Abstract
L’anticipation est généralement conçue comme un phénomène qui, d’un point de vue temporel et logique, est antérieur à une action ou une situation donnée. Dans cet article, nous proposons d’interroger cette conception en nous intéressant en détail à ce que l’anticipation fait à l’action qu’elle anticipe. En détail c’est-à-dire, très littéralement, en observant dans des situations d’interactions ordinaires les effets que peut produire le fait d’anticiper une action. En l’occurrence, dans des situations d’apprentissage entre hommes et chiens comme celles que nous examinons, anticiper une action en l’évaluant avant qu’elle n’ait eu lieu contribue en grande part à la configurer. Cette avancée nous conduit à développer une vision proprement pragmatiste de l’action, conçue comme un procès façonné de manière émergente et collaborative par l’ensemble des participants qui l’accomplissent.