Abstract
Sextus Empiricus présente le scepticisme néo-pyrrhonien comme une philosophie qui cherche la vérité (PH I, 1-3). Il est difficile de le croire, pourtant, lorsque l ’ on étudie les longues séries d ’ arguments qu ’ il met en opposition afin de produire l ’ isosthénie, la force égale des arguments, qui amène à la suspension du jugement. Comment faut-il interpréter ce qui pourrait apparaître comme un décalage entre la théorie et la pratique du scepticisme? Plutôt que de conclure à l ’ inconséquence du scepticisme, (i) l ’ article se propose de reprendre à nouveaux frais les passages où Sextus présente le scepticisme comme une recherche de la vérité. Pour ce faire, il faut d ’ une part (ii) lier cette présentation à l ’ opération de différenciation entre le scepticisme de la Nouvelle Académie et celui des néo-pyrrhoniens ; d ’ autre part (iii) revenir sur la pratique du scepticisme par les néo-pyrrhoniens. Loin d ’ être une recherche de la vérité, le pyrrhonisme présenté par Sextus Empiricus recherche l ’ incertitude à l ’ origine du bonheur sceptique.