The shift in Foucault’s work from genealogy to ethics finds consensus among Foucault scholars. However, the motivations behind this transition remain either misunderstood or understudied in large part. Foucault’s recently published or soon-to-be translated 1977/—9 lectures (published as Security, Territory, Population and as The Birth of Biopolitics) offer new elements for understanding this dense and uncharted period along Foucault’s itinerary. In this article, the author argues that Foucault’s interpretation of the liberal tradition, which is at the core of the 1977—9 (...) lectures, must be examined in combination with Foucault’s other major interests in the late 1970s, namely the Iranian Revolution and Kant. The discovery of spirituality (Iran), the valorization of an autonomous subject (Kant) and the call for a tolerant environment towards minority practices (liberalism) pave the way for the later Foucault’s ethics, which are grounded in spiritual exercises and means of liberating the subject. (shrink)
Gilles Deleuze exprime un besoin de philosophie apte à révolutionner les manières convenues de pratiquer la philosophie. Il souhaite mettre un terme au cycle des interprétations pour mieux expérimenter les forces impersonnelles, associe l'histoire de la philosophie à l'" agent de pouvoir " dans la pensée, et formule ce curieux désir de sortir de ta philosophie par ta philosophie. Ses monographies d'auteurs ont pourtant acquis le statut de " classiques " de la philosophie. Deleuze prend également part, à sa manière, (...) aux grands débats de son temps en situant son travail dans le courant de la métaphysique occidentale. D'où la nécessité d'interroger l'héritage philosophique de Deleuze, dix années après la disparition de fauteur. Les contributions réunies ici ouvrent de nouvelles pistes en étudiant les rapports complexes de Deleuze à notre tradition et en récusant aussi toute tentative de réduction de la pensée deleuzienne à un simple moment historique. Contributions de Manola Antonioti, Alain Beaulieu, Constantin Boundas, Olivier Fahle, Stéfan Leclercq et Arnaud Viltani. (shrink)
Derrida’s intellectual itinerary shows a progressive reconciliation with Lévinas’ ethical thinking. “Violence and Metaphysics”, one of Derrida’s earlier essays, was highly critical of Lévinas’ “phallotheology”, whereas his later works were more receptive to the Levinasian analysis on hospitality, “cities of refuge” (villes-refuges) and justice. This essay will discuss the mutual terminological exchanges between Derrida and Lévinas as well as some divergences between the two thinkersregarding the deconstruction project. Finally, we will see how Derrida distinguishes himself from Lévinas’ ethics by bringing (...) an end to the search for the conditions of possibility of experience in favour of a more radical experience of the impossible and the inconditional. (shrink)
The Politics of Gilles Deleuze and the Random Materialism of the Late Althusser A cursory reading of the writings of the late Althusser in which the philosopher attempts to devise a « random materialism » might lead us to regard them as the matrix from which a number of post-structuralist conceptions of politics, including that of Gilles Deleuze, have sprung. Our intention in the present article is to demonstrate the partial nature of such a filiation. To do so, the article (...) focuses on the relationship between the late Althusser and the Deleuzean conception of politics. It will thus examine the refusal, common to both philosophers, to elaborate a totalising theory of the political and their concomitant invocation of a principle of contingency. Such an affinity should not however disguise the differences between Althusser and Deleuze with regard to the manner in which the actualisation of such a programme is to be envisaged. (shrink)
