This article explores the historical background of the Kantian demarcation between non-science, improper science and proper science. It is argued that Kant’s claim that « a doctrine of nature will contain only as much proper science as there is mathematics capable of application there » ensued after a long series of responses to the demarcation challenge preceding Kant’s, which responses attempted to distinguish between proper mathematics and proper natural science. The article suggests that the unusual expression « improper science » (...) is a direct response to the conception that proper natural science is independent of any mathematics. Finally, it defends the notion that this tripartition is already at work in Kant’s first articles on physics and that it is this division that lies in the background of the Kantian project to bring metaphysics onto the path of science. (shrink)

Leibniz n’a traité nulle part systématiquement de l’attention. Pourtant, en suivant le fil conducteur de l’attention comprise comme réflexion à soi et à ses propres actes, cet article montre qu’elle soulève différents problèmes liés à la constitution progressive du lexique de l’aperception. Le problème éthique d’un défaut d’attention amène Leibniz à reconnaître un mode non réfléchi de celle-ci, à en trouver le ressort naturel dans la constitution du corps percevant, et à la distinguer de l’aperception comprise comme réflexion à ce (...) qui est en soi : non pas réflexion morale sur ses propres actes, mais saisie des idées innées et de leur liaison, qui fondent la personnalité morale. Il faut alors refuser l’interprétation récente qui propose d’étendre l’aperception aux âmes animales sous prétexte qu’elles auraient de la sensation : dans la langue philosophique de Leibniz, le chien s’aperçoit de sa douleur et peut y prêter attention ; il n’en a pas d’aperception. (shrink)

La première réception de la philosophie leibnizienne ne s’est certainement pas réduite à sa reprise dans le soi-disant « système leibnizo-wolffien », qui fut le prisme majoritaire, et déformant, de la lecture de Leibniz au xviii e siècle. Au contraire, Michael Gottlieb Hansch, traducteur de la Monadologie en latin, essaya de s’élever contre cette réappropriation de l’héritage leibnizien et de présenter le « vrai » Leibniz hors de tout système leibnizo-wolffien. Il se proposa alors d’expliciter les propositions parfois denses de (...) la Monadologie à partir de Leibniz lui-même, et en particulier de leur correspondance privée. Sa correspondance l’incite aussi à proposer une lecture « platonisante » de la Monadologie. À bien des égards, cette réception perdue révèle simplement des aspects encore largement méconnus de la philosophie leibnizienne. (shrink)

Martial Gueroult donna un cours au Collège de France sur la Critique de la raison pure de Kant lors de l’année 1957-1958, qui est à ce jour inédit. Le texte qui est présenté ici est l’édition d’une des leçons portant sur la différence entre les deux versions de la déduction transcendantale des catégories. Gueroult y aborde une question classique du commentaire, celle de savoir si la deuxième édition de la Critique a renié la doctrine de la première version. Contre l’interprétation (...) de Herman Jan de Vleeschauwer, Gueroult défend que l’effort de clarification de la déduction, non moins que le souci d’écarter une lecture psychologisante des facultés, ont conduit Kant à emprunter un unique chemin de la déduction des catégories : de haut en bas. (shrink)

On a souvent souligné que l’usage du concept de substance était problématique dans les Méditations, préférant l’exposé plus rigoureux des Principia. À l’encontre de cette interprétation, cet article affirme que le traitement analytique de la substance est non seulement conforme à l’ordre des raisons, mais que s’y développe une aventure révélatrice : si la réflexion sur l’ ego et la cogitatio tend à faire de celui-ci une quasi substance, la formule « ego autem substantia » accomplit dans la Troisième Méditation (...) une substantialisation qui n’est que transitoire. Car cette substantialisation, fondée sur la présomption de l’ ego se concevant comme author, est aussitôt contestée à la lumière de la relation que l’ ego entretient au Dieu infini. (shrink)

Cet article examine le traitement donné par Descartes et certains de ses successeurs d’une question classique, quoique peu étudiée, celle de savoir si l’on peut penser plusieurs choses à la fois. Le thème d’une saisie simultanée est central dans la théorie cartésienne de la connaissance, en particulier dans les Regulæ, où il s’appuie sur le recours à une attention divisée. Restreignant ce pouvoir à la seule imagination, Clauberg voit dans le corps vivant le paradigme de la simultanéité. Spinoza offre quant (...) à lui un point de vue synthétique : la simultanéité dans le corps et l’esprit sont des expressions de la puissance individuelle et de son progrès. L’attention n’est plus comme chez Descartes une condition de la simultanéité intellectuelle, mais un obstacle qu’il s’agit de surmonter pour comprendre plus et mieux. (shrink)

Cet article expose l’intérêt qu’il peut y avoir pour la recherche à éditer les notes de lecture de Leibniz dans les Sämtlichen Schriften und Briefen. Il examine à titre d’exemple un mémoire sur la politique sociale et économique que Leibniz a soumis à la cour de Prusse en 1701, deux notes de lecture sur des propositions semblables faites par d’autres ainsi que deux extraits des œuvres de Charles Davenant. Leur comparaison permet entre autres de montrer d’où Leibniz tenait ses informations (...) et comment il se rapportait à son environnement intellectuel. Dans la mesure où Leibniz formule à l’occasion de la lecture de Davenant des considérations fondamentales sur l’économie qui n’ont pas d’équivalent ailleurs dans le corpus, cet article s’emploie en même temps à saisir le rapport de Leibniz aux économistes anglais et à situer plus précisément ses conceptions dans l’histoire des idées. (shrink)

