Un temps, Michel Foucault a été lu comme un archéologue du savoir et un homme d'archives, abandonnant par instants sa réserve pour répondre à l'urgence des luttes. La lecture des cours au Collège de France suggère pourtant que sa politique ne peut être réduite au désordre des circonstances. Elle appartient de plein droit à l'histoire de la vérité quand elle rencontre celle du gouvernement de soi-même et des autres. Comment sommes-nous gouvernés? Quel est en nous le ressort caché de la (...) servitude? Pouvons-nous être gouvernés et nous gouverner autrement? Rechercher et dire la vérité peut-il nous altérer et, avec nous, le monde auquel nous appartenons? Pour répondre à ces questions, Foucault se déplace de l'époque moderne à l'Antiquité et privilégie tour à tour les rapports de pouvoir disséminés dans toute la société, les stratégies politiques qui les organisent et le travail éthique qui permet l'" inservitude " volontaire. Au terme de ce voyage que la mort a interrompu, la volonté de vérité devient le courage de se transformer et de transformer le monde, le principe d'une expérience spirituelle dont la politique est la pierre de touche. Ces déplacements dessinent un nouveau paysage politique dont ce livre établit la cartographie, pour que d'autres, après Foucault, puissent reprendre le voyage. (shrink)

In Politics VII, Aristotle not only gives us some general ideas on what makes a good city and the conditions of its implementation, but also provides a description of such a regime: 1. Citizenship is reserved for those whom, due to their natural attributes and sufficient wealth, may achieve political and ethical excellence; 2. In relation to their age, they are successively hoplites, citizens or priests. Therefore, all that remains to be examined is the relationship between such a regime and (...) the “politeia”, which in the previous books is the standard regarding cities whose citizens are rich, poor, or belong to the middle class. (shrink)

En 1984, Michel Foucault met toutes ses recherches sous le signe de l’histoire de la vérité qui, à l’époque de ses premiers cours, avait pour cible la volonté de vérité « comme formidable machinerie destinée à exclure ». Il nous invite ainsi à comparer les deux versants, critique et positif, de cette histoire. Sont-ils seulement complémentaires? De la critique de la volonté de vérité à la parrêsia, y a-t-il continuité ou rupture?

Enracinés dans son pouvoir de désirer et de connaître, l'homme porte en lui, selon Hobbes, les germes de toutes les religions instituées : elles peuvent se décomposer et disparaître, mais leurs principes subsisteront tant qu'il y aura des hommes. Cet ouvrage examine la conception de ce " naturel religieux " à laquelle Hobbes est finalement parvenu, la place qu'il reconnaît à Dieu dans le discours qu'il considérait comme scientifique ou philosophique, le statut qu'il faut accorder à son exégèse des Ecritures (...) et, bien sûr, les relations entre religion et politique. Sont également envisagés les éléments à partir desquels d pu se former cette pensée du religieux, et notamment la relation de Hobbes à la théorie baconienne de l'histoire et les rapports qu'il entretint dans sa jeunesse avec le cercle de Paolo Sarpi. (shrink)

Philosophie naturelle, philosophie politique, discours rationnel sur l'Ecriture, tout se tient dans l'oeuvre de Hobbes. Le materialisme est a prendre en toute rigueur: il n'existe que des corps, tout est materiel et se fait par mouvements necessaires. Des lors, l'homme, comme corps naturel est reellement etranger au bien et au mal. Alors qu'Aristote pense la cite, ou les citoyens sont gouvernants et gouvernes, Hobbes pense l'Etat, ou l'un commande et l'autre obeit. Il fournit ainsi a la democratie liberale des principes (...) essentiels (autorite de l'Etat fondee sur la representation, reconnaissance aux individus de droits inalienables) tout en recusant l'exigence democratique: creee par les citoyens, la republique les prive de l'exercice du pouvoir politique. (shrink)