L'œuvre de Deleuze contient encore beaucoup de mystères. L'unité de la philosophie deleuzienne est-elle à chercher du côté d'une ontologie? Constitue-t-elle une ardente défense de l'immanence radicale? S'agit-il plutôt d'une philosophie du virtuel? Le consensus fait défaut autour de cette œuvre polymorphe. K. Ansell Pearson prend ici le parti de placer l'entreprise deleuzienne sous la bannière du vitalisme. Cet aspect de l'œuvre deleuzienne avait bien sûr déjà été remarqué. De manière explicite, Deleuze condamne lui-même l'idéalisme au nom des forces de (...) la vie. L'auteur ne nous apprend donc rien de neuf en assimilant le deleuzisme à la dernière des grandes pensées vitalistes. Là où il innove, c'est en donnant une consistance à l'ensemble des concepts biophilosophiques du système deleuzien. Des notions insuffisamment problématisées par les interprètes qui se contentent le plus souvent de reproduire la langue deleuzienne sans en penser la cohérence d'ensemble. C'est ainsi que les notions de devenir-animal, de vie anorganique et de corps sans organes trouvent un sens à travers l'idée avancée par l'auteur d'une «vie germinale». (shrink)
Hans Jonas est né en Allemagne et il fut l’élève de Bultmann, Husserl et Heidegger. Sa vie est placée sous le signe du voyage. Il émigre d’abord, en 1933, en Palestine, puis au Canada où il enseigne, au début des années 1950, aux Universités de Montréal et d’Ottawa avant de s’installer aux États-Unis où il occupe la chaire de philosophie à la New School for Social Research de New York. C’est durant ces années new-yorkaises qu’il rédige ses deux principaux ouvrages: (...) Das Prinzip Verantwortung. Versuch einer Ethik für die technologische Zivilisation et The Phenomenon of Life dont la première publication remonte à 1966. On assiste aujourd’hui à la redécouverte de ce livre qui non seulement fait l’objet d’une nouvelle édition aux presses de la Northwestern University, mais vient aussi d’être publié dans une première traduction française chez De Boeck Université. (shrink)
Manola Antonioli se donne pour tâche d'élucider la nature du rapport controversé de Deleuze avec l'histoire de la philosophie. Pour ce faire, elle passe en revue chacune des monographies que Deleuze a consacrées aux philosophes: Hume, Nietzsche, Bergson, Kant, Spinoza et Leibniz. Seul Foucault, qui fait l'objet de la dernière étude d'auteur de Deleuze, manque à l'appel. Lorsqu'il revient sur les figures de la tradition, Deleuze est impétueux et les textes dont il s'occupe font l'objet d'une violence interprétative qui rend (...) les auteurs étudiés méconnaissables du point de vue des commentaires canoniques. Les acteurs de l'histoire de la philosophie sont essentiels à la définition de la modernité deleuzienne. Mais l'exigence de tracer un portrait ressemblant des philosophes du passé n'est pas maintenue. À propos de ses habitudes exégétiques peu orthodoxes, Deleuze affirme vouloir faire un enfant à un auteur qui soit bien le sien mais qui soit aussi étranger à ses préoccupations premières. Les tableaux deleuziens sont toujours «anexacts» au sens husserlien où le critère de l'exactitude est périmé. Mais contrairement à la doctrine husserlienne, le souci deleuzien d'anexactitude est motivé par le renoncement à toute idée de progrès dialectique de l'histoire. Deleuze refuse de tracer une lignée philosophique à la manière idéaliste où tous les auteurs correspondraient entre eux à travers un sens global et unificateur. Il tente plutôt de dégager le caractère singulier des philosophes en analysant librement un ou quelques-uns des concepts qui font irruption au cours de l'histoire. Ainsi en va-t-il pour le Spinoza de Deleuze tout entier contenu dans la notion d'expression alors que le terme ne fait l'objet d'aucune définition par l'auteur de L'Éthique, ou encore son Leibniz qui devient le dramaturge d'une théorie de la «compossibilisation des incompossibles» de prime abord incompatible avec l'idéal leibnizien d'harmonie préétablie. C'est toujours à un problème particulier soulevé par un philosophe et jamais à une vérité éternelle que Deleuze tente de raccrocher sa pensée. Comme l'affirme très justement Antonioli. (shrink)
This collection examines an aspect of Gilles Deleuze’s thought that has largely been neglected; whether or not Deleuze was a metaphysician. Answering this question may reveal the problematic nature of so-called postmodernism and the critique it leveled at the first philosophy, and it may help readers to better understand philosophy’s fate.
