Situationele momenten in een normenethiek

Tijdschrift Voor Filosofie 23 (1):3-77 (1961)
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Abstract

L'éthique de la situation est une tendance diffuse, qui s'infiltre dans les systèmes éthiques les plus divers, plutôt qu'une doctrine aux arêtes bien nettes. Il faut cependant qu'on détermine son idée et il semble que ses positions extrêmes se prêtent le mieux à une clarification de son contenu. Elle s'oppose à toute éthique normative abstraite et universelle. Par contraste apparaissent certaines lignes maîtresses, au moins négatives. Les systèmes principalement visés sont le rationalisme, qu'il soit formel ou à contenu matériel, l'éthique sociologique positiviste et toute éthique de l'essence. L'abstraction et l'universalité, l'immutabilité et l'extrinsécisme des normes morales sont les caractères mis en question. Nous nous attachons à montrer que l'éthique de l'essence, telle que la conçoit la tradition chrétienne, ne comporte pas nécessairement les caractères incriminés au sens péjoratif ou la „Situationsethik” les entend. Nous croyons même qu'une éthique de l'essence de par son statut même - certaines formes historiques peuvent être des déviations - tient compte de la situation concrète et historique. Elle le fait de deux manières bien différentes, d'abord en ce qu'elle intègre dans ses impératifs universels les situations les plus diverses, et en second lieu en ce qu'elle pose comme principe obligatoire et universel que chacun doit se laisser conduire par certains impératifs moraux, que lui seul peut voir, du fait qu'ils tiennent à sa situation unique, non seulement de fait mais en principe. En effet, une éthique de l'essence transpose en impératifs moraux aussi bien ce qui appartient à la structure essentielle de l'homme , que ce qui relève de la contingence, telles les circonstances extérieures et intérieures, qui sont susceptible de se répéter, si pas de fait au moins de droit . La norme morale concrète, qui se dégage de la considération de toutes les valeurs morales et de tous les éléments de la situation dont le cas relève, peut être de fait un impératif unique et personnel, mais en principe, aussi longtemps qu'on considère seulement des éléments de situation qui sont universalisables, la norme concrète reste dans le prolongement de l'impératif moral relativement universel. On le voit une situation concrète très complexe peut s'intégrer dans une éthique normative universelle. Une éthique normative universelle tient compte en second lieu de la situatoin concrète et historique pour autant qu'elle laisse la place libre au surgissement de certains impératifs concrets qui ne s'adressent qu'à cette personne-ci. Cet impératif à son fondement dans l'être le plus intime et substantiel de l'homme. L'homme individuel en effet, n'est pas seulement parmi les autres un autre, mais il est aussi et cela en tout ce qu'il est „autre” ou „autrement”. Il ne se réduit pas à être un cas de l'essence ou de l'espèce „homme”. Il est toujours et en tout ce qu'il est plus qu'un homme et en même temps moins que l'homme. Si l'on oppose la personne individuelle à l'essence spécifique humaine, il faut dire, que chaque „je” y participe de façon qualitativement inégale. L'idée de l'homme, qui du point de vue de la logique est univoque, est analogique du point de vue anthropologique et métaphysique. Cette irréductible unicité au niveau de l'hommesubstance se traduit évidemment dans les pouvoirs humains, les principes habituels, les actes et tout l'aspect phénoménal. Comme cette unicité personnelle ne peut pas se traduire dans une notion logique, elle ne peut pas non plus être transposé dans un impératif universel. Il se traduira dans un impératif personnel, que nous nommerons précisément une norme strictement situationnelle : la norme de la valeur personnelle. Se pose évidemment le problème de la reconnaissance de cette valeur personnelle, aussi bien comme le potentiel unique que l'on est, que comme l'idéal humain et personnel, qui doit se particulariser dans toute la conduite morale. Il est bien entendu que ces impératifs personnels ne pourront jamais s'opposer aux normes universelles, mais qu'ilss'y ajoutent. Le dernier mot peut d'ailleurs prêter à équivoque. Par rapport à mon jugement moral, ils ne s'ajoutent pas simplement aux impératifs universels, mais composent avec eux, ou plutôt les compénètrent. Ce qui veut dire que je jugerai que j'ai à faire ceci ou cela, de telle façon ou d'une autre, etc. en tenant compte aussi bien des valeurs et impératifs généraux que de ma vocation personnelle, qui en principe devra se faire sentir dans toute la multiplicité de mon activité morale. L'impératif de la valeur personnelle n'est d'ailleurs pas le seul qui ne soit pas susceptible d'être généralisé. La vocation au sens plus restreint -la vocation - pour autant qu'elle comporte un idéal moral, semble être une norme strictement personnelle. Et, puis il y a certains actes, qui par rapport aux impératifs universels positifs semblent être indifférents - au moins ne sont-ils pas positivement prescripts - il ne s'en suit pas que dans leur concrétion ils soient moralement indifférents. L'appel des valeurs, qui sur le plan théologique sera un appel de Dieu, peut m'obliger à aller au delà de ce que peut prescrire une éthique normative générale, et à poser certains actes, qui seraient imposés par une norme personnelle, strictement siruationelle. Il s'en suit qu'une éthique de la situation ne sera, comme discipline philosophique, qu'une éthique formelle. Tout le poids du jugement situationel incombe à la personne elle-même, qui n'aura d'autre guide que, d'une part son attachement aux valeurs, et d'autre part une prudence attentive aussi bien aux valeurs universelles qu'à la valeur et à la situation personnelle. Nous avons considéré la situation comme une totalité de moments essentiels et contingents, dans lesquels l'action morale est incarnée. Pour certains modernes la situation est la perspective toujours changeante, et la liberté qui fonde les significations dans le monde. Pour d'autres c'est l'appel de Dieu qui, ne pouvant plus se manifester par l'intermédiaire d'un être humain déchu jusque dans sa nature par le péché, est perçu tout en intériorité. Nous espérons examiner dans une autre étude cette notion de la situation et les conséquences qu'elle peut éventuellement impliquer pour la conduite de la vie morale

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