Abstract
Dans cet article on se propose d’examiner les fondements ontologiques de l’argument anti-hédoniste de Philèbe 53c4-55a1. On soutiendra que l’usage des notions de γένεσις et οὐσία dans cet argument ne montre ni un abandon de la thèse de l’opposition du sensible à l’intelligible, ni, pour autant, une application mécanique de cette thèse. On souhaite montrer, en revanche, que ces notions jouissent d’une relativité sémantique telle que leurs significations varient en fonction des contextes argumentatifs, dont le passage retenu du Philèbe est un exemple particulièrement représentatif. Dans ce passage, en effet, elles désignent, principalement, pour la première un processus génétique et pour la seconde un tout qui est constitué par l’imposition causale d’une limite à ce qui est en soi illimité. Sur la base de cette première proposition, on défendra une nouvelle lecture de la relation entre Phlb. 53c4-55a1 et les caractérisations de chaque membre du « troisième genre » comme γένεσις εἰς οὐσίαν (26d8) et γεγενημένη οὐσία (27b8-9).