Que faire des miracles ? Cette question a passablement embarrassé la théologie catholique au cours des dernières décennies. Il est vrai que l’héritage des siècles passés n’était pas simple à recevoir. Longtemps, l’apologétique classique a fait jouer aux miracles un rôle qu’ils ne pouvaient remplir, celui d’argument péremptoire en faveur de la foi.Le présent essai tente de confronter les lacunes de l’apologétique classique aux ressources de la tradition théologique, en fonction de la situation nouvelle créée par les exigences critiques de (...) l’épistémologie moderne ainsi que par les résultats convergents des historiens.What is to be done with miracles? This question has been of considerable embarrassment to Catholic theology over recent decades. It is true that the heritage of past centuries was not easy to handle. For many years, classical apologetics put miracles into a role they could not fill – that of a peremptory argument in favor of faith.This essay attempts to confront the shortcomings of classical apologetics with the resources of theological tradition within the framework of the new situation created by the critical requirements of modern epistemology as well as the results of historical research that converge with them. (shrink)

Dans la théologie contemporaine, la notion d’hospitalité dépend, en premier lieu, de la réception que le thème, compris en sens divers, a connue dans la société et la culture (1. Polysémie, plasticité, tensions). Son actualité est due à une réalité géopolitique du début du xxi e siècle qui concerne Europe et Amérique du nord, à savoir la crise migratoire, en même temps qu’au flot de réflexions et de prises de position que cette crise a généré (2. Actualité politique). À propos (...) des migrations, on doit se demander si la théologie contemporaine apporte une réponse à la mesure des enjeux (3. Contribution théologique). Enfin il paraît utile d’indiquer deux réflexions originales ayant trait à l’hospitalité, dues à Jean-Yves Lacoste et Jean-Louis Chrétien, que la théologie contemporaine peut à bon droit regarder comme des promesses (4. Pierres d’attente). (shrink)

La théologie de Karl Rahner mérite-t-elle le label de «classique»? Pour instruire le débat, l’article présente quatre dissertations doctorales récentes , ainsi qu’un ouvrage collectif, consacrés à l’oeuvre de Rahner. Nature et grâce, christologie et triadologie, théologie et anthropologie, athéisme et sciences naturelles, expérience et subjectivité, épistémologie et apologétique: les thèmes abordés par ces études témoignent de la diversité des questions traitées par le corpus rahnérien. De cet examen, trois lignes de force caractéristiques du style de cette théologie peuvent être (...) dégagées: modestie du langage théologique, rigueur des critères de validation, audace spéculative et systématique. En contrepoint critique, trois questions peuvent légitimement être avancées concernant l’universalité du langage employé et de l’expérience décrite, la fidélité au mystère et les points aveugles du système. Il y a fort à parier que l’avenir confirme le diagnostic qui s’impose à l’issue de cette étude, à savoir qu’il convient de considérer Rahner comme un classique de la discipline théologique pour avoir proposé, en un moment critique de son histoire, une voie de renouvellement tout à la fois grandiose et contestable. (shrink)

Le thème de l’identité s’invite aux débats de la conscience collective. L’importance que lui accordent les théories sociale, éthique ou politique contemporaines est le signe d’une situation inédite, dont il revient au théologien de prendre la mesure. Qu’est-ce que l’intelligence de la foi peut, en ce lieu si contemporain, recevoir et donner? Le présent essai se propose, dans une première étape, de présenter à grands traits les analyses convergentes sur l’entrée dans l’ère de l’identité, qui coïncide avec l’ère de l’individu (...) émietté et des sociétés fragmentées, soumises à un processus d’accélération inédit. Dans une deuxième étape, on s’interrogera sur le mode paradoxal selon lequel l’Évangile envisage d’accomplir la promesse d’être soi: une identité en suspens, à conjuguer au régime présent d’existence. Entre construction et subversion d’identité, le christianisme a développé une tradition de pensée qu’il revient à la théologie d’acclimater à l’ère de l’identité. Habiter le site de l’identité suppose l’invention d’un chemin concret où soit vécue la grâce d’être soi. (shrink)

À en croire les discours fondateurs du christianisme, le péché n'a d'autre lieu qu'inséré dans l'intrigue d'une histoire de salut qui fait sortir de sa logique mortelle. Bien parler du péché suppose donc de le saisir à partir d'un "évangile selon Adam", au plus près de la bonne nouvelle attestée par le pécheur pardonné. L'écriture de cet évangile donne à la théologie de vérifier la fécondité de l'invention chrétienne du péché en dégageant son potentiel critique tant à l'égard des pathologies (...) du discours religieux que vis-à-vis des idéologies liberticides. Cette écriture, qui passe par une réception ordonnée du texte de la révélation et une intelligence du régime d'historicité propre au salut, permet de rendre justice au réalisme anthropologique de la doctrine chrétienne du péché. (shrink)

Karl Barth mérite-t-il le discrédit herméneutique dont il fait l’objet, spécialement dans l’aire francophone ? L’article entend mettre à jour un aspect de sa théologie, très présent dans le quatrième volume de la Kirchliche Dogmatik, en identifiant les coordonnées d’une « herméneutique de l’historicité ». Non content de structurer sa christologie en fonction de l’historicité du Médiateur, Barth la déploie en explorant les différentes dimensions de l’historicité de la révélation, imprimant au discours christologique une configuration dramatique et narrative.

La théologie universitaire entend développer un discours authentiquement confessionnel et authentiquement critique. Ses tâches peuvent être distribuées en deux pôles: un pôle d’articulation aux différents langages qui structurent la modernité et un pôle de proclamation du Dieu de Jésus Christ. Cette polarité conditionne l’équilibre du discours: c’est comme prophétie que la théologie est aussi quête d’un authentique humanisme. Seul un exercice libre et public de la raison théologique autorise à épouser pareille ambition; la liberté de pensée et de parole conditionne (...) l’intégrité de la fonction critique de la théologie et peut seule combler la mesure de la «franchise» accordée par l’Esprit d’adoption. (shrink)

La théologie contemporaine s’interroge à nouveaux frais sur le rôle et la normativité des premiers conciles œcuméniques. Après une mise en perspective de la question, l’article propose une réponse en deux thèses : la première s’insère dans la problématique plus vaste de la fonction et de la structure de la théologie de manière à suggérer une valorisation, une relativisation et une intégration des énoncés conciliaires ; la seconde thèse inscrit la réception des premiers conciles sur l’horizon de la validité et (...) la portée du discours théologique à l’issue du tournant herméneutique et linguistique, et c’est l’occasion, en convoquant les registres de l’historicité, de la Tradition et du langage, de réfléchir à l’agenda de la théologie. (shrink)

Regards croisés sur Alfred North Whitehead.

La longue histoire de la réception philosophique du corpus paulinien s’est récemment enrichie des contributions de Giorgio Agamben, Alain Badiou, Bernard Sichère et Slavoj Žižek. Après avoir rappelé le rôle déclencheur d’un essai de Stanislas Breton, l’article ressaisit la lecture de Paul entreprise par ces quatre philosophes. Le regain d’intérêt pour la littérature paulienne est ensuite interprété en fonction de la crise de l’universel en contexte de pluralisme culturel et religieux. Le parcours se conclut par une réflexion de nature théologique (...) sur la signification de ces différents gestes philosophiques. (shrink)