Abstract
Parler de Dieu est impossible - mais necessaire... Les maitres des ecoles de theologie du XIIe siecle ont affronte cette question en utilisant des instruments logico-linguistiques elabores par les arts du discours de l'epoque, mais aussi en elaborant une reflexion originale, fondee sur des elements qu'ils trouvaient dans la patristique, le Pseudo-Denys, Augustin, Boece. En quel sens le discours sur Dieu - le Dieu ineffable - est-il enoncable? Les enonces du langage ordinaire sont-ils radicalement impropres a parler de Dieu, en raison de leur nature meme, leur caractere compose, leurs implications temporelles, la division meme en sujet et predicat? Il fallait alors penser les conditions du transfert de ces enonces a la divinite et l'ecart existant entre le discours ordinaire et le discours sur Dieu. Sont-ils dans une equivocite totale, ce qui mine toute possibilite de connaissance, ou dans une univocite supposant un minimum de sens partage? L'analyse des enonces theologiques a egalement conduit a distinguer la signification d'un terme de sa reference (suppositio). Cette distinction medievale, dont on savait qu'elle se developpait a la meme epoque dans la logique terministe, avec la meme attention a la variation en contexte, s'est aussi elaboree au sein de la theologie trinitaire, dans le but de justifier et d'engendrer les enonces orthodoxes. L'etude, qui part des sources antiques pour parcourir les grandes elaborations des theologiens du XIIe siecle, aboutit a une cartographie nouvelle mettant l'accent sur l'apport de l'ecole de Gilbert de Poitiers.