Abstract
En réaction au libéralisme rawlsien pour qui le droit est référé à la liberté d’action des individus, le mouvement communautarien a voulu référer le droit à l’identité culturelle (individuelle ou collective), lui assignant, ultimement, la fonction de stabiliser cette identité. Pour ces auteurs, le lien entre identité et droit est interne, ce qui ouvre la voie à ce qu’on a appelé « les paradoxes de l’identité démocratique » et conduit à la notion problématique de droits collectifs. On montrera ici comment une telle notion repose sur une « réduction identitaire », par principe opérée au point de vue objectivant de la troisième personne, privant par là même les acteurs sociaux de leur capacité d’autodétermination. À cette vision anti-libérale dans son fondement, qui fait de la sécurité identitaire son horizon, on opposera la vision d’une identité risquée qui ne préjuge pas dogmatiquement des constituants identitaires de chacun et ouvre ainsi la voie aux authentiques principes de la coexistence multiculturelle.