Il est habituel de reprocher à la pensée heideggérienne de ne pas penser le corps et de n’établir de lien conceptuel qu’avec ce qu’elle a voulu dénommer comme Dasein. L’auteur de Sein und Zeit ne fait en effet qu’effleurer le problème du corps mais donne pourtant, déjà, à qui sait voir, de précieuses indications pour la reprise de la dimension corporelle de l’homme au sein d’un déploiement plus originaire n’ayant pour Heidegger jamais encore été pensé. Le texte décisif de Heidegger (...) sur la question est un ouvrage mal connu , les Séminaires de Zollikon, qui clôt le débat de manière décisive en livrant la profondeur de la pensée heideggérienne grâce à la notion de chair et en élevant cette dernière à un niveau de réalité que la phénoménologie n’atteint pas. Avec la théorie de la chair ek-statique, Heidegger plonge la dimension corporelle de l’homme dans l’ouverture à l’être et rejoint aussi bien l’expérience quotidienne de l’advenue de l’objet au simple regard que celle du jaillissement de la réalité aux yeux du poète. Heidegger's philosophy is often criticized for addressing the question of the body by merely establishing a conceptual relation between body and Dasein. The author of Sein und Zeit only mentions the question of the body but gives to those who want to see many indications on its signification – in a way that no one did before for him. The key piece Heidegger wrote on this issue is not well known . This specific work introduces the concept of flesh and rises it to a level of reality that even pheomenology did not reach. With the theory of the ek-static flesh, Heidegger plunges the human body into the opening to the being and joins both the daily experience of the object and the burst of reality to the eyes of the poet. (shrink)

Hans Blumenberg et Siegfried Kracauer se sont rencontrés à l’occasion des colloques Poetik und Hermeneutik dans les années 1960. Leur amitié s’est doublée d’un dialogue intellectuel qui apporte un éclairage sur le livre posthume de Kracauer, History: the last things before the last. En dépit de tout ce qui sépare leurs oeuvres respectives, ils partagent la même méfiance envers un certain type d’histoire des idées qui méconnaît selon eux les éléments de discontinuité et de rupture. Cette position est elle-même liée (...) à une vision différenciée de la modernité qui, tout en refusant toute philosophie de l’histoire, rompt avec la Kulturkritik et les solutions extrêmes des années 1920 et 1930, pour évoluer vers ce que l’on pourrait définir comme une Aufklärung mélancolique. (shrink)

El presente artículo analiza la polémica sobre la superación de la metafísica en la filosofía de Heidegger por un lado, y la de Carnap por el otro; pasando por la ambivalente actitud de Wittgenstein. ¿Vivimos realmente en una época postmetafísica? El objetivo del autor es mostrar que nuestra relación con la metafísica tiene que ser crítica y no puede ignorar la filosofía práctica.

Edmund Husserl has argued that we can intuit essences and, moreover, that it is possible to formulate a method for intuiting essences. Husserl calls this method 'ideation'. In this paper I bring a fresh perspective to bear on these claims by illustrating them in connection with some examples from modern pure geometry. I follow Husserl in describing geometric essences as invariants through different types of free variations and I then link this to the mapping out of geometric invariants in modern (...) mathematics. This view leads naturally to different types of spatial ontologies and it can be used to shed light on Husserl's general claim that there are different ontologies in the eidetic sciences that can be systematically related to one another. The paper is rounded out with a consideration of the role of ideation in the origins of modern geometry, and with a brief discussion of the use of ideation outside of pure geometry. (shrink)

The article deals with the recently published Besinnung, a work dating from 1938–1939, one among the unpublished treatises in Part III of Heidegger's Gesamtausgabe. It follows the Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis) (1936–1938), taking up the same themes as that work, such as the last God, the first and the other beginning, etc. But whereas the earlier work, especially the notion of the last God, relates more to Schelling, this one muses on Kierkegaard. The article sets Besinnung within the context (...) of related works of the same period, not only the Beiträge but also Metaphysik und Nihilismus and Geschichte des Seyns. However, Besinnung also breaks new ground, finding a deeper ontological distinction between Seyn and Sein as the basis for the earlier ontological difference between being and beings. The work is part and parcel with Heidegger's destructuring of metaphysics, which he sees as really a freeing up of the beginning, as also the issue of onto-theology. Thus it is integral with Heidegger's program of getting God out of metaphysics and being out of theology. It is in virtue of the meaning he attaches to Seyn (Logos) in Da-sein that it is possible for him not only to retrieve the meaning of the other beginning, the en-owning (Er-eignis) of Da-sein, and with it the meaning of the first beginning (in the two senses the phrase has in this work), but also thereby to recover the forgotten meaning of being (Sein). The approach to Seyn, with Kierkegaard, is not through the thinking (Denken) that thinks being, which cannot really get beyond beings and/or the Supreme Being of metaphysics, but through a thinking, a musing, that thinks through to (Er-denkt) Seyn. The article concludes with some reflections on the significance of Heidegger as theo-logian. (shrink)

