L'autorité panoptique s'exerce donc bien au-delà des pouvoirs du surveillant central. Le Panoptique impose sa domination aux pauvres et aux indigents dans un but : les former ou les réformer... au bonheur !

La multiplication sur Internet des dispositifs « interactifs » interroge les enjeux et les principes des nouvelles formes de communication qui envahissent les systèmes techniques contemporains. La banalisation et la généralisation de ces agencements machiniques remettent en question les frontières traditionnelles entre l’image et le réel, le regard et l’écran, le sens et le message, le sujet et le monde, le public et le privé, le pouvoir et la captation, la présence et l’absence, le désir et le manque...The increasing number (...) of « interactive » devices on Internet addresses the question of the stakes and principles linked to the new forms of communication invading contemporary technical systems. The trivialization and extension of these tools are a challenge to the standard boundary line between images and reality, the viewer and the screen, meaning and message, the individual and the world, the public and private spheres, power and addiction, presence and absence, desire and need.. (shrink)

IntroductionJamais construit, jamais occupé, le Panoptique de Bentham demeure une architecture virtuelle qu’il est possible d’interpréter, de rêver ou de « cauchemarder » avec peut-être plus de liberté que si elle s’était incarnée dans la pierre. Si d’un côté, des recherches récentes ont permis de préciser l’évolution historique de ce projet dans la pensée de Bentham, dans d’autres domaines, le Panoptique est un paradigme utilisé pour lire la littérature anglo-saxonne de la fin du XVIIIe sièc..

On croit souvent que les Big data et l’univers d’internet et des réseaux sociaux constituent une forme nouvelle de pouvoir dictatorial des contrôleurs d’internet. Mais, en fait, ce à quoi nous assistons est à une nouvelle dictature du prolétariat, celle des multitudes et du populisme.

On croit souvent que les Big data et l’univers d’internet et des réseaux sociaux constituent une forme nouvelle de pouvoir dictatorial des contrôleurs d’internet. Mais, en fait, ce à quoi nous assistons est à une nouvelle dictature du prolétariat, celle des multitudes et du populisme.

RÉSUMÉ Dans le Panoptique, Jeremy Bentham expose ses vues sur la réhabilitation des criminels. Un important aspect de son projet repose sur l’idée que le regard du public sur le châtiment est nécessaire à l’éducation morale de la société. Lors de la rencontre entre les visiteurs et les prisonniers, Bentham exige de chaque détenu le port d’un masque. Cet essai suggère que le masque joue un rôle fondamental dans la mise en scène du châtiment. ABSTRACT In the Panopticon Writings, (...) Jeremy Bentham exposes his project for the criminals’ rehabilitation. An important aspect of his project is based on the idea that the confinement of criminals has to be displayed before the eyes of visitors. Thus, when prisoners encounter the public’s gaze, they are forced to wear a mask. This paper suggests a reading of the mask as a central instrument of redemption and general moral education. (shrink)

La présente étude souligne que l’idée de gouvernance de Bentham avait déjà été formulée dans les années 1780 et explique clairement que ses idées étaient cohérentes, en prenant en compte l’interprétation de Schofield concernant la radicalisation progressive de Bentham. Les premiers textes de Bentham, tels que Le Panoptique et Tactiques Politiques, comprenaient des éléments de publicité et de surveillance qui caractérisaient la théorie de la gouvernance basée sur le concept d’intérêt, et donnèrent lieu à des discussions clés qui conduisirent (...) à l’idée de démocratie représentative dans la période qui suivit. Basées sur Fragment sur le gouvernement et sur Introduction aux principes de la morale et de la législation dans les années 1770, diverses idées, dont la théorie de la « législation indirecte » de Bentham dans les années 1780, se concrétisèrent par son idée utilitariste de gouvernement. (shrink)

