On montre d’abord qu’il est nécessaire de caractériser une simulation informatique à un niveau plus fin que celui des modèles formels : celui des symboles et de leurs divers modes de référer. C’est particulièrement vrai pour celles qui intègrent des modèles et des formalismes hétérogènes. On s’interroge ensuite sur les causes ontologiques qui pourraient expliquer leur succès épistémique. Il est montré qu’elles peuvent s’expliquer commodément si l’on adopte une conception de la nature à la fois discontinuiste et finitiste. Cette dernière (...) thèse se trouve renforcer une position métaphysique naturaliste en invalidant, à sa racine, l’argument formulé par le matérialisme spéculatif à l’encontre d’une approche scientifique du monde physique procédant, comme les simulations, par représentations et opérations finitistes. (shrink)

The problem of the transcendental has haunted philosophy for some time now. How can we think that which is external to our thought without by that token assimilating it to our thought? In other words, how can we speak of the outside without by that very gesture bringing it inside? While this conversation spun its complex tapestry over centuries, there developed alongside various attempts to dismiss or deflate the problem altogether. The most recent manifestation of this deflationary tendency is the (...) “speculative materialism” movement, represented with most clarity by Quentin Meillassoux in his 2006 work After Finitude. He attempts here to restore “the Great Outdoors” to a philosophical tradition mired in what he calls “correlationism,” which he characterizes as a kind of narcissism. So the present conjuncture seems to offer us a choice between the subjective transcendental cellar and the wilderness of speculative materialism. In this essay, we articulate an alternative to this choice rooted in readings of Merleau-Ponty and Deleuze. Our intent here is not to compare or contrast their bodies of work as wholes, but to trace a distinct philosophical maneuver that is not only common to the two thinkers but reveals a link between them. Rather than annulling the transcendental question, these figures encourage us to reverse it, and ask instead “how can we think the inside without by that very token bringing it outside?” This provides us with a response to the problem of philosophy’s narcissism without recourse to Meillassoux’s “speculative” solution.Le problème du transcendantal a hanté la philosophie depuis un bon moment à présent. Comment pouvons-nous penser ce qui est externe à notre pensée sans l’assimiler par là même à notre pensée? En d’autres termes, comment parler du dehors sans l’amener par ce geste même à l’intérieur? Alors que ce débat a tissé sa toile complexe à travers les siècles, plusieurs tentatives se sont développées pour rejeter ou désamorcer le problème. La manifestation la plus récente de cette dernière tendance est le mouvement du « matérialisme spéculatif » représenté avec le plus de clarté par Quentin Meillassoux dans son oeuvre de 2006, Après la finitude. Il tente dans ce livre de restaurer le « Grand Dehors » dans une tradition philosophique enlisée dans ce qu’il appelle « corrélationnisme », qu’il caractérise comme une forme de narcissisme. Ainsi, la conjoncture actuelle semble donner le choix entre une cave transcendantale subjective et la nature sauvage du matérialisme spéculatif. Dans cet essai, nous articulons une alternative enracinée dans des lectures de Merleau-Ponty et de Deleuze. Notre intention n’est pas de comparer ou de contraster leurs oeuvres prises globalement, mais de tracer une manoeuvre philosophique distincte qui est non seulement commune aux deux penseurs, mais qui révèle un lien entre eux. Plutôt que d’annuler la question transcendantale, ces figures nous encouragent à la renverser et à poser la question à la place : comment pouvons-nous penser l’intérieur sans l’amener par là même vers le dehors? Cela nous fournit une réponse au problème du narcissisme de la philosophie sans recourir à la solution « spéculative » de Meillassoux.Il problema del trascendentale occupa la filosofia ormai da tempo. Come possiamo afferrare con il pensiero qualcosa di esterno al nostro pensiero, senza con questo assimilarlo a esso? In altri termini, come possiamo parlare dell’esterno senza per ciò stesso portarlo all’interno? Mentre questa riflessione intrecciava le proprie complesse fila lungo i secoli, prendevano forma per via collaterale diversi tentativi di sopprimere o ridimensionare il problema che l’aveva originata. La manifestazione più recente di questa tendenza coincide con il movimento del “materialismo speculativo”, rappresentato nel modo più emblematico da Quentin Meillassoux con il suo saggio Après la finitude, pubblicato nel 2006. In questo saggio, l’autore tenta di restituire “il Grande Fuori” a una tradizione filosofica invischiata in quello che egli definisce “correlazionismo” e che descrive come una sorta di narcisismo. La situazione attuale sembra così porci di fronte all’alternativa tra la chiusura angusta del trascendentale soggettivo e l’apertura incontrollata del materialismo speculativo. In questo articolo, sviluppiamo una proposta alternativa basata sulla lettura di Merleau-Ponty e di Deleuze. Il nostro intento non è quello di confrontare o contrapporre le opere dei due autori nel loro complesso, ma quello di evidenziare una precisa mossa filosofica che non solo li accomuna, ma li rivela come effettivamente connessi. Piuttosto che annullare l’interrogativo trascendentale, questi autori ci invitano a capovolgerlo, domandandosi invece: “Come possiamo afferrare con il pensiero l’interno senza per ciò stesso portarlo all’esterno?”. Questa mossa fornisce una risposta al problema del narcisismo della filosofia eludendo il ricorso alla soluzione “speculativa” di Meillassoux. (shrink)

