Abstract
Au cours des années 1970 (qui furent, dans plusieurs pays, celles de la libéralisation de Vavortement), la question du statut de Vembryon humain fut surtout débattue en termes de libertés individuelles : droit des femmes à disposer d'elles-mêmes, vs. ‘droit à la vie' du fœtus caché dans le corps de sa mère. Dans les années 1980, avec l'application des techniques de procréation ‘artificielle' au traitement de la stérilité humaine, l'accent est mis sur une responsabilité collective à l'égard de l'embryon séparé, conçu en éprouvette, mis au congélateur, convoité par la recherche lorsqu'il n'est pas rendu à un utérus maternel. « Il est urgent de déterminer le degré de sa protection juridique », dit l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (Recommandation 1046, 1986). Mais il n'existe pas de consensus sur les fondements philosophiques d'une telle protection. Le but du présent article n'est pas d'ajouter une thèse de plus à une littérature internationale déjà considérable, mais de situer les positions et arguments en présence, pour éclairer un débat qui touche, entre autres, aux sources du respect dû à la personne humaine. The European Parliament has recently expressed the view that human embryos and fetuses are endowed with human dignity, and that a definition of the degree to which they should be protected by law is urgently needed (Recommendation 1046, 1986). There is however no consensus on the philosophical grounds for such a protection, or on the degree to which embryos and fetuses should be treated as persons. This paper contrasts the biological (natural) and ethical (cultural) criteria of person hood and their underlying ontologies, examines the arguments in favor of taking a pragmatic line rather trying to decide when human beings become persons, and suggests that the pragmatic attitude in fact implies a developmental ontology.