisonnement, tout en présupposant simultanément la facticité de ce raisonnement, la validité des sciences est liée à leur genèse. Un résultat scientifique ne peut s’expliquer qu’en fonction du chemin qui y a conduit ; et il ne peut être accepté comme loi, principe ou théorème que pour autant que le même chemin peut à nouveau être parcouru. C’est cette historicité qui est en jeu non seulement dans l’affirmation de Bachelard selon laquelle la raison présuppose l’arithmétique, mais aussi dans le célèbre compte-rendu que donne Husserl de l’origine de la géométrie. En fait, cette question de l’histoire est encore plus ancienne, remontant au-delà du « synthétique a priori » de Kant à l’avant et après que formule Descartes dans ses Méditations et qui s’applique à la fois à la res extensa et à la res cogitans. Ou, comme l’exprime Janicaud dans Chronos : C’est ici que la philosophie rencontre la vérité historique du temps. Cette conception est défendue dans cet article en relation avec les tentatives d’éviter le problème de l’histoire qui peuvent être détectées chez les contemporains de Janicaud.