La Praxis est le point de départ et le point d'arrivée du matérialisme dialectique. Ce mot désigne philosophiquement ce que le sens commun appelle : "la vie réelle", cette vie qui est à la fois plus prosaïque et plus dramatique que celle de l'esprit, spéculatif. Le but du matérialisme dialectique n'est autre que l'expression lucide de la Praxis, du contenu réel de la vie - et corrélativement la transformation de la Praxis actuelle en une pratique sociale consciente, (...) cohérente et libre. Le but théorique et le but pratique - la connaissance et l'action créatrice - sont inséparables. HENRI LEFEBVRE. (shrink)

Dans un intervalle de temps de quatre ans, de 1982 ŕ 1986, Louis Althusser a écrit un nombre d’essais philosophiques, qui étaient tous posthumes édités. Les essais philosophiques sont typiques pour le travail de Louis Althusser, beaucoup plus que toutes autres formes d’écritures, mais la caractéristique principale de son dernier śuvre ne se trouve pas, ni sous sa forme ni dans la méthode, elle ne se situe plutôt dans une approche radicalement nouvelle ŕ la politique. Pendant les années’ 60, Althusser (...) tient un point de vue selon lequel le matérialisme dialectique représente le noyau philosophique du marxisme et le matérialisme historique correspond ŕ sa science. Dans les années’ 80, il change cette approche théorique en faveur d’une « philosophie de la rencontre », qui ŕ son avis reflčte le principe non téléological du matérialisme d’une maničre bien plus exacte, que le matérialisme dialectal qui pour lui et devenu logocentrique et idéaliste. Le matérialisme dialectal sera complčtement rejeté, et une nouvelle notion fera un pas dans son endroit: le matérialisme aléatoire, un matérialisme de contingence et de vide, qui rejette radicalement n’importe quelle priorité du sens sur des phénomčnes. Le texte suivant poursuit ce tour de changement radical dans la pensée althussérienne de la philosophie, et surtout dans sa relation ŕ la politique et ŕ l’idéologie. (shrink)

Ce livre étudie, à travers une série d'épisodes allant de la philosophie des Lumières à notre époque, le problème du matérialisme dans l'histoire de la philosophie et l’histoire des sciences. Comment comprendre les spécificités de l’histoire du matérialisme, des Lumières à nos jours, au sein de la grande histoire de la philosophie et de l’histoire des sciences ? Quelle est l’actualité de l’opposition classique entre le corps et l’esprit ? Qu’est-ce que le rire ou le rêve peuvent nous (...) apprendre du matérialisme ? En traversant l’histoire de ce concept jusqu’à l’émergence d’un « nouveau matérialisme » contemporain, l’ouvrage vise à revitaliser le matérialisme et sa lecture. -/- . (shrink)

Sinds de opmars van het Foucaultiaanse poststructuralisme – vaak opgepikt door feministische denkers die Michel Foucaults (1976) (le) pouvoir-savoir of de verstrengeling van macht en kennis wel konden appreciëren – zijn er verschillende post-poststructuralistische filosofieën bijgekomen die inzoomen op wereldlijke entiteiten en hun verhoudingen. Naast deze door Foucault opnieuw belichte verhoudingen, en de epistemologische manieren waarop wij kennis kunnen verkrijgen over de subjecten en objecten die achter deze door macht gekenmerkte relaties schuilgaan, bekritiseren deze stromingen ook een ander, door Foucault (...) aangestipt, Verlichtingsthema: het moderne antropocentrische wereld- en mensbeeld. (shrink)

Philosophy of dialectical materialism and logic.

Derrière le mythe de Matérialisme et empiriocriticisme tel qu’il a été érigé par Staline se cache en réalité un large débat à la fois épistémologique et politique qui s’étend sur deux générations de militants marxistes. L’objectif de cet article est de restituer le contexte historique de la production du seul ouvrage philosophique publié par Lénine de son vivant, afin de montrer les ressorts qui ont conduit son auteur à le rédiger. Loin d’être une simple dénonciation des déviations par rapport (...) à l’orthodoxie philosophique, le livre s’avère être né de la rencontre entre deux débats parallèles, l’un portant sur la philosophie marxiste et l’autre sur la stratégie politique, dont les trois acteurs principaux se révèlent être Plekhanov, Bogdanov et Lénine. (shrink)

Renonçant à donner une simple défense du matérialisme, ce colloque, qui s'est tenu à Cerisy-la-Salle en septembre 1995, a préféré contribuer à restituer au matérialisme sa diversité et sa vitalité philosophique.

