Diogène 210 (2):85-97 (
2005)
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Abstract
Résumé Historiquement, la Turquie est un « autre » pour l’Europe. Identité européenne et identité turque ont pris forme au travers d’une relation ambivalente (éloignement vs. proximité). Ceci explique pourquoi l’association formelle de la Turquie à l’Union Européenne a pu poser problème – forçant chacun des partenaires à une interrogation sur le sens de la culture et de l’identité. Dans un premier temps a semblé prévaloir une conviction selon laquelle la perspective d’intégration ne deviendrait jamais réalité. Puis, de nouvelles forces sociales turques ont repris à leur compte les engagements vis-à-vis de l’UE dans une perspective de démocratisation du pays. De fait, jusqu’à la fin des années 1990, ce sont des forces sociales nettement distinctes de l’élite d’État qui ont promu l’idée d’intégration à l’UE. Celle-ci a fait parallèlement l’expérience d’un renversement du même ordre : lorsque Bruxelles a finalement projeté d’intégrer effectivement la Turquie, s’est fait jour un intense débat sur les thèmes de l’identité européenne et des frontières de l’Europe. L’UE semble avoir désormais opté pour une représentation plus constitutionnelle et moins culturelle de la signification de l’Europe – impliquant donc que ses frontières pourraient encore plus largement s’étendre à l’avenir.