Hobbes critique la théorie du gouvernement mixte sans le présenter comme républicain. La critique du républicanisme est chez lui la critique de la définition de la liberté comme participation des citoyens à la délibération sur les affaires communes. Elle est pour l'essentiel argumentée dans les Éléments de la loi naturelle et politique et le De cive. Le leviathan résume et durcit cette critique, tout en développant de façon nouvelle l'idée d'une identité d'essence de la souveraineté dans toutes les sociétés civiles. (...) Cette idée contredit la thèse républicaine selon laquelle il y aurait une différence de nature entre les régimes libres et ceux qui ne le sont pas et permet de constituer en modèle la république romaine ou la démocratie athénienne. (shrink)

Qu’on l’attribue à l’évolution de son auteur, qui serait passé de l’idéalisme au réalisme, ou à une composition hasardeuse de ses manuscrits, il est généralement admis qu’on ne saurait, sans la trahir, trouver de cohérence et d’unité dans la Politique d’Aristote. Lorsqu’il se propose d’y voir « une réflexion cohérente sur l’histoire des cités depuis la fin du VIe siècle » (p. 48), c’est donc un véritable défi que Jean Terrel entend relever, puisqu’il s’agit de proposer « une (...) interprétation d’... (shrink)

Ce recueil, préfacé par Pierre Pellegrin et introduit par Emmanuel Bermon, rassemble les contributions de trois journées consacrées aux Politiques d’Aristote, qui ont eu lieu de 2005 à 2007 à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3. Dans le premier texte du volume, à partir d’un passage célèbre mais peu étudié de l’Éthique à Nicomaque, qui dit que la famille présente des homoiomata et des paradeigmata des différents régimes politiques, Claudio Veloso s’interroge sur le sens à donner à ces...

'Por um mundo comum' é um ensaio ao mesmo tempo convidativo e provocativo. À luz da intertextualidade, onde imagem e discurso cooperam heuristicamente, Jean Wyllys promove uma conversa entre seus recentes desenhos e montagens e suas reflexões sobre a política. A noção de mundo comum, ou de comum, aparece em sua reflexão como a invenção central da política, ao retomar, por exemplo, o pensamento de Arendt e sua noção de inter homines esse [estar entre os humanos] como um trabalho (...) de constante fundação do lugar/coisa pública. Suas pesquisas recentes sobre as fake news, mobilizadas nos últimos anos sobretudo por uma guinada radical à direita do status quo conservador e neoliberal e que atacam perversamente políticos da esquerda brasileira, procuram sugerir de que modo essa nova estratégia de construção ideológica auxiliada pela tecnologia operam, ao nível humano, uma descaracterização da própria capacidade de distinção e pensamento – algo que reserva, nesse sentido, também relações com a noção arendtiana de banalidade do mal. (shrink)

The literature on organizational ethics has paved the way for a situated and intersubjective understanding of ethics through caring practices. In this article, we try to extend this perspective by looking beyond the interactions of caregivers among themselves or with care seekers to reveal ethics as the ongoing collective accomplishment of a variety of actors. We do so by mobilizing Strauss’s theoretical perspective of articulation work in the context of healthcare. Based on an ethnography, we show how actors of care (...) (e.g., nurses, caregivers, or doctors) operate within care arrangements that need to be frequently rearticulated to face ethical threats and protect their patients’ well-being. We distinguish three types of rearticulation corresponding to different degrees of rearticulation, individual actor stance, and specific ways of working things out. We discuss their implications for the maintenance of organizational ethics. (shrink)

The author argues the following hypothesis: the medical clinic is an experimental practice, in the sense given to this term by Claude Bernard, and the clinic is its specific laboratory. Its object is not the disease, but the patient. Careful examination of the clinic attests to its very close proximity to the experimental method, and the comparison also raises a number of difficulties. The main obstacle arises from the specificity of medicine, which involves treating individual human subjects whose words cannot (...) be suppressed. Its main challenge is to combine a linguistic practice with an experimental method. (shrink)

