Abstract
Les livres sapientiaux sont le fruit d’un dialogue parfois conflictuel entre expérience concrète et doctrine théologique. Au point de départ, la sagesse est d’abord un savoir-faire, comme les proverbes anciens en témoignent : elle observe la société et tire de ce qu’elle voit des leçons pour la quête du bonheur. À l’époque perse, cette sagesse pratique est mise au service d’une théologie de la rétribution divine en fonction de la Torah. Au nom de l’expérience de la non-maîtrise de l’homme sur son propre destin, Qohélet critique à la fois la sagesse traditionnelle et la doctrine officielle ; il propose un chemin de joie, modeste, certes, mais réaliste : il faut vivre avec intensité les petits moments de plaisir que Dieu accorde. Le Siracide, enfin, met en garde contre une sagesse qui lui paraît trop humaine et rappelle que, pour être heureux, il faut avoir au cœur la crainte de YHWH. C’est l’homme du juste milieu ou, plutôt, de l’équilibre ; ainsi, il encourage la recherche du plaisir, mais en ajoutant aussitôt : « avec modération, et en ayant le souci des autres ».