Fenomenologie en metafysica

Tijdschrift Voor Filosofie 29 (1):3 - 52 (1967)
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Abstract

D'après Husserl la métaphysique n'a plus droit au titre de philosophie authentique, ses problèmes étant repris et repensés par la phénoménologie ou tout simplement dénués de sens. Heidegger, pour sa part, défend une position assez semblable en ce sens que sa pensée de l'être se prétend seule capable de dévoiler l'origine cachée de la métaphysique, de clarifier le sens profond de ses problèmes, et qu'elle ne lui laisse finalement rien en propre. La présente étude revendique la légitimité de la métaphysique, entendue comme métaphénoménologie ou comme au-delà de la pensée de l'être heideggerienne, tout en admettant et montrant que la phénoménologie, en particulier la philosophie heideggerienne, constitue la base nécessaire de l'explicitation métaphysique véritable. Elle défend la thèse que la phénoménologie, en premier lieu la pensée de l'être, comme explicitation du paraître, ne peut être le dernier mot de la philosophie. Par ce dernier vocable il faut comprendre la pensée „radicale”, en d'autres termes la problématique et la recherche des fondements ultimes de l'être et de la vérité. La première partie de l'exposé esquisse le sens et la portée de la pensée de l'être heideggerienne comme logos du phainesthai, c.-à-d. comme explicitation des fondements du paraître, fondements qui appartiennent eux-mêmes à l'ordre du paraître. A la question „qu'est-ce que l'être ?”, il semble que la philosophie heideggerienne commence par répondre : l'être est monde et histoire, concepts qui ne prennent eux-mêmes tout leur sens que pensés à partir des notions ultimes de dé-voilement et d'é-vénement. La portée de cette conception phénoménologique de l'être ne peut être saisie adéquatement que par opposition à celles qui interprètent l'être soit comme substance soit comme subjectivité. Il découle de tout cela que l'être, tel que le voient la phénoménologie ou la philosophie heideggerienne, doit être caractérisé comme anthropologique, créatif et historique. En effet, le monde comme la lumière de l'être ne peut se déployer que par la médiation de l'homme, qui est être-au-monde. Cette thèse n'implique cependant pas l'anthropocentrisme, car le monde est le „non-objectif”, auquel l'homme est soumis. Que l'être est créatif, cela n'est pas seulement fondé dans l'essence de l'homme comme pouvoir-être, mais, en premier lieu, dans le dynamisme de l'être lui-même, comme dé-voilement et é-vénement, source des mondes historiques. Le caractère historique de l'être est étroitement lié à l'essence du monde et à la créativité ; il implique que l'être est toujours une corrélation de dévoilement et de voilement et qu'il faut par conséquent en exclure toute idée de fin ultime et de plein épanouissement de l'histoire. Si telle est la vision phénoménologique, en particulier heideggerienne, de l'être, il saute aux yeux qu'elle sera inévitablement hostile à la métaphysique telle qu'elle s'est développée dans l'histoire de la philosophie occidentale, peut-être même irréconciliable avec elle. La métaphysique a été l'incarnation d'une philosophie du système et de la raison suffisante. Certes le véritable épanouissement d'une telle philosophie ne se rencontre qu'aux temps modernes, mais elle fut présente et vivante, du moins en germe, à partir de Platon. La métaphysique occidentale, relevant d'une philosophie du système et de la raison suffisante, se caractérise à titre essentiel par la structure onto-théologique. Cette dernière formule résume tout ce à quoi s'oppose la vision phénoménologique et heideggerienne de l'être. La seconde partie de l'étude traite du sens et de la portée que peut avoir une métaphysique authentique, entendue comme une métaphénoménologie. Il semble que la première condition à remplir, soit de respecter et d'expliciter les fondements propres à la phénoménologie ou à la pensée de l'être. Or, il s'avère que la métaphysique en tant qu'incarnation de la philosophie du système et de la raison suffisante est irréconciliable avec la vision phénoménologique de l'être. Il faut donc distinguer entre une métaphysique inacceptable et une métaphysique acceptable. Pour délimiter la signification de la métaphysique inacceptable, il faut creuser l'opposition qui existe entre la vision de l'être comme monde et histoire, être qui est de ce fait anthropologique, créatif et historique, et la philosophie du système et de la raison suffisante. Il faut montrer comment, au cours de l'histoire de la métaphysique, la conception de l'être a souffert d'un rétrécissement précoce (Platon) et durable (Hegel constitue le sommet de cette métaphysique). Il faut dénoncer l'impuissance de la métaphysique à clarifier l'être dans toute sa richesse, sa diversité et sa créativité. Bref, il faut convenir que la métaphysique occidentale n'a été qu'une méta-physique, alors qu'elle devrait être une méta-historique, une réflexion plus profonde sur les conditions de possibilité de l'être explicité phénoménologiquement comme monde, histoire et dé-voilement. Sur quoi la possibilité de la métaphysique acceptable se fonde-t-elle ? Sur le caractère inachevé et nécessairement ouvert de l'explicitation phénoménologique ou heideggerienne des fondements de l'être comme paraître ? Il semble que la problématique authentiquement philosophique déborde et dépasse cette explicitation, tout en étant intrinsèquement déterminée par elle. La partie essentielle de la présente étude s'efforce de montrer que l'explicitation heideggerienne des fondements de l'être comme paraître ne constitue pas seulement un aboutissement, combien intéressant et profond, mais aussi un nouveau point de départ de la problématique philosophique intégrale. La thèse de la différence ontologique qui se concrétise dans la différence du monde et de l'étant intramondain, semble poser le problème de l'unité de l'être et de l'étant, qui sont profondément marqués tant par leur relation que par leur opposition mutuelles. Ce problème culmine dans les rapports entre l'être et le Dasein, qui, bien qu'ils soient merveilleusement accordés l'un à l'autre, se caractérisent tout autant par une déroutante divergence. A cela s'ajoute le mystère de l'intersubjectivité, qui chez Heidegger semble volatilisé dans une sorte de monisme de la lumière de l'être. La pensée de Heidegger semble souffrir d'une manque de description authentique de l'intersubjectivité et paraît aveugle à la problématique ontologique que pose la relation intersubjective. L'esquisse de la métaphysique acceptable requiert au moins une allusion à la nature propre de sa problématique. Il s'agira de bien souligner les différences essentielles entre explicitation phénoménologique et métaphénoménologique. Il importera également de signaler que la problématique de l'existence de Dieu peut faire partie de la métaphénoménologie sans pourtant l'accaparer totalement. Il faudra surtout souligner la différence de niveau d'intelligibilité entre les deux explicitations, ce qui entraîne l'impossibilité de concurrence entre elles ; trop souvent, en effet, on rejette la métaphysique parce qu'on y voit un doublet superflu sinon même une démarche ennemie de la recherche phénoménologique des fondements ontologiques

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Het zijnsdenken en de ethiek.Luk Bouckaert - 1970 - Bijdragen 31 (3):313-328.

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