Ethische paideia in het latere stoïcisme en het vroege christendom

Tijdschrift Voor Filosofie 27 (1):3 - 53 (1965)
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Abstract

Le thème de l'éducation morale occupe dans la philosophie grecque une place centrale : il est au cœur de la réflexion de Socrate, on le retrouve dans les dialogues de Platon et dans les traités d'Aristote, il se rencontre aussi dans les écrits des Stoïciens. Plusieurs questions se rattachent à ce thème : l'éducation morale est-elle possible ? En d'autres mots, l'homme peut-il évoluer réellement au point de vue moral, peut-il adopter des attitudes nouvelles ? Le comportement humain n'est-il pas déterminé par des structures innées ? Si l'éducation morale est possible, par quel moyen peut-elle se réaliser ? Peut-on assurer l'éducation morale d'un homme en lui donnant une instruction adaptée ou faut-il plutôt un entraînement pratique ? La question est importante : elle est en rapport immédiat avec la conception fondamentale de l'éthique. Ensuite, quelles sont les étapes de l'éducation morale ? Et avant tout, s'agit-il d'une transformation brusque, instantanée, ou bien faut-il concevoir cette éducation comme une évolution progressive, marquée d'instabilité aussi longtemps que le terme final n'est pas atteint ? Enfin, quel est la fin ultime du progrès moral ? Comment se conçoit la perfection morale de l'homme ? Quel est en somme le but qu'il importe d'atteindre ? Telles sont les principales questions auxquelles les philosophes du Portique, comme leurs prédécesseurs, ont essayé de répondre. Il importe de remarquer tout d'abord que sur le point qui nous intéresse un développement assez important s'est produit à l'intérieur de l'École stoïcienne. Les positions de l'Ancien Stoïcisme sont particulièrement radicales : les hommes se divisent en deux catégories, les sages et les insensés ; il n'y a pas de classe intermédiaire entre les deux groupes mentionnés : celui qui n'est pas sage, appartient à la masse des insensés. C'est que la vie morale d'un homme constitue une unité compacte et indivisible : il n'y a qu'une seule vertu, qui acquiert des noms différents suivant les domaines de la vie dont elle s'occupe. Celui qui possède cette vertu est sage ; les autres ne le sont pas. Y a-t-il des sages ? Ils sont très peu nombreux, à tel point que les philosophes du Portique eux-mêmes n'osent pas s'attribuer ce titre. Si on est insensé, peut-on devenir sage ? Cette transformation est possible (bien qu'elle soit exceptionnelle), mais elle se fait instantanément, par une conversion soudaine. A partir de Posidonius surtout, la doctrine de l'éducation morale devient plus réaliste, se rapproche davantage de la vie concrète et perd de son radicalisme. Le développement dont il est question se traduit principalement par la valeur qu'on accorde au progrès moral : c'est le cas de Sénèque, de Musonius et d'Epictète. Au lieu de diviser les hommes en deux groupes nettement opposés, on admet l'existence d'une classe intermédiaire, les progressants (proficientes) : ils n'ont pas encore atteint les sommets de la sagesse, parce qu'ils ne se sont pas encore entièrement libérés de la domination des passions ; ils n'appartiennent pas non plus à la masse des insensés, parce qu'ils ont pris conscience de leur responsabilité et qu'ils ont la ferme volonté de réaliser des progrès. Dans l'optique stoïcienne, cette attitude intérieure est capitale, puisque la morale du Portique est avant tout une morale de l'intention et de la disposition d'âme. C'est que pour les Stoïciens de l'époque impériale, la vie morale ne se présente plus tellement comme un bloc monolithique : ils ont davantage le sens de la vie concrète des hommes, se mouvant dans des circonstances très variées ; à côté de l'action morale parfaite, il y a aussi des comportements moins parfaits, répondant aux circonstances de la vie et réalisant ce que les Stoïciens ont appelé des „devoirs“ (officium). Ceux qui accomplissent ces devoirs, sans atteindre pour autant la perfection de l'action morale, constituent la classe des progressants. La philosophie stoïcienne a dominé le monde hellénistique durant cinq siècles : les penseurs juifs et chrétiens ont été amenés à se confronter avec elle. Il est intéressant de noter que le dialogue entre le Stoïcisme et le christianisme primitif a été particulièrement fructueux dans le domaine de l'éducation morale : plusieurs idées stoïciennes ont été reprises, tout en subissant des remaniements, par des auteurs comme Philon et Clément d'Alexandrie. Eux aussi admettent que l'éducation morale est possible : la conduite morale de l'homme n'est pas déterminée par des structures innées ; tout homme possède en lui les germes de la vie morale, germes qu'il est possible de développer par une formation adaptée. Le but assigné à l'éducation morale se situe dans l'optique stoïcienne : il s'agit de se libérer aussi totalement que possible de l'emprise des passions. Cependant on se rend compte des difficultés que présente cette libération complète : c'est pourquoi les hommes qui tendent vers cet idéal sans l'avoir atteint, ne sont pas assimilés aux insensés, mais sont considérés comme des progressants ; la vie passioneile chez eux n'est pas éteinte, mais soumise à la direction de la raison. On admet aussi que l'éducation morale est plus qu'une affaire d'instruction, de formation intellectuelle ; elle comporte également un entraînement pratique : c'est par la pratique de la vertu que le progressant établira de plus en plus sa domination sur les passions jusqu'au moment où il pourra les anéantir totalement. Ainsi par l'intermédiaire de Philon et de Clément d'Alexandrie, beaucoup d'éléments stoïciens ont été incorporés dans la morale et la spiritualité chrétiennes

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Stoicism bibliography.Ronald H. Epp - 1985 - Southern Journal of Philosophy 23 (S1):125-171.

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