Un riche corpus de peintures, d'inscriptions et de monuments votifs nous renseigne sur les modalités de la célébration des Compitalia à Délos aux IIe et Ier siècles av. J.-C. On s'intéresse d'abord aux peintures exécutées sur les murs extérieurs d'une vingtaine de maisons ou magasins et à l'intérieur de trois d'entre eux, qui figurent les dieux et les rites (sacrifice, ludt) de cette vieille fête romaine. Un nouvel examen de ces images et la confrontation avec les témoignages iconographiques et littéraires (...) d'Italie amènent à corriger et compléter le catalogue réalisé par M. Bulard en 1926 et complété par Ph. Bruneau en 1970, tout en remettant en cause les théories élaborées par chacun d'eux. Il apparaît notamment qu'Hercule et d'autres divinités figuraient avec les Lares dans le panthéon des Compitalia, que les autels et peintures étaient commandités par les propriétaires des maisons pour des sacrifices privés et que la fête subit un certain nombre d'influences locales relatives aux dieux, aux rites, au lieu de célébration et à l'origine des fidèles. Dans un second temps, le réexamen des inscriptions et monuments votifs de l'Agora des Compétaliastes permet de montrer que les Compitalia furent également célébrées dans le cadre officiel de la communauté des Italici : un sanctuaire des Lares constitué d'un autel, d'une tholos abritant les images des Lares et de statues et autels d'autres divinités était confié au collège des Compétaliastes, qui organisaient le sacrifice ainsi que probablement les ludi compitalicii. (shrink)

Au centre de l’Agora des Compétaliastes à Délos, une immense base à degrés de marbre, communément appelée le «Monument carré », a été considérée comme un autel, une base de statue ou la fondation d’un petit temple dorique. L’étude architecturale a permis d’identifier vingt-deux blocs errants et de restituer un pilier monumental d’une dizaine de mètres de hauteur. Au-dessus des trois degrés, le fût (large de 3,50 m) était constitué d’orthostates surmontés d’assises alternativement basses et hautes et couronné par un (...) entablement ionique. Ce monument ressemble étonnamment aux piliers attalides de Delphes et d’Athènes mais sa construction, située après 125 av. J.-C., doit plutôt être mise en relation avec la puissance des Italici dont les sanctuaires étaient établis en ce lieu : bien que la dédicace n’ait pas été conservée, il n’est pas exclu que le pilier ait porté la statue en char d’un magistrat romain. (shrink)