Le renouvellement des notions d’historicité et de spatialité est au cœur des préoccupations de la philosophie contemporaine. De l’appel nietzschéen à cultiver la faculté de l’oubli pour mieux affronter un présent sans contexte jusqu’à la critique radicale de la dialectique historique par les philosophies de l’événement, en passant par la durée chez Bergson et par les développements de la phénoménologie relatifs à l’espace et au temps vécus opposés à l’espace tridimensionnel et au temps chronologique, dans tous ces cas il s’agit (...) de redéfinir la tâche de la pensée en découvrant de nouvelles potentialités au temps et à l’espace et en accordant un statut nouveau à l’historicité et à la spatialité. En situant ces notions au centre du débat contemporain, J. Benoist et F. Merlini prolongent un travail déjà amorcé avec Après la fin de l’histoire. Temps, monde, historicité. Cette fois, l’heure est moins au constat de la fin du modèle de l’Histoire, qu’à une interrogation en direction d’une nouvelle forme de pensée dominée par le paradigme géographique. Plus précisément, et tel que l’indique son sous-titre, ce recueil de textes analyse la thèse singulière, propre à une partie de la philosophie contemporaine, d’un renversement du rapport de subordination entre l’histoire et la géographie. L’exergue tiré d’un texte de Foucault donne déjà le ton au livre: «L’époque actuelle serait peut-être plutôt celle de l’espace». Les auteurs interrogent donc les sources et les ressources d’une pensée qui a rompu avec la fétichisation de l’histoire, dans sa version dialectique ou ontologique. L’une des grandes originalités du livre dirigé par Jocelyn Benoist et Fabio Merlini consiste à placer sous une même enseigne des penseurs provenant d’horizons aussi lointains que l’architecture, l’urbanisme, le structuralisme et la sociologie, pour en faire à chaque fois les représentants de la «crise de l’historicité» et du «déclin de l’histoire et de la tradition spéculative». Les auteurs espèrent ainsi contribuer au développement d’un modèle géographique ou cartographique de la pensée à caractère non plus spéculatif, mais descriptif du réel. L’ancien impératif platonicien «Nul n’entre ici s’il n’est géomètre» cède en quelque sorte sa place à un nouvel adage: «Nul n’entre ici s’il n’est géographe»! (shrink)
Les travaux de Hans Jonas demeurent largement méconnus de la francophonie. Le peu d’entrain dont témoigne la communauté philosophique à traduire les textes de Jonas s’explique en grande partie par le caractère éclaté de son œuvre dans laquelle on chercherait en vain un ouvrage fondateur ou un livre qui rassemblerait ses principales positions philosophiques. Héritière de la phénoménologie, l’œuvre jonasienne est multiforme et en constant devenir. Elle ne s’arrête sur aucune vérité définitive en abordant de façon toujours maîtrisée des champs (...) du savoir aussi variés que ceux de la mythologie, de la biologie et de l’éthique. Dans son ouvrage issu d’une thèse de doctorat, Nathalie Frogneux relève avec brio le défi qui consiste à découvrir le sens général d’une pensée complexe dont l’itinéraire semble dominé par la discontinuité. Frogneux parvient pourtant à mettre au jour l’unité de la pensée jonasienne qu’elle situe dans le régime d’une double critique: une critique du «dualisme occidental» où l’homme et le monde naturel deviennent étrangers l’un à l’autre, et une critique du monisme philosophique qui en vient à ne plus reconnaître aucune liberté au vivant. Comme le souligne Jean Greisch dans la préface, il s’agit de la première interprétation systématique de la pensée de Jonas dont la production philosophique s’étend sur près de soixanteannées. La longévité et la productivité de Jonas ont d’ailleurs donné lieu à cette anecdote rapportée par Frogneux où un étudiant demandait à Paul Ricœur s’il y avait un lien de parenté entre le Jonas des années 1930 intéressé par le gnosticisme de l’Antiquité tardive et celui de la notion de responsabilité des années 1980. Il s’agissait bien sûr du même homme. (shrink)
L’enjeu de Matière et mémoire de Bergson consiste à repenser le dualisme classique de l’âme et du corps pour en exposer un terme médiateur satisfaisant. Bergson souhaite ainsi mettre en échec à la fois l’idéalisme de type berkeleyen pour qui la réalité se ramène absolument à la subjectivité percevante et le réalisme de Descartes pour lequel l’objet se réduit à de la pure matière étendue. S’il faut repenser les termes du dualisme c’est aussi parce que les données du problème doivent (...) être modifiées. Ce n’est pas la perspective cartésienne d’un dualisme de substances composé d’une âme inétendue et d’un corps étendu qui intéresse surtout Bergson. Aussi longtemps qu’on en reste au critère spatial pour définir les termes du dualisme, ceux-ci ne pourront jamais être adéquatement rapprochés. C’est au niveau du temps et plus précisément de la durée, c’est-à-dire de la continuité indivisible du réel où passé et présent se confondent et dont l’intuition nous donne l’accès, que le dualisme pourra trouver une forme d’unité. (shrink)
Few thinkers have left such an influence across such a diverse range of studies as Michel Foucault has. This book pays homage to that diversity by presenting a multidisciplinary series of analyses dedicated to the question of power today.
