Abstract
Pour Platon l'instrument principal de la connaissance philosophique est le logos, non seulement dans le sens général de « raison », mais aussi dans le sens spécifique de connaissance qui se réalise au moyen du « discours », c'est à dire d'une raison qui possède un caractère foncièrement linguistique. Cela semble impliquer que le logos a une nature entièrement transparente à soi même, et par conséquent, comme on peut le déduire de l'analyse consacrée dans le Théétète à la théorie du songe, que les éléments dont le logos est composé sont pleinement intelligibles et dépourvus de toute opacité. Cependant cette prétention semble échouer dans le Cratyle, où la tentative de montrer l'intelligibilité des éléments du langage, c'est à dire lettres et syllabes, n'est pas couronnée de succès. Une possible solution à ce problème repose sur le fait que les éléments du langage, à la différence des éléments naturels, épuisent entièrement leur nature dans le rôle qu'ils jouent à l'intérieur du langage lui-même ; et donc la connaissance de ce rôle, exactement comme il en est des pièces des échecs, coïncide avec la connaissance de l'objet dans son entier.