Abstract
Après un rapide exposé du trajet politique de J. P. Sartre et de la revue Temps Modernes on se questionne sur les rapports tardifs entre la philosophie et la pensée politique chez le philosophe. Il faut donc revenir à L'être et le néant et essayer de comprendre pourquoi cet ouvrage s’est terminé avec une promesse qui n’a pas été soutenue par l’auteur: la formulation d’une morale. Selon L'être et le néant seulement une morale de situation est soutenable. D’un autre côté, l'universalité est l’exigence première pour la formulation de la morale. Ainsi, pour qu’une morale devienne possible il faut d’abord universaliser la situation de l’homme. Mais si on accepte, avec Marx, que dans une société divisée en classes c’est exactement cette division qui ne permet pas l ’universalité de la situation, il devient clair que l’abolition des classes est la condition exigée par l’universalisation de la situation et, donc, par la morale. L'engagement politique, visant l’abolition des classes sociales, devient alors la condition préalable à la formulation de la morale. Pour Sartre le socialisme et la morale sont possibles, ils ne sont pas nécessaires; l’alternative est donc: socialisme ou barbarie.