Abstract
L’importance de la figure d’Empédocle dans le Phèdre a été négligée par les commentateurs. Cet article entend montrer qu’elle permet pourtant de donner un nouvel éclairage au mythe de l’attelage ailé. Son point de départ consiste à mettre en relation une nouvelle interprétation du fragment 29 d’Empédocle, qui identifie le Sphairos à un Éros n’ayant plus d’ailes sur le dos, avec le dépassement du dos du ciel par les âmes ailées qui a lieu dans ce mythe du Phèdre. Le dos du ciel serait en effet la transposition platonicienne de la surface externe du Sphairos évoquée dans le fragment, de sorte que son dépassement équivaudrait à un dépassement du matérialisme empédocléen vers l’intelligible. Quant à Éros, Platon prend sur ce point le contre-pied de la critique empédocléenne de la religion traditionnelle, en en faisant moins le Sphairos que l’élan qui mène au-delà de celui-ci.