La présente étude se propose d’examiner la conception tout à fait originale de Bentham concernant une éducation démocratique fondée sur des intellectuels qui visent à établir une société libérale, contrairement à l’éducation civique d’aujourd’hui. Tout d’abord, j’examine les recherches récentes sur l’éducation civique, qui sont liées à un tournant délibératif, en montrant en quoi elles diffèrent des objectifs que Bentham s’assignait pour l’éducation. Ensuite, en évoquant l’évolution des travaux de recherche concernant les relations entre Bentham et Foucault, je souligne que (...) Foucault appréhendait l’aspect démocratique du panoptique de Bentham et le liait à la gouvernementalité libérale. En troisième lieu, j’analyse les idées de Bentham sur l’éducation. Cette analyse comprend deux volets : ses idées concernant l’éducation de bons citoyens dotés d’intelligence, et sa conception de l’éducation comme expérimentation. Bentham considérait l’éducation intellectuelle de l’école chrestomatique comme une protection contre les illusions pernicieuses. Les idées de Bentham sur l’éducation, d’une part, visaient à favoriser l’émergence de bons citoyens pouvant participer au Tribunal de l’opinion publique, et de dirigeants compétents ayant les qualités intellectuelles voulues pour diriger ou suivre l’opinion publique. D’autre part, Bentham souhaitait ardemment que l’éducation fût une expérimentation destinée à établir une société libérale entièrement recréée depuis ses fondements. Il exprima ce souhait dans la dernière partie de ses lettres sur Le Panoptique, qui traitait de l’application des principes du panoptique aux écoles et de son plan de contrôle des pauvres. Afin de réformer la société existante gouvernée par un petit nombre de dirigeants uniquement soucieux de leurs intérêts dévoyés, il chercha à promouvoir la publicité et l’éducation intellectuelle pour contrer cette mauvaise gestion. Si, par contre, la société pouvait être établie de manière idéale dès ses débuts, alors une société entièrement nouvelle pourrait émerger sur la base des principes utilitaristes, qui donneraient corps à l’identification artificielle des intérêts entre chaque individu et l’ensemble de la communauté. La pensée éducative de Bentham était une entreprise à double face, qui s’adressait à la fois au présent et à l’avenir. (shrink)

Qu'est-ce que l'utilitarisme? Philosophie du bourgeois, philosophie de l'homo oeconomicus, dénoncée, entre autres, par Marx, Nietzsche et Foucault? Ou la seule philosophie morale de taille à concurrencer le kantisme et l'une des bases de l'éthique appliquée contemporaine? L'utilitarisme a cherché à constituer une morale purement rationnelle, critique des croyances religieuses et des conventions sociales. L'exemple le plus illustre est celui de la justice pénale. Bentham, dans des textes révolutionnaires, soutient, à la suite de Beccaria, que la peine doit être proportionnée (...) au tort commis par le coupable, non au besoin de vengeance de la victime et de la société. Dans le premier volume de cette Anthologie, Bentham et ses précurseurs, la filiation entre Bentham et les philosophes des Lumières est établie. De Shaftesbury et Hume à Beccaria et William Paley, on pourra prendre la mesure des continuités, mais aussi du génie du fondateur de ce radicalisme philosophique. Surtout, le lecteur aura accès aux textes majeurs de Bentham qui n'avaient jamais été traduits, en dehors du Panoptique et des Sophismes anarchiques écrits directement en français. On pourra ainsi apprécier combien l'utilitarisme a été et demeure un outil d'analyse et de critique de la morale ordinaire. (shrink)

Alors même qu'elle n'y est que rarement définie, la question de la censure est à l'arrière plan d'une large part de la pensée politique italienne de l'époque dite de la Contre-Réforme (Botero, Fracchetta, Ammirato, Albergati, Possevino). Elle constitue toutefois une pierre de touche permettant de contester l'idée, aujourd'hui répandue, d'une homogénéité de pensée entre tous les théoriciens de la raison d'État. Alors que certains d'entre eux acceptent le modèle ancien de la censure politique romaine, réactualisé par la théorie juridique bodinienne, (...) les principaux représentants de la raison d'État catholique semblent la rejeter, ou du moins l'ignorer, au profit d'un autre modèle, celui de la censure ecclésiastique. Directement opposés à Bodin, ces auteurs développent cependant le programme que celui-ci expose dans son chapitre De la censure (République, VI, 1) : un contrôle social de la population pensé sur le modèle de la vision panoptique et omnisciente. Mais ils prétendent à une efficacité majeure, grâce à la multiplication des outils et des occasions du contrôle. Il ne s'agit plus simplement de dénombrer les sujets et leurs biens, mais d'épier directement leurs actions et leurs pensées : la figure du censeur fait place à celle de l'espion. Tel qu'il est formulé par tous ces auteurs, l'enjeu principal du contrôle social est bien de connaître les opinions des hommes et de soumettre les consciences ; or la force de la proposition des penseurs catholiques consiste à confier cette tâche ' politique ' à la seule autorité légitime en matière de gouvernement des âmes : le clergé, chargé de la confession et de la direction des consciences. De la sorte, la raison d'État catholique prétend à une efficacité politique supérieure à toute théorie qui détache l'État de sa bride confessionnelle. (shrink)

Au XVIII e siècle, Jeremy Bentham avait imaginé un dispositif carcéral où les détenus seraient surveillés par un gardien omni-voyant. Dans le panoptique digital, nous ne sommes plus de simples détenus, mais participons activement à son façonnement. Personne ne semble s’en émouvoir outre mesure. Il n’y a pas si longtemps encore, en Allemagne les gens montaient sur les barricades contre le recensement démographique d’État : cette époque semble bien lointaine, au vu de notre inclination à partager toutes nos données (...) avec les appareils de capture de l’hypercapitalisme. (shrink)

