L’émoi et l’évidence. Des échos du Phèdre dans le traité Du sublime

Les Etudes Philosophiques 135 (4):75-101 (2020)
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Abstract

Si le traité Du sublime n’est pas un manuel de tropes, de quoi parle-t-il lorsqu’il cite différentes manières de produire une réalité de parole à même d’arracher le lecteur à sa réalité propre? La réponse la plus brève serait : de la condition même du langage, mais autrement qu’Aristote à travers la théorie de la catharsis. La perte des repères sensibles produite par une émotion suscitée sciemment s’associe avec le mouvement contraire qui vise à stabiliser l’effet en indiquant la source et le but du pathos. Un changement soudain de registre a lieu à travers cet échange. L’émoi dévoile l’âme, tandis que la parole qui produit cet effet participe en même temps de la stabilité implicite à la nature supérieure de l’âme, dont elle montre le caractère universel et transcendant. Merveilleuse ou sublime est alors la parole qui à la fois réveille et éclaire. Plus qu’une question d’usage (et implicitement de style), il s’agit d’une conception selon laquelle le langage est intimement et inextricablement lié à l’âme, étant la plus secrète et la plus fidèle de ses manifestations. C’est donc une théorie de l’âme qui se dégage d’une analyse des liens entre les deux productions conjointes dont il est question dans le traité dit Du sublime – l’effet d’émoi (de stupeur) et celui de clarté (d’évidence hors de doute) –, les deux agissant sur le lecteur pour lui permettre d’atteindre le merveilleux ou le divin qui se tient en lui dès lors qu’il peut le découvrir, mais auquel il n’a accès qu’en suivant le sentier extérieur dessiné par les paroles d’autrui : un maître du logos que l’on entend ou lit. Ce processus est celui que décrit Platon dans le Phèdre. Le traité Du sublime s’appuie sur ce dernier de manière tantôt explicite et tantôt subtile, en recourant au pouvoir du langage de fabriquer et de montrer des images. Le but de notre étude est d’indiquer certaines traces du Phèdre dans le texte de la moitié du i er s. afin d’orienter la lecture vers la nature plutôt philosophique que stylistique du traité sur le sublime. En retour, ce dernier pourrait constituer un repère dans la compréhension du rôle assigné au Phèdre dans un moment charnière de l’héritage de l’Académie, celui qui inaugure l’époque dite du moyen platonisme.

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