Abstract
À travers une analyse de l'oeuvre de Charles-Georges Le Roy, présenté par l'historiographie traditionnelle comme l'un des premiers observateurs du comportement animal en milieu naturel, l'article se propose de mettre au jour l'usage que cette« éthologie» empirique des Lumières faisait d'un corpus élaboré et hautement structuré de savoirs anthropologiques. Au-delà d'un constat trivial d'une projection anthropomorphique sur les animaux des caractéristiques universellement reconnues comme humaines, on s'interroge sur le recours, dissimulé par une méthodologie déclarative d'allure empirique, à une anthropologie de sens commun, historiquement et ethnologiquement variable. À l'occasion de cette étude de cas contextuellement située, on pose la question plus générale de l'interaction entre les données empiriques que l'éthologie animale accumule et les représentations anthropologiques qui sont implicitement mobilisées dans l'interprétation des observations éthologiques.