Je crois qu'il est utile, avant de passer à une étude historique des théories de l'évolution, de préciser quelques notions de sémantique. Aujourd'hui, on extend par « théorie scientifique » dans le domaine des sciences naturelles une explication soit d'une structure, soit d'un mécanisme, d'un lien causal, présentant un caractère plus ou moins hypothétique mais de toute façon basée sur les faits et vérifiée par eux. Or, la première grande théorie de l'évolution biologique, celle de Lamarck, se veut expérimentale mais (...) est en réalité beaucoup plus spéculative qu'expérimentée. Et pourtant cette explication lamarckienne est une des pièces les plus importantes de l'histoire de la théorie de l'évolution et ne saurait être négligée dans notre étude. Je n'ai pas l'intention de faire ici le procès de la valeur d'une théorie scientifique biologique mais je peux simplement souligner qu'il m'apparaît nécessaire d'élargir pour les besoins de la présente analyse la signification actuelle du terme « théorie », de restreindre les exigences de rigueur interne d'une démonstration et de savoir accepter à l'occasion ce qui—en regard de l'usage actuel du terme—ne peut être considéré que comme une intuition ou même une idée assez vague et imprécise. (shrink)

In the first part of my analysis, I wish briefly to clarify the different modes of relation found in the living being, and point out the multiplicity of disciplines in which biologists use (explicitly or implicitly) the notion of laws. In the second part, I shall analyse the notion of universal laws in biology and examine successively: (1) accidental generalizations; (2) non-causal biological correlations; (3) the meaning of 'necessity' in these correlations; and (4) causal connections. Finally, in the third part, (...) I shall examine statistical laws and probabilistic laws in biology, in particular: (1) chance in biology; (2) probabilistic theories; and (3) relations between logical probability and statistical probability. (shrink)

The first aim of this article is to show the necessity of approaching differently the question of the origin of the hypothesis as pertaining to a purely deductive science or to an experimental one, such as biology. The paper also analyzes the rôle played by the hypothesis in: 1) the formation of definitions; 2) the establishment of laws; 3) explanations. It shows that in 1) and 2) the hypothetical character is relevant both to the amplifying induction and to the still (...) incomplete state of our biological knowledge. Finally, it distinguishes between the two different processes used in the hypothetico-deduction depending on the possibility - or impossibility - to link the phenomena to be explained to some known principles. (shrink)

The concept of self-organizing potential proposed by Atlan, conceived within the framework of information theory', attempts to explain the emergence of the structures and functions of the organism, as well as the concept of morphogenetic potential, conceived in the embryological laboratories. Are the two theses diverging or converging and/or complementary to each other?The paper indicates, first, the context of Atlan's thesis and the meaning of his concepts of self-organization and self-organizing potential in evolutionary systems as well as in individual systems. (...) It then develops an in-depth analysis of these individual systems and attempts to discern, in Atlan's thesis, the respective roles of the genetic factors and of the epigenetic factors in the formation of the individual, particularly during morphogenesis. This analysis reveals some difficulties inherent in the theory and induces the author to propose a few additional distinctions.Finally, the paper underlines the analogies and divergences between the concepts of self-organizing potential and morphogenetic potential.La notion de potentiel auto-organisateur proposée par H. Atlan et née dans le cadre de la théorie de l'information, veut, tout autant que la notion de potentiel morphogénétique, née dans les laboratories des embryologistes, expliquer l'émergence des structures et des functions de l'organisme. Les deux thèses sont-elles divergentes ou convergentes et/ou complémentaires?L'article précise d'abord le contexte de la thèse d'Atlan et la signification de ses notions d'auto-organisation et de potentiel auto-organisateur relatives aussi bien aux systèmes évolutifs qu'aux systèmes individuels. Il s'attarde par la suite à l'analyse de ces systèmes individuels et veut cerner quels sont, d'après la thèse d'Atlan, les rôles respectivs du génétique et de l'épigénétique dans la formation de l'individu, tout particulièrement pendant la morphogenèse. Cette analyse révèle certaines difficultés de la théorie et conduit l'auteur à suggérer quelques distinctions additionnelles.L'article souligne ensuite les analogies et les divergences entre les notions de potential auto-organisateur et de potential morphogénétique. (shrink)