It was to correct common misconceptions about his thought that Jean-Paul Sartre, the most dominent European intellectual of the post-World War II decades, accepted an invitation to speak on October 29, 1945, at the Club Maintenant in Paris. The unstated objective of his lecture was to expound his philosophy as a form of “existentialism,” a term much bandied about at the time. Sartre asserted that existentialism was essentially a doctrine for philosophers, though, ironically, he was about to make it (...) accessible to a general audience. The published text of his lecture quickly became one of the bibles of existentialism and made Sartre an international celebrity. The idea of freedom occupies the center of Sartre’s doctrine. Man, born into an empty, godless universe, is nothing to begin with. He creates his essence—his self, his being—through the choices he freely makes. Were it not for the contingency of his death, he would never end. Choosing to be this or that is to affirm the value of what we choose. In choosing, therefore, we commit not only ourselves but all of mankind. This book presents a new English translation of Sartre’s 1945 lecture and his analysis of Camus’s _The Stranger_, along with a discussion of these works by acclaimed Sartre biographer Annie Cohen-Solal. This edition is a translation of the 1996 French edition, which includes Arlette Elkaïm-Sartre’s introduction and a Q&A with Sartre about his lecture. (shrink)

The purpose of the article is to show how the questions of anomality and animality belong together in phenomenology. The figure of the human animal serves as the guideline of the study, namely the figure of a person who is not considered as similar to myself in the frame of a Husserlian characterization of normality. Husserl’s thinking is analyzed with respect to the problem of an intersubjective co-constitution of a common world. It is shown that Husserl only accepts animality and (...) anomality within the restrictive perspective of a so-called normal humanity, that of the adult man, healthy, reasonable and European. However, he constantly strives to include the anomality and animality into humanity as well, an intention that distinguishes him from Heidegger. Heidegger radicalized the question with respect to race, which serves him as a guideline for thinking the very own of the human being. Defending a thinking of exclusion, Heidegger refuses to animals as well as to anomals all right of citizenship in the community of human beings. The article ends by proposing to overcome this duality between an inclusive thinking and an exclusive thinking. (shrink)

Issu de la thèse de l'auteur soutenue en 1987, cet ouvrage a pour visée de redéfinir l'anthropologie, en dissipant le malentendu instauré par le modèle galiléen de scientificité appliqué aux sciences sociales afin d'opérer un retour à la fondation historique de la discipline dans l'epistêmê politikê des anciens Grecs. Trois voies d'accès sont parcourues : G. Dumézil, M. Heidegger et G. Guillaume. ©Electre 2018.

La question des frontières des arts plastiques et littéraires contemporains peut être approchée à travers l'exemple de la géopoétique de Kenneth White. Renonçant à réduire l'art à la production d'une représentation dominée par le plaisir de la vue, le mouvement esthétique de la géopoétique cherche à faire de la création artistique un geste de participation aux matières de la terre sur fond d'une expérience polysensorielle où la marche et le nomadisme constituent des explorations d'un proto-monde. L'oeuvre écrite ou plastique est (...) destinée à conserver des fragments et traces de cette aventure sensible, ouvrant ainsi la voie à une rencontre qui n'est plus un spectacle mais une expérience quasi chamanique. Reste à savoir dans quelle mesure on peut s'émanciper totalement de la représentation pour accéder à une auto-présentation du cosmos dont l'artiste serait le médium. (shrink)

Résumé André Gorz n’avait pas seulement une conception politique de l’écologie qui nous relie à l’histoire et aux luttes sociales, il proposait une véritable alternative écologiste au service de l’autonomie individuelle. S’il a pu paraître trahir son camp plusieurs fois, c’était à chaque fois pour y être plus fidèle malgré tout. Sa critique de l’aliénation du travail l’a mené à vouloir sortir du productivisme salarial grâce au revenu garanti et des « cercles de coopération », avant peut-être le règne de (...) la gratuité dans l’économie immatérielle... (shrink)

John Locke is recognized as a great and original thinker, but the attention paid to his philosophy has overshadowed the many other facets of this man's accomplishments in fields such as medicine, botany, economics and literature. The author has gathered together in A Locke Miscellany many unknown essays, articles and descriptive vignettes that offer new views of Locke - both as a multi-talented individual and as an ordinary human being, forced at one time to live in exile.

