Abstract

Ce livre est une tentative de remémoration d'une situation politique précise, celle qui se déclencha à Madrid, le 15 mai 2011, situation qui demeure incompréhensible tant qu'on ne la relie pas à une séquence plus large, celle des révoltes et révolutions dans plusieurs pays arabes, suivies, de par le monde, par les différentes vagues à d'Occupy. Cet essai voudrait constituer un témoignage, attentif aux faits, de ce monde d'assemblées et d'occupations des places en référence à l'oeuvre d'Hannah Arendt. De cette oeuvre, deux ordres de questions ont particulièrement retenu notre attention. D'abord, l'insistance sur la constitution de «conseils», formulation particulière de l'organisation politique... Ensuite, la constitution d'une «pensée plurielle», qui se développe de manière privilégiée, en tant que forme de pensée propre à cette organisation en «conseils» ou en «assemblées»... C'est ce qui nous est apparu comme l'inouï, le «trésor perdu» selon Arendt, retrouvé dans les mouvements sociaux récents, à commencer par ceux d'Espagne : la possibilité d'un exercice à découvert, en plein air et libre de la pensée. Ce qui peut être décrit comme une patience de l'action.