L’ouvrage de Claire Wrobel s’appuie sur une citation de Michel Foucault qui sert d’épigraphe à l’introduction, selon laquelle « les espaces imaginaires » que sont « les paysages d’Ann Radcliffe […] sont comme la ‘contre-figure’ des transparences et des visibilités qu’on essaie d’établir ». Le « on » de cette citation est celui de Jeremy Bentham, que Claire Wrobel propose ici, suivant l’hypothèse foucaldienne, de lire conjointement avec l’œuvre de Radcliffe, parue pour l’essentiel dans les années 1790, afin d’explorer le (...) rapport que le Panoptique entretient avec le roman gothique (p. 14). Les bornes chronologiques de ce livre, 1764 et 1842, correspondent d’une part à la publication de ce qui est considéré comme le premier roman gothique, _The Castle of Otranto_ (Horace Walpole, 1764), et d’autre part à l’ouverture du pénitencier de Pentonville, inspiré des travaux de Bentham et inauguré 10 ans après sa mort. Le propos est mené avec rigueur, précision et conviction tout au long des 492... (shrink)

Ce volume collectif accompagne, à quelques mois d’intervalle, la publication de l’édition critique des textes consacrés par Bentham à l’Australie (_Panopticon versus New South Wales and other writings on Australia_) chez UCL Press sous la direction de Tim Causer et Philip Schofield. Les versions numériques des deux ouvrages sont disponibles en accès ouvert sur le site de l’éditeur. Bentham consacre un premier essai au système pénal en Australie en 1791, à peine six ans après le début des déportations de prisonniers (...) vers la nouvelle colonie carcérale. Il s’oppose sans relâche à cette politique et tente de démontrer que son propre projet de prison panoptique est à la fois plus efficace et moins coûteux pour punir les criminels et conduire à leur réforme. En 1801, au moment où le ministère rejette définitivement la construction du panoptique près de Londres, Bentham érige les colonies australiennes en symboles de la corruption de la constitution et de la malhonnêteté des membres du gouve... (shrink)

Dans les grandes études d’histoire carcérale qui ont fait date dans les années 1980-1990, le projet panoptique de Jeremy Bentham occupe une place centrale, marquant le passage de la prison de l’ancien temps (lieu de passage, de brassage, de...

In her 2012 novel The Panopticon, Jenni Fagan chose to examine the possibility of emancipation from within the care system, and between the walls of an institution modelled on Bentham’s 18th century eponymous invention. Setting the adventures of Anais, an orphan and chronic offender, in that building, testifies to the persistence of the master trope of surveillance, which turns the visual world of the novel into an anxiety-ridden field of observation and control. The reference to disciplinary and punitive visuality proves (...) particularly effective in conveying Fagan’s critique of a system that has relinquished its duty of care and devotes itself to the marginalisation and subjugation of the young delinquents it purports to rehabilitate. However the novel also inspires itself from Foucault by reminding us that the visual field of discipline is not one in which power can be exerted absolutely. In the Panopticon, surveillance elicits the resistance of the residents, who repeatedly escape the all-seeing watchtower, claim a “right to look” and eventually bring down the dispositive of disciplinary visuality, allowing Anais’s emancipation in the process. Ultimately the narrative uses the visual paranoia of panopticism as a foil, as its young protagonist looks for practices of seeing and modes of inscription in the visual landscape that will nurture rather than discipline and punish. Far from rejecting visuality altogether, the narrative seeks out spaces where visual care and consideration constitute a response to the failure of the State system of surveillance effectively to reform or care for its citizens. (shrink)

The introduction maps five panoptic-shaped establishments in Australia's colonial history, as well as discusses how the convict industry in Australia developed a unique pattern, alternating out-door and in-door penal servitude. In-door confinement was modelled on a variety of influences, of which Bentham’s is one among many. The label Panopticon might appear inaccurate to describe these prisons, however it is still used today as the term is loaded with connotations with encapsulates some of the spirit of the penal colony.