« J'allai à la fenêtre et regardai dans la rue, où restait un groupe de trois personnes qui battaient la semelle dans le froid. Une quatrième était à la porte, une fille sans âge en fourrure mouillée avachie, qui s'efforçait de regagner le royaume de la contingence à coups de clignements d'yeux. » [Don Delillo, Great Jones Street (1973), Arles, Actes Sud, 2011, p. 22] ThéoRèmes n'entend pas suivre les modes mais se veut une revue résolument contemporaine. Si le réalisme (...) spéculatif est parfois... (shrink)

Avec l’avènement récent des neurosciences cognitives, le problème corps-esprit passait du registre traditionnel de la réflexion philosophique au domaine factuel de l’investigation scientifique. Une possible réduction de la pensée à ses infrastructures cérébrales rencontre cependant des écueils d’ordre épistémologique considérables. C’est dans l’aval de ces problèmes impliquant le nouveau dialogue des neurosciences avec les réalités cliniques que s’inscrit l’étude présentée. Dans ce contexte de discussion sont abordés les fondements théoriques des neurosciences contemporaines comme la mise en perspective des recherches sur (...) le cerveau dans le discours actuel des sciences humaines. Tout en considérant l’importance heuristique des recherches conduites sur les instances neurocognitives et sur la matérialité tissulaire des intégrations psychophysiologiques, les travaux présentés tendent à montrer que les relations fonctionnelles tissées entre le cerveau et la pensée ne sauraient se déchiffrer sur la base théorique des seules herméneutiques réductives. Si le tissu nerveux implique dans ses vecteurs de causalité la manifestation potentielle de comportements adaptatifs progressivement plus complexes, le tissu cérébral n’implique pas directement dans ses virtualités fonctionnelles la manifestation de l’esprit. À cet égard, les travaux abordés soulignent au niveau de la réflexion critique comme sur le plan de l’analyse factuelle que l’émergence de la pensée n’enracine pas sa nécessité dans la complexité des connexions neuronales. Arguments et propos qui tendent à réviser les nouveaux paradigmes neurophilosophiques de la vie mentale intéressant le substantialisme de la conscience et la dimension logistique de l’esprit. (shrink)

ABSTRACTThis paper assesses the influence of Descartes’s thought on Julien Offray de La Mettrie and Baron D’Holbach, two prominent materialist philosophers of the 18th century. While both agree on the aberrant and unintelligible character of the soul’s spirituality, their interpretation of the consequences of Cartesianism differ. To lay the ground for his own materialism, La Mettrie disingenuously describes Descartes as a crypto-materialist. D’Holbach, on the other hand, takes the mistake of dualism as the product of an overly imaginative metaphysics.

RÉSUMÉ Dans la foulée de divers arguments antiphysicalistes visant à montrer que les qualia ne sont pas fonctionnalisables, Ned Block a proposé un autre argument de ce type, qui repose sur son expérience de pensée de la Terre inversée. L’argument de Block montrerait qu’un sujet peut avoir deux expériences de couleur du même type « phénoménal » qui seraient de deux types fonctionnels distincts puisque, selon lui, elles auraient des contenus intentionnels distincts. Il existerait donc une différence fondamentale entre le (...) contenu phénoménal des expériences sensorielles et leur contenu intentionnel et, dans la mesure où le contenu phénoménal ne pourrait être fonctionnalisé, le fonctionnalisme serait ainsi réfuté, à tout le moins en ce qui concerne les expériences sensorielles. Je soulève une objection qui, si elle est correcte, montre que la distinction que Block tente d’établir entre le contenu phénoménal et le contenu intentionnel des expériences est incohérente. ABSTRACT Following the popular trend of antiphysicalist arguments which aim at showing that qualia cannot be functionalized, Ned Block has suggested yet another antiphysicalist argument, on the basis of his Inverted Earth thought experiment. The purpose of his argument is to show that a subject could have two color experiences which are of the same phenomenal type but of different functional types, insofar as they have different intentional contents. This argument would support the idea that there exists a substantial distinction between the phenomenal content of sensory experiences and their intentional content, and that functionalism is false, at least with respect to sensory experiences. I raise an objection to Block's argument which, if correct, shows that the distinction he proposes between the phenomenal and the intentional content of sensory experiences is incoherent. (shrink)