Un mot d'usage quotidien, "danger", est devenu concept chez Heidegger. L'usage heideggerien de "danger" n'est pourtant pas celui de ce livre, qui refuse de s'engager de front dans la "question de l'être" au profit des manières ou modes d'être, dont il explore un échantillon sans prétention exhaustive mais utilisé comme trame heuristique. Mode d'être de l'oeuvre d'art, mode d'être de la "chose" ou du sacrement, mode d'être comme "existence" et comme "vie", un danger est toujours présent : l'existence, telle que (...) décrite chez Heidegger, est déconstituée par des phénomènes auxquels elle ne peut rendre justice ; la vie abrite l'existence mais court le risque perpétuel de n'être que dans les frontières de l'existence, etc. Et si l'étant nous est toujours donné dans un comment - comment de son apparaître, donc comment de son être -, rien ne garantit la pérennité de cette donation : presque tout étant, et d'abord l'étant que nous sommes, est en danger d'apparaître autre qu'il ne nous apparaît maintenant. Aussi convenait-il, après avoir ajointé le concept de vie à celui d'esprit, après avoir dit que la vie est "spirituelle", de justifier le titre du livre en liant "être" et "danger" ; et il restait au final le temps de proposer, dans l'élément du possible, l'hypothèse d'une eschatologie de l'être, avant tout de notre être, sur laquelle le danger n'aurait plus de prise. (shrink)
Entre philosophie et théologie, pouvons-nous croire à l'existence d'une limite? C'est ce que ce livre tente de nier. Dieu n'apparaît pas ou n'" apparaît " pas comme apparaît ou " apparaît " un cube, une œuvre d'art, un nombre ou un autre homme. Dieu diffère - jusqu'au point d'être le non-autre. La différence toutefois n'introduit nulle césure dans le champ de la connaissance. Elle nous rend simplement, ce qui n'est pas peu, attentifs à la pluralité des modes d'apparaître. Et s'enquérir (...) de la phénoménalité de Dieu, à ce compte, revient à s'enquérir de toute phénoménalité. Celle de l'objet présumé philosophique et seulement philosophique aussi bien que celle de l'objet présumé théologique et seulement théologique. J.-Y, L. (shrink)
The article aims at providing a precise concept of the “object” as a being which appears in the field of perception without appearing to affection. Consequences follow: what appears to us runs the perpetual danger of appearing only to perception, and therefore of being constituted as an object; objectity belongs to most beings and is not the fruit of a constitution involving only our subjective causality; what appears to us is also what we can reduce to its being ready-to-hand: technology (...) and science begin where beings appear to us as objects; the reality of objectity proves the partial legitimacy of metaphysics, and proves as well that no access to Being is possible except through the mediation of modes of being; meanwhile, one has learnt to bypass the concept of “subject”: only “quasi-subjects” are available in the realm of experience. (shrink)
In this article, Jean-Yves Lacoste lays out the central moments of Heidegger’s complicated relationship to Christian thinking, from his earliest studies under Carl Braig up to his death in 1976. With careful attention to personal letters, scholarly reviews, conferences, as well as major texts, Lacoste shows that this influence was mostly in one direction: despite the eagerness of theology to engage with Heidegger, Heidegger continually demonstrated reticence to approach theology except strictly on his own terms. The article closes with a (...) retrospective evaluation of the central themes of the original Heidegger et la Question de Dieu volume, which took up this investigation in France in 1979. Despite the fact that its publication predated many of Heidegger’s essential texts on this theme, these essays, in Lacoste’s estimation, remain a “perfectly timeless” resource for those seeking to understand the place of God within phenomenology. (shrink)
Notre vocabulaire dispose de deux mots : « foi » et « raison ». Et comme le pas est vite fait de l’existence des mots à l’existence des choses, la théorie commune nous dit d’une part que nous sommes doués de raison et d’autre part que la foi peut être éveillée en nous, et qu’il s’agit là de deux modes de connaissance distincts . Précisons. La théorie commune fait d’abord fonds sur une affirmation aussi vieille que la philosophie, et qui (...) est une affirmation philosophique : l’homme se définit spécifiquement par le logos, lequel se dit ratio en latin ; d’où « raison » et « rationalité ». En ses origines grecques et une fois devenue romaine, d’autre part, la rationalité est illimitée. Et de la sorte, une question ne se pose jamais : celle d’un acte de connaissance dans lequel l’homme excède sa définition d’ « animal rationnel ». Cette question se posa toutefois lorsque la connaissance de Dieu et des choses divines en vint, en monde chrétien, à être considérée comme excédant les prises de la raison. Que peut alors exactement la raison ?Our vocabulary has at its disposal two words: “faith” and “reason.” And since we are quick to move from the existence of words to the existence of things, common theory tells us first that we are endowed with reason, and secondly, that faith can be awakened in us, and that these are two modes of distinct but complementary knowledge. Let us explain. Common theory first depends upon an affirmation as old as philosophy, which is a philosophical affirmation: man defines himself specifically by the logos, which is called ratio in Latin; whence “reason” and “rationality.” In its Greek origins, and once it became Roman, rationality is unlimited. As a result, there is one question that is never raised: that of an act of knowledge in which man exceeds his definition of “rational animal.” The question did arise in the Christian world, however, when the knowledge of God and divine things came to be considered as exceeding the grasp of reason. What then can the reason do exactly? (shrink)
L’article propose une entrée phénoménologique dans la théologie des sacrements. Tous les phénomènes sont peut-être égaux en phénoménalité, tous ne possèdent pourtant pas la même phénoménalité. Quel est, donc, l’apparaître propre au sacrement? Sans prétendre faire plus qu’ouvrir une porte, on a ainsi tenté de montrer deux choses. La première est que le sacrement, par la complexité même de son apparaître, donne philosophiquement à penser. La seconde est que la phénoménologie a les moyens de respecter cet apparaître qui, pour être (...) complexe, n’en est pas moins intelligible par toute raison – et a fortiori par l’intelligence en acte de foi. (shrink)
A partir d'un « stock d'axiomes de toute théologie », J.-Y. Lacoste inscrit à son cahier des charges plusieurs tâches. La première consiste à montrer que « ses » vérités ne sont pas celles de tout le monde. La seconde est celle d'une « précision conceptuelle » inscrite dans la distinction de l'expérience et du langage par et dans lequel elle se dit. Enfin, comme troisième tâche, il entend accomplir une « mise en perspective » ou « mise en critique (...) », celle des instruments conceptuels utilisés. De ce fait, devraient apparaître les grandes lignes d'un protocole d'accord entre instances , capable d'aider à éviter des ornières assez habituelles, que ce soit celle de la sacralisation du Vorzeit , ou celle du flirt perpétuel avec la nouveauté chérie comme telle. Ces tâches étant évidemment solidaires, il n'est pas question pour J.-Y. Lacoste de les séparer dans son projet.Beginning with a « stock of axioms from all theology », J-Y Lacoste has a number of items on his list. The first is to show that « these » basic truths are not held by everyone. The second is that of a « conceptual precision » written in the distinction of experience and language by and in which it speaks . Finally, as a third task, he wants to accomplish a « putting in perspective » or « placing in review » of the conceptual tools used. From this there should appear the main lines of an agreement of protocol between matters capable of helping to avoid the fairly habitual ruts, whether it be that of the sacralization of the Vorzeit or that of the unending flirting with the darling novelity as such. Since these tasks are clearly tied together, there is no question for-J -Y Lacoste of separating them in his project. (shrink)