Abstract
Une source épigraphique méconnue fournit d'utiles renseignements sur la diplomatie de Délos : les inscriptions financières font connaître 32 honneurs coûteux, couronnes d'or, statues et dôréai, décernées par la cité à des États et à de grands personnages, rois et (tardivement) commandants romains. Les Déliens, qui consacraient à ces honneurs un budget régulier et assez élevé (environ 4 000 drachmes par an), favorisaient ainsi un évergétisme royal de grande ampleur, avec comme principaux protecteurs les Antigonides et les Attalides. Les résultats donnés par cette série ont été confrontés à ceux que procurent les décrets gravés. La typologie permet d'établir que seuls peuvent être utilisés pour l'analyse historique les textes dont l'objectif politique est indiscutable (ceux qui mettent en cause Rome et Rhodes). Les objectifs constants de la diplomatie délienne, souci de sécurité et désir d'évergétisme, apparaissent nettement, bien que l'analyse de la conjoncture n'apporte que des gains de détail, notamment sur les relations avec les Séleucides à la veille de leur guerre avec Rome et sur les circonstances de l'amicitia obtenue de Rome (probablement en 171). La sanctitas reconnue alors n'était pas une neutralité de forme juridique et contractuelle, mais l'inviolabilité sacrée traditionnelle. Elle permettait le droit d'escale aux escadres, mais les Déliens s'efforçaient d'empêcher que l'île, tout en étant elle-même préservée, servît de base d'opérations : ils réussirent en 190 avec les Rhodiens, mais non en 168 avec les Romains et les Séleucides.