The Island of Rottnest is commonly known to Noongar people as Wadjemup, “place across the river” or from its colonial connections the “Isle of Spirits”. Rottnest is located approximately 18 km off the coast of Western Australia, near Fremantle, and is world-renowned as a tourism precinct. The island’s hidden history of Aboriginal incarceration, dispossession and death within the Panopticon-inspired Quod prison is less well known. Foucault is eminently known for his theories around panopticism, at least by any student of cultural (...) and critical theory in the last few decades. Foucault’s based on the 18th-century social reformer Jeremy Bentham’s idea that prisoners could be controlled and reformed by creating the illusion that they were at all times under surveillance. This paper investigates the Panopticon’s influence on one of the oldest cultures in the world – Australian Aboriginals in the western state of the continent – who were, from 1864, incarcerated in a Panopticon-influenced building referred to as the Quod. The incarceration dehumanized, dispossessed and colonized proud people. (shrink)

Alexander Maconochie, the originator of the “Mark System”, is a major figure in the history of penal discipline and is best known for his attempt to implement it at the Norfolk Island penal station from 1840 to 1844. Among Maconochie’s many works is the eight-page “Comparison Between Mr. Bentham’s Views on Punishment, and Those Advocated in Connexion with the Mark System”, in which Maconochie rejected Bentham’s critique of transportation, as well as fundamental elements of his theory of punishment. Maconochie concluded (...) that mainstream thinking on penal discipline was dominated by “mistakes” that either “in great measure originat[ed] with Mr. Bentham”, or had been “at least sanctioned by his high authority”.This paper questions whether Maconochie’s rejection of Bentham’s views is entirely convincing, since his penal practices, as well as an earlier and lesser-cited work, indicate that Maconochie was, at times, considerably closer to Bentham’s position on punishment than “Comparison” suggests. Section I will provide some brief biographical background. Section II will explore Maconochie’s attempt to implement his reformative system at Norfolk Island, at the heart of which was surveillance and extensive record-keeping to monitor individual behaviour and progress, and in which there are echoes of Bentham’s panopticon scheme. Section III will examine Maconochie’s changing views on criminal transportation, from his adherence to the Benthamite anti-transportation line in 1818, to his qualified support for transportation from 1838 onwards. Finally, Section IV will examine the Mark System and Maconochie’s criticism of Bentham in more detail. (shrink)

The management of 13,500 women transported to Van Diemen’s Land during the fifty years to 1853 was a constant problem for the authorities. In response to suddenly increased numbers during the 1820s when ships began arriving directly from Britain, ‘female factories’ were built. These multipurpose institutions were designed to process new arrivals, regulate the supply of female convict labour to settler households and punish the recalcitrant. All were impelled by agendas of reform, as well as punishment, and were expected to (...) monitor the bodies of criminals while grinding them into useful citizenry. There is considerable evidence that all failed in their objectives. A lack of suitable tasks, ineffective management, and convict agency derailed administrative plans. Unlike British and Irish penitentiaries, female factories were not closed institutions. Their primary role was to service settler demand for cheap domestic servants. A second paperwork surveillance system regulated the wider circulation of female convict labour. This was much more effective at keeping female convicts in view, although it too met with considerable resistance. We examine the impact of both architectural and bureaucratic surveillance systems on prosecution rates and colonial births, illustrating the impacts of colonial surveillance on both work and reproduction. (shrink)

Archaeological excavations carried out at Pentridge Prison discovered the ruins and foundations of three panopticon exercise yards. This paper details the scope and observations of the excavation program and discusses the influence of Jeremy Bentham’s panopticon model on penal reform and prison design in Australia in the middle of the 19th Century.

The introduction first goes back on Jeremy Bentham’s historical scheme to highlight lesser-known traits and show how it was not limited to carceral applications, a versatility which has been reflected in literature. It then moves on to Foucault’s chapter on panopticism in _ Discipline and Punish, _ foregrounding its most influential aspects as well as others which are often overlooked. The third part focuses on the reception of Foucault’s panopticism in literary criticism, from the seminal studies of D.A. Miller and (...) John Bender to contemporary times. The fourth part deals with the influence of panopticism within the field of surveillance studies, as well as the input offered by literature for these discussions. The introduction then presents the structure of the issue and offers a summary of each of the five articles and of the final interview. (shrink)

This article offers an analysis of texts which were written in 1802-3 and published in 1812 under the title Panopticon versus New South Wales, namely Jeremy Bentham’s first two letters to Lord Pelham and A Plea for the Constitution, arguing that, in his attempt to show the superiority of his Panopticon plan over the transportation scheme, the reformer depicted New South Wales as a Gothic dystopia. ‘Gothic’ is here understood as a literary genre, an ideological term and a critical tool. (...) Bentham upset the conventional cartography of his time by showing that the ‘archaic’ or ‘barbarian’ practices that Gothic novels located in Catholic Europe were actually present in British penal policies. In addition to drawing on the rhetoric and the dichotomies which underlay the Gothic novels published during his lifetime, Bentham anticipated scenarios – such as reverse colonization and contamination – which would be explored in Victorian fiction. By extrapolating in dystopian fashion from trends which were present in the British body politic, Bentham’s Australian writings show how a historical period may be haunted by its future potentialities. (shrink)