One of the strongest strands in Nancy's philosophy is an attempt to rethink community and the very idea of the social in a way that does not ground these ideas in some individual subject or subjectivity. The fundamental argument of this book is that being is always 'being with', that 'I' is not prior to 'we', that existence is essentially co-existence. He thinks this being together, not as a comfortable enclosure in a pre-existing group, but as a mutual abandonment and (...) exposure to each other, one that would preserve the 'I' and its freedom in a mode of imagining community as neither a 'society of spectacle' nor via some form of 'authenticity'. (shrink)

In Being and Nothingness (1943), Sartre explains love as a strategy for achieving control over "being-for-others," the objectified aspect of the self-imposed by others' defining looks. Two contemporaneous fictions by Sartre, The Room (1939) and Dirty Hands (1948), expand the notions of love and of being-for-others in surprising directions. Dirty Hands shows the creative, productive potential of being-for-others: Hugo's reliance on the other for his self-definition paradoxically generates his decisive embrace of being for-itself. The Room dramatizes the role of the (...) family in constituting a child's subjectivity: Eve's family situation explains her ontological imprisonment in the dimension of being-for-others. The two stories' tolerant vision of the complex social and psychological reasons for adopting being-for-others as one's dominant modality contrasts with Sartre's rigorous critique of reliance on being-for-others as a form of bad faith in Being and Nothingness. The fictions' enlarged perspective on human love and on being-for-others provides a framework for complicating and critiquing the ontological categories presented in Being and Nothingness. (shrink)

Dans les textes de Machiavel, la question de la guerre est souvent l’horizon même de la question de la politique. La politique et la guerre y sont en permanence mêlées, souvent indissociables ; cela dans les relations que les États établissent entre eux, mais aussi à l’intérieur même des États, des provinces et des cités. Il ne s’agit pas ici de couvrir l’ensemble de ce champ des liens entre la politique et la guerre, tâche impossible à mener dans le cadre (...) d’un article, mais seulement de traiter un des aspects de cette question : il s’agira de voir comment la polémique de Machiavel contre les armes mercenaires et auxiliaires et en faveur des « armes propres » est un des axes structurants de l’ensemble de l’œuvre, un des éléments qui donnent sens aux textes. L’erreur consistant à ne pas avoir compris l’importance des « armes propres » et le rôle déterminant de l’infanterie est un des « péchés des princes » de l’époque des guerres d’Italie ; dans l’écriture des textes de Machiavel on ressent un effort constant pour faire comprendre comment on pourrait racheter, « rédimer » (redimere), ces péchés. C’est cet effort que cet article tente de mettre en évidence. (shrink)

A collection of five essays of French philosopher Nancy, originally published in 1985-86: The Inoperative Community, Myth Interpreted, Literary Communism, Shattered Love, and Of Divine Places.

The debate between Ursin (2019) and Wilkinson and colleagues (2019) in this issue of The American Journal of Bioethics underscores the long-standing theoretical controversy about the equivalence of...

This challenging and provocative book argues against much contemporary orthodoxy in philosophy and the social sciences by showing why objectivity in the domain of ethics is really no different from the objectivity of scientific knowledge. Many philosophers and social scientists have challenged the idea that we act for objectively authoritative reasons. Jean Hampton takes up the challenge by undermining two central assumptions of this contemporary orthodoxy: that one can understand instrumental reasons without appeal to objective authority, and that the (...) adoption of the scientific world view requires no such appeal. In the course of the book Jean Hampton examines moral realism, the general nature of reason and norms, internalism and externalism, instrumental reasoning, and the expected utility model of practical reasoning. The book is sure to prove to be a seminal work in the theory of rationality that will be read by a broad swathe of philosophers and social scientists. (shrink)

La comprensión del conocimiento como sistema en el Tratado de la naturaleza humana de David Hume reconoce tres aspectos: primero, el conocimiento implica su distancia de la idea de sustancia y de ideas generales abstractas. Segundo, el conocimiento comprende la conexión entre impresiones e ideas. El enlace de nuestras impresiones e ideas surge del principio de asociación el cual ordena y reconfigura el conocimiento en virtud de la atracción, conexión articulada por las facultades de la memoria y la imaginación. Tercero, (...) el conocimiento constituye un sistema constituido por la reiteración de hábitos y costumbres configurados por el principio de asociación desde la relación integrada de impresiones e ideas. (shrink)