Abstract
En comparant sur plusieurs scènes la réception de mes recherches sur le travail bénévole – désenchantement pour les un.es, truisme pour les autres – et en prenant au sérieux le processus de politisation par l’enquête qui a été le mien, cet article propose une analyse située à la fois socialement et politiquement du désenchantement que produirait la sociologie catégorisée comme critique. Il met en lumière deux défenses de l’autonomie de l’engagement, au cœur de la critique de la critique : celui de l’autonomie de « l’engagement citoyen » des acteur.trices et de leur rapport au travail, et celui de l’autonomie du travail du chercheur.se et de ses « engagements », généralement présenté sous le topos de la « neutralité » de la recherche. Ce retour réflexif sur les effets de l’enquête sur les autres, mais aussi sur moi-même, vient questionner in fine la portée sociale et politique de cette « conception des mondes antagonistes » inscrite dans une « doctrine de la séparation des sphères » du travail et de l’engagement qui concerne ici tant l’objet que la pratique de recherche.