Semiotica 2022 (248):77-103 (
2022)
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Abstract
Résumé Depuis 1959, Pierre Parlebas tente de développer une éducation physique scientifique centrée sur la personne qui se meut et non plus sur le mouvement produit ou observé. La pierre angulaire de ce virage copernicien est un concept plein de résonances sémiologiques: la conduite motrice, entendue comme « organisation signifiante du comportement moteur ». En fait, sa proposition pédagogique est toujours allée de pair avec un projet épistémologique dont le noyau dur est une sémiologie de la motricité, c’est à dire une « semiotricité ». Si l’action motrice est le fer de lance de l’éducation physique la sémiotricité, c’est le fer de lance de la praxéologie motrice. Cinquante ans après son démarrage, nous proposons revisiter les fondements de cette conception de l’éducation physique qui reste aujourd’hui révolutionnaire. La sémiologie de la motricité est née sous l’égide de la Sorbonne du milieu du XXe siècle. Les principes du sémiologie linguistique de Saussure inspirent les concepts et les modèles de « un champ du signe discordant » qui bénéficie également des contributions d’autres auteurs pertinents du moment. Cependant, à cette époque, le pragmatisme et la sémiotique américains étaient bien connus. Une question se pose aussitôt: à quoi ressemblerait une sémiotricité triadique? Les processus de communication praxique déclenchent phénomènes d’anticipation et préaction motrices basés en une continuelle interprétation des intentions d’autrui. Paradoxalement, autant ces phénomènes communicatifs que les signes propres des situations ludomotrices peuvent être plus facilement conçus et analysés avec un modèle plus complexe, voire triadique, que nous aimerions partager avec sémioticiens et praxéologues.