Abstract
Les tenants de la philosophie de Leibniz et de Wolff, dont les principaux représentants se regroupèrent au sein de la revue d’Eberhard, le Magazine philosophique, opposèrent à la Critique une position « dogmatique ». Que signifie, à l’époque de Kant, cet adjectif? Tel est l’objet de cet article qui s’attache à reconstituer la nature des arguments de ce qu’il est convenu d’appeler le « leibnizo-wolffianisme »; ce faisant, nous montrerons que le dogmatisme, que stigmatise Kant, non seulement n’existe plus à son époque mais encore que ces adversaires « dogmatiques » sont plus proches de Hume que ne l’était la Critique. Lorsque paraît la Critique, le « Dieu des philosophes et des savants » est mort; défunte l’idée d’une adéquation totale de nos concepts au réel. Cette étude d’une des réceptions immédiates de la Critique nous permettra de questionner, en retour, les lectures plus tardives ( XXe siècle) de Kant qui, toutes, valorisent, dans la Critique, sa réfutation du dogmatisme et sa dénonciation de la structure ontothéologique de la métaphysique. Il s’agira donc, en dernière instance, de questionner la nature de la référence actuelle à Kant.