Diogène 257 (1):53-66 (
2018)
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Abstract
Faut-il servir le prince? Ou quel est le rapport du lettré avec le pouvoir? Mencius et Zhuangzi, deux grands penseurs contemporains du IV e siècle avant notre ère, proposent deux réponses différentes. L’un conditionne l’offre et l’autre la refuse radicalement. Pour l’héritier spirituel de Confucius, un prince doit au préalable être doté de la vertu pour qu’on puisse l’aider à réaliser de grandes œuvres. Le rang social, l’un des paramètres qui déterminent les rapports entre un prince et un lettré, n’est pas prioritaire. Selon Zhuangzi, et même s’il relativise à maintes reprises la vie et la mort, servir un prince revient à perdre l’énergie vitale, à risquer inutilement sa vie. Il rejette en effet tout rapport social de contrainte qui prive l’homme de sa liberté. Cette attitude suscitera la critique des confucianistes qui lui reprocheront sa méconnaissance des affaires humaines. Néanmoins, ces deux positions à la fois opposées et complémentaires ont durablement marqué les conceptions politiques des lettrés chinois.