Depuis le milieu des annees 1960, les etudes spinozistes ont pris un nouvel essor sous l'impulsion du courant marxiste qui a vu dans le programme de liberation des collectivites pense par Spinoza le projet politique le plus apte ä assurer une reponse ä la crise de legitimite du marxisme. Dans la foulee de certaines intuitions de Althusser, et ä la lumiere de la conceptualite spinoziste, plusieurs penseurs (notamment Deleuze, Negri, Macherey, Matheron et Virno) ont ainsi propose un nouveau modele d'organisation (...) de la vie en commun. Ces acteurs de la renaissance spinoziste redigent, en quelque sorte, le chapitre conclusif de la derniere ceuvre de Spinoza (i.e. le Tratte politique reste inacheve) en definissant les nouvelles conditions de la democratic ä l'heure de la deterritorialisation generalisee marquee par l'abolition des frontieres nationales (economie mondiale, reseaux informatiques, etc.). Ce contexte offre l'occasion de repenser la politique en radicalisant les propos de Spinoza et en faisant jouer les notions de "puissance" et de "multitude" non seulement contre les concepts de "pouvoir" et de "peuple" qui en sont venus ä dominer le champ de la reflexion en philosophic politique, mais egalement contre les philosophies de l'histoire fondees sur la dialectique et la teleologie. Apres avoir decrit brievement quelques-uns des principaux enjeux de la politique spinoziste et avoir presente les nouveaux ennemis du spinozisme (neo-liberalisme et marxisme ideologique), nous ferons une genealogie de la refondation neo-spinozienne de Marx (Althusser, Deleuze, Negri) avant de repondre ä la question "Que faire?". II s'agira alors de determiner le role de l'Etat et de situer cette pensee politique par rapport ä l'utopie revolutionnaire. Ce parcours contribuera ä mieux definir les fondements et les implications de la democratic non-representative qui est au cceur des revendications de la renaissance spinoziste. (shrink)
Ce livre est la réédition d'un essai de Kremer-Marietti paru pour la première fois en 1972 chez UGE dans la collection «10/18» et alors intitulé L'homme et ses labyrinthes. Essai sur Friedrich Nietzsche. L'auteure, qui a déjà consacré plusieurs livres à la pensée de Nietzsche, n'a apporté aucune modification par rapport à l'édition originale, dont elle conserve même la pagination. Nietzsche: l'homme et ses labyrinthes est à situer dans le contexte de la renaissance des études nietzschéennes en France dans les (...) années soixante et soixante-dix. Ce retour à Nietzsche montre les signes d'une forte résistance face à l'interprétation heideggerienne. Rappelons brièvement que Heidegger, dans les cours qu'il consacre à Nietzsche entre 1936 et 1946 et qui furent publiés une quinzaine d'années plus tard en Allemagne, fait de l'auteur d'Ainsi parlait Zarathoustra l'ultime métaphysicien occidental. Heidegger jette un discrédit sur la philosophie nietzschéenne en voyant en elle le soubassement de tout l'édifice métaphysique fondé sur une puissante volonté de domination de l'étant dans sa totalité et oublieuse de la question plus fondamentale de l'être. La traduction française de ces cours, en 1971, a contribué à raviver l'intérêt pour la pensée nietzschéenne à l'ouest du Rhin, où les spécialistes tentent de sauver Nietzsche de l'interprétation «destinale» avancée par Heidegger. C'est dans cette atmosphère de protestation que Kremer-Marietti se propose de mettre au jour les conditions originales de l'épistémologie nietzschéenne. (shrink)
«Jamais l'âme ne pense sans image». C'est dans le sillon de cette pensée d'Aristote que se situe le livre de Wunenburger. L'auteur souhaite ainsi réactiver un questionnement philosophique sur l'image à notre époque de la «fin de l'ère Gutenberg», et donc de la fin de l'ère de l'écrit. Wunenburger passe en revue quelques-unes des grandes conceptions de l'image, de la vision ontologique de Platon au nihilisme de notre époque, avant de marquer leur insuffisance pour ensuite tenter de dégager un nouveau (...) mode d'appréhension de l'image dans sa singularité à travers l'expérience — à résonance mystique — de son «ontophanie». L'étude de l'image devient ainsi le prétexte à une réflexion plus vaste sur l'ontologie et ses possibilités à notre époque. (shrink)