Abstract
Judith Notter Il existe un important argument en faveur des inégalités de richesse, à savoir « l’argument de l’incitation au travail ». Selon cet argument, les inégalités sont justes car elles motivent les riches à travailler davantage, ce qui augmente la richesse collective et améliore le sort des plus démunis – par l’investissement, l’épargne et la redistribution. Cet argument est problématique car il existe un argument parfaitement similaire qui peut être utilisé pour critiquer les inégalités. Il s’agit de « l’argument de l’envie ». Selon cet argument, les inégalités sont injustes car elles motivent les plus démunis à nuire aux intérêts des plus riches, ce qui détériore la situation économique collective. La similitude des deux arguments a pour conséquence que, si les partisans des inégalités veulent utiliser l’argument de l’incitation au travail en faveur de leur position, ils sont contraints d’admettre simultanément l’argument de l’envie à l’encontre de leur position. Pour sortir de cette situation difficile, les anti-égalitaristes avancent plusieurs arguments pour montrer que l’envie des pauvres et le besoin d’incitation au travail des riches doivent être traités différemment. Dans cet article, nous soutenons, contre les anti-égalitaristes, qu’il n’existe aucune raison de traiter différemment l’envie et le besoin d’incitation au travail.