Dialogue 21 (2):273-291 (
1982)
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Abstract
Les travaux de Jean Piaget sur le développement cognitif ont largement mis en relief ce que comporte de génétique toute acquisition de connaissance sensible ou intellectuelle. Bien plus: le pere de la psychologie dite justement genetique voit dans la genése, entendue au sens de processus selon lequel le sujet connaissant construit l'objet, ce qui definit essentiellement toute connaissance. On sait que cette these piagetienne s'oppose á l'enseignement d'Aristote, qui conçoit la connaissance comme adaptation sui generis d'une faculte a un objet donne independamment du sujet et voit l'essence du connaitre dans une simple copie des choses, dans un acte ou l'intelligence devient l'objet. Ne serait-ce qu'en raison de cette opposition, on n'aura pas tort de qualifier d'anti-genetique la psychologie de la connaissance d'Aristote. D'autant plus que la psychologie aristotelicienne n'est pas une psychologie scientifique au sens moderne du terme, de sorte qu'on y chercherait en vain des concepts a caractere operationnel tel le concept piagetien de genese. Pourtant, comme cet article tachera de le mettre en evidence, Aristote est loin d'avoir neglige l'aspect genese que comporte la connaissance sensible et intellectuelle. Conjointement a ses prises de position sur la nature de la connaissance, on trouve chez Aristote une description des activites sensibles et intellectuelles qui laisse au sujet bien plus d'initiative et s'avere bien plus « genetique » qu'on ne le suppose habituellement.