Dialogue 8 (4):612-634 (
1970)
Copy
BIBTEX
Abstract
Que la tâche de fonder la morale soit particulièrement ardue, nul n'en doute, et la diversité des positions philosophiques en ce domaine nous incline à souscrire à la formule célèbre de Schopenhauer: « Prêcher la morale est chose aisée, la fonder chose difficile.» Tout penseur qui forme le dessein de fonder la morale est done en droit de se demander si un tel problème ne passe pas l'entendement humain et s'il sera jamais possible à l'homme de le résoudre. « Quel est le fondement de la morale? », voilà une question qui semble s'imposer tout naturellement à notre réflexion, dût-elle par ailleurs demeurer sans réponse. Et pourtant, n'y a-t-il pas lieu de mettre en question la question elle-même et de s'interroger sur sa légitimité? Si une telle interrogation paraît, à première vue, insolite, c'est sans doute parce que, lorsque nous parlons de «fonder la morale», notre pensée s'oriente d'emblée vers la recherche du fondement, sans que l'on songe à mettre en doute le « bien-fondé » de l'acte même de fonder. C'est précisément pour souligner notre intention de ne point éluder une question aussi radicale que nous avons formulé le thème de notre réflexion de la manière suivante: « Peut-on et doit-on fonder la morale? ».