La présente étude se propose d’examiner les liens entre Heidegger et la philosophie médiévale allemande en dehors du binôme bien connu Heidegger – Maître Eckhart. L’opposition que le jeune Heidegger introduit entre le temps continu des sciences de la nature et le temps discontinu propre à l’esprit humain dans son histoire rappelle en effet certains traits fondamentaux de la théorie du temps développée par le dominicain allemand Dietrich de Freiberg. L’hypothèse d’un lien de filiation entre Heidegger et Dietrich est d’une (...) part suggérée par leur refus commun d’une vision « naturaliste » ou « psychologique » du temps, refus qui traduit en effet l’ancrage du temps dans le mode d’être particulier de l’existence humaine. D’autre part, la conception dietrichienne du rapport de fondation circulaire entre l’intellect humain et l’intellect divin apparaît également comme modèle pour la conception, chez le Heidegger moyen et tardif, du « fond-sans-fond » abyssal entre l’événement de l’Être ( Ereignis) et le Dasein. (shrink)

L’ontologie heideggérienne de l’être-pour-la-mort a souvent servi de référence négative à Paul Ricœur. Il lui a très tôt opposé trois thèses qu’il n’aurait peut-être pas formulées s’il n’avait pas croisé la philosophie de Jaspers : a) « La naissance signifie plus que la mort » ; b) « la rencontre décisive avec la mort est la mort de l’être aimé » ; c) « la mortalité elle-même doit être pensée sub specie vitae et non sub specie mortis ». La première (...) thèse conditionne les deux suivantes. Elle introduit une phénoménologie de l’ « être-en-vie » qui en appelle de la vie reçue à la vie transmise. On objectera peut-être que la phénoménologie de l’être-en-vie suppose l’ontologie de l’être-pour-la-mort. Mais, même si c’était le cas, elle n’en transformerait pas moins profondément la signification. La compréhension de l’existence est affectée elle-même par les phénomènes de la vie reçue et transmise. C’est ce que veut dire cette expression : « exister vivant ». L’angoisse de la fin n’annule pas la joie des commencements. Peut-être même reçoit-elle de celle-ci son sens.Paul Ricoeur has often referred to Heidegger’s ontology of being-towards-death to oppose it. He early set against it three thesis that he might have formulated differently had he not studied Jasper’s philosophy : a) « birth means more than death » ; b) « the decisive encounter with death is the death of the loved one » ; c) « mortality itself must be thought sub specie vitae, not sub specie mortis ». From the first thesis, can be inferred the two others. It brings in a phenomenology of being-alive. One may raise the objection that the phenomenology of being-alive presupposes the ontology of being-towards-death. But even so it would be necessarily transform its meaning. The understanding of existence is itself affected by the phenomena of life as given and received. Such is the meaning of the phrase : « existing alive ». The distress of the end never cancels the joy of the beginnings. It may even get its sense from it. (shrink)

Cet article se propose d’examiner le concept de « douleur transcendantale » développé par Heidegger dans le volume 68 de la ‘‘ Gesamtausgabe ’’intitulé ‘‘ Hegel’’. Comment une douleur peut-elle être dite ‘‘ transcendantale ’’en général? Cette question en effet à Heidegger d’affirmer que la négativité hégélienne a une double expression, logique et phenoménologique et n’est donc pas une pure abstraction.

Pour Blumenberg, la plupart des théories de la sécularisation payent un tribut involontaire à Feuerbach, la modernité s’approprie des idées et des valeurs originairement chrétiennes. Lui-même prône une conception dans laquelle la modernité doit trouver de nouvelles réponses à des interrogations initiées par le christianisme.