Abstract
La liberté n'apparaît qu'assez tard dans la pensée grecque. Même chez Aristote, on ne trouve aucun passage qualifiant explicitement la volonté humaine de libre et d'autonome. Néanmoins, la plupart des auteurs reconnaissent dans la pensée d'Aristote le premier épanouissement d'une conscience de liberté. Les passages les plus intéressants sur ce point sont ceux qui concernent l'hekousion et la prohairesis. Le terme technique έχούοιου-έχώυ est très riche et nous semble posséder trois significations bien distinctes. Premièrement, l'hekousion est défini par Aristote comme la qualité d'un acte dont le principe se situe dans le sujet agissant. Hekoon veut dire ici : „spontanément, de soi-même”. Ainsi, l'hekousion peut sans aucune difficulté être attribué aux enfants, même aux animaux ! Ailleurs, la traduction „volontaire” nous semble très correcte. Ici l'hekousion présuppose un moment de réflexion sur les circonstances constituant l'action naissante. Dans une troisième série de passages, s'ajoute une dimension éthique. Ici l'hekousion engage la responsabilité. Le terme technique ή πϱοαίϱεόις se présente comme une radicalisation de l'hekousion au second sens. Il résulte explicitement d'une délibération . Néanmoins, la prohairesis est plus qu'un pouvoir cognitif. Aussi, il est début et guide de l'action : la vie volitive, le désir constitue aussi bien son essence. Aristote peut la définir tantôt comme όϱεϰτιϰòς voύς tantôt comme őόϱεϰξις ßovλεvτιϰή. On pourrait la traduire par „décision, volonté”.