Cette présentation au volume Lectures de Martial Gueroult a pour objet de redonner le cadre général dans lequel Gueroult a défendu sa méthode en histoire de la philosophie. Plus que l’opposition entre genèse et système, ce sont plutôt les manières différentes de comprendre ce qu’est un héritage philosophique qui ont structuré le débat. Gueroult a cherché à restituer ce que les œuvres lèguent d’elles-mêmes en héritage, par une lecture interne ou verticale, qui ne les juge ni par leur inscription horizontale (...) dans une série d’œuvres antécédentes, ni par les héritages revendiqués par la postérité. En considérant qu’un texte philosophique n’est pas le témoin d’une intuition mais le porteur d’une méthode propre, ce n’est pas seulement à Ferdinand Alquié qu’il s’est opposé, mais à toute une tradition française dont il identifie la pointe chez Henri Bergson. (shrink)

Wolff's German Logic 1713 was a text book for Philosophy Students for many years.

Si Leibniz a souvent présenté une analogie entre la substance et l’ ego, la détermination de la substantialité à partir de l’ ego ne relève cependant ni d’une analogie, ni d’un transfert de substantialité ni d’une « déduction égologique ». Il s’agit plutôt d’une hypotypose, ancrée dans l’expérience du sujet en première personne, qui est toujours l’expérience d’un corps associé. Sans cette expérience réflexive, le concept même de substance, qu’il soit identifié à la subjectité ou à la perséité, n’aurait aucun (...) sens. Par cette expérience réflexive, c’est toujours l’expérience d’un corps substantié et d’une infinité de substantiés qui est en jeu. En somme : la voie égologique de la substance est toujours en même temps celle du substantié. (shrink)

Leibniz’s metaphysics is often interpreted as being based solely on reason, so that experience would not provide a true foundation but only an analogy to it. Against this reading, this article first recalls that, according to Leibniz, experiences are necessarily implied by the demonstrative nature of metaphysics, for they take the place of an infinite chain of demonstrative steps that we cannot explain. It then argues that what he calls the two “first experiences” – namely, that “I think” and “a (...) variety of things are always thought by me” – play a decisive role in justifying the Monadology’s key propositions that “there are substances” and “there are composites”. Although Leibniz never uses the term induction in this context, this – often neglected – role of singular first-person experiences in the grasping of universal propositions constitutes a real inductive moment in his metaphysics. (shrink)

Selon Lambert, l’ontologie proposée par Baumgarten et Wolff se méprend sur le sens de ce qui est fondamental dans notre connaissance. La profondeur de l’analyse des concepts ne peut en effet jamais atteindre le fond de l’entendement pur ni les concepts véritablement fondamentaux – précisément parce qu’elle les considère de manière isolée pour en donner des définitions, au lieu de les considérer, selon une méthode euclidienne bien comprise, au travers des axiomes et des postulats qu’ils permettent d’établir. C’est pour répondre (...) à ce défaut du fondamental – ou plutôt à l’amphibologie du fondamental caractéristique de cette métaphysique-là – que Lambert est amené à distinguer les Grundbegriffe, les Grundsätze et les Grundverhältnisse constitutifs de notre connaissance. (shrink)

Christian Thomasius claims for himself the label of ‘eclectic philosopher.’ This claim first regards the emancipation of reason from any other authority, which not only allows him to claim new juridical rights but also to determine philosophy as awisdom-for-the-world. This claim is, however, narrowed by both the limits of scholastic knowledge and the undue generalizations Thomasius finds in it. The claim is intended to make room for belief, and for a faith purified of all philosophical-theological confusion, i.e., for awisdom-outside-the-world.Despite being (...) an anti-dogmatist and anti-syncretist, Thomasius’ eclectic claim never proved to be—contrary to a common statement—anti-systematic nor anti-religious. (shrink)

This paper presents and discusses unpublished notes written around 1703 in which Leibniz defends a dual-aspect theory of modification against the common interpretation that force alone is sufficient to account for change. Leibniz’s analysis of the different abstract elements of modification implies a rethinking of what permanence is, what force or an act is, and what a subject is. I show that the conceptual resources developed in these notes provide the means for thinking about the abstract but real constituents of (...) the monad. I argue that active force is only a real abstract, and I defend against certain deflationary readings the notion of primary matter as representing the series of limitations of an entelechy, which is precisely instantiated by the series of perceptions and appetites in a monad. Given this groundwork, the paper finally offers a reconciliatory reading of the different monadic inventories, which present different real abstracts of the monad with varying degrees of logical abstraction. (shrink)

The term ‘ontology’ appears only twice in Leibniz’s immense corpus. The most significant occurrence of ‘ontology’, as well as one crossed-out occurrence of ‘ontosophy’, follow the mention of a ‘general science’ (written either with small or with capital initials). Leibniz’s conception of a General Science makes clear why ontology lacks generality and is thus to be rejected. First, as a division of what is thinkable, or “small general science”, ontology cannot fulfill the program of a real metaphysics that goes back (...) to the principles of things. Second, even this real metaphysics cannot fulfill the program of the “capital General Science” understood as a reform of the art of inventing itself. The neologism ‘ontology’ was thus to be dismissed as the absurd name of an abstract metaphysics of being. Much more important for Leibniz was to reconsider the program associated with one of the established names of ‘ontology’: that of a true General Science. (shrink)

G.W. Leibniz addresses the issue of reality in different ways according to the objects that are considered. One way relates to the characterisation of mental contents, another to the dis...