Abstract
Cet article examine la question de l’attention dans son rapport à l’admiration, dont le traitement fait apparaître de profondes divergences entre les Passions de l’âme et l’ Éthique. Dans Les Passions de l’âme, Descartes propose une genèse passionnelle de l’attention, dont la destination gnoséologique est assurée par un acte de la volonté qui transcende les perceptions de l’âme. À l’inverse, dans l’ Éthique, la connaissance ne dépend pas de l’exercice d’une faculté autonome, elle est immanente à l’ordre des idées, ce à quoi l’admiration fait irréductiblement obstacle. La critique spinoziste de l’admiration s’accompagne alors d’une refonte du statut de l’attention et repose sur la critique de la partition cartésienne des facultés de l’âme. Nous montrerons néanmoins que l’attention a une fonction positive sous la forme d’une présence à soi de l’esprit qui veille à l’enchaînement en lui des idées vraies.